Présidentielle : l'importance du vote utile
05/01/2012
L’élection présidentielle de 2012 va voir s’affronter trois candidats : Nicolas Sarkozy, François Hollande et Marine Le Pen. Les autres candidats n’ont aucune chance d’être élus. Marine Le Pen, non plus, mais le report de ses voix au second tour sera essentiel. Les sondages actuels (décembre 2011) donnent des résultats assez serrés au premier tour : Sarkozy de 24 à 26% des voix, Hollande de 27à 32%, Le Pen de 13,5 à 20% (sondages en France). On voit que la fourchette est large et donc que l’incertitude reste grande. Au second tour, le candidat socialiste est en général donné vainqueur. Mais il est clair que les sondages réalisés aujourd’hui sur le second tour ont très peu de valeur, car tout dépend des reports de voix, sur lesquels la campagne électorale peut avoir un impact important.
Le tableau prévisionnel du premier tour, qui reste très ouvert, devrait conduire les électeurs à voter utile. Mais cela suppose une rationalité qui est totalement absente du comportement électoral dominant. L’émotion prime sur la raison, d’où l’utilité des experts en communication.
Avec trois candidats, trois combinaisons sont possibles au second tour :
- Sarkozy-Hollande : résultat incertain ;
- Sarkozy-Le Pen : Sarkozy gagnant sans incertitude ;
- Hollande-Le Pen : Hollande gagnant sans incertitude.
L’électorat Le Pen est majoritairement un électorat protestataire et volatil : son vote est essentiellement émotif. Il sera difficile de rééditer la captation en 2007 par Sarkozy des voix de J-M Le Pen. Cet électorat est donc « perdu » au premier tour pour les deux autres candidats. Par contre, la dispersion de l’électorat de gauche comme de droite sur des candidats n’ayant aucune chance d’être élus peut être combattue ou encouragée. Ainsi, voter Mélenchon ou écologiste, c’est réduire les chances de victoire du candidat socialiste ; voter Bayrou ou Villepin, c’est réduire les chances de Sarkozy. Les partis politiques ont intérêt à favoriser la dispersion de leur opposition : l’UMP, celle de l’électorat de gauche, la gauche celle de l’électorat de droite.
La conclusion est simple si l’on est simplement rationnel : il faut voter dès le premier tour pour le candidat dominant de gauche ou de droite et négliger tous les autres. Cela sera-t-il compris, alors que la pratique courante est la dispersion au premier tour ?
Certains vont encore plus loin : la réaction d’un électeur de gauche sur internet à un article du journal Le Monde était très frappante et même préoccupante. Cette personne indiquait qu’elle voterait Le Pen au premier tour pour obtenir un second tour Hollande-Le Pen et assurer la victoire de la gauche. Ainsi, pour certains électeurs de gauche, l’antisarkozysme pathologique peut conduire à voter pour l’extrême-droite afin de renforcer Le Pen et éliminer Sarkozy au premier tour. Un tel comportement électoral, pour paradoxal qu’il soit, n’est pas dépourvu de rationalité. Selon les sondages, le candidat socialiste arrive largement en tête au premier tour. Le risque du vote Le Pen peut donc paraître faible à certains électeurs de gauche.
L’électeur de droite ne peut pas raisonner ainsi car les sondages donnent Sarkozy et Le Pen très proches l’un de l’autre. Pour la droite, il est donc crucial de ne pas se diviser et de faire comprendre à ses électeurs l’importance du vote « utile » au premier tour.
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