Charles Joshua Chaplin
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Patrick AULNAS
Portraits
Mayer Frères et Pierson. Portrait de Charles Joshua Chaplin (avant 1891)
Photographie contrecollée sur carton, 8,6 × 5,3 cm, musée Carnavalet, Paris.
Charles Joshua Chaplin. Autoportrait (1883)
Dessin sur papier, extrait de Nos peintres dessinés par eux-mêmes (page 195) par Apollo Mlochowski de Belina
BNF Gallica
Biographie
1825-1891
Charles Joshua Chaplin naît aux Andelys (Eure) le 8 juin 1825. Son père, John Chaplin (1787-1849), est de nationalité anglaise et exerce la profession de courtier en œuvres d’art. Sa mère, Olympe Adèle Moisy (1790-1869), française, a épousé John à Alverstocke en Angleterre en 1818. Après la mort de son mari, elle s’installera chez son fils Charles à Paris. Charles Joshua Chaplin hérite de la nationalité anglaise de son père et ne sera naturalisé français qu’en 1886.
Le futur peintre entre à l’école des Beaux-Arts de Paris en 1841, à l’âge de seize ans, et devient l’élève de Michel-Martin Drölling (1786-1851), peintre du courant néoclassique. Dès 1845, il expose au Salon officiel de peinture et de sculpture et continue jusqu’à la fin de sa vie.
Au début de sa carrière, il se consacre aux paysages et aux scènes de genre rurales en s’inspirant de la campagne d’Auvergne et de Lozère où il a séjourné.
Charles Joshua Chaplin. La vie à la campagne l’été (v. 1850)
Huile sur toile, collection particulière.
Mais il abandonne cette orientation car ses portraits féminins obtiennent rapidement un grand succès. Les femmes de la haute société se pressent à son atelier pour obtenir un portrait d’un style proche de celui des grands portraitistes anglais. Il peint également des scènes de genre mondaines, prolongement des fêtes galantes du 18e siècle. En 1862 Charles Chaplin épouse Jeanne Rüttre (1841-1920). Cinq enfants naîtront de cette union dont le peintre Arthur Chaplin (1869-1935).
Charles Joshua Chaplin. Le rêve (1857)
Huile sur toile, 106 × 92 cm, musée des Beaux-Arts de Marseille.
Il obtient plusieurs médailles au Salon dans les décennies 1850 et 1860 et il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1879, puis Officier en 1881. Le choix de Chaplin de quitter le réalisme pictural de ses débuts pour s’orienter vers l’académisme lui permet donc d’accéder aux honneurs officiels. L’impératrice Eugénie de Montijo (1826-1920), épouse de Napoléon III (1808-1873), achète des toiles à l’artiste et le charge de décorer ses appartements des Tuileries en 1864. Il décore également des hôtels particuliers à Paris et à Bruxelles et le salon de l’Hémicycle au Palais de l’Élysée à Paris.
Charles Joshua Chaplin. Souvenirs (1882)
Huile sur toile, 75 × 55 cm, musée d’Orsay, Paris.
Charles Chaplin décède le 20 janvier 1891 à Paris. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.
Œuvre
Charles Joshua Chaplin appartient au courant académique du 19e siècle, qui conserve les faveurs officielles malgré l’évolution de la peinture et en particulier la naissance de l’impressionnisme à la fin de la décennie 1860. L’académisme a aussi la faveur du public car il accepte les normes picturales familières en vigueur au cours des siècles passés. On retrouve donc dans la peinture de Chaplin les caractéristiques principales de celle de William Bouguereau, l’un des plus célèbres artistes du courant académique. Le lecteur pourra utilement se reporter à notre analyse critique de l’œuvre de Bouguereau.
Chaplin apparaît comme un successeur de François Boucher (1703-1770) et de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805). Il emprunte à Boucher le style rococo que l’on retrouve dans certains nus.
Charles Joshua Chaplin. La baigneuse (1850-91)
Huile sur toile, 58 × 36 cm, collection particulière.
Mais il reprend également à Greuze les portraits ou scènes de genre de jeunes filles présentées comme innocentes, mais parfois dénudées, qui charmaient toujours le bourgeois du 19e siècle.
Charles Joshua Chaplin. Le collier de perles (1850-91)
Huile sur toile, 103 × 76 cm, Nationalmuseum, Stockholm.
Les enfants idéalisés, sages et beaux, connaissent également le succès.
Charles Joshua Chaplin. La partie de loto (1865)
Huile sur toile, 116 × 97 cm, musée des Beaux-Arts de Rouen.
Chaplin a surtout consacré son grand talent de portraitiste à l’univers féminin. Ses portraits lumineux restituent la vie par le traitement magistral du regard, et la douceur par l’analyse des étoffes et le choix des couleurs.
Charles Joshua Chaplin. Jeune fille au panier de fleurs (1881)
Huile sur toile, 65 × 46 cm, collection particulière.
Charles Joshua Chaplin. La vie à la campagne l’été (v. 1850). Huile sur toile, collection particulière. Le réalisme de ce paysage villageois avec sa rue étroite en pente forte, ses maisons aux toitures affaissées et sa famille paysanne se réchauffant au soleil n’aura pas de prolongement dans l’œuvre du peintre. Il trouvera le succès dans la légèreté héritée de la peinture rococo du 18e siècle. |
Charles Joshua Chaplin. Dévotion (1857). Huile sur toile, 27 × 21 cm, The Walters Art Museum, Baltimore. Chaplin tempère le réalisme de ses débuts en associant enfance, foi religieuse, et nature morte florale. L’expressivité des visages et l’acuité du regard resteront des caractéristiques de sa peinture. |
Charles Joshua Chaplin. Le rêve (1857). Huile sur toile, 106 × 92 cm, musée des Beaux-Arts de Marseille. Ce thème récurrent de la peinture occidentale se prête à des interprétations multiples, comme le montrent les exemples des contemporains de Chaplin : Pierre Puvis de Chavannes. Le Rêve (1883), Henri Rousseau. Le rêve (1910). L’orientation générale de son travail conduit Chaplin à évoquer le rêve d’une jeune femme s’étant endormie en lisant. Le spectateur est invité à laisser vaguer son imagination. |
Charles Joshua Chaplin. Portrait de Madame Charles Chaplin (1863). Huile sur toile, 152 × 106 cm, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Jeanne Rüttre (1841-1920), épouse du peintre, est représentée juste après son mariage, à l’âge de 22 ans. |
Charles Joshua Chaplin. La partie de loto (1865). Huile sur toile, 116 × 97 cm, musée des Beaux-Arts de Rouen. Le jeu de loto permet au peintre de représenter des enfants de la bourgeoisie. Outre le soin apporté à la texture des étoffes, Chaplin s’attache à évoquer la réflexion sur le visage des deux enfants cherchant le numéro annoncé sur leur grille. |
Charles Joshua Chaplin. Jeune fille à la robe rose, lisant (1860-70). Huile sur toile, 24 × 19 cm, Bowes Museum, Barnard Castle. « Le sujet et le style de cette peinture témoignent de l'influence rococo présente dans de nombreux tableaux de Chaplin. La personne assise a pris le sucrier du service à thé posé sur la table à côté d'elle et le tient sur ses genoux tandis qu'elle donne un morceau de sucre au chien qui s’impatiente de le manger. Ce tableau illustre le type de scène féminine charmante qui faisait la réputation de l'artiste. Il a saisi les plis de la robe de soie de la jeune femme grâce à son habileté à rendre la lumière et au maniement souple de son pinceau. » (Commentaire ART UK) |
Charles Joshua Chaplin. Portrait de William Priestley (1850-74). Huile sur toile, 130 × 97 cm, musée d’Orsay, Paris. William Charles Wellington Priestley (1815-1874), né à Paris, est ingénieur civil et professeur à l’École Centrale. Il épouse Adèle Olympe Chaplin, la sœur du peintre, en 1849. |
Charles Joshua Chaplin. Portrait de madame William Priestley, née Adèle Chaplin (1850-74). Huile sur toile, 130 × 97 cm, musée d’Orsay, Paris. Pendant du précédent, ce tableau est un portrait d’Adèle Olympe Chaplin (1829-1910), la sœur du peintre, qui mettra au monde cinq enfants. |
Charles Joshua Chaplin. Portrait de Sophie Galitzine, duchesse de Chaulnes (1878). Huile sur toile, 94,5 × 74,5 cm, collection particulière. Descendante d’une grande famille de l’aristocratie russe, la princesse Sophie Galitzine (1848-1883) épouse en 1875 Paul d’Albert de Luynes (1852-1881) duc de Chaulnes, militaire et écrivain français. |
Charles Joshua Chaplin. Jeune fille au panier de fleurs (1881). Huile sur toile, 65 × 46 cm, collection particulière. Ce beau portrait est également connu sous le titre La fille du peintre. Il pourrait s’agir de Marie (1865-1942) ou de Marianne (1867-1959). |
Charles Joshua Chaplin. Souvenirs (1882). Huile sur toile, 75 × 55 cm, musée d’Orsay, Paris. Ce tableau, à connotation érotique, d’une jeune femme alanguie à la bouche entrouverte, était sans aucune doute considéré comme scandaleux par l’éthique dominante et ne pouvait concerner qu’une clientèle sélectionnée. |
Charles Joshua Chaplin. Portrait de Miss W. ou La Jeune Fille au chat (1889). Huile sur toile, 77 × 51 cm, Château de Compiègne. « Les commentaires de Jean Meriem (Armand Dayot) dans Tableaux et Sculptures à propos du Salon de 1882 où l’artiste exposait Souvenirs (no 537 ; Dijon, musée des Beaux-Arts) peuvent s’appliquer à cette Jeune fille au chat, " adorablement jolie, exécutée avec une délicate prestesse [qui] prendra place parmi les œuvres les plus goûtées du peintre ". |
Charles Joshua Chaplin. Le sommeil (v. 1890). Huile sur toile, 47 × 29 cm, musée des Beaux-Arts de Reims. La belle s’est endormie, dans une position identique à la liseuse du rêve (1857). L’étoffe blanche moirée sur fond noir éclaire fortement la scène. La position des bras suggère l’émotion. |
Charles Joshua Chaplin. La lettre (1850-91). Huile sur toile, 66 × 55 cm, collection particulière. Le thème de la lettre a inspiré de nombreux artistes car il permet de laisser le spectateur imaginer un narratif concernant la missive. L’enfant a interrompu sa lecture et nous interroge du regard. Il est assez étrange de constater la proximité chromatique et gestuelle avec La liseuse de Jean-Étienne Liotard (1746). Les deux artistes n’ont par ailleurs pas grand-chose en commun. |
Charles Joshua Chaplin. Etude de jeune femme blonde (1850-91). Huile sur toile, 80 × 47 cm, musée d’Orsay, Paris. Chaplin conjugue nature et féminité en créant un arrière-plan végétal touffu et flou, comme s’il ne pouvait pas résister à une once d’impressionnisme. Fleurs dans les cheveux et panier de fleurs au bras sont des classiques du genre. |
Charles Joshua Chaplin. Jeune soubrette Louis XV, tenant un plateau dans un intérieur (1850-91). Aquarelle, crayon, rehauts de blanc, sanguine sur papier, 30 × 45 cm, musée d’Orsay, Paris. Plus néoclassique que rococo, cette aquarelle représente une servante de théâtre, éloignée de la réalité sociale par le luxe de son accoutrement : robe blanche, rose et bleue au tissu moiré, chaussures élégantes à ruban. Elle nous regarde fixement, comme une comédienne prenant la pose devant les spectateurs. |
Charles Joshua Chaplin. Le collier de perles (1850-91). Huile sur toile, 103 × 76 cm, Nationalmuseum, Stockholm. Une jeune femme a ouvert sa boite à bijoux sur ses genoux et observe sur un miroir l’effet d’un collier de perles à son cou. Le geste de la main gauche et la physionomie pensive ont été parfaitement observés par le peintre. |
Charles Joshua Chaplin. La baigneuse (1850-91). Huile sur toile, 58 × 36 cm, collection particulière. Le peintre revisite les baigneuses de style rococo du siècle précédent (par exemple François Boucher, Vénus sortant du bain, 1742) en se dispensant de la fiction mythologique. La baigneuse n’est ni une déesse ni une naïade, mais une jeune femme que le spectateur reste libre de situer. |
Charles Joshua Chaplin. Nu vu de dos (1850-91). Huile sur toile, 41 × 25 cm, collection particulière. Les nus féminins de Chaplin sont en général des baigneuses. Celui-ci fait à peine exception puisque la nature et l’eau sont remplacés par un amoncellement d’étoffes. |
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