Andrew Wyeth

Cliquer sur les images ci-dessus
PARTENAIRE AMAZON ► En tant que partenaire d'Amazon, le site est rémunéré pour les achats éligibles.

 

 

Patrick AULNAS

Portraits

 

Andrew Wyeth. Autoportrait (1945)

Andrew Wyeth. Autoportrait (1945)
Tempera sur panneau de fibres de bois, 63 × 76 cm, National Academy of Design, New York.

 

 

Henriette Wyeth. Portrait d’Andrew Wyeth (1963)

Henriette Wyeth. Portrait d’Andrew Wyeth (1963)
Acrylique sur toile, 64 × 54 cm, National Portrait Gallery, Smithsonian Institution

 

Biographie

1917-2009

Andrew Wyeth est né le 12 juillet 1917 à Chadd's Ford, à proximité immédiate de Philadelphie (Pennsylvanie). Son père, le peintre Newell Convers Wyeth (1882-1945), avait épousé en 1906 Carolyn Brenneman Bockius. Le couple donne le jour à cinq enfants, Andrew étant le plus jeune. De santé fragile, le jeune Andrew reçoit une éducation au sein de sa famille, dans un milieu épris de culture et de proximité avec la nature. Il suit des cours particuliers, mais dans le domaine pictural son père est son seul professeur. Newell Convers Wyeth était un créateur réputé d’affiches et un illustrateur de magazines et de livres, par exemple L’Île au trésor et Le Dernier des Mohicans. La famille recevait des célébrités comme l’écrivain F. Scott Fitzgerald (1896-1940) et la comédienne Mary Pickford (1892-1979).

Au début de sa carrière, Andrew Wyeth peint des aquarelles. Sa première exposition personnelle a lieu en 1937 à la Macbeth Gallery de New York. Elle connaît le succès. Mais l’artiste n’a pas encore trouvé le style et la technique très personnels qui feront sa célébrité mondiale. C’est seulement au début de la décennie 1940 qu’apparaîtront la thématique rurale, la rigueur chromatique et la technique de la tempera sur bois. L’un des premiers tableaux présentant ces caractéristiques est Public Sale (Vente publique).

 

Andrew Wyeth. Vente publique (1943)

Andrew Wyeth. Vente publique (1943)
Tempera sur panneau de fibres de bois, 56 × 122 cm, Philadelphia Museum of Art.

 

En 1940, Andrew Wyeth épouse Betsy James (1921-2020), rencontrée dans le Maine. Avant même son mariage, Wyeth fait la connaissance de deux amis d’enfance de son épouse, Anna Christina Olson (1893-1968) et son frère Alvaro (1895-1967). Le tableau le plus célèbre de Wyeth, Le monde de Christina, provient de cette rencontre.

 

Andrew Wyeth. Le monde de Christina (1948)

Andrew Wyeth. Le monde de Christina (1948)
Tempera sur bois, 81,9 × 121,3 cm, Museum of Modern Art, New York.
Analyse détaillée

 

Betsy James a joué un rôle important dans la carrière de son mari. Celui-ci se consacre entièrement à la dimension artistique, tandis que Betsy se charge de l’aspect administratif et commercial :  négociation des commandes, organisation des expositions et même tenue du catalogue raisonné des œuvres. Betsy James a souvent posé pour son mari. Deux fils naîtront de cette union : Nicholas en 1943 et Jamie en 1946.

Partageant son temps entre la Pennsylvanie et le Maine, Wyeth maintiendra jusqu’à sa mort son style de peinture, comportant toujours une forte présence de la nature, qu’il s’agisse de la campagne ou de la mer. Entre 1940 et 2009, la plupart de ses tableaux ont été réalisés dans son atelier de Chadd’s Ford, que son épouse a donné après la mort de l’artiste au Brandywine Museum of Art, situé à proximité. L’atelier peut aujourd’hui se visiter.

 

L’atelier d’Andrew Wyeth à Chadd’s Ford

L’atelier d’Andrew Wyeth à Chadd’s Ford

 

Vue intérieure de l’atelier d’Andrew Wyeth

Vue intérieure de l’atelier d’Andrew Wyeth

 

Le couple Wyeth séjournait l’été sur deux petites îles du Maine, Allen Island et Benner Island.

 

Allen Island au large du Maine

Allen Island au large du Maine

 

La maison des Wyeth sur Allen IslandLa maison des Wyeth sur Allen Island

 

Bien que parfois boudé par les critiques d’art du 20e siècle, épris d’abstraction et d’expérimentation, la reconnaissance internationale d’Andrew Wyeth apparaît exceptionnelle. Il est le premier peintre à recevoir la médaille présidentielle de la liberté, décernée par le président américain John F. Kennedy en 1963. En 1977, il est élu à l’Académie des Beaux-Arts de France. L’année suivante, il devient membre honoraire de l’Académie soviétique des Beaux-Arts. En 1980, il est admis à la Royal Academy de Grande-Bretagne. Honneur suprême, il devient le premier artiste vivant à bénéficier d’une rétrospective de l’ensemble de son œuvre par le Metropolitan Museum of Art de New York en 1976.

Andrew Wyeth meurt à Chadd's Ford dans son sommeil, à l’âge de 91 ans, le 16 janvier 2009. Betsy est décédée le 21 avril 2020 à l’âge de 98 ans.

 

Œuvre

 

D’abord influencé par l’impressionnisme, Wyeth évolue vers un style plus personnel mais cherchant également à capter par l’image l’essence du réel. Il est souvent considéré comme un artiste régionaliste, s’intéressant aux paysages ruraux et aux habitants de l’Amérique profonde. Le régionalisme est un mouvement artistique américain représentant avec réalisme l’univers rural du Midwest et de ses petites villes. Apparu dans les années 1930 en relation avec la crise économique de 1929, ce mouvement se poursuivra jusqu’aux années 1940.

 

Andrew Wyeth. Winter (1946)

Andrew Wyeth. Winter (1946)
Tempera sur panneau de fibres de bois, 80 × 122, cm, North Carolina Museum of Art.

 

L’ambition de Wyeth consiste à saisir l’Amérique dans son essence. Si l’on considère que les peintres sont toujours à la recherche du beau et/ou du vrai, Wyeth incline nettement vers le second aspect. L’idéalisation de la représentation vers la beauté ne l’intéresse pas. La vérité lui importe avant tout, qu’elle concerne la perception de la nature par l’homme ou ce que celui-ci cache derrière l’apparence. Cette recherche de vérité se manifeste par la minutie dans la représentation des détails (feuilles, herbe, chevelure, etc.) qui rappelle les grands artistes flamands de la Renaissance.

Certaines figures féminines tiennent une place importante dans l’œuvre du peintre. Outre son épouse Betsy, qui lui a souvent servi de modèle, deux autres femmes ont marqué sa vie et son œuvre : Christina Olson, une handicapée physique n’ayant jamais pu marcher, et Helga Tesford, une voisine dont il est tombé amoureux.

 

Andrew Wyeth. Lovers (1981)

Andrew Wyeth. Lovers (1981)
Tempera sur panneau de fibres de bois, collection particulière.

 

Sur le plan technique, Andrew Wyeth a fait un choix radical, qui a certainement joué un grand rôle dans son succès public. A une époque où les artistes peignaient surtout à l’huile sur toile, Wyeth choisit la tempera à l’œuf sur panneau de bois, medium et support les plus courants aux 14e et 15e siècles en Europe. Il ne va cependant pas jusqu’à utiliser les panneaux de bois naturel (souvent de chêne) des artistes du passé car le bois reste sensible aux variations hygrométriques ambiantes. Il choisit donc des panneaux de particules de haute densité (type isorel, masonite), réputés plus stables.

 

Andrew Wyeth. Ma jeune amie (1970)

Andrew Wyeth. Ma jeune amie (1970)
Tempera sur panneau de fibres de bois, 81,3 × 63,5 cm, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid.

 

Ces caractéristiques techniques conduisent à des compositions aux surfaces mates qui se conjuguent avec la gamme chromatique étroite (brun, gris, blanc) qu’affectionne l’artiste pour accentuer l’impression de vérité émanant de l’objet-tableau achevé.

 

Andrew Wyeth. Chasseur de foulques (1933)

Andrew Wyeth. Chasseur de foulques (1933). Aquarelle sur papier vélin, 49 × 75,5 cm, Art Institute Chicago. L’influence impressionniste reste forte sur le jeune artiste de seize ans. Wyeth capte les effets de lumière et le mouvement du chasseur tenant dans sa main droite son fusil et dans sa main gauche une foulque qu’il vient de capturer. La foulque est un oiseau de teinte gris-noir, vivant en zone humide et mesurant entre 30 et 40 cm.

Andrew Wyeth. Vallée de Brandywine (1940)

Andrew Wyeth. Vallée de Brandywine (1940). Aquarelle sur papier vélin, 55,6 × 76,3 cm, National Gallery of Art, Washington. La vallée de Brandywine, à proximité de Philadelphie, est une région verdoyante que l’artiste choisit de peindre en hiver et sous la neige. Dominent donc les blancs, les gris et les marrons, avec un arbre central très sombre. Wyeth reste encore influencé à cette époque par l’impressionnisme et les courants du début du 20e siècle européen, mais il recherche une palette réduite, qu’il définira quelques années plus tard.

Andrew Wyeth. Vente publique (1943)

Andrew Wyeth. Vente publique (1943). Tempera sur panneau de fibres de bois, 56 × 122 cm, Philadelphia Museum of Art. Considérée comme l’une des premières peintures de l’artiste à la tempera, cette composition représente deux hommes et une voiture dans un champ. Un chemin boueux partant du premier plan permet d’accéder à une ferme. Une foule semble attendre à proximité de la ferme. Il s’agit de la vente aux enchères d’une exploitation agricole après la mort de la femme du fermier. Ce thème social, rare dans l’œuvre de Wyeth, est en lien avec l’évolution économique américaine et la disparition progressive des petites exploitations familiales

Andrew Wyeth. Winter (1946)

Andrew Wyeth. Winter (1946). Tempera sur panneau de fibres de bois, 80 × 122, cm, North Carolina Museum of Art. Promenade hivernale dans la campagne vallonée américaine. Le peintre s’attache à restituer la réalité par la tenue adaptée du promeneur et le soin apporté au rendu de l’herbe rase, que l’on a l’impression de pouvoir toucher. La composition réserve presque toute la surface du panneau à la colline en réduisant le ciel à une bande grise. Wyeth est un peintre de la terre, de sa texture, de ses nuances.

Andrew Wyeth. Dodges Ridge (1947

Andrew Wyeth. Dodges Ridge (1947). Tempera sur panneau de fibres de bois, 104,5 × 122,3 cm, Smithsonian American Art Museum, Washington. Cette composition évoquant la terre et la mer par vent violent est inspirée par les paysages du Maine, dans l’extrême nord-est des États-Unis, où le couple Wyeth séjournait longuement. L’homme, confronté à la puissance des éléments, ne peut trouver refuge que dans la spiritualité, représentée par le piquet de bois en forme de croix.

Andrew Wyeth. Christina Olson (1947)

Andrew Wyeth. Christina Olson (1947). Tempera sur bois, 84 × 63 cm, collection particulière. Premier portrait de Christina Olson (1893-1968) sur le seuil de sa maison de Cushing dans le Maine. Wyeth réalisera l’année suivante le tableau Christina’s World (Le monde de Christina), mondialement célèbre et qui placera définitivement l’artiste au rang des plus grands peintres du 20e siècle.

Andrew Wyeth. Vent de la mer (1947)

Andrew Wyeth. Vent de la mer (1947). Tempera sur bois, 47 × 70 cm, National Gallery of Art, Washington. « Vent de la mer, peint un an avant Le monde de Christina, saisit un instant d’une chaude journée d’été où Wyeth a ouvert la fenêtre rarement utilisée d’une pièce mansardée […] La vue rapprochée et le cadre de la fenêtre, coupé au bord de la peinture, créent pour le spectateur l’illusion de regarder réellement par une fenêtre. » (Commentaire National Gallery of Art)

Andrew Wyeth. Le monde de Christina (1948)

Andrew Wyeth. Le monde de Christina (1948). Tempera sur panneau de fibres de bois, 81,9 × 121,3 cm, Museum of Modern Art, New York. Anna Christina Olson (1893-1968), la figure du tableau, est une amie de l’artiste et de son épouse Betsy. Depuis l’enfance, une maladie avait empêché Christina de marcher correctement. Christina rampant vers la maison qu’elle veut atteindre symbolise l’aventure humaine, l’homme qui cherche douloureusement un peu de quiétude. Wyeth a simplement placé la scène dans le paysage de Cushing, petite bourgade du Maine, dans le nord-est des États-Unis. Il a même respecté la configuration de la maison des Olson, aujourd’hui rachetée par le Farnsworth Art Museum et qui peut être visitée.
En plaçant le personnage regardant vers la maison et rampant sur l’herbe au tout premier plan, Wyeth permet à l’observateur du tableau de s’identifier immédiatement à Christina. Tout au moins, il suscite le désir de lui venir en aide. Cette approche empathique rejoint l’idée plus générale, précédemment évoquée, d’une lecture allégorique, Christina représentant l’être humain confronté à son milieu. Le succès phénoménal du tableau n’a pas d’autre explication que cette portée universelle.

Analyse détaillée

Andrew Wyeth. Jour sans fin (1959)

Andrew Wyeth. Jour sans fin (1959). Tempera sur panneau de fibres de bois, 80 × 82 cm, Philadelphia Museum of Art. Titre original : Groundhog Day. « Andrew Wyeth partage l'approche réaliste de nombreux peintres américains du milieu du XXe siècle, bien que son processus de simplification et de synthèse conduise souvent à des effets obsédants et surréalistes. Son tableau représentant la cuisine lumineuse de son voisin Karl Kuerner semble manquer de quelque chose. Wyeth a expliqué que le tableau représentait "la lumière de l'hiver, les plats prêts pour le déjeuner de Karl Kuerner – c'est-à-dire la paix, oui, mais pour moi, derrière cela, il y a la violence réprimée".
La bûche éclatée à l'extérieur de la fenêtre et le couteau sur la table établissent le lien, dans l'esprit de l'artiste, avec l'expérience de Kuerner en temps de guerre, son chien violent et son autorité sur toute sa ferme. Wyeth a déclaré : "Je voulais atteindre jusqu'à l'essence même de l'homme qui n'était pas là" ». « Commentaire Philadelphia Museum of Art)

Andrew Wyeth. Pommes à cidre (v. 1962)

Andrew Wyeth. Pommes à cidre (v. 1962)
Aquarelle sur papier, 66 × 77 cm, Los Angeles County Museum of Art.

Andrew Wyeth. Début de printemps (v. 1963)Andrew Wyeth. Début de printemps (v. 1963)
Aquarelle sur papier, 76 × 55 cm, Los Angeles County Museum of Art.

 

« A la fin des années 1950, Wyeth commence à peindre des aquarelles du verger familial planté par son père et entretenu par sa sœur. Dans ces peintures, il combine souvent les techniques de l'aquarelle fluide et du pinceau sec pour utiliser efficacement le médium. Ces peintures de la maturité diffèrent donc de ses premières aquarelles dans lesquelles, dans la tradition d'Homère, Wyeth appliquait la peinture par touches audacieuses et vigoureuses, en utilisant souvent le fondu. Le pinceau sec lui permet de suggérer la texture, comme l'écorce rugueuse de l'arbre dans Pommes à cidre, et de délimiter les détails, comme l'herbe soufflée par le vent dans Début de printemps. Cependant, Wyeth n'a jamais abandonné le pinceau fluide dans aucune de ses peintures. Certaines de ses études d'arbres contiennent des détails de genre qui introduisent des éléments narratifs dans la scène, mais la plupart sont de la peinture pure. Ainsi, malgré la réputation de réaliste de Wyeth, ces aquarelles révèlent l’orientation abstraite qui se cache derrière certains détails spécifiques. Wyeth se concentre généralement sur un seul arbre et sur une partie seulement de la structure de son tronc et de ses branches. La configuration en Y de l'arbre dans Pommes à cidre apparaît dans plusieurs autres peintures, la plus célèbre étant Frosted Apples, 1967 (M. H. de Young Memorial Museum, San Francisco). L'irrégularité des branches d'un arbre est soulignée dans Début de printemps et d'autres études, telles que Fungus, 1959 (collection privée), par la disposition des branches sur un fond clair. Début de printemps ne représente pas tant le tronc et les branches d'un arbre qu'une forme angulaire abstraite. Bien que l'approche réaliste de Wyeth révèle un tempérament presque froid et analytique, un sentiment de mystère imprègne toujours ses aquarelles. Wyeth permet au spectateur d'entrevoir son univers intérieur, mais ne nous permet pas de comprendre sa personnalité énigmatique. » (Commentaire Los Angeles County Museum of Art)

Andrew Wyeth. Loin de Needham (1966)

Andrew Wyeth. Loin de Needham (1966). Tempera sur panneau de fibres de bois, 111,8 × 104,8 cm, collection particulière. Ce rocher de granit se trouvait à proximité de la maison des Wyeth, à Cushing, dans le Maine. Ce rocher évoquait pour l’artiste un endroit proche d’une maison de son enfance à Needham, dans le Massachusetts, et représentait en quelque sorte son père (le rocher, le socle de la famille), auquel il vouait une grande admiration.

Andrew Wyeth. End of Olsons (1969)

Andrew Wyeth. End of Olsons (1969). Tempera sur bois, 46 × 49 cm, The Cleveland Museum of Art. Peu après le décès de Christina Olson et de son frère Alvaro, Wyeth peint la maison inhabitée de Cushing avec sur le faîte du toit un couple d’hirondelles s’apprêtant à la migration hivernale.

Andrew Wyeth. Ma jeune amie (1970)

Andrew Wyeth. Ma jeune amie (1970). Tempera sur panneau de fibres de bois, 81,3 × 63,5 cm, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid. « Le réalisme minutieux du peintre Andrew Wyeth a fait de lui l'un des artistes américains les plus célèbres. Le présent portrait, réalisé en 1970 et intitulé My Young Friend, représente une jeune fille placée légèrement à gauche de la composition sur un fond plat, vêtue d'un épais pull en laine torsadée et d'un bonnet en fourrure de raton laveur. Il s'agit de Sissy Spruance, une jeune fille de vingt ans qui travaillait dans les écuries d’un ranch proche de la maison du peintre à Brandywine, en Pennsylvanie. Selon Wyeth, la jeune fille avait attiré son attention lors d'une promenade à cheval : "Un jour, je l'ai vue monter à cru dans la prairie, ses cheveux tressés volant et ses deux longues mèches tombant sur son visage. Elle portait ce chapeau en peau de raton laveur que je n'ai jamais vu porter par une autre fille, comme si elle était un animal et non un être humain".
Le portrait est peint dans des tons clairs et terreux – la gamme de couleurs préférée de l'artiste – en utilisant le médium traditionnel de la détrempe sur un panneau d’isorel. Wyeth a commencé à expérimenter ce procédé dans les années 1930, mais c'est à partir du début des années 1970 qu'il a atteint une maîtrise inégalée. De l'aveu même de l'artiste, "la détrempe, c'est, dans un sens, comme construire, vraiment construire, par grandes couches, comme la terre elle-même a été construite". En appliquant la peinture en fines couches successives, il atteint une telle précision dans le rendu des détails et des textures qu'il parvient à créer une atmosphère réaliste et un sentiment d'intemporalité qui confèrent à son réalisme si particulier un caractère magique et mystérieux. » (Commentaire musée Thyssen-Bornemisza)

Andrew Wyeth. Day Dream (1980)

Andrew Wyeth. Day Dream (1980). Tempera sur panneau de fibres de bois, 48 × 69 cm, collection particulière. « Avec un mélange original de simplicité et de détails complexes, Andrew Wyeth est surtout connu pour transformer le quotidien en visions intemporelles d’une beauté poignante. Dans son magistral Day Dream, Wyeth transforme l’archétype du nu féminin en une étude artistique de la lumière et de l’atmosphère, ainsi qu’en une analyse psychologique de l’intimité secrète. Représentant le modèle le plus célèbre de l’artiste, Helga Testorf, Day Dream équilibre une simple palette monochrome et de minutieuses touches de tempera pour éterniser l’une des relations les plus fructueuses de sa carrière en tant qu’image durable de la beauté éthérée. » (Commentaire Chistie’s)

Andrew Wyeth. Lovers (1981)

Andrew Wyeth. Lovers (1981). Tempera sur panneau de fibres de bois, collection particulière. Entre 1971 et 1985, Andrew Wyeth a réalisé entre 200 et 300 tableaux d’Helga Testorf, une voisine de l’artiste à Chadds Ford, en Pennsylvanie. Ces œuvres n’ont été connues du public que tardivement car Wyeth les créait sans en informer son épouse Betsy. Il avouera par la suite : « Je dois avoir un contact personnel avec mes modèles […] Je dois devenir amoureux. » Lovers (Amants) utilise le clair-obscur très appuyé des peintres baroques pour mettre en valeur le corps d’Helga. Un travail minutieux est réalisé sur la chevelure, rappelant la précision figurative des coiffures complexes qu’affectionnaient les peintres de la Renaissance, par exemple Botticelli (Portrait d'une jeune femme, 1480-85). Mais l’ordre parfait des anciens, à caractère idéalisant, est remplacé par un certain désordre de la chevelure cherchant à restituer notre imparfaite réalité.

   

Pour visionner d'autres œuvres sur GOOGLE ARTS & CULTURE, cliquer sur le nom du peintre :

Andrew Wyeth

Commentaires

  • Tina Malet
    Merci pour cet article qui m'a permis de découvrir un peintre que je ne connaissais pas.
  • Biro Adam
    • 2. Biro Adam Le 01/10/2024
    «  La Suite Helga " que j’ai publié en 1987 est le seul livre en français sur et de Wyeth. Sinon, félicitations, vous faites du bon travail. Adam Biro
    • rivagedeboheme
      • rivagedebohemeLe 02/10/2024
      Merci pour cette information. J'ai ajouté votre livre à ceux qui sont proposés en début de page.

Ajouter un commentaire