Lawrence Alma-Tadema

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Patrick AULNAS

 

Portraits et autoportraits

 

Lawrence Alma-Tadema. Autoportrait (1852)

Lawrence Alma-Tadema. Autoportrait (1852)
Huile sur toile, 58,5 × 48,5 cm, Fries Museum, Leeuwarden.

 

 

Lawrence Alma-Tadema. Autoportrait (1896)Lawrence Alma-Tadema. Autoportrait (1896)
Huile sur toile, 66,5 × 53,5 cm, Galerie des Offices, Florence.

 

 

Lawrence Alma-Tadema (après 1905)Lawrence Alma-Tadema (après 1905)
Photographie

 

Biographie

1836-1912 

Enfance et formation (1836-1861)

Lourens Alma Tadema est né le 8 janvier 1836 dans le village de Dronryp au nord des Pays-Bas. Après son installation en Angleterre en 1870, il orthographiera son prénom Lawrence et placera un trait d’union entre les deux mots de son patronyme. Il est le fils de Pieter Jiltes Tadema, notaire à Dronryp, et de Hinke Dirks Brouwer. Son père meurt en 1840. A l’initiative de leur mère, les quatre enfants de la famille reçoivent des leçons de dessin. En 1852, Le jeune Lourens entre à l’Académie royale d’Anvers en Belgique où il étudie l’art hollandais et flamand, sous la direction de Gustaf Wappers (1803-1874). Il se montre particulièrement brillant et remporte plusieurs prix au cours de ses quatre années d’études.

Il devient de 1855 à 1858 l’assistant du peintre Louis De Taeye (1822-1890) qui est également l’un de ses professeurs. Il s’installe ensuite à Anvers pour travailler avec Jan August Hendrik Leys (1815-1869) qui possède un atelier particulièrement réputé en Belgique. C’est dans cet atelier qu’il réalise en 1861 sa première œuvre importante, L’éducation des enfants de Clovis, qui remporte un grand succès au Congrès artistique d’Anvers. Sa carrière d’artiste indépendant commence alors.

 

Lawrence Alma-Tadema. L’éducation des enfants de Clovis (1861)

Lawrence Alma-Tadema. L’éducation des enfants de Clovis (1861)
Huile sur toile, 130 × 178 cm, collection particulière.

 

Le choix des sujets historiques (1861-1870)

Après quelques thèmes mérovingiens, dans la lignée de L’éducation des enfants de Clovis, Lawrence Alma-Tadema aborde l’Égypte ancienne et crée son propre atelier. En 1864, il épouse à Anvers Marie-Pauline Gressin-Dumoulin de Boisgirard, fille d’un journaliste français spécialisé dans l’histoire de l’art et vivant près de Bruxelles. Trois enfants naîtront de cette union. Le couple voyage en Italie. Les ruines de Pompéi fascinent l’artiste et inspireront de nombreuses œuvres ultérieures sur le thème de l’Antiquité. Le talent d’Alma-Tadema est reconnu en Belgique et les commandes affluent. Mais son épouse décède de la variole en mai 1869 à l’âge de 32 ans. Fin 1869, sur les conseils de son marchand d’art Ernest Gambart (1814-1902), Lawrence Alma-Tadema se rend à Londres où il est accueilli chez le peintre Ford Madox Brown (1821-1893). Il y rencontre Laura Theresa Epps, âgée de dix-sept ans, qu’il épousera en 1871.

 

L’installation en Angleterre et la reconnaissance internationale (1870-1912)

La rencontre de Laura joue un rôle important dans l’installation définitive à Londres de l’artiste, mais c’est le déclenchement de la guerre franco-allemande de 1870 qui le convainc de quitter la Belgique. Il arrive à Londres en septembre 1870 accompagné de ses deux filles (la troisième est décédée) et de sa sœur Atje. Lawrence Alma-Tadema se lie rapidement avec les peintres du courant préraphaélite et va réussir brillamment en Angleterre. Il deviendra l’un des artistes les mieux cotés (et les plus chers) de son époque.

 

Lawrence Alma-Tadema. Une lecture d’Homère (1885)Lawrence Alma-Tadema. Une lecture d’Homère (1885)
Huile sur toile, 92 × 184 cm, Philadelphia Museum of Art.

 

Il est fait sujet britannique par la reine Victoria dès 1873 et devient membre de la Royal Academy of Arts en 1879. Une grande rétrospective de l’ensemble de son œuvre est organisée en 1882 à la Grosvenor Gallery de Londres, avec 185 tableaux exposés. Avec son épouse, il se rend plusieurs fois en Italie (1876, 1883) et passe beaucoup de temps à étudier le site de Pompéi. L’empire romain devient un sujet central de son œuvre. L’une de ses peintures les plus célèbres est Les Roses d’Héliogabale (1888) représente le jeune empereur romain Héliogabale (203-222) faisant pleuvoir sur ses invités une myriade de pétales de roses Pour parvenir à un certain réalisme, des fleurs étaient envoyées chaque semaine à l’atelier londonien de l’artiste depuis la Côte d’Azur pendant quatre mois au cours de l’hiver 1887-1888.

Sa très abondante production diminue à la fin de sa vie. Il reçoit de nombreuses distinctions : médaille d’or à l’exposition internationale de Bruxelles de 1897, chevalier de l’Empire britannique en 1899, Grand Prix de l’Exposition universelle de Paris en 1900. Outre la peinture, Lawrence Alma-Tadema s’est intéressé à la création de meubles et de costumes de théâtre qui ont pu influencer ses peintures car il incorporait parfois certains dessins dans ses toiles.

Le décès de Laura, sa seconde épouse, en 1909, marque profondément l’artiste, mais il poursuit ses activités jusqu’au seuil de la mort qui advient le 28 juin 1912 au Kaiserhof Spa (centre d’hydrothérapie) de Wiesbaden où il séjournait avec sa fille. Il est inhumé dans une crypte de la cathédrale Saint-Paul à Londres.

 

Lawrence Alma-Tadema. La découverte de Moïse (1904-05)

Lawrence Alma-Tadema. La découverte de Moïse (1904-05)
Huile sur toile, 137 × 213, collection particulière.


Œuvre

L’œuvre de Lawrence Alma-Tadema se rattache au courant académique, que certains qualifiaient péjorativement d’art pompier au 19e siècle et au début du 20e siècle. Cette peinture constitue la dernière étape de la longue histoire du classicisme pictural occidental, qui commence avec la Renaissance italienne au 15e siècle. Il s’agit toujours de rechercher la ressemblance avec le réel perçu par l’optique humaine en l’associant à un idéal de beauté. C’est l’Académie qui définit les critères du beau, mais ils sont acceptés subjectivement par la grande majorité des clients des peintres du 19e siècle. Cette clientèle, qui se limitait à peu près aux gouvernants, à l’aristocratie et au haut-clergé au cours des siècles antérieurs, s’était élargie à la haute et à la moyenne bourgeoisie dans le courant du 19e siècle. L’industrialisation avait fait naître cette nouvelle classe sociale, dominante économiquement, qui accédait à un véritable marché de l’art. La bourgeoisie restait attachée à la représentation réaliste, qui déterminait donc l’essentiel de la production d’un point de vue quantitatif.

Lawrence Alma-Tadema, remarquable technicien de l’art de peindre, comprit très vite qu’il fallait répondre à cette demande pour se constituer une clientèle. Sa réussite fut éblouissante. Pendant une soixantaine d’années, il créa des tableaux représentant une Antiquité de rêve tout en maintenant une rigueur extrême pour le cadre architectural et les détails vestimentaires ou décoratifs. Il disposait d’une abondante documentation et avait voyagé à plusieurs reprises en Italie, visitant les sites archéologiques, en particulier Pompéi. Le perfectionnisme de l’artiste est admirable si on le compare à l’exécution rapide dont se contentaient certains novateurs de son époque.

 

Lawrence Alma-Tadema. Joueurs d’échecs égyptiens (1879)Lawrence Alma-Tadema. Joueurs d’échecs égyptiens (1879)
Huile sur toile, 41 × 56 cm, collection particulière.

 

L’Antiquité et le Moyen Âge d’Alma Tadema ne reflètent pas vraiment la réalité historique mais correspondent à la vision que souhaitait en avoir la bourgeoisie victorienne. De ce point de vue, la peinture de cet artiste constitue un témoignage majeur des goûts d’une classe sociale, alors que l’impressionnisme ou l’œuvre du génial Van Gogh apparaissent comme un dépassement créatif ne concernant à l’époque qu’une toute petite élite très cultivée. L’une des œuvres les plus célèbres du peintre, Les roses d’Héliogabale, est à cet égard emblématique des attentes de la clientèle de l’Angleterre victorienne.

 

Lawrence Alma-Tadema. Les roses d’Héliogabale (1888)Lawrence Alma-Tadema. Les roses d’Héliogabale (1888)
Huile sur toile, 132 × 214 cm, collection particulière.

 

Les roses, les bleus et le gris du marbre s’accompagnent de l’inénarrable émotion de voir les courtisans de l’empereur Héliogabale étouffer sous une pluie de pétales de roses. Les belles dames se pâmaient, les messieurs étaient satisfaits. Il s’agit néanmoins d’un chef-d’œuvre chromatique auprès duquel de nombreuses médiocrités abstraites ultérieures font vraiment pâle figure. Cette toile peut être regardée aujourd’hui à la fois comme une illustration figurative de la décadence et comme une exploration anticipée des ressources de la non figuration. Voilà qui justifie l’envolée de la cote des œuvres de l’artiste à la fin du 20e siècle, après une période de réclusion provoquée par l’addiction aux avant-gardes de l’intelligentsia. Pourquoi l’art et les goûts de la bourgeoisie du 19e siècle seraient-ils ad vitam aeternam inférieurs à ceux de l’aristocratie et du clergé des 13e-18e siècles ? L’influence du marxisme au 20e siècle convertissait la bourgeoisie, catégorie dominante, en une classe sociale vouée à disparaître. Ce qu’elle appréciait reflétait son inéluctable déclin et ne méritait que l’opprobre. Seuls les dépassements avant-gardistes étaient dignes d’attention. Cette analyse purement politique étant désormais obsolète, il est devenu possible de réajuster nos appréciations.

 

Scènes historiques

Lawrence Alma-Tadema. L’éducation des enfants de Clovis (1861)

Lawrence Alma-Tadema. L’éducation des enfants de Clovis (1861). Huile sur toile, 130 × 178 cm, collection particulière. « Sur ce tableau, l’impérieuse Clotilde, épouse du roi Clovis, est assise sur son trône, dans une cour de marbre, peut-être située à Paris, capitale du royaume. Flanquée de préposés, de courtisans et d’ecclésiastiques, Clotilde observe froidement ses deux fils aînés, Chlodomer et Childebert, s’entraîner au lancer de hache, tandis que son cadet, Chlotarius (également connu sous le nom de Clothar), reste à ses côtés. La première tentative de Choldomer a échoué et, dans une position ferme, il prépare son prochain lancer alors qu’un groupe de soldats évalue ses chances. Au-delà du jeu d’adresse, l’exercice avait un but précis : Clotilde ordonna à ses enfants de venger le meurtre de ses parents par son oncle Gondobald, roi des Bourguignons.
L’éducation des enfants de Clovis a été acclamée par la critique dès son exposition au Congrès artistique d’Anvers en 1861, et l’artiste a continué à peindre quatre autres œuvres de l’histoire mérovingienne entre 1862 et 1865. En représentant un sujet ignoré de la plupart des artistes, Alma-Tadema, âgé de vingt-cinq ans, a acquis une réputation et pu commencer sa carrière en tant qu’artiste indépendant. » (Commentaire Sotheby’s)

Lawrence Alma-Tadema. Une femme grecque (1869)

Lawrence Alma-Tadema. Une femme grecque (1869). Huile sur bois, 59 × 46 cm, collection particulière. « Alors que le rouge vif du mur du jardin est similaire aux intérieurs pompéiens des œuvres d’Alma-Tadema de la fin des années 1860, la fresque est une reconstitution précise d’une peinture murale de cavaliers et de fantassins de Nola (près de Naples) datant de 330-320 avant JC, bien qu’on ne sache pas exactement quand et comment l’artiste l’a vue pour la première fois […] Si Alma-Tadema n’a pas vu les peintures elles-mêmes, il les connaissait très probablement par des reproductions ; l’artiste possédait une collection de plus de 5000 photographies de ruines archéologiques et d’artefacts conservés dans des musées européens, ainsi qu’une bibliothèque complète de textes classiques et de volumes d’archéologie. » (Commentaire Sotheby’s)

Lawrence Alma-Tadema. La mort du Pharaon (1872)

Lawrence Alma-Tadema. La mort du Pharaon (1872). Huile sur toile, 77 × 125 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. « Dans cette scène biblique extraite de l’Exode, Moïse et Aaron (en haut à droite) rendent visite au pharaon, qui pleure son fils. Le fils du souverain égyptien était mort de l’une des plaies envoyées par Dieu pour obtenir la libération des juifs d’Égypte. La morosité du tableau reflète le chagrin intense du père. Il faut chercher longtemps et patiemment pour discerner toutes les figures et les détails. » (Commentaire Rijksmuseum)

Lawrence Alma-Tadema. Une veuve égyptienne (1872)

Lawrence Alma-Tadema. Une veuve égyptienne (1872). Huile sur bois, 75 × 99 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. « L’artiste frison Alma-Tadema a connu un grand succès en Angleterre, où il a même été fait chevalier. Ses représentations de scènes égyptiennes, grecques et romaines antiques ont fait de lui l’un des peintres les plus appréciés du 19e siècle. Sur cette peinture, comportant de multiples détails archéologiques, une femme est en deuil à côté de la momie contenant le corps de son mari. Son sarcophage apparaît à gauche, tandis que les prêtres et les chanteurs se lamentent sur le défunt. » (Commentaire Rijksmuseum)

Lawrence Alma-Tadema. Joueurs d’échecs égyptiens (1879)

Lawrence Alma-Tadema. Joueurs d’échecs égyptiens (1879). Huile sur toile, 41 × 56 cm, collection particulière. Dans un palais de la haute aristocratie de l’Antiquité égyptienne, deux joueurs d’échecs se font face. Une femme observe la partie. Le peintre recherche un réalisme esthétique, qui ne prétend pas à la parfaite authenticité historique. Ce réalisme est obtenu par la précision décorative (les murs, les vêtements, la table) et par la concentration des trois figures sur la partie d’échecs.

Lawrence Alma-Tadema. Sappho et Alcée (1881)

Lawrence Alma-Tadema. Sappho et Alcée (1881). Huile sur bois, 66 × 122 cm, The Walters Art Museum. Sappho est une poétesse grecque de l'Antiquité qui a vécu à Mytilène sur l'île de Lesbos aux 7e et 6e siècles avant J.-C. Elle exprime dans ses écrits son attirance pour les femmes. Alcée est un poète grec de la même époque.
« En 1870, Alma-Tadema, né aux Pays-Bas et formé en Belgique, s'installe à Londres où les classes moyennes aisées constituent un public pour ses peintures recréant des scènes de la vie domestique à l'époque impériale romaine. Cependant, dans ce tableau, il s’intéresse à la Grèce antique pour illustrer un passage du poète grec Hermesianax (actif vers 330 av. J.-C.) conservé par Athénée de Naucratis (Deipnosophistae, "Banquet des savants", livre 2, ligne 598). Sur l'île de Lesbos (Mytilène), à ​​la fin du 7e siècle avant JC, Sappho et ses compagnes écoutent avec ravissement le poète Alcée jouer de la kithara (*). À la recherche de la vraisemblance, Alma-Tadema a reproduit les sièges en marbre du théâtre de Dionysos à Athènes, tout en remplaçant les noms des fonctionnaires incisés sur le prototype athénien par ceux des membres de la sororité de Sappho. » (Commentaire The Walters Art Museum)
(*) Un des types de lyres grecques antiques.

Lawrence Alma-Tadema. Une lecture d’Homère (1885)

Lawrence Alma-Tadema. Une lecture d’Homère (1885). Huile sur toile, 92 × 184 cm, Philadelphia Museum of Art. « Un jeune poète portant une couronne de laurier lit Homère à un public habillé pour une fête. Le cadre est probablement la Grèce de la fin du VIIe siècle avant notre ère. Les lettres grecques en haut à droite indiquent que le lieu est dédié au poète.
Par l’attention portée aux détails de l’architecture et de l’habillement, Alma-Tadema évoque des scènes de la vie quotidienne dans la Grèce et la Rome antiques. Cependant, ses images sont rarement archéologiquement exactes. Il a par exemple rendu avec précision l’ancien instrument de musique à gauche, une cithare, mais il a également inclus un type de rose qui n’existait pas avant le XIXe siècle. » (Commentaire Philadelphia Museum of Art)

Lawrence Alma-Tadema. Les roses d’Héliogabale (1888)

Lawrence Alma-Tadema. Les roses d’Héliogabale (1888). Huile sur toile, 132 × 214 cm, collection particulière. Le sujet est inspiré d’un passage du recueil de biographies d’empereurs romains intitulé Historia Augusta (Histoire Auguste) et composé au 4e siècle par un auteur inconnu. Selon cet ouvrage, le jeune empereur romain Héliogabale (203-222) aurait enfoui ses invités sous une telle quantité de « violettes et autres fleurs » qu’ils seraient morts étouffés. Alma-Tadema remplace les violettes par des roses pour parvenir à un agencement de bleu et de rose dans un cadre architectural donnant une place prépondérante à d’imposantes colonnes de marbre. La cote du tableau avait beaucoup baissé dans le courant du 20e siècle mais est aujourd’hui au plus haut. Vendu pour 1,5 millions de livres en 1995, il appartient au collectionneur hispano-mexicain Juan Antonio Pérez Simón (né en 1941).

Lawrence Alma-Tadema. Un baiser (1891)

Lawrence Alma-Tadema. Un baiser (1891). Huile sur toile, 46 × 63 cm, collection particulière. Scène de baignade féminine antique au cours de laquelle une mère embrasse sa fille sous le regard d’une servante. La luminosité méditerranéenne a été atténuée en choisissant un ciel nuageux à l’arrière-plan. Les couleurs froides (gris et bleu) ne reçoivent aucun contrepoint plus chaleureux. Le spectateur perçoit donc le contraste entre la douceur du climat, signifié par la baignade, et la froideur du décor que viennent encore renforcer le parapet et le dallage de pierres grises.

Lawrence Alma-Tadema. Le poète Gallus rêvant (1892)

Lawrence Alma-Tadema. Le poète Gallus rêvant (1892). Huile sur bois, 24 × 16,5 cm, collection particulière. « Très jeune, Gaius Cornelius Gallus (v. 70 av. J.-C.-26 av. J.-C.), poète, orateur et homme politique, quitta sa maison en Gaule et s’installa à Rome, où il reçut l’enseignement du même maître que Virgile, qui lui dédia un de ses églogues (X). Il jouissait d’une grande réputation parmi ses contemporains en tant que penseur, et Ovide le considérait comme le premier des poètes élégiaques de Rome. Il a écrit quatre livres d’élégies principalement sur sa maîtresse Lycoris (un nom poétique pour Cytheris, une actrice célèbre) et est souvent considéré comme une figure clé dans l’avènement du genre élégiaque. Dans la vie politique, Gallus a soutenu César Auguste et, en récompense de ses services, a été nommé préfet d’Égypte, mais il est finalement tombé en disgrâce et a été banni.
Alma-Tadema représente le poète banni et malheureux, plongé dans ses pensées sur sa bien-aimée Lycoris. Le cadre a peut-être été inspiré par la visite de l’artiste à la villa d’Eber à Tutzing sur le Starnberger See en Bavière, au cours de laquelle il a dessiné les hautes terrasses et les corniches dominant un vaste paysage aquatique se prolongeant vers les montagnes.
Le tableau a été offert par l’artiste à Constant Coquelin, acteur français de premier plan au XIXe siècle, et invité régulier de la maison d’Alma-Tadema. » (Commentaire Christie’s)

Lawrence Alma-Tadema. Le printemps (1894)

Lawrence Alma-Tadema. Le printemps (1894)
Huile sur toile, 178 × 80 cm, J. Paul Getty Museum, Los Angeles.

Lawrence Alma-Tadema. Le printemps, détailLawrence Alma-Tadema. Le printemps, détail

Lawrence Alma-Tadema. Le printemps, détailLawrence Alma-Tadema. Le printemps, détail

Lawrence Alma-Tadema. Le printemps, détailLawrence Alma-Tadema. Le printemps, détail

« Des jeunes femmes et des enfants pieds nus, portant des couronnes de fleurs et jouant de la musique, forment une procession à travers une ville construite en marbre. Des touches de couleur, comme les coquelicots écarlates et les jonquilles jaunes, attirent le regard pour explorer les détails vibrants d’une ancienne fête romaine, méticuleusement imaginée par l’artiste néerlandais Lawrence Alma-Tadema. Les spectateurs penchés sur les toits applaudissent et saluent, tandis que des personnages plus réservés observent la procession depuis la loge royale sous l’arche centrale. La bannière dorée devant eux, soutenue par des poteaux bleus et décorée de guirlandes violettes, porte une inscription latine dédiée à Priape, le dieu de la nature, des jardins et de la fertilité.
On ne sait pas exactement quel fête Alma-Tadema voulait représenter, mais les nombreuses références à la Rome antique indiquent toutes une célébration printanière de la fertilité et de l’abondance, peut-être assez proche des Floralies, honorant Flore, déesse des fleurs. La tradition britannique du Premier Mai provenait également des Floralies et a été promue au cours des années 1800 pour célébrer le printemps et la nature face à l’industrialisation rapide. Le 1er mai, les enfants se parent de fleurs, dansent et couronnent une reine de mai. Le lien entre ces festivités et le tableau d’Alma-Tadema renvoyait à celui qu’établissait la société britannique contemporaine avec la Rome antique. L’Empire romain était considéré comme le prédécesseur de l’Empire britannique ou tout au moins celui-ci aspirait à ce qu’il le soit.
Alma-Tadema était un érudit passionné de l’Antiquité, qui conservait une riche bibliothèque de photographies de l’architecture et de la sculpture italiennes anciennes. Aussi précises que puisse paraître ses peintures d’un point de vue archéologue, il a pris en réalité de grandes libertés en combinant de manière fantaisiste des motifs et des décorations de différentes époques et lieux. » (Commentaire J. Paul Getty Museum)

Lawrence Alma-Tadema. La découverte de Moïse (1904-05)

Lawrence Alma-Tadema. La découverte de Moïse (1904-05). Huile sur toile, 137 × 213, collection particulière. Le commanditaire, Sir John Aird (1833.-1911) invita l’artiste en Égypte en 1902 lors de l’inauguration du premier barrage d’Assouan. L’œuvre est donc proche de la réalité égyptienne, avec un Nil très crédible et des esclaves travaillant à la construction d’une pyramide sur la rive opposée. La fille du Pharaon est transportée par des esclaves sur une chaise richement décorée. Deux servantes portent le berceau de Moïse et deux serviteurs agitent des éventails en plumes d’autruche au-dessus de la princesse. La composition s’articule en cinq plans horizontaux où dominent successivement les nuances de bleu et d’ocre avec en contrepoint des blancs plus ou moins grisés. Les fleurs, des delphiniums, permettent de créer un premier plan bleu répondant au fleuve et au ciel qui constituent les troisième et cinquième plans. Le tableau n’a cessé de prendre de la valeur depuis la décennie 1960. Vendu pour 8 500 dollars en 1967, il a atteint le prix de 36 millions de dollars en 2015 chez Sotheby’s.

 

Portraits

Lawrence Alma-Tadema. Marie Joséphine Jacoba van Marcke de Lummen (1860-70)

Lawrence Alma-Tadema. Marie Joséphine Jacoba van Marcke de Lummen (1860-70). Huile sur toile, 71 × 57 cm, Collection particulière. La famille van Marcke de Lummen, de l’aristocratie belge (leurs armoiries figurent en haut, à droite) comprend plusieurs artistes peintres, dont Jean Marie Antoine (1776-1869) le père de Marie Joséphine (1818-1894).

Lawrence Alma-Tadema. Notre coin (1873)

Lawrence Alma-Tadema. Notre coin (1873). Huile sur bois, 50 × 41 cm, musée Van Gogh, Amsterdam. Portrait des deux filles de l’artiste : Anna (1867-1943), devenue peintre, et Laurence (1865-1940), devenue romancière et poétesse.

Lawrence Alma-Tadema. Anna Alma-Tadema (1883)

Lawrence Alma-Tadema. Anna Alma-Tadema (1883). Huile sur toile, 113 × 79 cm, Royal Academy of Arts, Londres. Anna Alma-Tadema (1867-1943) est l’une des deux filles de l’artiste et de sa première épouse Marie-Pauline Gressin-Dumoulin de Boisgirard. Elle est devenue peintre. Sur ce portrait, elle est âgée de 16 ans.

Lawrence Alma-Tadema. Portrait de Mary Ellis Sneyd (1889)

Lawrence Alma-Tadema. Portrait de Mary Ellis Sneyd (1889). Huile sur bois, 31 × 24 cm, The Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts. « Alma-Tadema a le plus souvent peint des portraits de sa famille et de ses amis, mais aucun lien personnel avec Mary Ellis Sneyd et son mari n’est connu. Cette peinture montre le modèle dans la maison de l’artiste, identifiée par la fenêtre en onyx mexicain et la table mauresque. Ses bagues et bracelets en or contrastent avec sa robe discrète et pourraient être des accessoires. Des bijoux similaires ornent les mains des jeunes filles dans les peintures de scènes anciennes qui ont rendu Alma-Tadema célèbre. » (Commentaire The Clark Art Institute)

Lawrence Alma-Tadema. Portrait d’Ignacy Jan Paderewski, 1860-1941 (1890)

Lawrence Alma-Tadema. Portrait d’Ignacy Jan Paderewski, 1860-1941 (1890). Huile sur toile, 46 × 58 cm, Musée National, Varsovie. « Une tempête de boucles rousses scintille dans la lumière venant de la droite de la composition. Nous ne voyons pas sa source, mais nous pouvons deviner la fenêtre par les reflets. L’arcade sourcilière, la pommette, le bout du nez et la saillie du menton brillent nettement. Le jeune homme d’une beauté délicate qui nous regarde calmement est Ignacy Paderewski, qui entre alors dans une période de renommée internationale en tant que pianiste. En 1890, à la création de ce portrait, il fait sa première tournée en Angleterre, où il donne des concerts, entre autres devant la reine Victoria […]
Alma-Tadema était un expert et un collectionneur d’art japonais. Déjà, lors de sa première visite à Londres en 1862, il s’intéressa aux gravures sur bois japonaises et, trente ans plus tard, il devint membre fondateur de la Japan Society à Londres, dédiée à la promotion de la culture et de l’art japonais. Dans sa collection, il y avait probablement un tissu à décor oriental, qui est le fond du portrait de Paderewski. La personne représentée était elle-même fascinée par la culture de l’Extrême-Orient. Au fil de ses tournées, Paderewski a amassé une riche collection d’art japonais et chinois, qu’il a léguée par testament au Musée national de Varsovie.
Dans le coin supérieur droit du portrait, à côté de la signature de l’artiste, apparaît une inscription caractéristique des œuvres musicales OP – opus – c’est-à-dire l’œuvre et le numéro CCCXI (311) écrit en chiffres romains. Alma-Tadema a numéroté toutes ses œuvres, à commencer par son premier portrait, qu’il a réalisé à l’âge de quatorze ans. Sa dernière œuvre porte le numéro d’opus CCCCVIII. [Alexandra Janiszewska] » (Commentaire Musée National de Varsovie)

 

Autres

Lawrence Alma-Tadema. Marie-Madeleine (1854)

Lawrence Alma-Tadema. Marie-Madeleine (1854). Huile sur papier monté sur panneau, 31 × 35 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. Marie-Madeleine est un personnage du Nouveau Testament, disciple de Jésus-Christ. Des développements ultérieurs, ne reposant sur rien de tangible, en feront une pécheresse. Cette réputation lui est restée, d’où sa représentation fréquente en pénitente. Alma-Tadema n’a fait que des incursions assez rares dans les scènes religieuses. Cette interprétation de la figure de Marie-Madeleine sous forme de portrait constitue une brillante étude de l’image de la culpabilité par le jeune artiste de 18 ans. Le Rijksmuseum n’indique malheureusement pas le nom du modèle.

Lawrence Alma-Tadema. Le modèle du sculpteur (1877)

Lawrence Alma-Tadema. Le modèle du sculpteur (1877). Huile sur toile, 196 × 86 cm, collection particulière. « Le modèle du sculpteur est une peinture […] basée sur une découverte archéologique récente mais audacieusement moderne et risquée, représentant l’artiste lui-même admirant une femme nue presque grandeur nature […] Dans Le modèle du sculpteur, il a joué sur le contraste entre les textures : la chair vivante lisse et chaude, le marbre frais et inerte, le bois brut et les feuilles de palmier sèches. L’ensemble baigne dans la puissante lumière du soleil méditerranéen réfracté. C’est un tour de force de réalisation technique, d’une beauté exquise et délicieusement érotique. » (Commentaire Sotheby’s).
Estimation Sotheby’s : 800 000 à 1 200 000 livres sterling.

Lawrence Alma-Tadema. Pivoines japonaises

Lawrence Alma-Tadema. Pivoines japonaises. Huile sur carton, 18 × 22 cm, collection particulière. « Le vase repose sur le pianoforte de Tadema avec le pilastre en marbre panaché vert de l’atelier en arrière-plan. Les pivoines japonaises rouges et roses, magnifiquement peintes, se comparent favorablement aux meilleures fleurs d’Henri Fantin-Latour. Elles sont vigoureusement représentées et délicatement conçues. Tadema peignait habituellement sur panneau d’acajou. La peinture sur carton étant assez inhabituelle chez lui, on peut supposer que c’est l’inspiration du moment qui l’a conduit à peindre ces pivoines. Le tableau est resté dans l’atelier jusqu’à la mort de l’artiste et a été vendu aux enchères à sa succession par Hampton and Sons. » (Commentaire Christie’s)

 

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Lawrence Alma-Tadema

 

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