Le grand écart gouvernemental
04/01/2013
François Hollande, au risque d’indisposer son aile gauche, a choisi le réalisme et le pragmatisme. Rien ne permet de dire, pour l’instant, s’il réussira à relever le pays d’une gabegie de plus de trente ans qui a commencé avec Mitterrand. Mais il s’est déjà largement affranchi de l’idéologie qui l’a porté au pouvoir, si l’on peut encore utiliser ce qualificatif pour les fameuses et fumeuses « valeurs de gauche ».
Mais voilà justement ce qui conduit l’équipe Hollande-Ayrault à un véritable grand écart entre le politique et l’économique.
Le politique, au sens électoraliste, relève de l’émotionnel. La phase de conquête du pouvoir a instrumentalisé la haine quasiment pathologique de certains militants et sympathisants gauche à l’égard de Nicolas Sarkozy. Cela a médiocrement fonctionné puisque l’écart entre les deux finalistes de la présidentielle est resté très faible. Mais, malgré tout, cela a fonctionné. La phase d’exercice du pouvoir instrumentalise la haine des « riches » également très présente dans le « peuple de gauche ». Cette attitude se manifeste par des mesures fiscales totalement symboliques d’un point de vue macro-économique (surtaxe de 75% pour l’impôt sur le revenu, retour à l’ancien barème de l’ISF) mais applaudies par les plus bornés des militants de gauche. Elle se manifeste aussi par des déclarations guerrières à l’égard des « exilés fiscaux » ou des groupes industriels fermant certaines usines, Mittal par exemple. Tout cela est purement politique et n’a strictement aucune efficacité économique. Il ne faut cependant pas aller trop loin dans cette direction pour ne pas effrayer les investisseurs internationaux qui, eux, se préoccupent des réalités et n’ont cure des symboles politiques.
L’économique, justement, consiste aujourd’hui pour la France à restaurer sa compétitivité industrielle et à rééquilibrer ses finances publiques. Avec le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, le gouvernement a initié un effort pour alléger le coût du travail, au grand dam de son aile gauche. En matière de finances publiques, l’objectif de 3% de déficit public en 2013 ne sera pas atteint, mais il semble que la volonté de revenir en 2014 à un déficit permettant de réduire le niveau de la dette publique soit bien réelle. Là encore, bien entendu, l’aile gauche hurle à l’austérité.
Les sociaux-démocrates modérés qui gouvernent la France ont une base politique fragile. Ils sont contraints de hurler avec les loups d’extrême-gauche tout en faisant une politique économique et financière plutôt réaliste. Jusqu’à quand ce grand écart entre les paroles et les actes peut-il durer ?
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