Législatives : des promesses économiques absurdes
27/06/2024
Patrick AULNAS
La campagne pour les législatives de 2024 fait apparaître une démagogie politicienne généralisée dans le domaine économique. Les candidats des trois blocs (droite, centre, gauche) promettent des mesures d’élévation du pouvoir d’achat. Mais à court terme la politique ne peut rien dans ce domaine. Il faut du temps et du travail pour agir sur le niveau de vie d’une population.
Des promesses absurdes
Baisse de la TVA sur l’énergie (RN), baisse de la facture d’électricité (majorité présidentielle), blocage des prix (Nouveau Front populaire, NFP) figurent dans les programmes, parmi d’autres mesures tout aussi illusoires. Il s’agit de promesses politiciennes qui n’auront aucun effet sur le niveau de vie des Français. D’une manière ou d’une autre, il faut toujours payer un prix supérieur au coût de revient pour assurer la pérennité des entreprises productrices.
Le NFP n’en a cure, évidemment. Un blocage durable des prix conduirait nécessairement à une nationalisation des entreprises puisque le prix devient trop bas pour contrebalancer les charges. L’État doit alors intervenir avec l’argent des contribuables. A terme, une évolution à la vénézuélienne serait probable avec un appauvrissement généralisé.
Dans un contexte d’endettement massif de l’État, baisser la TVA sur l’énergie suppose une augmentation d’autres impôts et taxes. La pression fiscale ne pourra pas diminuer.
Enfin, est-il crédible de promettre une baisse du prix de l’électricité quand les investissements dans le nucléaire devront être considérables et donc payés, au moins en partie, par le consommateur ?
Tromper les moins avertis
Ces promesses de politiciens en campagne relèvent vraiment de la mauvaise plaisanterie pour tous ceux qui possèdent une petite culture économique. C’est là que le bât blesse. Une grande majorité de la population ignore tout des mécanismes de base de l’économie. Les grandeurs macro-économiques en milliers ou dizaines de milliers de milliards n’ont aucune signification pour la plupart des gens. Le taux de croissance du PIB, le taux du déficit budgétaire, celui de l’endettement public ne sont pas connus et ne peuvent pas être appréciés lorsqu’ils apparaissent dans les médias.
On comprend que dans ces conditions la parole politique puisse vagabonder sans le moindre scrupule. Seule une minorité comprendra. Les louables efforts des journalistes tomberont dans l’oreille de sourds.
Des concepts d’une simplicité biblique
Les principes de base sont pourtant d’une simplicité biblique. Pour qu’une population voie son niveau de vie augmenter, il faut qu’elle s’enrichisse. Comment s’enrichit-on ? En produisant et en vendant davantage. C’est la croissance économique. Comment peut-on produire plus ? En travaillant davantage ou en augmentant la productivité du travail.
Il faut produire pour s’enrichir et il est illusoire d’imaginer qu’en prenant « aux riches », on puisse obtenir le même résultat.
C’est une faute grave de faire croire aux plus démunis intellectuellement que l’on peut augmenter leur niveau de vie par des manipulations accessoires des prix. Il faudrait au contraire améliorer leurs connaissances par un enseignement économique illustratif, dès l’école élémentaire. Citons un exemple très pédagogique concernant le taux de croissance du PIB.
La période faste des trente glorieuses (1945-1974) a connu une très forte croissance d’environ 6% par an en moyenne en France. Un tel taux de croissance entraîne un doublement de la richesse du pays en 12 ans. Chacun voit alors son niveau de vie augmenter de façon tout à fait perceptible. Les revenus des particuliers augmentent nettement chaque année.
Le taux de croissance du PIB est aujourd’hui d’environ 1% par an. Il faut alors 70 ans pour doubler la richesse du pays, soit une vie humaine entière. La perception dominante est alors celle de la stagnation. Cette perception ne correspond pas à la réalité puisqu’il y a enrichissement, mais sur le plan politique, ce sont les émotions qui comptent davantage que l’analyse quantitative.
Démocratie ou ochlocratie ?
Pour circonvenir une population très mal informée des réalités macro-économiques, les politiciens des démocraties emploient des subterfuges concernant l’élément visible par tous : le prix à la consommation. Ce faisant, ils détruisent pierre par pierre l’édifice démocratique, qui suppose une adhésion du peuple, un certain niveau de confiance de la population dans ses dirigeants.
Les législatives de 2024 en France auront à cet égard atteint un niveau de démagogie tel qu’il est pertinent de se poser une question. Est-on encore en démocratie ou sommes-nous tombé dans l’ochlocratie ? Faut-il flatter bassement la foule, et par là même la mépriser, pour conquérir le pouvoir ?
Publié sur Contrepoints le 27/06/2024
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