Lettre ouverte aux gilets jaunes
06/02/2019
Patrick AULNAS
Votre colère et votre courage ont étonné. Vous n’étiez pas attendus, vous vous êtes imposés. Mais pourquoi solliciter sans cesse les politiciens ? Pourquoi vous, femmes et hommes libres de France, réduisez-vous à ce point votre liberté sans même en avoir conscience ?
Démocratie représentative ou démocratie directe ? Croyez-vous vraiment que le problème soit là ? Même si vous êtes entendus, les référendums resteront rares et ne résoudront rien. Ils ne changeront pas l’accaparement par l’État du produit de votre travail à un niveau jamais atteint dans l’histoire de l’humanité.
L’État confisque votre liberté sur la moitié de votre richesse
J’emploie le mot État au sens large : l’ensemble des institutions publiques nationales, locales, sociales.
L’État n’est pas une divinité qui apporte des bienfaits. Il est simplement une structure gérée par des politiciens avides de pouvoir. Plus vous les sollicitez, plus ils accumulent de pouvoir et moins vous êtes libres. Il s’agit là d’une constante du gouvernement des hommes depuis des millénaires et la France n’y échappe pas.
N’oubliez pas que l’État est la seule structure disposant de la violence légitime. En lui demandant toujours plus, vous augmentez le champ de la coercition et vous réduisez le champ de la liberté.
Aujourd’hui en France, les représentants politiques élus décident de l’affectation de 56% du produit intérieur brut. Cela signifie que sur plus de la moitié du produit de votre travail, votre liberté se résume à élire des représentants qui décideront des dépenses à votre place. Sur plus de la moitié de ce que vous produisez par vos efforts quotidiens, vous n’avez aucun pouvoir individuel de décision. Ce sont les politiciens qui prennent des décisions collectives en votre nom.
L’État ne donne que ce qu’il prend
L’État ne peut donner que ce qu’il prend. En lui demandant toujours plus, vous vous privez d’une partie du produit de votre travail. Car ce que vous donne l’État par ses dépenses, vous l’avez payé par les impôts et cotisations obligatoires, qu’ils soient à votre charge ou fictivement à la charge des entreprises. Et le jeu des politiciens depuis plus d’un demi-siècle a été constant : répondre oui aux demandes du peuple pour disposer d’un pouvoir financier croissant. Ils ont donc sans cesse augmenté impôts et cotisations pour se prévaloir devant les électeurs de réalisations diverses.
Mais leur malignité a été plus loin. Craignant l’impopularité, ils n’ont pas eu le courage politique d’augmenter les impôts et cotisations à la hauteur des dépenses publiques et ils vous ont endetté pour des décennies. Ils se prévalent devant vous, électeurs, de multiples réalisations financées par des dettes décidées par eux mais qui sont les vôtres. Vous avez sur les épaules 2300 milliards d’€ de dette publique.
La démocratie directe vous divisera et favorisera les politiciens
En disposant chaque année de 56% de tout ce que produit le pays, les politiciens ont accumulé un pouvoir gigantesque.
Croyez-vous vraiment que des référendums à répétition changeront cette situation ? Ils consisteront évidemment à demander encore et toujours plus à l’État. Le oui l’emportera presque toujours si les politiciens promettent que l’État donnera davantage : augmenter les dépenses par l’endettement par exemple, voire même réduire les impôts tout en augmentant les dépenses. Les députés des deux Républiques précédentes avaient déjà fortement tendance à utiliser de façon irresponsable une telle démagogie. Imaginez alors le délire médiatique des tribuns dans les campagnes référendaires ! Ils promettront n’importe quoi pour gagner l’élection.
Servitude volontaire ou liberté ?
Vous êtes d’abord et avant tout des femmes et des hommes libres. Votre liberté vous permet d’agir sans le relai de la politique dans de nombreux domaines. Nul ne songe à retirer à l’État ses prérogatives régaliennes : justice, police, diplomatie, armée, infrastructures routières, etc. Mais pour le reste, faut-il toujours abandonner notre liberté individuelle au profit des politiciens ? N’est-il pas infantile de quémander des avantages auprès de l’autorité publique ?
Ceux qui vous ont promis la liberté avec la démocratie directe vous ont trompés. La question fondamentale est ailleurs. Faut-il plus d’État, donc plus d’impôts et de dépenses publiques ? Ou faut-il moins d’État, donc plus de liberté individuelle ?
Vous êtes à la croisée des chemins. Vous pouvez emprunter la route de la servitude en n’étant que les solliciteurs des politiciens. Vous pouvez choisir celle de la liberté en devenant les acteurs de votre destin.
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