Bernardo Bellotto
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Patrick AULNAS
Autoportrait
Bernardo Bellotto. Autoportrait en ambassadeur vénitien (v.1765)
Détail extrait de Capriccio architectural avec autoportrait (v. 1765), collection particulière.
Biographie
1721-1780
Selon son acte de baptême, Bernardo Bellotto est né à Venise le 20 mai 1722 et non, comme il est souvent indiqué, le 30 janvier 1721 (date de naissance de son frère Michiel). Il est le fils de Lorenzo Bellotto et de Fiorenza Domenica Canal, la sœur de Canaletto. Le père de Bernardo était également peintre, mais c’est dans l’atelier de son oncle qu’il reçut une formation aux vedute et aux capricci (*) à partir de 1735 et jusqu’au début des années 1740. Beaucoup de similitudes existent entre les œuvres de l’oncle et les premières œuvres du neveu, faisant apparaître encore aujourd’hui des difficultés d’attribution.
Les vedute de Venise et les paysages italiens (1738-1747)
Inscrit à la Fraglia dei pittori di Venezia (corporation des peintres de Venise) dès 1738, Bernardo Bellotto devient alors un artiste indépendant. Il poursuit cependant la collaboration avec Canaletto puisqu’il se rend avec lui à Padoue au début de la décennie 1740. Le 5 novembre 1741, il épouse Elisabetta Pizzorno à Venise. En 1742, Bernardo Bellotto voyage dans le centre de l’Italie, visitant Florence, Lucques et Rome. Son fils Lorenzo, qui deviendra peintre, naît en octobre de cette même année
Il est de retour à Venise fin 1742 ou début 1743. A partir de 1744, il séjourne parfois en en Lombardie, dans le Piémont et à Vérone. Il élargit alors ses centres d’intérêt au-delà des paysages urbains et commence à peindre la campagne ou les abords des villes.
Bernardo Bellotto. Vue de Gazzada (1744)
Huile sur toile, 64,5 × 98,5 cm, Pinacoteca di Brera, Milan.
Une première commande royale est adressée à Bellotto en 1745, de la part de Charles-Emmanuel III, roi de Sardaigne et duc de Savoie (1701-1773). Il s’agit de deux vues de Turin sur lesquelles il ajouta Il Canaletto à sa propre signature pour indiquer son lien de parenté avec son célébrissime oncle.
Bernardo Bellotto. Vue de Turin près du Palais Royal (1745)
Huile sur toile, 127 × 164 cm, Galleria Sabauda, Turin.
Le peintre de la cour, à Dresde (1747-1758)
En 1747, à l’âge de vingt-six ans, il est invité par l’électeur de Saxe et roi de Pologne Auguste III (1696-1763) à s’installer à Dresde, où il restera jusqu’à 1758. En 1748, le titre de peintre officiel de la cour lui est décerné et il reçoit le salaire annuel le plus élevé jamais versé par Auguste III à un peintre. Entre 1747 et 1753, Bellotto peint quatorze grandes vues panoramiques de Dresde, et entre 1753 et 1756, onze vues du faubourg de Pirna, petite ville située à 25 kilomètres de Dresde. Dans ces peintures, Bellotto développe un style très original, distinct de celui de son oncle.
Bernardo Bellotto. Dresde depuis la rive droite de l’Elbe, au-dessus du pont Auguste (1747)
Huile sur toile, 133 × 238 cm, Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde.
Bernardo Bellotto. Vue de Pirna depuis la forteresse de Sonnenstein (1753-55)
Huile sur toile, 135 × 241 cm, musée des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou.
Les séjours à Vienne et à Munich (1758-1761)
La réputation internationale de Bellotto étant désormais établie, l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780) l’invite à Vienne à la fin de l’année 1758. Il y reste jusqu’à 1761 et y peint treize grandes toiles des grandes architectures de la ville. Début 1761, Bellotto visite la cour de l’électeur Maximilien III Joseph de Bavière (1727-1777) à Munich et reçoit quelques commandes. Il retourne à Dresde peu avant la fin de l’année.
Bernardo Bellotto. Vienne, Panorama depuis le Palais Kaunitz (1759-60)
Huile sur toile, 134 × 237 cm, Szépmûvészeti Múzeum, Budapest.
Le second séjour à Dresde (1761-1766)
La mort de l’électeur de Saxe Auguste III en 1763 va entraîner une modification de la politique culturelle. Les artistes autochtones sont désormais favorisés. Les commandes devenant plus rares, Bellotto réalise des répliques en format réduit de ses vedute antérieures de Pirna, Köningstein, Vienne et Munich. Il peint aussi de nombreux capricci.
Bernardo Bellotto. Capriccio architectural avec autoportrait (v. 1765)
Huile sur toile, 155 × 112 cm, collection particulière.
Les dernières années à Varsovie (1766-1780)
En décembre 1766, Bellotto et son fils Lorenzo quittent Dresde pour Saint-Pétersbourg, dans le but de travailler pour l’impératrice de Russie Catherine II (1729-1796). Mais, arrivé à Varsovie en janvier 1767, le peintre est demandé par le roi de Pologne Stanislas II Auguste Poniatowski (1732-1798). Nommé peintre officiel de la cour en 1768, il ne quittera plus Varsovie.
Les vingt-six vues de Varsovie, destinées à la salle Canaletto du château royal, sont les plus importantes de cette période. Il a également réalisé, avec son fils, un grand nombre de travaux pour les résidences royales d’Ujazdów et de Lazienki, à la périphérie de Varsovie.
Bernardo Bellotto meurt à Varsovie le 17 novembre 1780 à l’âge de 58 ans.
Bernardo Bellotto. Vue de Varsovie depuis la terrasse du château royal (1773)
Huile sur toile, 166 × 269 cm, Muzeum Narodowe, Varsovie.
Œuvre
Héritier de Canaletto, dont il adopte complètement le style au début de sa carrière, Bernardo Bellotto saura se libérer de l’influence du grand maître des vedute. Son œuvre comporte des vedute des villes où il a vécu (Venise, Turin, Dresde, Pirna, Munich, Vienne, Varsovie), des capricci (*) et des paysages campagnards ou des abords des villes. Comme beaucoup d’artistes de son temps, pour s’assurer des revenus, il reproduit certains de ses tableaux en estampes ou même en huiles en format réduit.
Le style de Bellotto s’affirme peu à peu à partir de 1744. L’exactitude de la représentation le préoccupe d’une manière qui était étrangère à son oncle Canaletto. Il recherche la véracité de la scène par une étude minutieuse des détails, même lointains. L’artiste ambitionne ainsi de placer simultanément dans un paysage unique un vaste panorama et des éléments multiples d’animation qui doivent être parfaitement visibles en se rapprochant de la toile et pas seulement esquissés.
Il est intéressant de constater le caractère prémonitoire de tels tableaux puisqu’une définition élevée de l’image photographiée, représentée aujourd’hui sur un écran, permet justement d’observer l’ensemble et de zoomer sur les détails. A l’époque de Bellotto, il fallait s’éloigner ou se rapprocher du tableau pour obtenir l’équivalent.
Bernardo Bellotto. Vue générale de Varsovie du côté de Praga (1770)
Huile sur toile, 172,5 × 261 cm, Château Royal de Varsovie.
Bernardo Bellotto. Le Grand Canal à Venise (1736-40). Huile sur toile, 79 × 121 cm, musée des Beaux-arts de Lyon. « Comme son oncle le célèbre Canaletto, Bellotto était un spécialiste de la veduta, c'est-à-dire la représentation de monuments et de vues panoramiques urbaines. Très en vogue en Italie au XVIIIe siècle, ce genre plaisait particulièrement aux jeunes aristocrates anglais entreprenant leur "Grand Tour", une visite du continent européen qui faisait partie intégrante de leur éducation. Ancêtres des images souvenirs, les vedute permettaient aux voyageurs de garder une trace de leur passage dans les villes italiennes. |
Bernardo Bellotto. Le Grand Canal face à Santa Croce (v. 1738). Huile sur toile, 60 × 92 cm, National Gallery, Londres. « Il s'agit d'une œuvre très précoce de Bernardo Bellotto, le talentueux neveu de l'influent artiste vénitien Canaletto. Elle a été peinte vers 1738, alors qu'il n'avait que 16 ans et qu'il travaillait dans l'atelier de son oncle à Venise. À cette époque, Bellotto créait ses propres versions de certaines des vues les plus appréciées de Canaletto. |
Bernardo Bellotto. L'entrée du Grand Canal et l'église de la Salute (1725-50). Huile sur toile, 119 × 153 cm, musée du Louvre, Paris. Bellotto reprend une vue célèbre de Venise, déjà peinte par Canaletto en 1730, mais en inversant le point de vue. |
Bernardo Bellotto. Le Pont du Rialto (1725-50). Huile sur toile, 119 × 154 cm, musée du Louvre, Paris. Le Grand Canal est le plus grand et le plus large des canaux de Venise. Il peut être franchi aujourd'hui par quatre ponts piétonniers, mais jusqu'au 19e siècle, seul le pont du Rialto le traversait. Cette vue est donc celle, idéalisée par l'artiste, que pouvaient contempler quotidiennement les vénitiens au 18e siècle. |
Bernardo Bellotto. La place Santi Giovanni e Paolo, Venise (1743-47). Huile sur toile, 71 × 111 cm, National Gallery of Art, Washington. La basilique Santi Giovanni e Paolo (saints Jean et Paul) est l'un des principaux édifices religieux de Venise. De nombreux doges et autres personnages importants qui y ont été inhumés. La basilique est située sur la place (campo) du même nom. |
Bernardo Bellotto. Vue de Gazzada (1744). Huile sur toile, 64,5 × 98,5 cm, Pinacoteca di Brera, Milan. « Peinte pendant le voyage de Bellotto en Lombardie en 1744, [cette toile] constitue l'une des plus grandes réussites de la peinture de paysage européenne, tout en représentant une nouvelle orientation grâce au naturel de la représentation et à sa fidélité à la réalité. Contrairement aux vedute traditionnelles de Canaletto, qui plongeaient Venise dans une lumière brillante et intemporelle, [cette peinture] de Bellotto analyse un moment précis de la journée, en étudiant à la fois les couleurs et les effets particuliers de la lumière, ouvrant ainsi la voie à l'évolution du genre au XIXe siècle. » (Commentaire Pinacoteca di Brera) |
Bernardo Bellotto. Vaprio d'Adda (1744). Huile sur toile, 64 × 100 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « En mettant soigneusement en scène la lumière du soleil frappant les façades s'élevant au-dessus de la rivière Adda, Bellotto distingue les deux villages du nord de l'Italie que sont Canonica d'Adda à droite et Vaprio au centre. Au premier plan, des personnages de la bonne société représentent les spectateurs du tableau en faisant des gestes d'intérêt pour la vue pittoresque. Sur des dessins apparentés, Bellotto indique qu'il a réalisé ce tableau et son pendant (aujourd'hui au Museo di Capodimonte, Naples) en 1744 pour le comte Simonetta à Milan. » (Commentaire MET) |
Bernardo Bellotto. Vue de Turin près du Palais Royal (1745). Huile sur toile, 127 × 164 cm, Galleria Sabauda, Turin. Commandée par Charles-Emmanuel III, roi de Sardaigne et duc de Savoie (1701-1773), cette peinture, avec son pendant, est la première commande royale adressée à l’artiste. |
Bernardo Bellotto. Dresde depuis la rive droite de l’Elbe, au-dessus du pont Auguste (1747). Huile sur toile, 133 × 238 cm, Gemäldegalerie Alte Meister, Dresde. « La première veduta de Dresde de Bellotto a été réalisée l'année de son arrivée. Elle représente un panorama de la vieille ville. A gauche, sur le mur de la forteresse, on peut voir les bâtiments du premier ministre Brühl : en dessous de l’église Notre-Dame, la galerie de peinture de Brühl, suivie de la bibliothèque, de la salle des jardins et du palais. La tour Hausmann se dresse à côté de la cathédrale en construction. Au premier plan, au centre, Bellotto est assis en train de dessiner, accompagné des peintres de la cour Dietrich et Thiele. A droite, l'artiste a signé avec la mention "dit Canaletto". » (Commentaire Gemäldegalerie Alte Meister) |
Bernardo Bellotto. Le vieux marché de Dresde vu de la Schlossgasse (1750-51). Huile sur toile, 137 × 238 cm, Staatliche Kunstsammlungen, Dresde. L'Altmarkt (Vieux Marché) est la plus ancienne place de Dresde, mentionnée pour la première fois en 1370. L’église Sainte-Croix (Kreuzkirche), le bâtiment religieux le plus important de la ville, apparaît au fond. Une grande partie des bâtiments historiques de l'Altmarkt ont été détruits pendant le Bombardement de Dresde en février 1945. |
Bernardo Bellotto. Vue de Pirna depuis la forteresse de Sonnenstein (1753-55). Huile sur toile, 135 × 241 cm, musée des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou. « La vue représentée sur ce tableau est peinte depuis la tour de la forteresse, où se trouvait autrefois la prison. Sur la droite apparaît l’une des tours de la forteresse de Sonnenstein et sur la gauche, en bas, sont représentées les maisons de Pirna et l’église Sainte-Marie. En arrière-plan se trouve l’Elbe avec, sur la rive opposée, le village de Kopitz. » (Commentaire musée des Beaux-Arts Pouchkine) |
Bernardo Bellotto. Vue de Pirna avec la forteresse de Sonnenstein (1755-65). Huile sur toile, 49 × 80 cm, Art Institute Chicago. « Bien formé par son oncle Canaletto, Bernardo Bellotto a rapidement conquis sa réputation de peintre talentueux de vedute. En 1746, il est nommé peintre de la cour de l'électeur de Saxe à Dresde, qui lui commande des paysages urbains. Par la suite, Bellotto a été invité à créer 11 peintures de grand format de la ville voisine de Pirna ; le présent tableau est une réplique réduite, mais cependant exacte, de l'une de ces œuvres célèbres. Exaltée par la lumière froide et cristalline de Bellotto, la forteresse de Sonnenstein domine la scène du haut de sa colline. Au premier plan à gauche, des habitants de la ville se rassemblent autour d'un petit obélisque portant les armoiries de la Saxe. » (Commentaire Art Institute Chicago) |
Bernardo Bellotto. La forteresse de Königstein vue du nord (1756-58). Huile sur toile, 132 × 236 cm, National Gallery, Londres. « La forteresse saxonne de Königstein, située à environ 40 kilomètres au sud-est de Dresde, se découpe sur un ciel pâle. L'artiste, Bellotto, était originaire de Venise et a appliqué les traditions de la peinture vénitienne des vedute – un niveau de détail élevé, une grande échelle – à ce paysage nordique. Il s'agit de l'une des cinq vues de Königstein commandées à Bellotto par le roi Auguste III de Pologne en 1756. |
Bernardo Bellotto. Vienne, Panorama depuis le Palais Kaunitz (1759-60). Huile sur toile, 134 × 237 cm, Szépmûvészeti Múzeum, Budapest. « Dans le Panorama depuis le Palais Kaunitz, Bellotto a tenté de placer un paysage très vaste dans un tableau de dimensions limitées. Le jardin, la façade du palais côté jardin, l'église de Mariahilf et une vue panoramique sont représentés dans un tableau perspectif peut-être un peu laborieux, mais exceptionnellement fascinant. |
Bernardo Bellotto. Capriccio architectural avec autoportrait (v. 1765). Huile sur toile, 155 × 112 cm, collection particulière. « Dans ce capriccio architectural, Bernardo Bellotto s'est représenté en robe rouge et étole d'or, caractéristiques de la noblesse vénitienne. Il se tient debout devant un magnifique ensemble d'arcs et de galeries à colonnades. Il s'avance avec un geste de fierté, comme s'il invitait le spectateur à regarder et à admirer sa dernière création artistique – le splendide capriccio architectural peint devant lequel il se tient – comme preuve de ses capacités artistiques et de son inventivité. Accompagné de son fidèle serviteur Checo (Francesco), il est suivi d'un vieil ecclésiastique portant un dossier qui pourrait contenir des esquisses. À gauche, un jeune paysan montre Bellotto du doigt, comme pour inciter le spectateur à s'intéresser à ce peintre magnifiquement vêtu. » (Commentaire Web Gallery of Art) |
Bernardo Bellotto. Vue générale de Varsovie du côté de Praga (1770). Huile sur toile, 172,5 × 261 cm, Château Royal de Varsovie. « Cette toile présente un panorama de la rive gauche de Varsovie vue de la berge opposée de la Vistule. On peut voir dans l'angle inférieur gauche Bellotto travaillant à l'achèvement de cette vue et derrière lui son fils Lorenzo ainsi que, comme on le suppose, le gendre du peintre, le géographe du roi, Herman Karl de Perthées. Le roi Stanislas Auguste est assis juste à côté, une main tendue en direction du panorama de la ville. » (Extrait du dossier de presse de l'exposition Bernardo Bellotto Tableaux du Château Royal de Varsovie, 7 octobre - 10 janvier 2005, musée du Louvre) |
Bernardo Bellotto. Vue de Varsovie depuis la terrasse du château royal (1773). Huile sur toile, 166 × 269 cm, Muzeum Narodowe, Varsovie. « Cette peinture représente une vue prise depuis une fenêtre de l'étage supérieur de la façade est du château royal de Varsovie. Celui-ci apparaît sur le côté droit de la toile. Au loin, au-delà de la terrasse du château et des murs pâles du palais aux toits d'étain, s'étend le panorama de Varsovie. En regardant vers le sud, le long de la Vistule, nous voyons des églises, des palais et des immeubles résidentiels qui parsèment le paysage jusqu'à l'ancienne résidence du roi Jean III Sobieski à Wilanów. On distingue clairement l'église Sainte-Croix avec ses clochers jumeaux et une structure lumineuse, le palais Kazimierz, à l'écart des bâtiments voisins. Sur la terrasse du château, Bernardo Bellotto immortalise la vie quotidienne de la cour du dernier roi de Pologne. De gauche à droite, on assiste à la relève de la garde royale, à une leçon d'équitation dans le manège et aux travaux effectués sur le château par les ouvriers de l'atelier royal de sculpture. L'une des fenêtres du premier étage, située sur le bord droit, mérite une attention particulière. L'homme que l'on y voit de profil est vraisemblablement le roi Stanislas Auguste. Les personnages qui l'accompagnent ont été identifiés comme étant la belle-sœur du roi, Teresa Poniatowska née Kinska, et ses deux enfants, Józef et Maria Teresa. Le gentilhomme en uniforme clair, avec le ruban cramoisi sur la poitrine, qui aide la dame à descendre l'escalier, serait le feld-maréchal lituanien Ludwik Tyszkiewicz, à qui le tableau a été offert par le roi après son achèvement. Pour cette raison, cette composition n'a jamais fait partie du décor du château, bien qu'elle ait été peinte à la même époque que d'autres vues de la capitale réalisées par Bellotto et destinées à être exposées dans l'une des salles. Cette peinture de Bellotto est peut-être la plus belle veduta existante de Varsovie à l'époque des Lumières, non seulement en raison de l'étendue du panorama et de la précision des nombreuses structures qu'elle représente, mais aussi pour des raisons purement artistiques. Le peintre y a réalisé une harmonie magistrale entre l'architecture de la ville, le paysage léger et aéré et les figures gracieuses et élégantes. Après la Seconde Guerre mondiale et la destruction presque totale de Varsovie par les nazis, les vedute de Bellotto – dont celle-ci – ont servi de documents visuels pour la reconstruction de nombreux bâtiments de la ville qui avaient été rasés. » (Commentaire Muzeum Narodowe) |
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(*) Trois grands types de paysages peuvent être recensés dans la production italienne de l'époque : les vedute, les capricci et les paysages arcadiens.
La veduta (vedute au pluriel) est une représentation réaliste, aussi exacte que possible, du paysage urbain. L'objectif de fidélité se traduit par une méthode de travail à l'extérieur reposant sur l'observation et la prise de multiples croquis préparatoires. Le tableau est ensuite réalisé en atelier. L'artiste se réserve cependant une certaine liberté et il ne faut pas rechercher dans les vedute une parfaite exactitude topographique. Il s'agit de magnifier un paysage urbain. Pour les jeunes aristocrates du Grand Tour, les vedute sont des souvenirs qu'ils rapportent dans leur pays, équivalent de nos photographies ou vidéos.
Les capricci (capriccio au singulier) sont des compositions mettant en scène des personnages ou des épisodes de la tradition chrétienne sur fond de ruines antiques. Il s'agit de paysages imaginaires assemblant des éléments plus ou moins inspirés du réel. Le retour à l'Antique caractérisant le 18e siècle, ce sont surtout des ruines de l'Antiquité romaine qui servent de cadre à des scènes bibliques ou mythologiques.
Enfin le paysage arcadien ou idyllique reste prisé depuis le 16e siècle et il bénéficie désormais d'une longue tradition à la fois italienne et française puisque de grands artistes comme Nicolas Poussin et Claude Lorrain ont passé l'essentiel de leur vie à Rome.
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