La grande faute de la gauche française
21/03/2012
Dans les enquêtes internationales, la France est régulièrement classée parmi les pays les plus pessimistes concernant l’avenir. Ce pessimisme concerne le destin collectif plutôt que le sort individuel. Pourquoi notre pays, qui reste l’un des plus riches du monde et l’un de ceux où le niveau de protection sociale est le plus élevé, est-il frappé par ce tropisme de décadence ?
La réponse est certainement très complexe, mais un facteur déterminant apparaît clairement. Lorsque nous sommes passés de la période de croissance forte des 30 années d’après-guerre (5,1% par an en moyenne pour la France) à la période de croissance faible que nous connaissons depuis (1,8% en moyenne de 1980 à 2010), les gouvernants ont continué à promettre un avenir édénique, c’est-à-dire à mentir sans aucune vergogne. Pour simplifier, prenons pour base le PIB actuel d’environ 2000 milliards par an. Une croissance de 5,1% représente chaque année un surplus de richesse de 102 milliards. Avec une croissance de 1,8%, ce surplus n’est que de 36 milliards. Il faut alors devenir extrêmement raisonnable sinon la compétitivité du pays s’en trouve gravement altérée. A la fin des années 70, Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre avait mené une politique rigoureuse tout à fait adaptée à la situation nouvelle. La gauche, à son arrivée au pouvoir en 1981, a dû mettre en œuvre les promesses démagogiques qui lui avaient été nécessaires pour accéder au pouvoir (nationalisations, retraite à 60 ans, diminution du temps de travail sans perte de revenu). Cette politique a induit une espérance fallacieuse chez les français que les présidences de Jacques Chirac n’ont pas dissipée.
Lorsque les journalistes interrogent aujourd’hui des personnes en difficulté sociale, elles affirment ne plus rien espérer des dirigeants politiques, ce qui est tout à fait cohérent puisque ceux-ci ont menti pendant des décennies. En passant de la domination à la compétition économique, nous devions aligner nos politiques sociales sur les réalités économiques nouvelles dont nous n’étions absolument plus les maîtres. Au lieu d’avouer les limites de leurs pouvoirs, les dirigeants ont choisi la solution indigne qui consiste à tromper les plus démunis. La gauche assume une responsabilité écrasante dans cette faute historique. Elle a porté au pouvoir, en la personne de François Mitterrand, un maître de l’ambiguïté formé au début du 20ème siècle, époque dont il connaissait toutes les subtilités de la diplomatie. Ignorant par contre les impératifs économiques et financiers d’un Etat de la fin du 20ème siècle, ce politicien à l’ancienne a perpétué les petites manœuvres troubles dont il faisait un art.
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