Pieter Lastman

 
 

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Patrick AULNAS

Pieter Lastman. Haman suppliant pour la grâce (v. 1618)

Pieter Lastman. Haman suppliant pour la grâce (v. 1618)
Huile sur bois, 52 × 78 cm, Muzeum Narodowe, Varsovie

 

Biographie

1583-1633

Pieter Lastman est né à Amsterdam en 1583. Il est le quatrième enfant de Pieter Segersz (1548-1603) et de Barber Jacobsdr (1549-1624), tous deux catholiques. Son père avait plusieurs fonctions à Amsterdam. Il administrait les biens des orphelins, des mères célibataires et des veuves, mais jouait également le rôle d’intermédiaire chargé de transmettre les informations des autorités de la ville d’Amsterdam dans une période plutôt troublée. Sa mère exerçait une fonction d’évaluatrice assermentée de biens.

D'après Karel Van Mander (*), le peintre Gerrit Pietersz Sweelink (1566-1612 environ), enseigna la peinture à Lastman. Son apprentissage dura approximativement de 1597 à 1603. A cette date, Lastman se rend en Italie et y découvre les œuvres de Caravage et d’Annibal Carrache. Il devient  également devenu à Rome l’ami d’Adam Elsheimer (1578-1610), peintre allemand du courant baroque, vivant en Italie, qui l’influencera beaucoup à ses débuts. Certains dessins de Lastman attestent de sa présence à Rome en 1606, par exemple cette vue du Mont Palatin :

 

Pieter Lastman. Vue du Mont Palatin (1606)

Pieter Lastman. Vue du Mont Palatin (1606)
Plume, encre brune, lavis brun et gris, 16,4 × 23 cm, collection particulière.

 

Début 1607, il est de retour à Amsterdam. On sait en effet qu’il a assisté en mars 1607 à la vente des tableaux de l’atelier du peintre paysagiste flamand Gillis van Coninxloo (1544-1607) qui venait de mourir. A cette époque, Pieter Lastman vivait dans la maison familiale située sur la Sint Jansstraat (rue Saint-Jean) avec sa mère, son frère et sa sœur. En 1608, la famille s’installe dans un endroit beaucoup plus prestigieux, la Sint Anthoniesbreestraat (Avenue Saint-Antoine), nouvelle voie urbaine choisie par les personnes vivant dans l’aisance financière.

Quelques autres évènements de la vie de Lastman sont documentés. En février 1613, il était présent au cours d’une enquête concernant une bagarre dans une taverne impliquant le peintre Jan Pynas (1582-1631). En 1615, Pieter Lastman était impliqué dans une dispute avec Hillegont Bredero (1587-1647), sœur du poète Gerbrand Bredero (1585-1618). Lastman était fiancé à Hillegont Bredero et la dispute portait sur la rupture de la promesse de mariage. Par la suite, Lastman ne s’est jamais marié.

A Amsterdam, Pieter Lastman était réputé bon connaisseur de l’œuvre de Caravage et on recourait à lui comme expert du peintre italien. Ce fut le cas en 1619 pour l’examen d’une Crucifixion de saint André attribuée à Caravage et de nouveau en 1629 pour apprécier la qualité d’une copie de Caravage représentant la Madone du Rosaire et réalisée par Louis Finson (1580-1617), peintre flamand de tendance caravagesque.

 

Pieter Lastman. Le Bon Samaritain (1612-15)

Pieter Lastman. Le Bon Samariain (1612-15)
Huile sur toile, 102 × 128 cm, The Kremer Collection

 

La famille Lastman vivait dans l’aisance. En 1624, à la mort de sa mère, Barber Jacobsdr, la vente aux enchères de ses biens rapporte une somme de 23 000 florins. Le patrimoine de Pieter Lastman lui-même était important. Il fit un premier testament en 1528 par lequel il léguait ses biens à son frère Seger et à sa sœur Agnietje ainsi qu’à ses cousins, nièces et neveux. En 1632, gravement malade, il fit réaliser un inventaire de ses biens et modifia son testament. De nombreux dessins et tableaux apparaissent dans cet inventaire ayant pour auteurs Claes Moyaert (1592-1655), Jacob Jordaens (1593-1678), Cornelis Vroom (1591-1661) et Hendrick Goltzius (1558-1617), mais aucune œuvre de Rembrandt. Il est cependant attesté que Rembrandt fut pendant six mois environ, vers 1624-25, l’élève de Lastman et conserva toujours une vive admiration pour lui.

Lastman meurt au printemps 1633 et il est enterré à l’Oude Kerk (Vieux cimetière) d’Amsterdam le 4 avril.

 

Œuvre

Au cours de son séjour en Italie au tout début du 17e siècle, Pieter Lastman fut surtout influencé par Adam Elsheimer (1578-1610), qui peignait de petits formats sur cuivre représentant des scènes religieuses et mythologiques dans un cadre paysager. L’influence d’Elsheimer se traduit par la prévalence de ces thèmes et le nombre important de petits formats sur bois dans l’œuvre de Lastman. Les premières peintures connues de Lastman, comme La fuite en Égypte (1608) constituent une transposition pure et simple sur bois des compositions d’Elsheimer.

 

Pieter Lastman. La fuite en Égypte (1608)

Pieter Lastman. La fuite en Égypte (1608)
Huile sur bois, 29,2 × 25,7 cm, Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam

 

Mais l’influence caravagesque du séjour italien dominera par la suite, avec cependant des apports maniéristes venant édulcorer la brutalité baroque. Pieter Lastman est donc couramment considéré comme l’un des artistes ayant importé d’Italie le style baroque et le qualificatif  « pré-rembranesque » lui a été attribué ainsi qu’à un groupe de peintres néerlandais dont la peinture annonce celle de Rembrandt, par exemple Jacob Symonsz. Pynas (environ 1592-1650),  François Venant (1591-1636), Jan Tengnagel (1584-1635).

 

Pieter Lastman. Oreste et Pylade se disputant devant l'autel (1614)

Pieter Lastman. Oreste et Pylade se disputant devant l'autel (1614)
Huile sur bois, 83 × 126 cm, Rijksmuseum Amsterdam

 

Chez Lastman, les compositions complexes, riches en couleurs et en détails multiples, comme Oreste et Pylade se disputant devant l’autel (1614) coexistent avec des tableaux recherchant la dramatisation baroque par le clair-obscur et le réalisme descriptif (La mise au tombeau, 1612).

 

Pieter Lastman. La mise au tombeau (1612)

Pieter Lastman. La mise au tombeau (1612)
Huile sur bois, 123 × 101 cm, Palais des Beaux-arts, Lille

 

Après 1620, Lastman semble perdre une partie de sa puissance créative, mais certains tableaux tardifs comportent encore une richesse chromatique exceptionnelle et une expressivité forte (La prédication de Jean-Baptiste, 1627).

 

Pieter Lastman. La prédication de Jean-Baptiste (1627)

Pieter Lastman. La prédication de Jean-Baptiste (1627)
Huile sur bois, 60 × 92 cm, Mauritshuis, La Haye

 

Huiles

Pieter Lastman. La fuite en Égypte (1608)

Pieter Lastman. La fuite en Égypte (1608). Huile sur bois, 29,2 × 25,7 cm, Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam. Le roi Hérode Ier de Palestine, ayant appris la naissance à Bethléem du roi des Juifs, donne l’ordre de tuer tous les enfants de moins de deux ans se trouvant dans la ville. Prévenu par un songe, Joseph s’enfuit en Égypte avec l’enfant Jésus et sa mère Marie.
Ils y resteront jusqu’à la mort d’Hérode. Lastman s’inspire ici des petits tableaux sur cuivre d’Adam Elsheimer pour composer un paysage comportant au premier plan une scène religieuse célèbre et mille fois représentée.

Pieter Lastman. L’ange et le jeune Tobie avec le poisson (v. 1610)

Pieter Lastman. L’ange et le jeune Tobie avec le poisson (v. 1610).  Huile sur bois, 34,3 × 59 cm, Szépművészeti Múzeum, Budapest. Le livre de Tobie fait partie de l’Ancien Testament. Après de multiples péripéties, le jeune Tobie parvient à guérir la cécité de son père avec du fiel de poisson. L’épisode biblique permet au peintre de composer un paysage aquatique comportant un aspect fantastique lié à la taille du poisson que Tobie vient de pêcher.

Pieter Lastman. La Résurrection (1612)

Pieter Lastman. La Résurrection (1612). Huile sur bois, 43,5 × 32,4 cm, J. Paul Getty Museum, Los Angeles. « Son visage brillait comme l’éclair, ses vêtements étaient aussi blancs que la neige. À sa vue, les gardes furent saisis d’épouvante et tombèrent à terre comme morts. (Évangile selon Mattieu, 28)
L’utilisation de la lumière et de l’ombre, des couleurs saturées et des gestes audacieux restituent spectaculairement le drame de la Résurrection, décrit de façon si vivante dans la Bible […] Dans La Résurrection, Lastman a souligné le pouvoir expressif du miracle se réalisant, en opposant la lumière divine au destin de ceux qui ne sont pas rachetés. Un ange soulève doucement le lourd couvercle de la tombe pendant que le Christ monte au paradis entouré de putti. Le halo de lumière vive entourant le Christ illumine l’ange en position debout et rejette dans l'ombre le soldat aux bras levés, soulignant son costume rouge vif. Un soldat terrorisé gît sur le sol, la tête rejetée en arrière et le bras levé comme pour parer un coup. À droite, l’homme au turban protège ses yeux tandis que le soldat au chapeau à plumes dort. A l’arrière-plan, les rayons du soleil levant éclairent l’arrivée des trois Marie. » (Commentaire J. Paul Getty Museum)

Pieter Lastman. La mise au tombeau (1612)

Pieter Lastman. La mise au tombeau (1612). Huile sur bois, 123 × 101 cm, Palais des Beaux-arts, Lille. « L’histoire de l’arrivée de cette œuvre au musée est rocambolesque. Alors qu’il hérite du tableau suite à la mort d’un cousin curé, un habitant de l’Avesnois demande l’avis du conservateur du Palais des Beaux-Arts, Pierre Maurois. Il lui demande si l’œuvre a de la valeur. Celui-ci observe le tableau et – bien que très abîmé – il reconnait la signature de Jan Pietersz Lastman, le maître de Rembrandt !
Le tableau montre une Mise au tombeau. C’est une scène qui intervient dans la Bible après la mort de Jésus-Christ sur la croix. Ses proches, parmi lesquels la Vierge Marie et ses premiers disciples Marie-Madeleine et saint Jean, se regroupent autour de lui pour le placer dans une tombe. L’homme richement vêtu et coiffé d’un turban est Joseph d’Arimathie. Celui qui tient les pieds de Jésus est Nicodème. Ils sont eux aussi deux des premiers partisans du Christ.
La particularité de cette œuvre est qu’elle présente deux fois les personnages de la Vierge et de Marie-Madeleine, au premier et au second plan. C’est un procédé hérité du Moyen Age, qui consiste à faire apparaître sur une même œuvre deux moments différents.
L’œuvre est d’une grande qualité, c’est pourquoi le successeur de Pierre Maurois, Albert Châtelet, s’empressera d’acheter l’œuvre. Il déboursera la somme de 9500 francs, soit un peu moins de 400 euros. Une excellente affaire ! » (Commentaire Palais des Beaux-arts de Lille)

Pieter Lastman. Le Bon Samaritain (1612-15)

Pieter Lastman. Le Bon Samaritain (1612-15). Huile sur toile, 102 × 128 cm, The Kremer Collection. « Le présent tableau illustre la parabole du Bon Samaritain, relatée dans l’Évangile de Luc, que Jésus a racontée à un érudit afin de donner un exemple de charité. Cette parabole concerne  un voyageur qui a été attaqué, volé et abandonné, gravement blessé. Un prêtre et un lévite sont passés près de cet homme sans faire preuve de miséricorde. Mais le Samaritain s'est occupé du voyageur blessé et l’a amené dans une auberge (Luc 10.30-35). L’image est dominée par le corps nu et éclairé du blessé, sur lequel le Samaritain se penche. A gauche, son cheval apparaît à l'ombre, tandis qu’à droite s’ouvre un paysage, avec deux personnages lointains mais reconnaissables (le prêtre et le lévite).
Le Bon Samaritain est peint sur une toile, support que Lastman n’utilise que pour les grandes compositions. La taille imposante des personnages et leur position près de la bordure inférieure sont inhabituelles. » (Commentaire The Kremer Collection)

Pieter Lastman. Oreste et Pylade se disputant devant l'autel (1614)

Pieter Lastman. Oreste et Pylade se disputant devant l'autel (1614). Huile sur bois, 83 × 126 cm, Rijksmuseum Amsterdam. Le tableau illustre un épisode de la mythologie grecque. Oreste et son ami Pylade se rendent en Tauride (Crimée) où se trouve le sanctuaire de la déesse Artémis. Ils veulent voler une statue célèbre, vouée au culte de la déesse, qui a été placée dans un temple gardé par la prêtresse Iphigénie, sœur d’Oreste, que celui-ci croyait morte. Les deux amis sont faits prisonniers avant d’avoir accompli leur forfait. Tous les étrangers accédant au temple doivent être mis à mort. Iphigénie décide cependant de gracier l’un des deux compagnons, leur laissant le soin de décider qui. Ils se disputent car chacun veut mourir pour sauver l’autre. Dans la Grèce antique, Oreste et Pylade symbolisent en effet l’amitié indéfectible. La fin de l’histoire est un rebondissement hollywoodien : Iphigénie reconnaît son frère et s’enfuit avec les deux hommes en emportant la statue.
La composition de Lastman dissocie habilement la foule en arrière-plan et les personnages principaux placés à gauche (Oreste et Pylade) et à droite (Iphigénie) de l’autel du sacrifice et puissamment éclairés. La statue d’Artémis apparaît à droite, un peu en retrait. L’importance du paysage dans ce type de composition marque l’influence d’Adam Elsheimer.

Pieter Lastman. Susanne et les vieillards (1614)

Pieter Lastman. Susanne et les vieillards (1614). Huile sur bois, 47 × 38 cm, Gemäldegalerie der Staatlichen Museen, Berlin. Épisode biblique. Une jeune femme, Suzanne, est surprise par deux vieillards alors qu’elle prend son bain. Elle refuse leurs avances et les vieillards l’accusent alors d’adultère. Elle est condamnée à mort. Le prophète Daniel prend sa défense et fait condamner les vieillards. Cette scène de harcèlement inspirait beaucoup les artistes à cette époque. Elle a été traitée maintes et maintes fois. Peu avant Lastman, en 1610, Artemisia Gentileschi en avait donné une version beaucoup plus baroque, véritable plan rapproché sur les trois personnages. Le tableau de Lastman reste imprégné de maniérisme par le choix des couleurs et des postures, alors que celui de Gentileschi insiste sur la violence des vieillards et la frayeur de Suzanne.

Pieter Lastman. Le Christ et la cananéenne (1617)

Pieter Lastman. Le Christ et la cananéenne (1617). Huile sur bois, 75 × 105 cm, Rijksmuseum Amsterdam. L’épisode se trouve dans l’Évangile selon Matthieu (15, 21-28), dont voici le texte :
21 Partant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. 22 Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »
23 Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! »   24 Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
25 Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » 26 Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » 27 Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »
28 Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »  Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.

Pieter Lastman. Junon découvrant Jupiter avec Io (1618)

Pieter Lastman. Junon découvrant Jupiter avec Io (1618). Huile sur bois, 54 × 78 cm, National Gallery, Londres. « Le récit le plus connu de cet épisode est relaté par Ovide dans les Métamorphoses. Io a été séduite par Jupiter, qui l’a ensuite transformée en génisse dans le but de tromper son épouse, Junon. Junon, cependant, se fait donner la génisse par Jupiter, puis la place sous la garde d'Argus, le géant aux cent yeux. Lastman représente le moment où Junon descend sur terre, entourée de paons, et demande la génisse. Il ajoute deux personnages non mentionnés par Ovide – Cupidon et l’homme masqué qui sont respectivement des allégories de l’amour et de la tromperie. Les queues des paons n'ont pas encore d’yeux. Jupiter fit ensuite tuer Argus et ses cent yeux furent transférés sur la queue du paon.
Le livre d'Ovide avait déjà été traduit en néerlandais vers 1590 et était souvent utilisé par les artistes comme source de sujets mythologiques pour leurs peintures : il est finalement devenu la "Bible des peintres". En 1604, l'écrivain néerlandais Karel van Mander a consacré une partie importante de son Schilderboek (Livre de la peinture) à l'interprétation des récits d'Ovide. » (Commentaire National Gallery)

Pieter Lastman. Haman suppliant pour la grâce (v. 1618)

Pieter Lastman. Haman suppliant pour la grâce (v. 1618). Huile sur bois, 52 × 78 cm, Muzeum Narodowe, Varsovie. Illustration d’un épisode de l’Ancien Testament (Livre d'Esther). Haman est vizir de l’Empire perse sous le règne d'Assuérus et il est décrit comme un ennemi du peuple juif. Haman prépare le projet de tuer tous les juifs de l’Empire perse. Son projet est déjoué par la reine Esther et son oncle Mardochée et se retourne contre Haman et sa famille. Haman et ses dix fils sont pendus par les Juifs avec l’approbation du roi Assuérus. Lastman représente Haman suppliant la reine Esther d’intervenir pour sa grâce dans une architecture ouverte sur un paysage.

Pieter Lastman. Pâris et Œnone (1619)

Pieter Lastman. Pâris et Œnone (1619). Huile sur bois, 48,9 × 71,4 cm, Worcester Art Museum, États-Unis. « Lastman, l’un des principaux peintres de sujets religieux et mythologiques du début de l'âge d'or hollandais, est également connu comme le principal maître de Rembrandt. Il est le chef de file d’un groupe d'artistes souvent appelés les "pré-rembranesques", spécialisés dans la représentation de scènes narratives. Leur but était d'illustrer des histoires de manière simple, en utilisant souvent des gestes expressifs et des éléments naturalistes.
Lastman a peint au moins trois versions de ce sujet, issu d’une ancienne légende grecque. Pâris, qui avait été élevé par des bergers, s’éprend de la nymphe Œnone, qui lui remet une couronne de fleurs, ce qui signifie qu'elle consent à renoncer à sa virginité. Le jeune couple est entouré d'éléments liés au thème de l'amour. Le chien et les personnages croisés à gauche symbolisent la fidélité, tandis que les chèvres, le melon et la cornemuse à droite évoquent la sexualité. Les éléments de droite prédisent le sort de ce jeune couple, dont le mariage prendra fin lorsque Paris abandonnera Œnone pour Hélène de Troie. » (Commentaire Worcester Art Museum)

Pieter Lastman. Pâris et Œnone (1619)

Pieter Lastman. Jonas et la baleine (1621). Huile sur bois, 36 × 52 cm, Museum Kunstpalast, Düsseldorf. « Selon l'Ancien Testament, Jonas a été recueilli dans l’estomac d’une baleine pendant trois jours et trois nuits, puis recraché sur le rivage ; c’est alors qu’il accepte le pouvoir de Dieu. Dans un format réduit permettant de remplir tout le tableau, Lastman représente ce moment crucial où le prophète n'a pas encore atteint la sécurité de la terre. Il place au premier plan, à côté du poisson fantastique, un Jonas nu et complètement désarticulé. La corporéité, le traitement de la lumière et l'expressivité attestent des parallèles avec l'art maniériste italien. Lastman s'était rendu en Italie au début du XVIIe siècle. Le format et la composition peuvent vraisemblablement être expliqués par le fait que le tableau devait servir d’enseigne, à partir de 1620, pour le  magasin du marchand Isaak Bodden à Amsterdam, qui s'appelait Jonas. » (Kathrin DuBois, Museum Kunstpalast)

Pieter Lastman. La prédication de Jean-Baptiste (1627)

Pieter Lastman. La prédication de Jean-Baptiste (1627). Huile sur bois, 60 × 92 cm, Mauritshuis, La Haye. « La prédication de Jean-Baptiste est signée et datée de 1627. La composition encombrée, la luminosité intense et le riche chromatisme sont typiques des œuvres d’histoire peintes par Lastman à l'époque où Rembrandt était son apprenti. Le tableau représente la prédication de Jean-Baptiste dans un paysage. Jean-Baptiste a annoncé la venue du Christ dans ses sermons. Il a également appelé les gens à confesser leurs péchés et à se faire baptiser par lui dans le Jourdain. La prédication de Jean-Baptiste était un thème populaire parmi les artistes du XVIe siècle, car elle offrait l’occasion de représenter à la fois des personnages et un paysage.
Dans son interprétation du sujet, Lastman a mis l'accent sur l’interaction entre le prophète qui prêche avec les bras écartés et ses auditeurs ; le paysage joue un rôle mineur. Un groupe coloré de personnes de tous âges et de tous rangs s'est réuni autour de Jean-Baptiste. La plupart le regarde et écoute attentivement. L'un des trois garçons, qui a grimpé sur un rocher en haut à gauche, rappelle à ses amis de se taire en tenant son doigt contre sa bouche. Cependant, certaines personnes se détournent de Jean-Baptiste et nous regardent directement, de sorte que nous participons directement au sermon. » (Commentaire Mauritshuis)

 

Pieter Lastman. La crucifixion (1628)

Pieter Lastman. La crucifixion (1628). Huile sur bois, 109 × 64 cm, Virginia Museum of Fine Arts,  Richmond. « Lastman était catholique romain dans une Hollande à majorité protestante. Vivant à Amsterdam, il a enseigné à la fois à Jan Lievens et à Rembrandt. Lastman voyage en Italie entre 1602 et 1607 et importe dans le nord des Pays-Bas un nouveau style nouveau initié par Caravage et basé sur une utilisation dramatique de la lumière et un réalisme cru.
Lastman est devenu un peintre renommé pour ses scènes figuratives illustrant des thèmes bibliques et mythologiques. Cette représentation émouvante de la crucifixion a probablement été réalisée pour la dévotion privée d’un mécène catholique. Bien qu’officieusement tolérés par les protestants, principalement ceux de la ville marchande d'Amsterdam, les catholiques prudents priaient soit dans leur propre maison, soit dans des chapelles secrètes. » (Commentaire Virginia Museum of Fine Arts)

 

Dessins

Pieter Lastman. Vue du Mont Palatin (1606)

Pieter Lastman. Vue du Mont Palatin (1606)
Plume, encre brune, lavis brun et gris, 16,4 × 23 cm, collection particulière.

Pieter Lastman. Le Forum de Nerva vu du temple de Minerve (1607)

Pieter Lastman. Le Forum de Nerva vu du temple de Minerve (1607)
Plume, encre brune, lavis brun, 18,3 × 23,1 cm, Rijksmuseum, Amsterdam.

 

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Pieter Lastman

 

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(*) Karel Van Mander. Le livre des peintres. Vie des peintres flamands, hollandais et allemands (1604)

 

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