Stigmatisons les anti-vaccins !
16/08/2021
Patrick AULNAS
Nous nous sommes trompés. Il ne faut pas être compréhensif avec les opposants aux vaccins ou au passe sanitaire. En refusant de les stigmatiser, nous avons fait preuve de faiblesse et les gourous de mauvais augure qui les manipulent en ont profité. Ils utilisent sans aucune retenue toutes les ressources de la communication grand public sur internet pour acquérir une petite renommée. Ces manipulateurs cherchent à détruire notre société. Il faut les contrer et les marginaliser.
Les « anti » contre la liberté
Les choses sont claires désormais. L’analyse tient en deux points. Premièrement, la majorité des anti-vaccins ou anti-passe est constituée de personnes plutôt défavorisées culturellement. Leur capacité d’analyse est faible et leurs sources d’information très étroites (réseaux sociaux, presse, tracts et sites complotistes). Deuxièmement, l’enrôlement de ces populations fragiles est le fait de leaders qui rejettent la démocratie et la liberté.
Aux États-Unis, les partisans les plus acharnés de Donald Trump, les racistes qui croient encore qu’on lui a volé la présidence en 2020, figurent en bonne place parmi les anti-vaccins. Leur propension à s’imposer par la violence n’est plus à démontrer. En France, les leaders populistes de la droite radicale (Philippot, Dupont-Aignan, Asselineau) sont à la manœuvre pour diffuser des contre-vérités reçues comme une parole messianique par des naïfs totalement démunis intellectuellement. Dans toutes les démocraties occidentales, des organes de presse se créent pour attenter à nos libertés. Ils agissent insidieusement par l’insinuation, en semant le doute dans les esprits réceptifs. Ainsi, le journal complotiste The Epoch Times, d’origine américaine, est désormais distribué en France et ailleurs lors des manifestations anti-passe ou anti-vaccin.
Il en résulte chez les manifestants des dérives racistes et antisémites, des actes de violence contre des pharmacies ou des centres de vaccination, de nombreuses insultes à l’encontre des soignants ou de toute personne chargée de vérifier le passe sanitaire. Ce milieu fascisant ne se réclame de la liberté que par opportunisme politique.
La plaisanterie de la culture alternative
Certains analystes considèrent que nous sommes en présence d’une culture alternative qu’il convient de traiter avec égards. Leurs arguments sont d’une faiblesse insigne. Le rejet de la technique et de la science constituerait l’épicentre de cette pseudo-culture. L’écologisme militant est en général cité, de même que le retour à la nature, le localisme, la défiance à l’égard de l’État central. Pourquoi, demandent-ils, dépenser tant d’argent pour lutter contre la covid-19 et si peu contre le cancer ? Pourquoi se focaliser sur une maladie qui ne fait varier que très peu le taux de mortalité ?
Voici quelques réponses. Le rejet de la science et de la technique par des minorités est un recul historique transitoire dont profitent certains idéologues et politiciens (voir Pourquoi refuser le progrès ?). Ceux qui rejettent la science demandent d’ailleurs à être soignés avec la technologie la plus performante lorsqu’ils sont malades. Les sommes considérables dépensées pour lutter contre la pandémie résultent de notre humanisme, qui n’est plus seulement une posture philosophique mais une réalité structurelle. Le système de santé des pays développés est au service de l’ensemble de la population. En période épidémique, il doit pouvoir faire face et ne le peut absolument pas si aucune mesure préventive n’est imposée. La prévention empêche l’engorgement des hôpitaux. Des restrictions temporaires aux libertés en résultent. Il faudra certainement en arriver bientôt à une obligation vaccinale généralisée. Tout cela coûte cher, bien évidemment.
Quelle est l’alternative ? Laisser le virus circuler, muter, devenir plus contagieux et peut-être plus dangereux. Il s’agirait d’un retour à la situation qui prévalait avant l’invention des vaccins. Est-il seulement imaginable de revenir aux pratiques du 17e siècle face à une pandémie du 21e ?
Il ne peut y avoir de « culture alternative » fondée sur l’irrationalité. Les lieux communs médiatisés sur internet ne constituent pas une culture.
Stigmatisons les irresponsables
La raison, le progrès, la défense de la démocratie et de la liberté sont donc du côté de ceux qui luttent contre la maladie : soignants, gouvernants, fonctionnaires, bénévoles, etc. Le laisser-faire conduirait au retour de l’obscurantisme. Il n’est pas synonyme de liberté. La liberté de contaminer autrui n’existe pas. Celle d’empêcher le fonctionnement normal des hôpitaux non plus. Paradoxe saisissant : ceux qui manifestent pour la liberté nous mènent vers la tyrannie alors que ceux qui imposent des contraintes sanitaires défendent notre modèle de société et notre liberté. Il est évidemment facile dans ces conditions d’exploiter la candeur, la colère ou la haine pour faire de la basse politique.
Il ne faut pas l’admettre. Nous devons stigmatiser les irresponsables qui encombrent les hôpitaux parce qu’ils ont refusé le vaccin. Les soigner, sans l’ombre d’un doute, mais également les dénoncer pour ce qu’ils sont : des égoïstes incapables de se placer à l’échelle de la société globale. Ils se rendent volontairement malades et empêchent certaines personnes d’occuper les lits de réanimation. Les anti-vaccins ont causé la mort prématurée de certains cancéreux ou cardiaques dont le traitement a été différé. Ils sont responsables de la maladie et parfois de la mort de leurs proches, qu’ils ont contaminés par pure bêtise.
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