Willem Kalf

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Patrick AULNAS

Portrait

 

Auteur inconnu. Portrait de Willem Kalf (18e siècle)

Auteur inconnu. Portrait de Willem Kalf (18e siècle)
Estampe sur papier, Bibliothèque universitaire de Leiden, Pays-Bas.

 

Biographie

1619-1693

Willem Kalf nait à Rotterdam le 3 novembre 1619. Son père est un riche marchand de draps, membre du conseil de Rotterdam. Ce père, mort en 1625, ne jouera aucun rôle dans la vocation artistique du jeune Willem. Sa première formation est mal connue, mais il pourrait avoir été influencé par Frans Rijckhals (1609-1647), artiste local réputé pour ses petites scènes paysannes comprenant des natures mortes de fruits et de légumes. Après le décès de sa mère en 1638, Willem Kalf quitte Rotterdam pour La Haye, puis s’installe à Paris en 1641. Il a alors 22 ans.

Avant le règne de Louis XIV (1654-1715), de nombreux artistes flamands du courant baroque s’étaient installés à Paris. Willem Kalf s’insère dans ce milieu artistique et peint des scènes représentant des intérieurs rustiques (fermes, cuisines, granges) qui comportent souvent une nature morte au premier plan.

 

Willem Kalf. Intérieur de cuisine (1642)

Willem Kalf. Intérieur de cuisine (1642)
Huile sur bois, 25 × 21 cm, Fondation Custodia, Paris.

 

De retour à Rotterdam en octobre 1646, Willem Kalf y poursuit son œuvre en se consacrant surtout aux natures mortes. En 1651, il épouse Cornelia Pluvier (1634-1711), poétesse, calligraphe et graveuse sur verre. Quatre enfants naîtront de cette union. Peu après le mariage, le couple s’installe à Amsterdam. Dans cette ville, il devient membre de la guilde de Saint-Luc, corporation des peintres et sculpteurs.

 

Willem Kalf. Nature morte aux fruits dans un bol Wanli (1664)

Willem Kalf. Nature morte aux fruits dans un bol Wanli (1664)
Huile sur toile, 53 × 46 cm, Museum of Fine Arts Boston, Massachusetts.

 

Les natures mortes de Kalf sont à cette époque des pronkstilleven, terme néerlandais signifiant nature morte ostentatoire. Ces natures mortes se caractérisent par la présence d’un grand nombre d’objets luxueux et souvent exotiques, par exemple de la porcelaine de Chine qui arrivait en Hollande en grande quantité à cette époque. Le genre pronkstilleven était apparu à Anvers dans la décennie 1640 et avait été repris par de nombreux artistes flamands et néerlandais.

Amsterdam était un des grands centres européens de la création artistique et du commerce de l’art dans la seconde moitié du 17e siècle. On sait que Willem Kalf était apprécié des marchands d’art, d’abord parce que ses natures mortes se vendaient bien et cher, ensuite parce qu’il avait une culture artistique lui permettant de juger de la qualité d’une œuvre. Outre son activité de peintre, Willem Kalf réalise donc de nombreuses expertises de tableaux à la demande de marchands.

Kalf réduit son activité de peintre à la fin de sa vie. Il décède le 31 juillet 1693 à l’âge de 73 ans.

 

Willem Kalf. Nature morte avec coupe Holbein, coupe Nautilus, gobelet en verre et coupe à fruits (1678)

Willem Kalf. Nature morte avec coupe Holbein, coupe Nautilus, gobelet en verre et coupe à fruits (1678)
Huile sur toile, 56 × 68 cm, Statens Museum for Kunst, Copenhague.

 

Œuvre

 

Dans la décennie 1640, Willem Kalf commence par peindre des scènes de genre rustiques comportant une nature morte. Cette peinture de la simplicité de la vie quotidienne restera présente par la suite avec, en particulier en France, Jean Siméon Chardin.

 

Willem Kalf. Femme tirant de l’eau d’un puits (v. 1645)

Willem Kalf. Femme tirant de l’eau d’un puits (v. 1645)
Huile sur cuivre, 27 × 22 cm, collection particulière.

 

Mais l’œuvre de Kalf s’inscrit surtout dans l’histoire pour ses pronkstilleven, somptueuses natures mortes juxtaposant des pièces d'orfèvrerie ou de faïence, de la porcelaine de Chine ainsi que des objets rares provenant du milieu naturel (coquillages, nautiles, corail). L’ensemble est disposé sur un tapis luxueux.

 

Willem Kalf. Nature morte avec jarre en porcelaine de Chine (1669)

Willem Kalf. Nature morte avec jarre en porcelaine de Chine (1669)
Huile sur toile, 77 × 66 cm, Indianapolis Museum of Art.

 

Dans son ouvrage Le Grand Théâtre des artistes et peintres néerlandais (1718-1721), Arnold Houbraken (1660-1719) place Willem Kalf au tout premier rang des peintres de natures mortes :

« Parmi eux, il faut citer en premier lieu WILLEM KALF, né à Amsterdam, qui savait peindre les natures mortes, et surtout l'orfèvrerie, la nacre, les cornes et les manches de couteaux en agate de façon si étonnamment élaborée et naturelle que […] ses œuvres d'art restent très estimées par tous les connaisseurs. »

Les natures mortes de Willem Kalf, caractérisées par les contrastes accentués d’ombre (gris-brun) et de lumière (ors, argents, jaunes) dérivent stylistiquement du courant baroque.

 

Willem Kalf. Intérieur de cuisine (1642)

Willem Kalf. Intérieur de cuisine (1642). Huile sur bois, 25 × 21 cm, Fondation Custodia, Paris. « Kalf a acquis de son vivant une grande renommée en tant que peintre de natures mortes. Au début de sa carrière, il a travaillé à Paris pendant plusieurs années (1640-1646), pour y réaliser des intérieurs de cuisine de ce type. Il s'agit typiquement de petits formats et de natures mortes avec des ustensiles en cuivre au premier plan, afin de démontrer l'habileté du peintre. Les personnages sont souvent secondaires et se fondent dans un arrière-plan indéfinissable. Le tableau n'a probablement jamais quitté Paris avant que Lugt ne l'achète en 1926. Il a appartenu au peintre et marchand d'art Jean-Baptiste Lebrun, qui l'a gravé pour sa Galerie des peintres flamands, hollandais et allemands (Paris 1792-1796). » (Commentaire Fondation Custodia)

Willem Kalf. Intérieur d'une cuisine rustique (1642-43)

Willem Kalf. Intérieur d'une cuisine rustique (1642-43). Huile sur bois, 40 × 52 cm, musée du Louvre, Paris. « Typique tableau à la flamande (Brouwer, Teniers) et relevant à ce titre de la période française (1642-1646) de Kalf et d’une belle saveur picturale qui sut retenir le grand Boucher du XVIIIe s. […]
François Boucher (1703-1770), peintre, Paris, qui a pu l’acquérir lors de son voyage dans les Pays-Bas en 1766. » (Commentaire musée du Louvre)

Willem Kalf (anciennement). Armes et armures (1643-45)

Willem Kalf (anciennement). Armes et armures (1643-45). Huile sur toile, 200 × 170 cm, musée de Tessé, Le Mans. On a longtemps considéré que cette grande et splendide nature morte était l’œuvre de Willem Kalf et qu’elle avait été réalisée lors de son séjour à Paris. Une étude approfondie du tableau a conduit à l’attribuer à Willem Van Aelst (1627-1683) en 2012. Van Aelst était également à Paris à cette époque et un élément de signature, déjà utilisé par lui dans un autre tableau, apparaît sur Armes et armures. Il s’agit des deux initiales V et A. Des caractéristiques stylistiques communes aux œuvres de Van Aelst viennent compléter la démonstration.

Willem Kalf. Femme tirant de l’eau d’un puits (v. 1645)

Willem Kalf. Femme tirant de l’eau d’un puits (v. 1645). Huile sur cuivre, 27 × 22 cm, collection particulière. La figure de la femme reste très sommaire, le peintre s’intéressant beaucoup plus à la nature morte de légumes du premier plan, avec des effets de lumière inspirés de la peinture baroque.

Willem Kalf. Intérieur de ferme avec homme agenouillé (1645)

Willem Kalf. Intérieur de ferme avec homme agenouillé (1645). Huile sur toile, 40 × 28 cm, Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam. Les scènes de genre peintes à Paris par l’artiste attestent déjà de son faible intérêt pour les personnages, qui sont parfois seulement esquissés comme la femme en arrière-plan. La nature morte de la droite a par contre fait l’objet de tous les soins du peintre, avec des effets de lumière très étudiés.

Willem Kalf. Nature morte avec corne à boire (v. 1653)

Willem Kalf. Nature morte avec corne à boire (v. 1653). Huile sur toile, 86 × 102 cm, The National Gallery, Londres. « Cette nature morte – l'un des genres les plus populaires dans la Hollande du XVIIe siècle – célèbre les défis que représente la représentation des jeux de lumière sur différentes surfaces et textures. Observez les reflets subtils du tissage du tapis turc, la brillance et l'éclat de l'argent et du verre, la chair humide du citron et la texture cireuse de son écorce.
Les objets choisis évoquent également un mode de vie somptueux. Le homard était un plat de luxe et les citrons étaient rares et chers, tout comme le verre fin, le tapis oriental et la vaisselle en argent. Ce tableau a probablement été commandé par un ou plusieurs membres de la guilde des archers de Saint-Sébastien à Amsterdam. La base de la monture en argent qui supporte la corne à boire représente le martyre de saint Sébastien – il a été ligoté et criblé de flèches – tandis que le support situé sous la table a été sculpté pour représenter le dieu romain Cupidon, célèbre pour ses flèches d'amour. » (Commentaire The National Gallery)

Willem Kalf. Nature morte avec une cruche en argent et un bol en porcelaine (1655-60)

Willem Kalf. Nature morte avec une cruche en argent et un bol en porcelaine (1655-60). Huile sur toile, 74 × 65 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. « Willem Kalf n'a pas peint les objets asiatiques les plus courants qui circulaient dans la République néerlandaise, mais a généralement choisi des exemples rares qui avaient déjà plusieurs dizaines d'années. Il a parfois combiné des éléments provenant de différents objets. Par exemple, la décoration de l'intérieur de ce bol est typique des klapmutsen (bols à bord plat) du début du siècle, tandis que la décoration de l'extérieur s'inspire d'une pièce de porcelaine contemporaine. » (Commentaire Rijksmuseum)

Willem Kalf. Nature morte (v. 1660)

Willem Kalf. Nature morte (v. 1660). Huile sur toile, 64 × 54 cm, National Gallery of Art, Washington. « Willem Kalf était l'un des peintres de natures mortes les plus célèbres, les plus recherchés et les plus prospères du XVIIe siècle. Avec sa composition pyramidale décentrée, cette nature morte est un exemple typique d'un format de composition utilisé par Kalf à la fin des années 1650 et au début des années 1660. La coupe à fruits en porcelaine de Chine préférée de l'artiste, datant de la dynastie Wan-Li, est inclinée pour révéler le bleu sur blanc des décorations se mariant si bien avec l'orange, le jaune et le rouge des fruits. L'engouement pour la porcelaine de Chine s'est développé aux Pays-Bas après la capture de navires portugais transportant une importante cargaison de porcelaine Wan-Li en mars 1603 et s'est poursuivi tout au long du siècle.
Avec leurs représentations de tapis orientaux, de verres vénitiens, d'oranges de Séville, de couteaux à manche d'agate et surtout de porcelaine de Chine, les peintures de Kalf évoquent les confins du monde. En plaçant ces objets exotiques sur des fonds sombres et contrastés, Kalf a pu valoriser leurs formes avec des accents de lumière. » (Commentaire National Gallery of Art)

Willem Kalf. Nature morte avec coupe Holbein, coupe Nautilus, gobelet en verre et coupe à fruits (1678)

Willem Kalf. Nature morte avec un bol chinois, une coupe Nautilus et d'autres objets (1662). Huile sur toile, 79 × 67 cm, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid. « Cette nature morte est un superbe exemple d’un genre qui a acquis son indépendance – et aussi une grande popularité – au XVIIe siècle. La toile est en elle-même un condensé de l'œuvre de Kalf, rassemblant les éléments les plus remarquables de son style. Les somptueux objets représentés – le bol chinois Ming, le verre à vin avec son couvercle en verre filigrané et le tapis persan – figurent dans de nombreux tableaux de l'artiste. En outre, la lumière est utilisée de manière caractéristique pour renforcer le jeu des reflets et des éclats projetés par les objets. Cette toile, l'une des rares que Kalf ait signée et datée, constitue une référence précieuse pour l'élaboration d'une chronologie de ses peintures. » (Commentaire Museo Nacional Thyssen-Bornemisza)

Willem Kalf. Nature morte aux fruits dans un bol Wanli (1664)

Willem Kalf. Nature morte aux fruits dans un bol Wanli (1664). Huile sur toile, 53 × 46 cm, Museum of Fine Arts Boston, Massachusetts. « L'habileté de Kalf s'exprime pleinement dans cette exquise nature morte. Par l’inclinaison du bol de porcelaine bleu et blanc, elle saisit la délicatesse et la translucidité qui rendaient ces objets si désirables. La porcelaine de Chine était l'une des marchandises les plus convoitées et les plus rentables importées par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. En moyenne, la compagnie importait 200 000 pièces de porcelaine par an. Marqueurs de mode et de bon goût, ces objets précieux remplissaient les demeures hollandaises. » (Commentaire Museum of Fine Arts Boston)

Willem Kalf. Nature morte avec jarre en porcelaine de Chine (1669)

Willem Kalf. Nature morte avec jarre en porcelaine de Chine (1669). Huile sur toile, 77 × 66 cm, Indianapolis Museum of Art. « Les objets de cette composition dynamique correspondent aux marchandises étrangères ou locales circulant dans le grand centre commercial qu’était Amsterdam, ville où Kalf a exécuté cette peinture. Les produits de luxe importés – la jarre en porcelaine de Chine de la dynastie Qing, le citron à l'écorce spiralée et le délicat verre vénitien – ont pour fonction d’ancrer l'arrangement. Le plateau en argent orné et le verre à vin, posé sur une monture dorée ornée d'un putto tenant une corne d'abondance, incarnent l'artisanat local néerlandais le plus raffiné. Ces objets précieux reflètent subtilement la lumière, qui les transforme en joyaux étincelants […] » (Commentaire Indianapolis Museum of Art.)

Willem Kalf. Nature morte avec coupe Holbein, coupe Nautilus, gobelet en verre et coupe à fruits (1678)

Willem Kalf. Nature morte avec coupe Holbein, coupe Nautilus, gobelet en verre et coupe à fruits (1678). Huile sur toile, 56 × 68 cm, Statens Museum for Kunst, Copenhague. « En se concentrant sur quelques objets, Kalf a utilisé un clair-obscur évocateur, particulièrement adapté à la représentation de la lumière reflétée sur les surfaces des objets, qu'il s'agisse du bol aux abricots veloutés, de la porcelaine brillante ou de la coupe de nautile en nacre. Les objets représentés dans la nature morte de Kalf étaient loin d'être à la portée du commun des mortels. Par exemple, le récipient à couvercle en cristal de roche avec garniture en or représenté au milieu est la coupe Holbein, qui a appartenu à Henri VIII (1491-1547), une pièce que Kalf aurait pu voir dans les galeries d'art d'Amsterdam. Entre la coupe Holbein et la coupe en porcelaine se trouve une montre de poche avec un couvercle en cristal ouvert et une clé suspendue à un ruban bleu. La montre peut aussi être le symbole d'un message moral indiquant que nos vies terrestres prendront bientôt fin. » (Commentaire Statens Museum for Kunst)

Willem Kalf. Nature morte aux coquillages et au corail (v. 1690)

Willem Kalf. Nature morte aux coquillages et au corail (v. 1690). Huile sur toile, 25 × 33 cm, Mauritshuis, La Haye. L’une des dernières œuvres connues de l’artiste, qui abandonne les pronkstilleven, natures mortes représentant des objets somptueux et souvent exotiques, pour se consacrer aux merveilles des fonds marins.

 

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