Révolution culturelle à gauche ?
25/01/2013
Comme chacun a pu l’observer François Hollande vaut mieux comme président que comme opposant ; Jean-Marc Ayrault également. Premier Ministre sérieux et rigoureux, mais confronté aux profondes dissensions de sa majorité, il doit constamment remettre dans le droit chemin les tenants de l’aventurisme le plus irresponsable (Montebourg, Duflot et compagnie). François Hollande se révèle d’ailleurs très supérieur à François Mitterrand. Bien sûr, on pourra admirer chez Mitterrand l’aventurier de la politique qui passe allégrement du régime du Vichy à la résistance, de la résistance à l’omniprésence gouvernementale sous la IVe République, qui s’affirme en s’opposant à De Gaulle et se fait enfin élire Président en utilisant les voix communistes. Mais le Mitterrand de 1981-82, prisonnier d’un programme commun de la gauche totalement inadapté à la situation du pays, n’est certes pas un grand président. Nous avons frôlé la catastrophe et seul le réalisme de Jacques Delors nous a sauvés.
On pouvait craindre, au vu des propos caricaturaux de la campagne électorale (mais c’est la règle !) que la gauche ne renouvelle les erreurs du passé. Mais après huit mois de présidence Hollande, il semble bien que ceux qui tiennent les leviers du pouvoir soient des socio-démocrates pragmatiques et réalistes. Le dogmatisme socialiste renâcle, propose des solutions passéistes, leurre le « peuple de gauche » avec des promesses absurdes, mais il ne décide pas. L’épisode Arcelor Mittal de Florange en est l’exemple le plus emblématique. Le réalisme économique l’a emporté. Si, au cours de la période 2012-2017, la gauche parvient à replacer les finances publiques sur le sentier du rétablissement, une étape importante aura été franchie dans l’histoire politique du pays. La gauche idéologique, interventionniste par principe et non par nécessité, la gauche de la première moitié du 20e siècle, aura cédé la place à une gauche responsable qui ne promet pas à chaque élection de refaire le monde. Ce sera difficile. Il est plus simple et plus cynique politiquement de faire rêver le peuple pendant les campagnes électorales pour le décevoir inéluctablement quand on exerce le pouvoir. Le critère qui permettra de juger de l’évolution en profondeur de la gauche est simple et quantitatif : la dette publique. Pour être crédible aux yeux du monde, les gouvernants français doivent impérativement amorcer une décrue de la dette publique avant la fin du quinquennat. Celle-ci continue inexorablement à augmenter à l’heure actuelle parce que les mesures d’économie nécessaires n’ont pas été prises. Il faudra les prendre. Rien n’est plus difficile que de mettre en œuvre une telle politique car elle ne peut pas être comprise du grand public qui ignore tout des agrégats macro-économiques et de la gestion financière des collectivités publiques.
Si la gauche y parvient, nous serions en présence d’une véritable révolution culturelle : la gauche idéologique aura cédé la place à une gauche pragmatique.
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