Henri Lebasque
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Patrick AULNAS
Portraits
Henri Lebasque. Autoportrait (1888)
Huile sur toile, 40 × 30 cm, collection particulière.
Paul François Arnold Cardon, dit Dornac. Portrait d’Henri Lebasque (v. 1900)
Biographie
1865-1937
Henri Lebasque est un peintre postimpressionniste français né à Champigné (Maine-et-Loire) le 25 septembre 1865. Il fréquente dans sa jeunesse le lycée et l’école des Beaux-Arts d’Angers. Ses grands-parents étaient cultivateurs et son père marchand de bois. Tout enfant, il a connu les forêts où son père achetait les coupes de bois. Son attachement à la nature apparaîtra de façon constante dans son travail.
Henri Lebasque s’installe à Paris en 1886 et s'inscrit à l'Académie Colarossi, qui a succédé en 1870 à l’Académie Suisse. Ces écoles privées artistiques permettaient de suivre une formation moins coûteuse et moins sélective que celle de l’École de Beaux-Arts de Paris. L’académisme, qui dominait encore aux Beaux-Arts, y était critiqué. Pour vivre, Henri Lebasque utilise déjà son savoir-faire artistique pour des travaux d’enluminure de statues et de peinture décorative.
Par la suite, durant deux années, il fréquente l’atelier de Léon Bonnat (1833-1922) à l’École des Beaux-Arts. Henri Lebasque exposera ses premières toiles avec succès au Salon des Indépendants, qui avait été créé en 1884 par des artistes ne souhaitant ni jury, ni récompense. A partir de 1888, il collabore pendant six ans avec le peintre Ferdinand Humbert (1842-1934) à l’exécution des fresques du Panthéon.
Trop jeune pour se lier vraiment avec les grands impressionnistes, Lebasque est sensible à la luminosité de leurs tableaux mais reste attaché au dessin et à la composition rigoureuse. C’est seulement au début du 20e siècle qu’il rencontrera Pissarro, alors âgé. A la fin du 19e siècle, il fréquente les pointillistes (ou divisionnistes) Maximilien Luce (1858-1941) et Paul Signac (1863-1935) qui appartiennent à sa génération. Il adopte un temps leur technique sans pour autant se plier au rigorisme quasi-scientifique de l’initiateur de ce mouvement, Georges Seurat (1859-1891).
En 1894, Henri Lebasque épouse Catherine Fisher, dite Ella. Trois enfants naîtront de cette union : Marthe (1895-1989), qui deviendra peintre et sculptrice ; Hélène, dite Nono (née en 1901) ; Pierre (1912-1994). Une partie de son travail sera alors consacrée à décrire des scènes familiales pleines de sérénité dans un cadre naturel (jardin, terrasse, etc.). Il expose pour la première fois au Salon des artistes français en 1896. Ce salon avait succédé au Salon de l’Académie de Beaux-Arts en 1880.
D’abord domicilié à Paris, Henri Lebasque quitte la ville au début du 20e siècle. Il est en effet sujet à des rhumatismes le faisant beaucoup souffrir et son médecin lui conseille la campagne. Il s’installe dans la Marne, d’abord à Montevrain pendant quatre ans, puis à Lagny. Il réalise alors de nombreux paysages (scènes fluviales, coins de village ensoleillés, forêts). Il séjourne également dans d’autres régions (Vendée, Normandie, Bretagne) et voyage à l’étranger (Londres en 1904 et Madrid en 1905). Il admire Reynolds et Turner à la National Gallery, Vélasquez et Goya au musée du Prado. Il expose au Salon d’automne dès sa création en 1903. L’État lui achète cette année-là un grand tableau de style impressionniste, Goûter sur l’herbe.
Henri Lebasque. Goûter sur l’herbe (1903)
Huile sur toile, 122,5 × 141 cm, musée des Beaux-Arts d’Angers.
Henri Lebasque ne découvre le Midi de la France qu’en 1906. Après de nombreux séjours prolongés, il s’y installera définitivement. Il reste plusieurs mois à Saint-Tropez en 1906, à Sanary en 1911, à Sainte-Maxime en 1914. Il passe l’hiver 1913 à Nice et l’hiver 1918 à Cannes. En 1920, il revient à Saint-Tropez. La galerie Eugène Druet lui consacre une exposition en 1922. En 1923, il séjourne au Pradet, près de Toulon. Enfin, il se fixe définitivement au Cannet, à proximité de Cannes, en 1924. Avant la première guerre mondiale, il avait rencontré les artistes du fauvisme, en particulier Henri Matisse (1869-1954), qui fera un portrait de sa fille Hélène.
Henri Lebasque. Sur le banc vert, Sanary (1911)
Huile sur toile, 93 × 130 cm, collection particulière.
Après son installation au Cannet, il fréquente surtout Pierre Bonnard (1867-1947), issu du mouvement Nabi, qui vit à proximité. La lumière méditerranéenne et la douceur du climat constituent alors un élément essentiel de sa peinture intimiste. A côté des portraits et des scènes familiales sur une terrasse ou dans un jardin, Lebasque réalise également de nombreux nus.
Henri Lebasque meurt au Cannet le 7 août 1937.
Henri Lebasque. Nu allongé (1925-26)
Huile sur toile, 57,4 × 100 cm, collection particulière.
Œuvre
Henri Lebasque a connu le succès avec des scènes de genre familiales dans un cadre méditerranéen. Il place ses personnages dans des jardins, sur des terrasses environnées d’une végétation luxuriante. Le traitement subtil de l’ombre et de la lumière constitue un élément essentiel de la composition. Les figures masculines sont rares. Le peintre s’intéresse à la féminité et à l’enfance en prenant pour modèles son épouse Catherine (Ella), ses deux filles Marthe et Hélène (Nono) ainsi que son fils Pierre. L’omniprésence de ses proches, dans une ambiance de sérénité, transforme ses tableaux en odes à la joie de vivre paisiblement près de la nature, dans la douceur du rivage méditerranéen.
Henri Lebasque. Le goûter sur la terrasse à Sainte-Maxime (1914)
Huile sur toile, 105,4 × 183,5 cm, collection particulière.
Analyse détaillée
L’œuvre d’Henri Lebasque est quantitativement très important et concerne tous les genres : paysages, portraits, natures mortes, nus. Cet éclectisme est le signe de la curiosité expérimentale, mais aussi du goût du travail. L’artiste nous a laissé des milliers d’huiles, aquarelles, dessins, dont quelques échantillons représentatifs sont fournis ci-après.
Henri Lebasque. Rives de la Marne, près de Montévrain (1900)
Huile sur toile, 60,5 × 73 cm, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid.
Il n’est pas possible de rattacher Lebasque à un courant pictural particulier. Il naît en 1865, au moment où apparaît l’impressionnisme. Il ne peut échapper au bouleversement que constitue cette esthétique entièrement axée sur la perception. Ses premiers travaux sont impressionnistes, mais ayant rencontré les divisionnistes Paul Signac et Maximilien Luce, il emprunte un temps leur technique. Par la suite, au début du 20e siècle, il fréquente les Fauves, mais leurs provocations chromatiques n’attirent pas ce sage, qui savait faire la part des choses. Pierre Bonnard (1867-1947), son contemporain, l’influencera davantage à partir de 1924, année de son installation au Cannet, à proximité de la demeure de Bonnard. Ils s’intéressent tous les deux à des thèmes identiques. Mais Lebasque reste à l’écart de tout embrigadement avant-gardiste, il évolue en saisissant souplement l’air du temps.
Henri Lebasque. Nu assis sur un canapé près de la fenêtre (1934-35)
Huile sur toile, 54,6 × 65,4 cm, collection particulière.
L’historien de l’art Paul Vitry (1872-1941) a parfaitement exprimé dans son ouvrage consacré à l’artiste (*) les traits essentiel de l’œuvre de Lebasque :
« Peindre dans la lumière et dans la joie, spontanément, légèrement et sans effort apparent, telle paraît être la fonction et comme le génie propre d’Henri Lebasque. Pas de système appris, laborieusement échafaudé, pas de formules, pas de genres, ou plutôt il les effleure tous, sauf les genres ennuyeux ; il peint tout ce qui vit et tout ce qui charme : les femmes, les fleurs, les enfants, le ciel et les eaux. Un air léger et limpide baigne son œuvre entière qui ne s’attarde ni aux sujets graves, ni aux effets tristes, ni aux teintes sourdes : la nature semble toujours en fête pour lui. »
Scènes de genre
Henri Lebasque. Madame Lebasque et sa fille Marthe (1898-99). Huile sur toile, 54,6 × 45,5 cm, collection particulière. Henri Lebasque n’a réalisé qu’un nombre limité de portraits. Il tente ici une composition intermédiaire entre le portrait de famille et la scène de genre. Son épouse joue avec sa fille en lui encadrant le visage de fleurs.
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Henri Lebasque. Goûter sur l’herbe (1903). Huile sur toile, 122,5 × 141 cm, musée des Beaux-Arts d’Angers. « Ce grand tableau immortalise un moment de bonheur familial : la femme de l’artiste et ses jeunes enfants profitent d’une belle après-midi d’été dans un parc arboré. La touche de pinceau, courte et fractionnée, juxtapose de multiples nuances de vert et de violet, traduisant ainsi les jeux du soleil et de l’ombre dans le feuillage des arbres et sur l’herbe […] Cette peinture se place dans le courant impressionniste par l’intérêt marqué pour la vibration de la lumière et pour la circulation impalpable de l’air. » (Commentaire musée des Beaux-Arts d’Angers)
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Henri Lebasque. La lecture du soir (1904). Huile sur toile, musée de Beaux-Arts de Nancy. Autre titre : Sous la lampe. La vie familiale d’Henri Lebasque est la source principale de son inspiration. Les scènes d’extérieur dans un jardin, très lumineuses, deviendront sa spécialité. Mais quelques scènes d’intérieur apparaissent aussi dans son œuvre. Ses deux filles, Marthe lisant et Hélène ouvrant la porte d’un buffet, offrent l’occasion à l’artiste de décrire un intérieur bourgeois de l’époque, avec semble-t-il déjà, l’éclairage électrique.
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Henri Lebasque. Le jeune peintre (1904-05). Huile sur toile, 81,4 × 65,7 cm, collection particulière. Lebasque saisit le geste de l’enfant et sa concentration sur son travail. La peinture sur le motif, au milieu de la nature gagne ses lettres de noblesse avec le courant réaliste au 19e siècle, mais les paysagistes plus anciens prenaient déjà des croquis en extérieur. L’enfant ne peut pas être Pierre, le fils du peintre, né en 1912, mais peut-être Marthe, née en 1895, qui deviendra peintre.
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Henri Lebasque. La famille sous la lampe (v. 1905). Huile sur toile, 50 × 50 cm, musée des Beaux-Arts, Angers. Cette scène familiale a été peinte dans la même pièce que dans La lecture du soir (1904, ci-dessus). Catherine Fisher, épouse Lebasque, dite Ella, est entourée de Marthe, dix ans, qui dessine, et d’Hélène, dite Nono, quatre ans, qui joue. L’influence divisionniste reste notable.
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Henri Lebasque. Marthe et Nono en japonaises (1905-10). Huile sur toile, 73 × 60 cm, collection particulière. Lebasque s’inspire de la technique divisionniste, mais avec de larges touches, pour réaliser un portrait de ses deux filles déguisées. Marthe est née en 1895 et Hélène, surnommée Nono en 1901.
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Henri Lebasque. Sur le banc vert, Sanary (1911). Huile sur toile, 93 × 130 cm, collection particulière. Il s’agit de Marthe, la fille aînée du peintre et de Nono jouant à l’arrière-plan. Lebasque, en pleine possession de ses moyens, a trouvé un style lui permettant de mettre en valeur ses qualités exceptionnelles de coloriste. La richesse chromatique apparaît immédiatement avec les couleurs complémentaires structurant le sol et le kimono de Marthe. La forte luminosité tombant sur Nono contraste avec la mi-ombre où se trouve Marthe. Visiblement, Marthe s’ennuie un peu en prenant la pose, mais la sérénité familiale règne.
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Henri Lebasque. Le goûter sur la terrasse à Sainte-Maxime (1914). Huile sur toile, 105,4 × 183,5 cm, collection particulière. Le peintre représente un univers familial ne comportant que des femmes et des enfants, afin de mettre l’accent sur l’intimité de la scène. La générosité de la nature apparaît dans les fruits dispersés sur la table, les grappes de raisins étant encore ornées de leurs feuilles. Henri Lebasque insère de cette façon une nature morte dans sa scène de genre. Il y place aussi un paysage méditerranéen. La terrasse surplombe un vaste panorama maritime. Le peintre laisse les visages tout à fait indistincts. Comme dans la peinture religieuse du 15e siècle, où tous les saints avaient le même visage, les trois femmes ne se distinguent nullement par des caractéristiques faciales. Lebasque ne s’intéresse pas à la psychologie individuelle mais aux rapports entre l’homme et son milieu naturel. Le ressenti subjectif de chacun n’est pas son propos. Mais tous se sentent en harmonie avec le lieu.
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Henri Lebasque. Nono à l’aquarelle (v.1915). Huile sur toile, 65 × 59 cm, collection particulière. Henri Lebasque séjourne à Saint-Tropez avec sa famille. Sa fille Hélène, dite Nono, âgée de quatorze ans, s’exerce à peindre à l’aquarelle une nature morte de fruits, tandis que Marthe, sa fille aînée, âgée de vingt ans, admire le jardin. La lumière envahit la terrasse. Le peintre la saisit avec des tonalités de vert, de gris et de rose, en utilisant des valeurs très claires.
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Henri Lebasque. Marthe dans la gloriette (v. 1910-20). Huile sur toile, 61,6 × 50,4 cm, collection particulière. La fille aînée du peintre apparaît au milieu d’un univers végétal qui rappelle la Vierge dans un jardin clos dont la peinture nordique du 15e siècle avait fait un thème (par exemple, Martin Schongauer. La Vierge au buisson de roses, 1473). Mais la quiétude familiale remplace la quiétude spirituelle, sans pour autant l’exclure.
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Henri Lebasque. Le peignoir bleu (1920). Huile sur toile, 81 × 65 cm, collection particulière. Cette composition concilie avec brio l’intimité familiale et le paysage montagneux, qui pourrait se situer dans les environs de Saint-Tropez, où le peintre séjournait en 1920. Les portraits comportant un arrière-plan paysager visible par une fenêtre datent de la Renaissance. Cette composition, qui n’est pas un portrait, revisite donc un modèle ancien.
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Henri Lebasque. Deux femmes dans un jardin en été (v. 1923). Huile sur toile, 98 × 131 cm, collection particulière. Le sujet du tableau est la lumière qui éclaire puissamment la femme debout, alors que l’autre femme est assise à l’ombre du feuillage. Les irisations sur les robes blanches, les multiples nuances de bleu de la végétation et les ombres sur le sol restituent une ambiance estivale au milieu d’une nature luxuriante.
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Henri Lebasque. Hamac (1923). Huile sur toile, 65,5 × 81,4 cm, The National Museum of Western Art, Tokyo. A la fin du 19e siècle et au début du 20e, l’intérêt des artistes pour les arts africains et océaniens fait naître un courant qualifié de primitivisme. Paul Gauguin s’installe même à Tahiti où il peint des chefs-d’œuvre. Cette composition de Lebasque est influencée par le primitivisme et par le style de Gauguin (voir par exemple, Paul Gauguin. Arearea, 1892). Les aplats de couleurs ont remplacé les petites touches impressionnistes des débuts de l’artiste. |
Paysages
Henri Lebasque. Coucher de soleil à Pont-Aven (1894). Huile sur toile, 36,8 × 45,1 cm, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid. Aussi intitulé Jeune homme face à la mer. La région de Pont-Aven, en Bretagne, avait été choisie par les nabis pour son caractère pittoresque. Elle attirait, à la fin du 19e siècle, de nombreux peintres français et étrangers. Henri Lebasque ne s’inspire nullement de leur style, qui privilégiait les grands aplats de couleurs pures, mais ne refuse pas une certaine forme de symbolisme. Cet homme seul à la tombée du jour, dans un cadre presque surnaturel où le ciel se reflète une dernière fois sur la surface de l’eau, évoque tous les mystères pouvant lier l’humanité à sa petite planète.
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Henri Lebasque. Madame Lebasque et sa fille au bord de la Marne (1899). Huile sur toile, 73 × 116,3 cm, collection particulière. A la fin du 19e siècle, Henri Lebasque se lie avec les divisionnistes ou pointillistes, en particulier Paul Signac. Ce paysage forestier, avec ses multiples petites touches juxtaposées, peut être rattaché à ce courant pictural. Marthe, la fille aînée de l’artiste, née en 1895, a alors quatre ans.
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Henri Lebasque. Rives de la Marne, près de Montévrain (1900). Huile sur toile, 60,5 × 73 cm, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid. Ce magnifique paysage aurait pu être peint par Alfred Sisley, le grand paysagiste du mouvement impressionniste (voir par exemple, Alfred Sisley. Moret-sur-Loing au soleil levant, 1888). Lebasque conservera toujours sa liberté par rapport aux multiples courants qui émergent à son époque et se veulent tous d’avant-garde. Son style est donc diversifié et adapté à son projet particulier.
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Henri Lebasque. En barque sur la Marne (1905-06). Huile sur toile, 65,2 × 92 cm, collection particulière. La jeune fille pourrait être Marthe, la fille aînée du peintre. L’originalité de la composition se situe dans la vue plongeante sur le fleuve. L’influence divisionniste apparaît encore avec les multiples touches épaisses évoquant la surface de l’eau. Mais l’étude des reflets de la lumière sur une rivière est un classique impressionniste utilisé par Monet et Renoir dès la fin de la décennie 1860.
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Henri Lebasque. Port de Saint-Tropez (1906). Huile sur toile, 50 × 65 cm, musée de l'Annonciade, Saint-Tropez. La liberté stylistique de Lebasque est tout à fait étonnante. Ce paysage maritime semble avoir subi une influence fauviste, alors que l’année précédente En barque sur la Marne (1905-06, ci-dessus) conservait une facture totalement impressionniste.
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Henri Lebasque. La vallée de la Garde (1923). Huile sur toile, 74 × 100,5 cm, musée des Beaux-Arts de Nantes. On sait que Cézanne a peint la Montagne Sainte-Victoire à de nombreuses reprises. Ce paysage de Lebasque fait irrésistiblement penser aux premières tentatives de Cézanne sur ce thème (Paul Cézanne. Montagne Sainte-Victoire, 1882-85), avant que l’artiste ne bascule vers le précubisme. La Garde est un petit village situé au nord de Cannes, dans le département actuel des Alpes-de-Haute-Provence. Lebasque vivait à cette époque au Cannet et pouvait aisément séjourner quelque temps plus au nord pour peindre un paysage de montagne.
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Henri Lebasque. Le Cannet au printemps (1927). Huile sur toile, 60 × 73 cm, musée des Beaux-Arts, Caen. Paysage méditerranéen à proximité de Cannes, avec ciel nuageux. La composition comporte trois plans horizontaux : le balcon et la figure féminine, le village, les montagnes lointaines et le ciel. Le temps couvert permet d’associer les nuances de vert et de gris. La balustrade de la maison du peintre se retrouve dans plusieurs tableaux (par exemple Nu à la fenêtre ci-après). |
Nus
Henri Lebasque. Nu allongé (1925-26). Huile sur toile, 57,4 × 100 cm, collection particulière. Depuis sa jeunesse, Lebasque dessine et peint des nus féminins. Dans les années 1920 et 1930, sa production est importante dans ce domaine. Les nus de Lebasque se veulent morphologiquement réalistes, par opposition par exemple à ceux de d’Amadeo Modigliani, qui privilégiaient l’élongation du corps (Modigliani, Le grand nu, 1917).
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Henri Lebasque. Nu à la fenêtre (1926). Huile sur toile, 81 × 60 cm, Indianapolis Museum of Art. L’association classique intérieur-extérieur permet au peintre de traiter à la fois le nu, le paysage méditerranéen et le balcon. L’étude de l’ombre et de la lumière sur le corps constitue la difficulté principale.
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Henri Lebasque. Nu allongé bras levé (1926-28). Huile sur toile, 65,2 × 4,8 cm, collection particulière. Le modèle semble flotter sur une accumulation de textiles qui ne sont présents que pour la vraisemblance physique. Il s’agit paradoxalement d’une étude du mouvement d’un corps qui se délasse.
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Henri Lebasque. Nu assis sur un canapé près de la fenêtre (1934-35). Huile sur toile, 54,6 × 65,4 cm, collection particulière. Cette toile, caractérisée par des influences multiples (impressionnisme, fauvisme en particulier), joue avec les valeurs claires pour capter la lumière du soleil qui inonde la pièce, malgré les volets fermés. En associant un nu, un intérieur et un paysage, Henri Lebasque réalise une composition complexe à la luminosité exceptionnellement subtile. Les couleurs froides et les couleurs chaudes se conjuguent sur tout l’espace pictural. |
Natures mortes
Henri Lebasque. Nature morte (1890-1937). Huile sur toile, 67 × 73 cm, Fine Arts Museum of San Francisco. Cette nature morte, non datée, correspond stylistiquement à la période années 1890 ou tout début 20e siècle.
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Henri Lebasque. Dahlias dans un vase persan (1920). Huile sur toile, 81 × 65,1 cm, collection particulière. Le décor de la pièce, très apparent dans la précédente nature morte, s’est presque totalement estompé. Le peintre joue sur le contraste chromatique entre le vase bleu et les fleurs rouges.
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Henri Lebasque. Anémones dans un vase (1925-30). Huile sur toile, 46 × 55 cm, collection particulière. Très impressionniste, cette nature morte n’est plus qu’une suggestion de bouquet sur un fond non figuratif. Une évolution stylistique majeure en quelques années. |
Portraits
Henri Lebasque. Portrait de Madame Berthe Delaunay (1912). Huile sur toile, 65,5 × 54,3 cm, collection particulière. En bas à droite, le peintre a signé le portrait, l’a daté du 12 avril 1912 et a inscrit : « Affectueux Hommage à Madame B. Delaunay ». Berthe Delaunay (1862-1937) est la mère du peintre Robert Delaunay (1885-1941). Elle pose, vêtue à la japonaise, jetant un regard appuyé vers le spectateur.
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Henri Lebasque. La cigarette (av. 1921). Huile sur toile, 54 × 65 cm, musée d'Art et d'Industrie André Diligent, Roubaix. Les années 1920, dites les années folles, marquent une volonté d’émancipation des femmes dans les milieux favorisés. Nono, la seconde fille du peintre est coiffée à la garçonne et prend la pose assise sur un rocking-chair, long collier au cou et cigarette à la main. Voilà l’antithèse de l’image de la femme traditionnelle, s’occupant du goûter des enfants, que Lebasque avait traitée en 1914. La liberté d’allure, la décontraction et l’oisiveté dominent. L’ambiance méditerranéenne apparaît avec les volets clos laissant filtrer la lumière solaire. La composition focalise sur la gestuelle de Nono et laisse dans le flou l’arrière-plan et le rocking-chair stylisé.
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Henri Lebasque. Figure de jeune fille (1890-1937). Huile sur toile, 55 × 61,5 cm, musée d'Art moderne et contemporain, Strasbourg. Ce portrait, non daté, pourrait être celui d’une des filles du peintre, Marthe ou Hélène, surnommée Nono. Stylistiquement, il se rattache aux années 1920 ou 1930. |
Aquarelles, affiches, dessins
Henri Lebasque. Le Baigneur (1890-1937). Aquarelle et crayon sur carton, 19 × 22,3 cm, Harvard University Art Museums. Avec des moyens limités, l’artiste saisit la pose d’un baigneur qui se repose sur un rocher. Tout est suggéré sans être représenté : la mer, la plage, les rochers.
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Henri Lebasque. Femme sur la plage (1890-1937). Aquarelle et crayon sur papier, 30 × 17,5 cm, collection particulière. L’artiste a saisi sur le motif, au crayon, cette élégante jeune femme, puis complété le dessin à l’aquarelle.
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Henri Lebasque. L’emprunt de la paix (1920). Affiche, encre sur papier, lithographie couleur, 114 × 79 cm, Indianapolis Museum of Art. Les destructions de la guerre conduisirent l’État à lancer des emprunts dans le public en vue de financer la reconstruction. Les artistes étaient alors sollicités pour l’élaboration des affiches.
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Henri Lebasque. Jeune femme au chapeau (1925). Aquarelle sur papier, 54,5 × 42,5 cm, collection particulière. Lebasque saisit le look des jeunes femmes des années 20 (les années folles), que ses filles ont certainement dû adopter : coupe de cheveux à la garçonne, chapeau cloche.
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Henri Lebasque. La plage de Deauville (1928). Aquarelle sur papier, 38,7 × 61,9 cm, collection particulière. Avec son grand ciel nuageux, cette aquarelle rappelle les huiles qu’Eugène Boudin réalisait sur la côte normande un demi-siècle plus tôt, par exemple La plage de Trouville, 1871. |
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(*) Paul Vitry, Henri Lebasque, 1928
Commentaires
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- 1. Bookubik Le 08/09/2024
Bonjour,
Merci pour votre travail.
Une précision : l'oeuvre titrée La vallée de La Garde représente en fait le mont Coudon. Ce dernier se situe à côté du village de La Garde, voisin immédiat du village du Pradet, dans le Var, où séjournait Le basque en 1923. -
- 2. Grazelie Max Le 18/02/2012
Félicitations ! Ayant habité de nombreuses années dans la maison champignéenne d'Henri Lebasque, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai découvert votre diaporama... Merci pour lui, pour nous et les habitants de Champigné !-
- Le 19/02/2012
Merci pour votre commmentaire et merci également à Henri Lebasque pour sa peinture lumineuse et optimiste que l'époque rend vraiment indispensable. P. Aulnas
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