Lippo Memmi
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Patrick AULNAS
Biographie
v. 1291-1356
Né vers 1291, Lippo Memmi est le fils du peintre Memmo di Filippuccio (v.1250-1325). Formé d’abord dans l’atelier de son père à San Gimignano, ville proche de Sienne, il rencontre ensuite Simone Martini lorsque celui-ci vient à San Gimignano pour peindre une Vierge dans une église. Il est possible que Lippo Memmi ait été l’apprenti de Simone Martini lorsque celui-ci peignait, entre 1312 et 1315, l’immense fresque du palais communal de Sienne représentant une Vierge en majesté (Maestà).
La première œuvre signée et datée (1317) de Lippo Memmi est également une Maestà se trouvant au palais communal (Palazzo Pubblico) de San Gimignano. La similarité des Maestà de Martini et Memmi implique des relations artistiques étroites entre les deux hommes, qui se poursuivront par la suite. Simone Martini épousera d’ailleurs la sœur de Lippo Memmi en 1324.
En 1320, Memmi crée un grand panneau consacré à la Vierge de la Miséricorde pour la cathédrale d’Orvieto, alors en cours de construction. L’œuvre s’y trouve encore aujourd’hui. Le peintre s’oriente ensuite vers un style plus délicat avec un polyptyque pour la cathédrale de Pise représentant une Vierge à l’Enfant avec des saints.
Lippo Memmi. Vierge à l’Enfant avec les saints Jean et Matthias (v.1330-40)
Tempera et or sur bois, Museo Nazionale di San Matteo, Pise.
Il parvient alors, en collaboration avec son beau-frère Simone Martini, à l’un des grands chefs-d’œuvre de la peinture du 14e siècle, une Vierge à l’Enfant d’une rare délicatesse, réalisée pour la cathédrale de Sienne :
Simone Martini et Lippo Memmi. Annonciation avec sainte Maxime et saint Ansan (1333)
Tempera sur bois, fond doré, 305 × 265 cm, Galerie des Offices, Florence.
Analyse détaillée
Entre 1335 et 1345, Lippo Memmi crée un cycle de fresques, Histoires du Nouveau Testament, dans la collégiale de San Gimignano. Il aurait ensuite suivi Simone Martini à la cour papale d’Avignon et collaboré à quelques œuvres. Ce point reste cependant discuté. Il revient ensuite à Sienne et continue à peindre jusqu’à sa mort en 1356.
Œuvre
Lippo Memmi est une figure marquante de l’évolution artistique du 14e siècle, aux côtés de son beau-frère Simone Martini avec lequel il collabora étroitement. Fresquiste et créateur de tableaux sur panneau de bois à la tempera sur fond or, Memmi reste d’abord très proche du style byzantin avec des Vierges hiératiques se présentant de face. Sa peinture évolue ensuite vers une élégance aristocratique qui séduit ses commanditaires. Il en résulte une production abondante, dispersée aujourd’hui dans les musées du monde entier.
Lippo Memmi. Maestà (1317)
L’influence de Simone Martini est ici évidente puisque cette fresque est très proche par sa thématique et son style de celle qu’avait réalisée Martini dans le palais communal de Sienne quelques années auparavant, peut-être même en employant Memmi comme apprenti. La Vierge à l’Enfant est assise sur un trône majestueux et entourée d’une foule d’anges, de saints et d’apôtres qu’il est possible d’identifier. Des restaurations ont eu lieu au fil des siècles. Quatre des figures, les deux dernières à droite et à gauche, ont été réalisées par Bartolo di Fredi, en 1367. |
Lippo Memmi. Vierge de Miséricorde (1320). Tempera sur bois, 332 × 170 cm, Chapelle du caporal, Duomo, Orvieto. La Vierge de Miséricorde est une Vierge plutôt hiératique, protectrice des humains représentés plus petits. Elle écarte son manteau pour les accueillir. Au niveau céleste, des anges l'entourent. Il s'agit ici d'une des premières compositions sur ce thème qui illustre une légende cistercienne (voir Les yeux d'Argus pour un historique). La fresque a été retouchée au 19e siècle mais on ignore quelles sont exactement les parties originales. |
Lippo Memmi. Sainte Marie-Madeleine (v. 1320-25)
Lippo Memmi. Sainte Marie-Madeleine, détail (v. 1320-25).
Cette figure faisait partie d'un polyptique, aujourd'hui démembré, réalisé pour la congrégation religieuse des Vallombrosains, ou Vallombrosiens, dont le monastère principal est à l'abbaye de Vallombrosa dans la province de Florence. Marie-Madeleine est un personnage du Nouveau Testament, disciple de Jésus-Christ. La réussite chromatique de ce portrait est remarquable : fond or traditionnel, mais nuances de vert et d'orange. De nombreux détails apparaissent sur l'auréole encadrant la tête. |
Lippo Memmi. Christ bénissant (1320-25)
Lippo Memmi. Christ bénissant, détail (1320-25)
Ce tableau provient du même polyptique que le précédent. Le Christ reste ici majestueux et dominateur conformément à la tradition du Moyen Âge, mais l'artiste a humanisé le visage et soigné les détails iconographiques du fond doré |
Lippo Memmi. Saint Jean-Baptiste (v. 1325). Tempera sur bois, 94 × 45 cm, National Gallery of Art, Washington. « Le fragment d'inscription sur le rouleau est tiré de Jean 1:29 : " Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde ". Ce sont les mots que saint Jean-Baptiste a adressés à Jésus, lorsque celui-ci l'a rencontré, occupé à baptiser sur les bords du Jourdain. Vivant dans le désert, le saint était vêtu d'une peau de chameau et ses cheveux étaient emmêlés, comme nous le voyons ici. Cette image, considérée comme l'une des plus belles œuvres de Lippo Memmi, a probablement été créée pour l'église San Giovanni Battista dans la ville toscane de San Gimignano, à une trentaine de kilomètres de Sienne. Elle faisait partie d'un imposant retable, dont cinq panneaux représentant des saints (Pierre, Paul, Jean l'Évangéliste, François et Louis de Toulouse) ont été identifiés dans d'autres musées. […] |
Lippo Memmi. Vierge à l’Enfant avec donateur (1325-30). Tempera sur bois, 51 × 24 cm, National Gallery of Art, Washington. « Cette œuvre était la partie gauche d'un diptyque qui représentait probablement la Crucifixion sur le panneau opposé. En bas à gauche, un petit personnage agenouillé en pleine dévotion observe la vision de la Vierge à l'Enfant […] Il avait commandé ce tableau et l'utilisait dans ses dévotions privées. |
Lippo Memmi. Saint Pierre (v. 1330). Tempera sur fond d’or sur bois, 94 × 44 cm, musée du Louvre, Paris. « Panneau latéral droit d’un polyptyque vraisemblablement peint pour l’église du couvent des Franciscains de San Gimignano plutôt que pour l’église San Francesco de Colle Val d’Elsa qui n’était sans doute qu’un lieu de regroupement au XIXe siècle. De ce même polyptyque, composé de sept compartiments (heptaptyque), proviennent Saint Jean l’Évangéliste (New Haven, Yale University Art Gallery), Saint Jean Baptiste (Washington, National Gallery), Saint Paul (New York, The Metropolitan Museum of Art), Saint Louis de Toulouse et Saint François d’Assise (Sienne, Pinacoteca). Six autres panneaux, Sainte Élisabeth de Hongrie (Milan, Museo Poldi Pezzoli), Sainte Claire (New York, The Metropolitan Museum of Art), Sainte Agnès et Saint Antoine de Padoue (Pittsburgh, The Frick Art Museum), Sainte Marie-Madeleine (Rhode Island, School of Design, Museum of Art) et Saint Gimignano (Italie, coll. part.), prenaient place, semble-t-il, sur les pinacles. La Vierge et l’Enfant de la Gemäldegalerie de Berlin (inv. 1067) n’est plus considérée aujourd’hui par la majorité des spécialistes comme le centre de ce polyptyque. » (Commentaire musée du Louvre) |
Lippo Memmi. Saint Paul (v. 1330). Tempera sur bois, 89 × 42 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Converti au christianisme sur le chemin de Damas, Paul est devenu l'apôtre des païens. Il est représenté avec l'épée de son martyre et les épîtres bibliques qu'il a écrites, à commencer par celle adressée à la communauté chrétienne de Rome. Artiste d'un grand raffinement, Lippo Memmi était le beau-frère et collaborateur occasionnel de Simone Martini. Ce panneau faisait partie d'un vaste retable peint pour l'église San Francesco à San Gimignano, une ville située sur une colline au sud de Florence. » (Commentaire MET) |
Simone Martini et Lippo Memmi. Annonciation avec sainte Maxime et saint Ansan (1333). Tempera sur bois, fond doré, 305 × 265 cm, Galerie des Offices, Florence. « Le tableau signé et daté a été achevé pour l’autel de Saint-Ansan dans le transept de la cathédrale de Sienne, dédié à l’Assomption de la Vierge Marie. L’archange Gabriel apparaît à la Vierge Marie pour lui annoncer la naissance prochaine de Jésus et la salue avec les mots indiqués sur l’inscription en relief sur fond d’or : « AVE GRATIA PLENA DOMINUS TECUM » (Je vous salue Marie, pleine de grâce, le seigneur est avec vous). L’apparition de l’ange est soudaine, comme le suggèrent la cape flottante et les ailes déployées. Marie est bouleversée, recule et s’enveloppe dans son manteau. L’environnement de la scène n’est pas défini, mais les quelques éléments qui y sont représentés – le sol en marbre, le trône richement gravé, les tissus précieux, le livre que Marie lisait avant l’apparition céleste – évoquent le mode de vie des classes les plus aisées au XIVe siècle. Au-dessus, au centre de la scène, l’Esprit Saint est représenté sous la forme d’une colombe entourée d’anges, dans l’alignement du vase de lys, symbole du Fils de Dieu et de la pureté de la Vierge Marie. Les rouleaux tenus par les prophètes représentés dans le tondo inséré dans le cadre font allusion au mystère de l’incarnation : de gauche à droite, Jérémie, Ezéchiel, Isaïe et Daniel.
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Lippo Memmi. Vierge à l’Enfant avec les saints Jean et Matthias (v.1330-40). Tempera et or sur bois, Museo Nazionale di San Matteo, Pise. Dans la partie inférieure apparaissent de gauche à droite saint Jean l’Evangéliste, saint Matthias présentant un donateur, saint Étienne et saint Thomas. Dans la partie supérieure, saint Paul, Isaïe, le Christ bénissant et un prophète. Ce polyptyque a été réalisé pour la cathédrale de Pise et déplacé par la suite. L’artiste instaure un climat de sérénité et de raffinement aristocratique des figures qui se caractérisent par des gestes délicats mis en évidence par les mains aux longs doigts. |
Lippo Memmi. Vierge allaitant (1330-50). Tempera sur bois, 32 × 23 cm, Gemäldegalerie, Berlin. « Ce type d'iconographie n'est pas rare dans la Toscane du 14e siècle, même si elle a toujours posé un problème intéressant aux peintres : comment montrer l'allaitement du Christ par la Vierge Marie, geste maternel par excellence, sans trop ébranler son prestige ? Lippo Memmi résout cette question en cachant presque entièrement le sein. A travers la main du Christ, il est à peine visible. » (Commentaire Gemäldegalerie) |
Fresques de la Collégiale Santa Maria Assunta à San Gimignano (1338-1340).
« D’une ampleur tout à fait exceptionnelle, le cycle de fresques offre un panorama complet de la vie du Christ. Il se développe sur six travées en longueur et trois registres en hauteur. Vingt-six scènes de formats différents constituent l’ensemble. Le point de départ de la narration se situe au sommet à droite, dans la lunette de la première travée (Annonciation). » (Présentation du Guide artistique de la province de Sienne)
Lippo Memmi. Épisodes du Nouveau Testament, vue d’ensemble (1338-1340)
Fresques, Collégiale Santa Maria Assunta, San Gimignano.
Voici quelques scènes de ce cycle de fresques
Lippo Memmi. Annonciation (1338-40). Fresque, Collégiale Santa Maria Assunta, San Gimignano. « La scène de l’Annonciation se déroule, selon les textes, dans la maison de Marie. Celle-ci est figurée d’une manière tout-à-fait extraordinaire, sous la forme d’une épure géométrique dont les volumes transparents, frôlant l’abstraction, s’emboîtent en respectant rigoureusement le format de la paroi afin de mieux s’y inscrire. La transparence générale permet de considérer à loisir le déroulement de la scène, dans une configuration d’ensemble qui évoque irrésistiblement le plateau d’un théâtre et ses praticables légers et aisément escamotables. |
Lippo Memmi. Montée au calvaire (1338-40). Fresque, Collégiale Santa Maria Assunta, San Gimignano. La Montée au calvaire ou Portement de croix est un épisode de la vie de Jésus-Christ figurant dans les Évangiles. Jésus a été condamné et il doit porter sa croix jusqu’au sommet du Golgotha où il est ensuite crucifié. |
Lippo Memmi. La Crucifixion (1338-40). Fresque, Collégiale Santa Maria Assunta, San Gimignano. « La scène de la Crucifixion interrompt l’ordonnancement régulier du cycle tel qu’il se déroulait depuis le début, sur trois registres. Le premier coup de génie du peintre réside dans cet éclat qui tient à l’ampleur de son format : équivalent au quadruple de la surface des autres images, le spectacle apparaît, dans un surgissement paroxystique de la narration au sein de tout le cycle. |
Lippo Memmi. La Cène (1338-40). Fresque, Collégiale Santa Maria Assunta, San Gimignano. La Cène est le dernier repas pris par Jésus-Christ avec les douze apôtres, la veille de sa crucifixion. |
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