Marie-Victoire Lemoine

Marie-Victoire Lemoine. Portrait de la princesse de Lamballe (1779). Huile sur toile, 61 × 49,5 cm, collection particulière. « Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan épousa le fils du duc de Penthìèvre, Louis-Alexandre de Bourbon, prince de Lamballe, en 1767. Ce dernier mourut l'année suivante, laissant ainsi une jeune veuve de dix-neuf ans. La princesse de Lamballe se rapprocha de la dauphine Marie-Antoinette et devint bientôt, en 1775, surintendante de la Maison de la reine, dont la charge consistait à organiser les plaisirs de la reine. Jugée trop pieuse par celle-ci, Marie-Thérèse fut très vite remplacée par "l’insolente" Yolande de Polignac. Pourtant, à l'heure où grondait la Révolution, Marie-Antoinette rappela la princesse auprès d'elle aux Tuileries, trouvant dans cette amitié sincère son dernier soutien : "J'ai besoin de votre tendre amitié et la mienne est à vous depuis que je vous ai vue". La princesse de Lamballe sera arrêtée aux côtés de la famille royale en août 1792, puis condamnée et mise à mort par les membres du comité de surveillance de la Commune, le 3 septembre de la même année. » (Commentaire Christie’s)

Marie-Victoire Lemoine. Portrait de madame de Genlis (1781). Huile sur toile, 60 × 49 cm, collection particulière. « Stéphanie Félicité du Crest de Saint-Aubin, plus tard comtesse de Genlis et plus connue sous le nom de Madame de Genlis, est née dans une famille noble de Bourgogne et éduquée par des précepteurs. Elle part pour Paris et épouse le comte de Genlis à l’âge de dix-sept ans. En 1769, ils s’installent au Palais-Royal où elle devient dame d’honneur de Louise Marie Adélaïde de Bourbon, la nouvelle épouse du duc Philippe d’Orléans, avec qui Genlis entretient une liaison passionnée […]
En 1777, Madame de Genlis devient gouvernante des filles du duc et de la duchesse. C’est également à cette époque qu’elle commence à écrire ses propres livres sur les théories de l’éducation. En 1782, l’année qui suit l’achèvement du tableau, le duc nomme audacieusement Genlis gouvernante de ses fils. C’est en effet la première fois qu’une femme occupe ce poste, et ce choix suscite le scandale […]
Datée de 1781, cette œuvre de jeunesse de Lemoine montre Madame de Genlis dans une pose faisant davantage allusion à son rôle de maîtresse du duc d’Orléans qu’à celui de redoutable gouvernante. » (Commentaire Sotheby’s)

Marie-Victoire Lemoine. François-Guillaume Ménageot (v 1785). Huile sur toile, 80 × 64 cm, Château de Versailles. François-Guillaume Ménageot (1744-1816), prix de Rome, en 1766, est un peintre et académicien français spécialisé dans les scènes religieuses et mythologiques. Il fut le professeur de Marie-Victoire Lemoine dans la décennie 1770.

Marie-Victoire Lemoine. Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon, duchesse d’Orléans (1787). Huile sur toile, 72 × 59 cm, musée d'art et d'histoire de Saint-Brieuc. Marie-Adélaïde de Bourbon (1753-1821) fille du duc de Penthièvre, épouse Louis-Philippe d'Orléans (1747-1793), cousin de Louis XVI, en 1769. Louis-Philippe d'Orléans est devenu célèbre en votant la mort de Louis XVI sous la Révolution. Il était appelé Philippe Égalité. Les révolutions étant ce qu’elles sont, il sera lui-même exécuté en 1793. Louis-Philippe 1773-1850), roi des Français de 1830 à 1848 est un des enfants du couple.

Marie-Victoire Lemoine. L’atelier d’une femme peintre (1789). Huile sur toile, 116 × 89 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Bien qu'elle ait peint cette œuvre en 1789, Lemoine n'a pu l’exposer au prestigieux Salon de Paris qu’en 1796, lorsque les réformes postrévolutionnaires ont considérablement élargi l’accès des femmes artistes au monde de l’art officiel. Le titre suggère une représentation idéale ou générique des femmes artistes, mais les proches de Lemoine ont reconnu un autoportrait avec sa sœur Marie Elisabeth, qui était également peintre. Le talent de Lemoine pour les natures mortes et les portraits, catégories dans lesquelles les femmes sont le plus souvent formées, est tout à fait apparent, mais une peinture d’histoire – catégorie académique la plus élevée, généralement considérée à cette époque comme peu adaptée aux femmes – est en cours sur le chevalet représenté. » (Commentaire MET)
Analyse détaillée

Marie-Victoire Lemoine. Portrait de mademoiselle de Genlis (1789). Huile sur toile, 93 × 74 cm, collection particulière. Le modèle pourrait être l’une des filles de Félicité de Genlis, peut-être Caroline Brûlart de Genlis (1765-1786), mariée à Charles de la Woestine, 4^e marquis de Becelaere et mère d’Anatole de la Woestine (1786-1870), général et homme politique français.

Marie-Victoire Lemoine. Les deux sœurs (1790). Huile sur toile, 92 × 72 cm, collection particulière. Les modèles ne sont pas identifiés. L’artiste propose une représentation idyllique de la sororité avec arrière-plan paysager stylisé et nature morte florale dans un panier. Les visages restent impersonnels. Ce sont les détails vestimentaires (rubans, lacets, etc.), le soin minutieux apporté au rendu des étoffes et le traitement des chevelures qui font tout le charme de la composition.

Marie-Victoire Lemoine. Jeune femme et Cupidon ((1792). Huile sur toile, 93 × 73 cm, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg. Marie-Victoire Lemoine semble s’inspirer d’un épisode du Roland Furieux, poème épique de Ludovico Ariosto, dit l'Arioste, terminé en 1532. Le sujet intéressait encore les artistes du 18^e et du 19^e siècle. La princesse orientale Angélique soigne une blessure de flèche dont a été victime le beau soldat sarrasin Médor. Elle en tombe amoureuse. Plus tard, Angélique et Médor gravent leurs noms sur l’écorce d’un arbre pour exprimer leur bonheur. Marie-Victoire Lemoine remplace Médor par Cupidon ou Éros, fils de Vénus et dieu antique de l’amour, donnant ainsi à son tableau la dimension mythologique très appréciée du néoclassicisme de l’époque.

Marie-Victoire Lemoine. Une jeune fille tenant une colombe (1793). Huile sur toile, 60 × 50 cm, collection particulière. Ce tableau a été exposé au Salon de 1796 avec son pendant, Un petit garçon jouant du violon (ci-dessous).

Marie-Victoire Lemoine. Un petit garçon jouant du violon (v. 1796). Huile sur toile, 56 × 46 cm, Snite Museum of Art, Indiana. Ce portrait d’Henri Gabiou, neveu de l'artiste, a été présenté au Salon de 1796 avec Une jeune fille tenant une colombe (ci-dessus). Le tableau était autrefois attribué à Elisabeth Vigée-Lebrun.

Marie-Victoire Lemoine. Portrait d’une femme artiste (v. 1797). Huile sur toile, 91 × 74 cm, Nationalmuseum, Stockholm. « Marie-Victoire Lemoine a longtemps été l'une des artistes négligées de la France révolutionnaire. Sur ce portrait d'une femme artiste dans son atelier, le modèle a rangé son matériel pour lire un peu. On suppose qu'il s'agit de l'une des sœurs de l'artiste, Marie-Denise Villers ou Marie-Élisabeth Gabiou, car la même figure apparaît dans son autoportrait conservé au Metropolitan Museum of Art de New York. Ce Portrait d'une femme artiste, réalisé par Marie-Victoire Lemoine dans les années 1790, n'est pas une peinture d'atelier ordinaire. Elle comporte plusieurs détails aux significations cachées. Le buste d'un homme coiffé d'un turban représente manifestement un intellectuel-artiste, peut-être le professeur lui-même. Le caractère énigmatique est renforcé par la présence du sphinx à l'arrière-plan. » (Commentaire Nationalmuseum)

Marie-Victoire Lemoine. Jeune femme appuyée sur le bord d’une croisée (1798-99). Huile sur toile, 196 × 138 cm, National Gallery of Victoria, Melbourne. Ce tableau, exposé au Salon de 1799 représente soit Marie-Denise Villers, née Lemoine, sœur de l'artiste (selon Margaret A. Oppenheimer), soit Pauline Bonaparte.

Marie-Victoire Lemoine. Portrait présumé de Marie-Geneviève Lemoine et sa fille Anne Aglaé Deluchi (v. 1802). Huile sur toile, 128 × 96 cm, collection particulière. Marie-Geneviève Lemoine est l’une des sœurs de l’artiste. Le tableau a été vendu pour 132 000 € en 2019.

Marie-Victoire Lemoine. Jeune femme faisant du fromage (v. 1802). Huile sur toile, 117 × 90 cm, collection particulière. Marie-Victoire Lemoine actualise la scène de genre hollandaise du 17^e siècle en gommant la distinction entre maîtres et serviteurs, élément majeur de la structure sociale du début du 19^e siècle. La laitière de Vermeer (1660) avait une puissance artistique émanant de la réalité sociale transposée génialement sur la toile. La servante à la coiffure soignée et à la robe bourgeoise de Marie-Victoire Lemoine n’est absolument pas crédible. Il reste cependant l’étude du mouvement, du regard, de la lumière qui signent l’œuvre d’une artiste de grand talent.

Marie-Victoire Lemoine. Fleurs de printemps dans une corbeille (1807). Huile sur toile, 60 × 50 cm, collection particulière. « Bien que les fleurs occupent une place prépondérante dans les portraits et les scènes de genre de Lemoine, la présente œuvre est la seule nature morte pure de l’artiste qui subsiste. Les fleurs sont peintes avec une habileté exceptionnelle. La touche est douce mais les détails sont nets et les couleurs vives. L’œuvre rappelle les natures mortes des grands maîtres hollandais Rachel Ruysch et Jan van Huysum, ainsi que la génération suivante de peintres travaillant en France comme Gérard et Cornelis van Spaendonck. Sa corbeille de fleurs soigneusement composée s’articule autour de trois fleurs printanières : une grande viorne blanche, une jonquille jaune doré et une grande rose Centifolia rose (connue sous le nom de cent pétales ou rose chou). » (Commentaire Christie’s)