Le primitivisme
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Patrick AULNAS
ENVIRON 1890-1920
A la fin du 19e siècle, certaines puissances européennes (Grande-Bretagne et France en particulier) avaient conquis un empire colonial en Afrique, en Asie et en Océanie. Les colonisateurs découvrent alors un art local, qui, bien évidemment, est très éloigné des canons de l’art européen. Le regard condescendant des puissances dominantes qualifia cet art de « primitif » ou « tribal ». Le mot primitif étant connoté péjorativement, on utilise aujourd’hui l’expression arts premiers pour désigner l’ensemble des productions artistiques anciennes d’origine non occidentale.
Cet art primitif suscita un engouement chez certains artistes européens comme Paul Gauguin (1848-1903), Pablo Picasso (1881-1973), Henri Matisse (1869-1954), Constantin Brancusi (1876-1957), Emil Nolde (1867-1956), Amadeo Modigliani (1884-1920). Ces artistes sont séduits par la simplicité formelle des œuvres d’Océanie ou d’Afrique et par les contrastes de couleurs vives. Ils découvrent que l’on peut se libérer du réalisme dans la représentation des personnages et des objets : des distorsions, une évolution vers l’abstraction sont possibles. On appellera primitivisme cette tendance à s’inspirer des productions artistiques africaines ou océaniennes. Par extension, le terme fut appliqué aux œuvres des artistes autodidactes comme Henri Rousseau (1844-1910), dit le douanier Rousseau.
Au-delà de l’émerveillement initial de quelques artistes occidentaux, les arts dits primitifs exerceront un influence profonde sur la production artistique du 20e siècle, qu’il s’agisse de la peinture, de la sculpture ou, bien sûr, de la musique.
Nous présenterons quelques œuvres de tendance primitiviste de Gauguin, Matisse, Kirchner, Modersohn-Becker et Rousseau.
Paul Gauguin (1848-1903)
Après ses séjours à Pont-Aven (voir le synthétisme) puis à Arles avec Van Gogh, Gauguin embarque pour Tahiti en 1891. Il est alors dans une phase de rejet de la civilisation occidentale et de son art et il voit dans l’art primitif, plus simple et jugé plus instinctif et plus authentique, un signe de pureté morale. Gauguin, à la recherche de la créativité, adhère ainsi à un rousseauisme assez banal (le mythe du bon sauvage), mais il a le courage de le mettre en pratique et de se mettre à observer l’artisanat local. Gauguin ne reviendra en France qu’une seule fois et mourra aux Marquises en 1903. Ses tableaux de cette époque se caractérisent par une simplification des formes et par l’utilisation de grands aplats de couleurs vives avec de forts contrastes évoquant l’exotisme et le rêve.
Gauguin. Fatata Te Miti (1892)
Huile sur toile, 68 × 92 cm, National Gallery of Art, Washington.
Gauguin. Arearea (1892)
Huile sur toile, 75 × 94 cm, musée d'Orsay, Paris.
Gauguin. Manao tupapau ou L'esprit des morts veille (1892)
Huile sur toile, 72,4 × 92,4 cm, Albright-Knox Art Gallery, New York.
Henri Matisse (1869-1954)
Certaines œuvres de Matisse, l’initiateur du fauvisme, subissent l'influence primitiviste.
Matisse. Musique (1907)
Huile et fusain sur toile,73,4 × 60,8 cm, Museum of Modern Art (MoMa), New York.
Matisse. Madame Matisse madras rouge (1907)
Huile sur toile, 99,4 × 80,5 cm, The Barnes Foundation, Philadelphie.
Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938)
Kirchner est un peintre expressionniste allemand. Il a cependant étudié l’art ethnique au musée ethnologique de Dresde et certaines de ses toiles recèlent une influence primitiviste dominante comme par exemple Trois baigneuses (1913). Kirchner eut une fin tragique : en 1937, sa peinture fut classifiée par les nazis « art dégénéré » (par opposition à l’art officiel appelé « art héroïque ») et nombre de ses œuvres furent détruites. Il se suicida en 1938.
Kirchner. Trois baigneuses (1913)
Huile sur toile, 215 × 165 cm, Art Gallery of New South Wales, Sydney.
Paula Modersohn-Becker (1876-1907)
Paula Modersohn-Becker est également une peintre allemande expressionniste dont certains tableaux sont empreints d’un charme primitiviste. N’ayant pas voyagé dans les colonies européennes de l’époque, c’est l’influence de peintres français (elle séjourne plusieurs fois à Paris) et de poètes allemands, comme Rainer Maria Rilke qui admirait la « pureté » de la vie rurale russe, qui déterminera son style si attachant et si puissant.
Modersohn-Becker. Autoportrait (1906)
Huile sur toile, 62,2 × 48,2 cm, Sammlung Ludwig Roselius, Brême.
Modersohn-Becker. Enfant nu avec bocal de poissons rouge (1906-07)
Huile sur toile, 105,5 × 54,5 cm, Pinakothek der Moderne, Munich.
Henri Rousseau (1844-1910)
On appelle « art naïf » la production de peintres autodidactes dont le plus célèbre est Henri Rousseau. L’appellation « douanier Rousseau » lui a été attribuée par Alfred Jarry, allusion à son emploi de commis à l’octroi de Paris. Les tableaux de Rousseau nous touchent avec la même spontanéité que des dessins d’enfants : pas de perspective linéaire, pas de technicité de haut niveau, mais l’expression d’une géniale sensibilité artistique immédiatement accessible à tous. En ce sens, l’art de Rousseau rejoint les arts premiers en évitant le détour de l’éducation artistique. La sensibilité suffit.
Henri Rousseau. La charmeuse de serpents (1907)
Huile sur toile, 169 × 189,5 cm, musée d'Orsay, Paris.
ÉTUDE DÉTAILLÉE
Henri Rousseau. Combat du tigre et du buffle (1908-09)
Huile sur toile,46 × 55 cm, Musée de l'Hermitage, Saint-Pétersbourg.
Henri Rousseau, Le Rêve (1910)
Huile sur toile, 204,5 × 298,5 cm, Museum of Modern Art (MoMa), New York.
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