Francesco Guardi
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Patrick AULNAS
Portrait
Pietro Longhi. Portrait de Francesco Guardi (1764)
Huile sur toile, 132 × 100 cm, Ca' Rezzonico, Venise.
Biographie
1712-1793
Pendant trois générations, la famille Guardi s’est consacrée à la peinture. Domenico (1678-1716) fut le premier à entreprendre une carrière artistique. Avec son épouse Maria Claudia Pichler, Domenico eut quatre enfants : Gian Antonio (1699-1760), Maria Cecilia (1703-1779), Francesco (1712-1793) et Nicolò (1715-1786). Gian Antonio reprend l’atelier de son père à la mort de ce dernier en 1716 et forme ses frères Francesco et Nicolò, beaucoup plus jeunes. Leur sœur Maria Cecilia se marie avec le peintre Giovanni Battista Tiepolo. Enfin, troisième génération, Giacomo (1764-1835), fils de Francesco, poursuit l’activité paternelle en peignant des vedute, c’est-à-dire des paysages urbains, mais sans jamais parvenir à atteindre la notoriété de son père.
Francesco Guardi est le plus célèbre et le plus talentueux de la famille. Considéré, avec Canaletto et Bellotto, comme l'un des principaux représentants du védutisme italien, sa peinture est si novatrice qu’elle est parfois analysée comme pré-impressionniste. Né à Venise, baptisé le 5 octobre 1712, Francesco devient orphelin de père dès l’âge de quatre ans. Son frère Gian Antonio, alors âgé de dix-sept ans avait été formé par son père et il poursuit son activité dans l’atelier paternel. Francesco, en contact permanent avec l’art de peindre, travaille très jeune à ses côtés. Jusqu’à 1740, les deux frères restent ensemble et il difficile de distinguer l’apport de chacun. Mais Gian Antonio était à cette époque beaucoup plus connu que Francesco et c’est sur lui que reposait la prospérité de l’atelier.
De 1735 à 1743, Francesco Guardi travaille également dans l’atelier de Michele Marieschi (1710-1743), élève de Canaletto, connu pour ses vedute de Venise. Il continue cependant à collaborer avec son frère. La première œuvre signée du seul Francesco Guardi date de 1740 :
Francesco Guardi. Saint en extase ou Saint adorant l'Eucharistie (v. 1740)
Huile sur toile, 87 × 69 cm, musée national de Trente.
Plusieurs autres tableaux ont été attribués à Francesco Guardi dans la décennie 1740, mais c’est à partir de 1750 qu’apparaît chez lui une production importante de capricci et vedute (*). Ces paysages étaient particulièrement appréciés des jeunes voyageurs effectuant leur Grand Tour à travers l’Europe dans le but de découvrir d’autres modes de vie.
Le 15 février 1757, il épouse Maria Mathea Pagani (1726-1769), fille du peintre Matteo Pagani. Son frère Gian Antonio étant décédé en 1760, il dirige dès lors l’atelier vénitien des Guardi.
Francesco Guardi. Vue sur le canal de la Giudecca et le Zattere (1757-58)
Huile sur toile, 71,3 × 119 cm, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid.
Son premier fils, Vincenzo, naît en 1761 et son second fils, Giacomo, qui deviendra peintre, en 1764. Le couple a un troisième fils, Giovanni Battista, en 1769, mais il meurt trois jours après sa naissance. L’épouse de Francesco décède des suites de cet accouchement le 27 janvier 1769.
Francesco Guardi devient dans la dernière partie de sa vie, de 1760 à 1793, un peintre important de Venise. A côté des vedute de sa ville natale et des capricci, plus appréciés à l’étranger qu’à Venise, apparaissent aussi des scènes de genre et des représentations de cérémonies officielles commandées par le gouvernement de Venise. Francesco Guardi apparaît ainsi dans la décennie 1780 comme un peintre officiel de la Sérénissime République.
Francesco Guardi. Concert de gala à Venise (1782)
Huile sur toile, 68 × 91 cm, Alte Pinakothek, Munich.
Il meurt le 1er janvier 1793 dans sa maison vénitienne de Cannaregio, quartier de Venise. Son fils Giacomo reprend l’atelier paternel et poursuit l’activité en utilisant le même style. En 1829, Giacomo vend toute sa collection de dessins, y compris ceux de son père, à Teodoro Correr (1750-1830), collectionneur et fondateur du musée Correr, situé sur la place Saint-Marc de Venise.
Œuvre
Francesco Guardi est aujourd’hui l’un des plus célèbres védutistes du 18e siècle, mais sa consécration par les historiens de l’art ne date que du 20e siècle. Il était auparavant considéré comme l’un des représentants de la famille Guardi, ayant pour chef de file Gian Antonio, le frère aîné de Francesco. Cette reconnaissance tardive résulte probablement du style particulier de Francesco Guardi, très éloigné de la précision géométrique de Canaletto, dont pourtant il s’inspira. Guardi évolue progressivement vers un travail réduisant la part du dessin, constitué de touches rapides cherchant à créer une atmosphère poétique. Le grand ciel nuageux, occupant souvent plus de la moitié de la surface du tableau, surplombe le milieu aquatique vénitien où se fondent de petits personnages et des architectures imposantes. L’artiste ne cherche pas à décrire mais à transmettre son ressenti. Aussi l’a-t-on caractérisé comme un pré-impressionniste, ce qui explique son succès au 20e siècle lorsque l’impressionnisme est totalement admis.
En comparant le même paysage peint par Canaletto et Guardi, on est aisément convaincu de l’opposition stylistique entre les deux védutistes. Voici par exemple deux vues de la basilique de la Salute :
Canaletto. Le Grand Canal et l’Église de la Salute (1730)
Huile sur toile, 49,5 × 72,5 cm, Museum of Fine Arts, Houston.
Francesco Guardi. Pointe de la douane et Santa Maria della Salute (v. 1770)
Huile sur toile, 56 × 76 cm, National Gallery, Londres.
Canaletto crée une atmosphère limpide et insiste sur la précision du trait. Guardi dilue les formes dans une atmosphère vaporeuse.
L’œuvre peint de Guardi comporte plus de 1 000 tableaux disséminés dans des nombreux musées à travers le monde. Outre les vedute et capricci qui ont fait sa célébrité, l'artiste a également réalisé de nombreuses peintures des évènements officiels de la République de Venise et des scènes religieuses.
Francesco Guardi. L’île de la Madonnetta sur la lagune de Venise (1785-90)
Huile sur toile, 36 × 55 cm, Harvard Art Museums.
En mariant habilement réalisme et fantaisie, en poétisant par un style fluide l’art des vedute, Francesco Guardi apparaît ainsi comme le successeur le plus emblématique du grand Canaletto. Il s’inspire du maître pour ses sujets mais fait triompher sa personnalité originale dans la manière de les traiter.
Vedute
Francesco Guardi. Venise, le Grand Canal avec San Geremia, le Palazzo Labia et l'entrée du Cannaregio (v. 1750). Huile sur toile, 92 × 132 cm, Baltimore Museum of Art. Œuvre de jeunesse qui s’inspire des vues très géométrisées de Canaletto et du style des débuts du grand maître des vedute, lorsque celui-ci n’avait pas encore trouvé la luminosité limpide qui le caractérise.
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Francesco Guardi. La lagune devant la Fondamenta Nuove (1750-55). Huile sur toile, 71 × 49 cm, Museo Nacional de Bellas Artes, La Havane. « Ce tableau (vers 1750-1755) appartient aux débuts de l'activité de Guardi en tant que védutiste (la veduta est une vue, un type de peinture de scènes urbaines à Venise, très populaire au XVIIIe siècle). La fidélité de la représentation du paysage réel en témoigne ; par la suite, cette objectivité laissera davantage place à l'imagination et à la poésie. La délicatesse de sa manière préfigure déjà cette évolution future. Le mouvement des bateaux, avec leurs nombreux passagers, anime le schéma architectural. » (Commentaire Museo Nacional de Bellas Artes)
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Francesco Guardi. Vue sur le canal de la Giudecca et le Zattere (1757-58). Huile sur toile, 71,3 × 119 cm, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid. « Cette toile est un bon exemple d'un genre devenu très populaire au XVIIIe siècle, notamment chez les artistes vénitiens : la veduta ou vue. Ce type de peinture était acheté par des voyageurs anglais ou des amateurs d'art. Francesco Guardi, fortement influencé par les vues idéalisées de Canaletto sur la ville, réalisa généralement des dessins préparatoires pour ses peintures ; le Museo Correr de Venise détient une importante collection de ces croquis et notes. Ici, Guardi propose une vue sur le canal de la Giudecca, la promenade du front de mer de Zattere, les églises de San Biagio et Santa Marta, et les collines euganéennes, qui se dressent au loin, derrière l'île de San Giorgio in Alga. L'utilisation de la lumière et de la couleur est caractéristique de la peinture vénitienne du XVIIIe siècle. » (Commentaire Museo Nacional Thyssen-Bornemisza)
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Francesco Guardi. La Pointe de la Douane à Venise (v. 1765). Huile sur toile, 21 × 32 cm, Fondation Bemberg, Toulouse. La Pointe de la Douane (Punta della Dogana) est la zone triangulaire où le Grand Canal rejoint le canal de la Giudecca. Sur cette pointe a été construit au 15e siècle un mirador, apparaissant sur le tableau de Guardi, et un bureau des douanes (Dogana da mar). Sur ce petit tableau, le style de Guardi se déploie pleinement avec une atmosphère nébuleuse et de petits personnages schématiques dont les gestes sont juste suggérés par quelques touches rapides.
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Francesco Guardi. La place Saint-Marc (1765-70). Huile sur toile, 69 × 86 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Cette veduta peut être comparée à celle de Canaletto, saisie au même endroit quarante ans auparavant. La technique de Guardi est à la fois plus lâche et moins dépendante de la géométrie de la place, de son trottoir et de ses façades. Guardi utilise un subterfuge ludique et illusionniste en signant sur la petite toile portée par l’homme en bas à droite. Il semble représenter autre chose que ce qui figure sur la peinture : les gondoles et l'eau agitée des célèbres canaux de Venise. » (Commentaire Metropolitan Museum of Art)
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Francesco Guardi. Pointe de la douane et Santa Maria della Salute (v. 1770). Huile sur toile, 56 × 76 cm, National Gallery, Londres. « Les tableaux de ce type évoquaient l’architecture grandiose et l'atmosphère animée de Venise et répondaient au goût pour les vues poétiques de la ville de ses habitants et des collectionneurs étrangers.
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Francesco Guardi. Santa Maria della Salute (v. 1770). Huile sur toile, 32 × 53 cm, National Gallery of Art, Washington. La basilique Santa Maria della Salute fut construite de 1631 à 1687 à l’extrémité sud du Grand Canal. De forme octogonale, son originalité architecturale réside dans les orecchioni (grandes oreilles), volutes en spirale coiffées de statues, qui assurent la transition entre le dôme et les façades. Sa situation sur le Grand Canal et son caractère imposant en font un modèle apprécié des peintres.
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Francesco Guardi. Le jardin du palais Contarini dal Zaffo (1775-80). Huile sur toile, 48 × 78 cm, Art Institute of Chicago. « Cette vue du jardin d'une maison privée à Venise est très inhabituelle chez Guardi. Sur la droite se trouve la façade arrière du Palazzo Contarini dal Zaffo, faisant face au Grand Canal. Le sujet principal de l'artiste est ici le jardin à la française du palais, un luxe dans l'environnement urbain très dense de Venise. Des couples élégants se promènent le long les parterres géométriques du jardin. L'intérêt de Guardi pour les jeux de lumière anime également la scène : l’ombre portée d’un bâtiment invisible, au premier plan, divise la composition et contraste avec la lumière vive reflétée sur la façade de la résidence et la lagune lointaine chatoyant sur la gauche. » (Commentaire Art Institute of Chicago)
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Francesco Guardi. Le Grand Canal avec le pont du Rialto (v.1780). Huile sur toile, 68,5 × 91,5 cm, National Gallery of Art, Washington. « Le pont du Rialto, premier pont de pierre à enjamber le Grand Canal, construit en 1592, est l’élément central de la composition de Guardi, l’une des nombreuses versions peintes de cet édifice populaire. Bordé d'étals et de boutiques, il formait le centre d'un important quartier commercial. Juste au-delà du pont à droite se trouve le Fondaco dei Tedeschi, entrepôt des marchands allemands – aujourd'hui un bureau de poste – qui est devenu célèbre à la Renaissance lorsque Giorgione et Titien ont peint sa façade.
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Francesco Guardi. L’île de la Madonnetta sur la lagune de Venise (1785-90). Huile sur toile, 36 × 55 cm, Harvard Art Museums. « Au milieu du XVIIIe siècle, Venise était réputée pour ses vedute ou peintures de paysages urbains. Ces tableaux étaient très appréciés des voyageurs du Grand Tour. Comme des cartes postales ou des posters, ils rappelaient à leurs propriétaires leurs voyages ; mais ils confirmaient également le statut mondain des personnes dont ils ornaient les chambres. Guardi, l'un des plus grands peintres du genre, a choisi la petite île de la Madonnetta pour peindre une image poétique – presque mélancolique – de la lagune. Bien que la peinture comporte l’ensemble architectural présent sur l'île, avec des détails assez précis, ainsi que la topographie de la lagune avec l'île de Murano au loin, leur traitement par Guardi renvoie aux effets picturaux des grands maîtres vénitiens, tels que Titien et Giorgione. » (Commentaire Harvard Art Museums)
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Francesco Guardi. Cloître des Frari à Venise (v. 1790). Huile sur cuivre, 18 × 13 cm, Pinacoteca dell'Accademia Carrara, Bergame. La basilique Santa Maria Gloriosa dei Frari, est une des principales églises de Venise. De nombreuses peintures y sont conservées, notamment de Titien. Elle renferme aussi des monuments funéraires de vénitiens célèbres. Le petit tableau sur cuivre de Guardi est un jeu visuel avec les arcades du cloître. |
Capricci
Francesco Guardi. Ville avec un pont (v. 1750). Huile sur toile, 30 × 53 cm, Galerie des Offices, Florence. Ce petit tableau est un capriccio, c’est-à-dire un paysage imaginaire comportant des constructions anciennes et souvent des ruines. Ces scènes étaient appréciées des acheteurs vénitiens et permettaient au peintre de vendre de nombreux petits formats réalisés rapidement en atelier.
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Francesco Guardi. Paysage fantastique (1765). Huile sur toile, 156 × 189 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Ce paysage imaginaire, ou capriccio, est l'un des trois de la collection The Met du château de Colloredo di Monte Albano, près d'Udine. Leurs tailles et formes semblent avoir été ajustées par Guardi au cours de la réalisation ou immédiatement après, probablement pour s'intégrer dans des encadrements décoratifs en plâtre. Guardi a construit ces compositions pittoresques à partir d'affleurements rocheux, de troncs d'arbres inclinés et de ruines classiques, peuplées de pêcheurs et de leurs familles. » (Commentaire MET)
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Francesco Guardi. Fantaisie architecturale avec cour (1780-85). Huile sur toile, 38 × 26 cm, musée Pouchkine, Moscou. Ce paysage imaginaire axé sur l’architecture (ou capriccio) est un exercice de perspective mettant en évidence les arcades du fond du tableau, élément fréquemment représenté par Guardi. Les petits personnages ont pour fonction d’animer la composition et d’indiquer l’ordre de grandeur des constructions.
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Francesco Guardi. Arche en ruines et fermes au bord de la lagune (1780-90). Huile sur toile, 33 × 51 cm, Museo di Castelvecchio, Vérone. Un tel capriccio est réalisé en atelier à partir de croquis accumulés. Il associe des éléments réels (la ferme, la lagune) et des éléments imaginaires (l’arche) dans le style vaporeux propre à Guardi.
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Francesco Guardi. Arcade en ruine (1775-93). Huile sur toile, 29 × 50 cm, Art Institute of Chicago. Outre le goût de Guardi pour les arcades, ce type de composition permet de relier le présent au passé avec l’approche la plus courante à l’époque, celle de de la décadence des civilisations. Les ruines, vestiges d’un passé fastueux, sont les témoins du passage tragique du temps. |
Scènes de genre, cérémonies et fêtes
Francesco Guardi. Le parloir des nones à San Zaccaria (1746). Huile sur toile, 108 × 208 cm, Museo del Settecento Veneziano, Ca 'Rezzonico, Venise. Le tableau représente le salon du monastère San Zaccaria de Venise, un jour de visite. Les filles des familles nobles pouvaient parfois devenir religieuses afin de réserver le patrimoine aux descendants masculins. Les familles visitaient leurs filles devenues nones et placées ici derrière les grilles. Elles organisaient des divertissements pour les distraire, par exemple un spectacle de marionnettes dans le cas présent. Stylistiquement, cette œuvre de jeunesse se caractérise par la minutie de la touche. Les détails de l’architecture et des vêtements apparaissent nettement et le chromatisme restreint s’organise autour des bruns.
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Francesco Guardi. Regate au pont du Rialto (v. 1770). Huile sur toile, 77 × 126 cm, Museum of Fine Arts, Houston. Outre les fêtes et les cérémonies officielles, les régates faisaient partie des évènements permettant de mettre en scène la splendeur vénitienne. La Sérénissime République vit un âge d’or qui s’achèvera en 1797 avec la conquête napoléonienne. L’opulence de la ville, scénarisée par des divertissements attirant la foule, est immortalisée par les plus grands artistes : Canaletto, Tiepolo, Guardi, Longhi.
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Francesco Guardi. Le Couronnement du doge de Venise sur l'escalier des Géants au palais ducal de Venise (1775-80). Huile sur toile, 67 × 101 cm, musée du Louvre, Paris. Ce tableau, comme le suivant, fait partie « d’une série de douze évoquant les solennités organisées en 1763 lors de l'élection du doge Alvise IV Mocenigo (1763-1778), qui est peut-être à l'origine de leur commande. Guardi a peint les cérémonies qui eurent lieu en mai 1763, ainsi que les fêtes qui les suivirent à divers moments de l'année […]
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Francesco Guardi. Le Doge de Venise sur le Bucentaure, à San Nicolò di Lido, le jour de l'Ascension (1775-80). Huile sur toile, 67 × 101 cm, musée du Louvre, Paris. « Depuis le XIIe siècle, à l'occasion de la fête de l'Ascension, la Sensa, le doge célèbre la cérémonie du Mariage de la mer en jetant depuis le Bucentaure, un bateau d'apparat, un anneau dans l'Adriatique. Accompagné d'un cortège, il traverse le bassin de Saint-Marc et se rend jusqu'au Lido, où la lagune de Venise communique avec la mer. Il jette un anneau d'or dans l'Adriatique pour rappeler la domination maritime de la ville et assiste à une messe. |
Francesco Guardi. Concert de gala à Venise (1782). Huile sur toile, 68 × 91 cm, Alte Pinakothek, Munich. Cette toile s’inspire d’un concert organisé en 1782 en l’honneur de la visite à Venise de comtes russes. L’orchestre de la Pietà, célèbre dans toute l’Europe, était constitué en recherchant les talents parmi les milliers d’enfants abandonnés ou orphelins que la République de Venise prenait en charge dans ses Ospedali (hospices). Antonio Vivaldi (1678-1741), qui était devenu Maestro dei Concerti à Venise en 1714, contribua à transformer ces choristes ou instrumentistes, exclusivement féminines, en interprètes exceptionnelles.
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Francesco Guardi. Le pape Pie VI descend sur le trône pour prendre congé du doge dans la salle des saints Giovanni et Paolo, (1783). Huile sur toile, 69 × 86 cm, Cleveland Museum of Art. « Du 15 au 18 mai 1782, le pape Pie VI Braschi est à Venise. Seule visite papale au XVIIIe siècle, l’événement est célébré par de grandes festivités. Francesco Guardi (1712-1793), originaire de Venise, est l'un des peintres paysagiste les plus célèbres du XVIIIe siècle, spécialisé dans les représentations de paysages urbains et de la pompe et de l'apparat des cérémonies officielles vénitiennes. Pour célébrer cette occasion mémorable, l'anglais Peter Edwards a commandé quatre grandes scènes de la visite du Pape. […] Lors de la cérémonie pontificale retentit le Te Deum, prière d'action de grâce mise en musique par Antonio Vivaldi (1678-1741), célèbre compositeur baroque vénitien. Le Te Deum est un hymne traditionnel chanté pour remercier Dieu au cours d’une cérémonie particulière, par exemple une élection papale ou un couronnement royal. Le Te Deum était approprié pour la visite historique du pape. Lors de la réception du Doge et du Sénat, le Doge, prince élu de Venise, et les sénateurs de la République vénitienne se dirigent vers le trône, pendant que le pape bénit les nombreux représentants du gouvernement. » (Commentaire Cleveland Museum of Art) |
Scènes religieuses
Francesco Guardi. Saint en extase ou Saint adorant l'Eucharistie (v. 1740). Huile sur toile, 87 × 69 cm, musée national de Trente. Première œuvre signée (au dos) par l’artiste, cette figure de saint est inspirée du retable des saints Vincenzo Ferreri, Giacinto et Ludovico Bertrando, réalisé en 1738 par Giambattista Piazzetta (1683-1754) pour l’église Santa Maria del Rosario de Venise. L’Eucharistie est un rite chrétien fondé sur la distribution de pain et de vin aux apôtres par le Christ la veille de sa crucifixion. Le rite de l’Eucharistie consiste à figurer le corps et le sang du Christ par une hostie (pain sans levain) et du vin dans un calice présenté aux croyants. Ceux-ci peuvent ensuite « communier », c’est-à-dire recevoir du prêtre officiant une hostie. Guardi représente le geste du prêtre lors de l’Eucharistie, en le remplaçant par un saint, ce qui permet d’accentuer la dramaturgie. Le peintre maîtrise déjà son style si personnel et l’applique à une manifestation extatique de la sainteté de façon expressionniste.
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Francesco Guardi. Le sacrifice d’Isaac (1750-60). Huile sur toile, 56,5 × 75,5 cm, Cleveland Museum of Art. Ce tableau appartient à une série de quatre. « Cette série de peintures évoque principalement l'histoire d'Abraham et d'Isaac dans l'Ancien Testament, chacune des toiles faisant apparaître l'interaction entre les hommes et les anges. Dans trois œuvres, des anges apparaissent à Abraham, et dans une toile particulièrement dramatique, un ange s’interpose lorsqu’Abraham veut sacrifier son propre fils. Comme Tobie et les anges, autre œuvre de cette série, Le sacrifice d'Isaac est un récit sur le lien père-fils ainsi que sur l'obéissance inspirée par la foi. » (Commentaire Cleveland Museum of Art) |
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(*) Les vedute (veduta au singulier) sont des représentations réalistes, aussi exactes que possible, du paysage urbain. L'objectif de fidélité se traduit par une méthode de travail à l'extérieur reposant sur l'observation et la prise de multiples croquis préparatoires. Le tableau est ensuite réalisé en atelier. L'artiste se réserve cependant une certaine liberté et il ne faut pas rechercher dans les vedute une parfaite exactitude topographique. Il s'agit de magnifier un paysage urbain. Pour les jeunes aristocrates du Grand Tour, les vedute sont des souvenirs qu'ils rapportent dans leur pays, équivalent de nos photographies ou vidéos.
Les capricci (capriccio au singulier) sont des compositions mettant en scène des personnages ou des épisodes de la tradition chrétienne sur fond de ruines antiques. Il s'agit de paysages imaginaires assemblant des éléments plus ou moins inspirés du réel. Le retour à l'Antique caractérisant le 18e siècle, ce sont surtout des ruines de l'Antiquité romaine qui servent de cadre à des scènes bibliques ou mythologiques.
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