François Boucher
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Patrick AULNAS
Portrait
Portrait de François Boucher par Gustav Lundberg (1741)
Pastel sur papier bleu, 65 × 50 cm, musée du Louvre, Paris
Biographie
1703-1770
François Boucher naît à Paris en 1703 dans le milieu de l’art. Son père, Nicolas Boucher, ornementiste et marchand d’estampes, l’initia probablement à la décoration. A partir de 1720, il entre au service d’illustrateurs (F. Lemoyne, J.-F. Cars). En 1722, il est chargé de réaliser les dessins d’une nouvelle édition de l’Histoire de France du Père Daniel et, en 1723, il remporte le premier prix de peinture de l’Académie sur le sujet suivant (perdu) : Evilmérodach, fils et successeur de Nabuchodonosor, délivrant Joachim des chaînes dans lesquelles son père le retenait depuis longtemps.
En 1727, il part pour Rome, avec le peintre Carle Van Loo, comme étudiant libre, sans avoir reçu de pension royale, et y rencontre Tiepolo dont il admire les grandes compositions décoratives. Bien que les détails du séjour soient mal connus, les historiens s’accordent sur un point : Boucher a beaucoup travaillé et beaucoup progressé à Rome. Il revient à Paris vers la fin de 1731.
Le 24 novembre 1731, il est agréé à l'Académie comme peintre d'histoire. Il poursuit la publication de gravures et reçoit d’importantes commandes pour la manufacture de Beauvais. Le 30 janvier 1734, il est reçu académicien pour le tableau Renaud et Armide.
François Boucher. Renaud et Armide (1734)
Huile sur toile, 135,5 × 170,5 cm, musée du Louvre, Paris.
Le 21 avril 1734, François Boucher épouse Marie-Jeanne Buseau – ou Buzeau – (1716-1796), miniaturiste et auteur de gravures, qui lui servira très souvent de modèle. Le couple aura trois enfants : Jeanne-Élisabeth-Victoire (1735), Juste-Nathan (1736), Marie-Émilie (1740).
Boucher va alors entamer une longue carrière officielle : professeur en 1737, directeur de l’Académie et premier peintre du roi en 1765. Il reçoit de nombreuses commandes du roi et de Mme de Pompadour à laquelle il doit l’essentiel de ses succès. La marquise de Pompadour (1721-1764), favorite de Louis XV a joué un rôle important en matière artistique de 1745 à 1764. Elle était secondée par son frère, le marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du roi. Elle fut l’inspiratrice de Boucher auprès de qui elle prit d’ailleurs des leçons de peinture et de dessin. Elle lui confia la décoration des demeures – Meudon, Choisy, Bellevue – où elle accueillait Louis XV et l’associa à la prospérité des manufactures royales qui recevaient de nombreuses commandes de la Cour et des Grands. Boucher partagea avec Oudry la direction de la manufacture des tapisseries de Beauvais et devint de 1755 à 1765 inspecteur de la manufacture royale des Gobelins. Lorsque la marquise crée à Vincennes la manufacture des porcelaines de France – qui sera transférée à Sèvres par la suite – elle commande à Boucher des modèles à réaliser en biscuit.
Boucher va déployer une activité débordante jusqu’à sa mort en 1770. Il exposait encore au salon de 1769 : « Le vieil athlète n’a pas voulu mourir sans se montrer encore une fois sur l’arène » écrivit Diderot. Le néo-classicisme, en plein essor après la mort de Boucher, contribua à le discréditer : il fut accusé d’être un corrupteur cherchant « à charmer les yeux du vice ». Il faut cependant signaler que David prit toujours la défense de Boucher, dont il fut l’élève ; son aphorisme est resté célèbre : « N’est pas Boucher qui veut ! »
Œuvre
François Boucher. Portrait de la marquise de Pompadour (1756)
Huile sur toile, 201 × 157 cm, Alte Pinakothek, Munich.
Analyse détaillée
Boucher traduit remarquablement l’esprit de l’aristocratie sous le règne de Louis XV. C’était l’époque où, selon l’expression nostalgique de Talleyrand, « il faisait bon vivre ». Du moins, la bonne éducation voulait qu’on ne montrât point la souffrance et Boucher fut un maître pour écarter la gravité et promouvoir la frivolité. Il représente ce bonheur de vivre sous diverses formes qui vont de la mythologie, parfois galante, aux scènes pastorales et même aux scènes d’intérieur et au portrait.
Les scènes pastorales
Elles idéalisent la campagne. Le berger, vêtu en aristocrate, conte fleurette à la bergère devant un paysage qui n’est qu’un décor ornementant la scène. Ce sont en quelque sorte les fêtes galantes de Boucher.
Un Automne pastoral (1749). Huile sur toile, 260 × 199 cm, Wallace Collection, Londres. « Boucher poursuit le mode pastoral et utopique des Fêtes galantes de Watteau, en les ancrant plus clairement dans un cadre italien idéalisé. En remplaçant les Parisiens contemporains de Watteau par des bergers et des bergères idéalisés, il éloigne encore davantage les scènes d'une réalité contemporaine reconnaissable, les transposant dans un monde entièrement imaginaire. Alors que Watteau produisait des tableaux destinés à un cabinet, Boucher utilisait souvent la pastorale pour décorer des pièces de grande taille, comme c'est le cas ici […] |
Un Eté pastoral (1749). Huile sur toile, 259,5 × 198,5 cm, Wallace Collection, Londres. « Le tableau [pendant du précédent] représente les cousines Lisette et Babette avec le petit berger qui gagne l'affection de sa bien-aimée en lui jouant une sérénade à la cornemuse. » (Commentaire Wallace Collection, Londres) |
Le Sommeil interrompu (1750). Huile sur toile, 82 × 75 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Dans les pastorales de Boucher, la rusticité et le travail de la vie paysanne sont mis de côté au profit de l'élégance vestimentaire et du romantisme idyllique popularisés par les pantomimes théâtrales. Ces visions théâtrales sont à l'origine de l'adoption par Marie-Antoinette d'une tenue vestimentaire et de manières simples dans sa maison de plaisance, sorte de faux hameau rustique, au château de Versailles. La simplicité du sujet de Boucher dissimule la complexité de la composition, qui s'articule autour d'une série de diagonales qui se croisent. Très admiré au Salon de 1753, ce tableau faisait partie d'une paire de dessus-de-porte enchâssés dans les boiseries du château de Bellevue de Madame de Pompadour. » (Commentaire MET) |
Le Pont (1751). Huile sur toile, 85 cm × 66 cm, Musée du Louvre, Paris. Peinte pour la chambre du cardinal de Soubise (1717-1756), à l'hôtel de Rohan à Paris, cette scène s’inspire des paysages des peintres hollandais par son naturalisme. |
Les scènes mythologiques
Elles constituent une partie importante de l’œuvre de Boucher. L’influence de Tiepolo se manifeste par l’utilisation de la couleur. La gamme est large et va des coloris chauds aux bleus nacrés et aux verts un peu froids. La mythologie est encore au 18e siècle un simple prétexte à la représentation de la nudité féminine.
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Les nus féminins
Ils vaudront à Boucher la réputation de libertin et un ostracisme de la part des néo-classiques dont il ne sortira qu’à la fin du 19e siècle. Boucher a été oublié pendant un siècle comme Botticelli pendant quatre siècles.
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Les scènes d’intérieur
Elles constituent l’aspect le plus réaliste de l’œuvre.
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Les portraits
Boucher a réalisé un certain nombre de portraits, mais il n’est pas vraiment un portraitiste. Aucune approche psychologique dans les visages : il s’agit toujours du même visage arrondi d’une ingénue au regard indécis. Si l’on n’apprend rien sur le caractère de la marquise de Pompadour avec Boucher, on reste admiratif devant la somptuosité du rendu des couleurs et de la lumière dans les plis des robes. Jeanne Poisson devenue grande dame tenait d’abord à ce qu’on le remarque. Elle avait trouvé en François Boucher le grand peintre qui fixerait son image pour l’histoire.
Portrait de la marquise de Pompadour (1756). Huile sur toile, 201 × 157 cm, Alte Pinakothek, Munich. Entre 1752 et 1755, Maurice Quentin de la Tour avait réalisé un grand portrait au pastel de Madame de Pompadour qui fut présenté au salon de 1755. Ce portrait très novateur présentait la marquise comme la protectrice des arts et des lettres et non comme une femme oisive de l’aristocratie. Livres, partitions, dessins l’entouraient pour bien signifier que la favorite de Louis XV était une femme intelligente et cultivée, ce qui reflétait d’ailleurs la réalité. |
Portrait de la marquise de Pompadour (1759). Huile sur toile, 91 × 68 cm, Wallace Collection, Londres. « Le portrait le plus célèbre de la Pompadour, peint grandeur nature en 1756, se trouve aujourd'hui à Munich. Le tableau de la Wallace Collection fait partie d'une série de portraits plus petits. |
Portrait de la fille de l’artiste (1760). Huile sur toile, musée Cognacq-Jay, Paris. « On considère généralement que le modèle de ce portrait est Marie-Emilie Baudouin, fille cadette du peintre François Boucher. Elle épouse le peintre Pierre-Antoine Baudouin, élève de son père, le 8 avril 1758 à Paris. » (Commentaire site Paris Musées) |
Jeune fille au bouquet de roses. Huile sur toile, 47 × 55,9 cm, collection particulière. Ce portrait, proche du précédent, pourrait avoir été réalisé avec la même modèle. |
Portrait de Mme Bergeret (1766). Huile sur toile, 143,5 mm ×105,4 cm, National Gallery of Art, Washington. . « Ce magnifique portrait […] est généralement considéré comme représentant Marguerite Josèphe Richard, la première épouse de Pierre Jacques Onésyme Bergeret (plus tard appelé Bergeret de Grancourt) (1715 - 1785), l'un des mécènes les plus enthousiastes de François Boucher et le premier propriétaire connu du tableau. Il représente une jeune femme, resplendissante dans une robe de satin gris pleine longueur, debout dans un coin retiré d'un jardin. Un nœud lumineux est attaché à son corsage, une gerbe de fleurs est épinglée à sa manche, et un simple chapeau de paille est suspendu à son côté, retenu par un ruban attaché à son coude. Ses cheveux poudrés, soigneusement tirés en arrière, sont ornés d'autres fleurs ; une délicate collerette de dentelle souligne son cou, et son seul bijou est un bracelet de perles orné d'un portrait en camée. Malgré sa splendeur, son costume est censé évoquer les vêtements informels d'une fille de la campagne ou d'une bergère. Le cadre renforce le côté campagnard du modèle : elle se tient dans un coin d'une charmille ou d'un jardin envahi par la végétation, le feuillage rampant lui procurant abri et ombre. Un banc en bois, visible au bord gauche de la composition, est équilibré à droite par une urne en pierre, sur laquelle la femme pose doucement une main, ses doigts saisissant une rose. » (Commentaire National Gallery of Art) |
François Boucher peintre officiel de Louis XV et de sa favorite, la marquise de Pompadour, paiera post mortem l'impopularité du souverain. Pour les esprits conformistes, il était le peintre de l'Ancien Régime et de la corruption des mœurs ; il sera encore catalogué comme « le favori de la favorite » au milieu du 20e siècle. Il est aujourd'hui considéré comme un des plus grands peintres du 18e siècle, dont il traduit à merveille l'esprit comme le disaient déjà les Goncourt : « Le joli, c'est l'âme du temps, et c'est le génie de Boucher. »
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