Les français et leur président
02/04/2013
François Hollande bat, nous dit-on des records d'impopularité. Sa majorité très composite apprécie modérément sa politique économique et budgétaire. Ne parlons même pas des communistes et du Parti de gauche qui ne peuvent plus être considérés comme appartenant à la majorité. Mais l'aile gauche du Parti Socialiste elle-même renâcle et souhaiterait moins de rigueur, autrement dit plus de laxisme dans la gestion des finances publiques, qui sont pourtant en piteux état. Le Hollande bashing, pour employer un mot qui fait florès, bat son plein, en particulier sur internet. La droite est évidemment de la partie, c'est le rôle de l'opposant. Malheureusement, l'opposition de droite à Hollande est aujourd'hui un dénigrement systématique dénué de toute intelligence, de toute nuance, de toute analyse sur le fond des problèmes. Pour tout dire, l'opposition de droite est aujourd'hui aussi bête et brutale que l'était l'opposition de gauche pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Cela se manifeste en particulier sur le terrain sociétal avec la loi sur « le mariage pour tous ». Il s'agit d'une loi extrêmement modérée qui ajuste à la marge le droit civil pour donner aux couples homosexuels les mêmes droits qu'aux hétérosexuels. Rien sur la procréation médicalement assistée, point sur lequel il faudrait pourtant progresser. A fortiori, rien sur la gestation pour autrui. De nombreux Etats ont déjà adopté une telle loi, en particulier la très catholique Espagne. En France, cette question est instrumentalisée par la droite pour des raisons sordidement politiciennes. Du temps de Sarkozy, la gauche avait la même attitude mais choisissait la rengaine des faveurs accordées aux riches. L'exonération des heures supplémentaires et des petites successions entraient paradoxalement dans cette catégorie pour l'élite de gauche.
Les grands médias et les meilleurs journalistes sont contraints de s'abaisser à ce niveau, en particulier dans les émissions télévisées. On reproche aujourd'hui à Hollande son manque de leadership et son absence médiatique comme on reprochait à Sarkozy son autoritarisme et son omniprésence. Ils ne sont pourtant pas très éloignés l'un de l'autre politiquement. L'un est un social-démocrate modéré, l'autre un libéral modéré. Qui est responsable des ce clivage artificiel qui empêche une approche sereine et objective des problèmes à résoudre ? Les institutions qui favorisent la bipolarisation ? Les partis qui se professionnalisent et forment des clans opposés ? Les médias qui, pour mieux vendre l'information, favorisent l'anecdote et caricaturent la complexité ? Il appartient aux politologues de répondre. Mais les français ont sous les yeux de façon constante un spectacle pitoyable associant querelles de personnes, petites phrases idiotes et affaires politico-financières. Ils finissent logiquement par détester celui qui incarne le pouvoir politique c'est-à-dire leur président.
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