Pierre Dupuis
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Patrick AULNAS
Portrait
Antoine Masson. Pierre Dupuis, peintre de fleurs (1663)
Estampe 31 × 23 cm, gravure au burin sur cuivre, d’après un portrait de Nicolas Mignard (1606-1668)
Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris
Biographie
1610-1682
Pierre Dupuis, fils d’un marchand, est né le 3 mars 1610 à Montfort-l’Amaury, petite commune située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Paris. Dans la décennie 1630, il s’installe à Paris et s’intéresse aux natures mortes, rencontrant des peintres spécialisés dans ce genre comme Pieter van Boucle (v. 1600-1673) et Louise Moillon (1610-1696).
Pierre Dupuis. Corbeille de prunes et grenade sur un entablement sculpté (v. 1640-50)
Huile sur toile, 51 × 60,5 cm, collection particulière.
Il part en Italie vers 1633 et y reste plusieurs années, jusqu’à 1639. C’est en Italie qu’en 1637, il se lie d’amitié avec le grand artiste du classicisme français Pierre Mignard (1612-1695). Après son séjour en Italie, il s’arrête à Avignon et y épouse Anne de La Pierre en 1640. Rejoignant Paris au début des années 1640, il connaît rapidement le succès. En 1646, il est nommé peintre ordinaire des écuries du roi par Henri de Lorraine (1601-1666), grand écuyer de France, et perçoit à ce titre une allocation annuelle de 100 livres.
Pierre Dupuis. Nature morte avec coupe de raisins, une pêche et un melon sur une table tapissée (1660-75)
Huile sur toile, 50 × 59 cm, collection particulière.
Très apprécié en France, la réputation de Pierre Dupuis se développe à l’étranger. L’archiduc Léopold-Guillaume de Habsbourg (1614-1662), gouverneur des Pays-Bas, évêque et collectionneur, possédait trois toiles de l’artiste dans sa galerie de Bruxelles. Dupuis devient académicien en 1663 avec comme morceau de réception Nature morte aux prunes, grenades et fleurs de lys
Pierre Dupuis. Nature morte aux prunes, grenades et fleurs de lys (1663)
Huile sur toile, 89 × 116 cm, collection particulière.
La fin de la carrière du peintre fut difficile. Paralysé, il ne pouvait plus peindre et dut être secouru par l’Académie qui lui versa chaque semaine une petite somme prise sur le fonds des amendes. Il meurt à Paris le 18 février 1682 et il est inhumé au cimetière des Innocents.
Œuvre
Dès le 16e siècle, la nature morte connaît le succès aux Pays-Bas. Mais il faut attendre le 17e siècle pour la voir se développer en France. Au début du siècle, le réalisme s’impose. Les artistes s’attachent à la vérité de la représentation d’éléments naturels devant apparaître sans les artifices d’un agencement à vocation esthétique. La composition est en général quasi-symétrique. A ses débuts, Pierre Dupuis reste influencé par ce standard.
Pierre Dupuis. Le panier de prunes (1630-40)
Huile sur toile, 52 × 62 cm, musée Jeanne d’Aboville, La Fère.
Par la suite, apparaissent les tapis, la vaisselle précieuse ou même des animaux exotiques. L’aspect décoratif domine avec l’agencement artificiel d’éléments hétéroclites. La symétrie de la composition est abandonnée. La deuxième partie de la carrière de Pierre Dupuis est marquée par cette évolution.
Pierre Dupuis. Nature morte aux prunes (v. 1655-76)
Huile sur toile, 119 × 84 cm, musée des Beaux-Arts d’Agen.
Pour la nature morte du 17e siècle français, l’historien de l’art Michel Faré (1913-1981) opposait les maîtres de la réalité du début du siècle aux peintres décorateurs de la seconde partie du siècle. Pierre Dupuis est un artiste particulièrement intéressant car son œuvre reflète cette transition. Un artiste comme Jean-Baptiste Monnoyer (1636-1699) appartient complétement à la catégorie des peintres décorateurs. Pour observer la distance séparant les œuvres de ce dernier artiste des maîtres de la réalité, on pourra se reporter aux exceptionnelles natures mortes de l’espagnol Francisco de Zurbarán (1598-1664)
Pierre Dupuis. Le panier de prunes (1630-40). Huile sur toile, 52 × 62 cm, musée Jeanne d’Aboville, La Fère. « La plus belle nature morte du musée, Le panier de prunes, est l’œuvre d’un artiste français, Pierre Dupuis, qui s’est distingué par sa manière sobre et subtile. Le tableau étonne en effet par l’apparente simplicité de sa composition épurée, qui cache une structure pyramidale terminée par la tige de prunier cassée. Cet arrangement est fidèle au style du peintre au début de sa carrière parisienne, dans les années 1630-1640. Les fruits rassemblés dans un panier d’osier sont mis en valeur par le coloris neutre de l’arrière-plan ainsi que par le léger rayon de lumière qui illumine le tableau depuis la droite. Pierre Dupuis a mis en œuvre une technique illusionniste frappante pour dépeindre les prunes, notamment les traces d’humidité sucrées qui perlent à la surface de la peau des fruits. Les différents rendus de texture participent également de l’effet dégagé par cette œuvre, entre le satiné des fruits, la rugosité des branches et la douceur du drap de velours qui recouvre la table. D’apparence austère par sa composition et sa gamme colorée restreinte, cette nature morte est un chef-d’œuvre de naturalisme caractéristique de la peinture française du début du XVIIe siècle, autrefois dénommée “peinture de la réalité” ». (Commentaire musée Jeanne d’Aboville) |
Pierre Dupuis. Nature morte de pêches dans un panier en osier (v. 1640). Huile sur toile, 50 × 59 cm, collection particulière. « Le peintre français Pierre Dupuis a exécuté cette nature morte harmonieuse vers 1640, au début de sa carrière. La dextérité technique, la composition équilibrée et la subtile palette de couleurs illustrent le rôle central de Dupuis dans le développement de la peinture de natures mortes française au XVIIe siècle. Ces mêmes caractéristiques ont conduit le contemporain de Dupuis, l’historiographe royal et précoce théoricien de l’art André Félibien, à saluer l’artiste comme l’un des peintres les plus importants de l’école française moderne. |
Pierre Dupuis. Corbeille de prunes et grenade sur un entablement sculpté (v. 1640-50). Huile sur toile, 51 × 60,5 cm, collection particulière. « Notre tableau, sans doute l'un des chefs-d’œuvre du peintre, est caractéristique de son art, comme le souligne Charles Sterling : “Les Corbeilles de fruits posées sur des socles à l'antique et éclairées avec netteté, sont d'une composition monumentale ; leur éclairage précis arrive de haut, du côté gauche ; elles trahissent la connaissance de l'école romaine du deuxième quart du siècle. Le modelé des fruits reste dans la tradition flamande telle qu'elle était répandue dans les ateliers parisiens entre 1625 et 1640. Mais l'atmosphère générale de cette association de fruits et de marbre n'a plus rien d'intime, elle est quasi abstraite”. Michel Faré admirait quant à lui “l’harmonieuse répartition des pleins et des vides”, montrant “un profond souci de composition” et “une savante répartition de l'espace”. A ce type de nature morte, où la poésie de l'œuvre est fondée sur l'opposition entre l'austère monumentalité des marbres antiques brisés et la fraîcheur des fruits tout juste cueillis se substitueront, plus tard dans la carrière de l'artiste, des compositions plus amples et décoratives, associant fleurs et fruits, orfèvrerie et tapis. » (Commentaire Christie’s) |
Pierre Dupuis. Panier de raisins (v. 1650). Huile sur toile, 50 × 60 cm, musée du Louvre, Paris. « Panier de raisins posé sur un entablement de marbre ébréché, orné d’une frise d’anses de panier et d’une feuille d’acanthe dans l’angle. La composition est centrée et symétrique, avec, néanmoins, posée sur l’entablement de part et d’autre du panier, une petite pomme rouge, à droite, répondant à une petite grappe de raisin, à gauche. Daté vers 1650 par Claudia Salvi (cf. Salvi, 2000) (N. Milovanovic, 2021). » (Commentaire musée du Louvre) |
Pierre Dupuis. Prunes, courge et pêches sur un entablement de marbre (1650). Huile sur toile, 51 × 60 cm, musée du Louvre, Paris. « Pierre Rosenberg précise en 1983 que “le charme du tableau réside dans le contraste des différents verts des feuilles des pêches, des prunes et du melon [sic], mais surtout dans l’originale idée de la branche brisée qui se dresse au centre de la composition et qui ne tient que grâce aux grappes de prunes bleues posées sur l’entablement.” (cf. Rosenberg, Nouv. acq. 1980-1982, p. 44) (N. Milovanovic, 2021) » (Commentaire musée du Louvre) |
Pierre Dupuis. Pêches et prunes sur un plat d'étain (v. 1650). Huile sur toile, 48 × 61 cm, musée du Louvre, Paris. « Très proche pour la composition et pour la facture du R.F. 1982-20 [Prunes, courge et pêches sur un entablement de marbre, ci-dessus]. Doit être daté de même vers 1650. Le tableau a été refixé à la colle d’esturgeon par Anne Lepage en 1999 (N. Milovanovic, 2021). » (Commentaire musée du Louvre) |
Pierre Dupuis. Nature morte aux prunes, grenades et fleurs de lys (1663). Huile sur toile, 89 × 116 cm, collection particulière. « Cette somptueuse peinture, avec sa forte structure géométrique, son souci du détail et sa riche palette, réunit des éléments des traditions nordiques et italiennes de la nature morte. Sterling a souligné l’utilisation du motif – similaire à la présente œuvre – d’une branche de fruit suspendue devant un mur de pierre dans la Nature morte du florentin Bartolomeo Bimbi […] D’autres ont comparé l’inclusion fréquente dans l’œuvre de Dupuis d’un rebord de pierre sculpté (et souvent fissuré), avec celle de l’œuvre d’Agostino Verrocchi (actif à Rome de 1619 à 1636) […] Certes, la riche palette de ce tableau semble devoir beaucoup à la tradition romaine des natures mortes caravagesques, comme en témoigne l’œuvre du maître de la nature morte Acquavella et celle de Michelangelo di Campidoglio. Dans cette œuvre, un sens plus sobre et plus ordonné de la composition laisse entrevoir l’influence des peintres de natures mortes du Nord et de leurs représentants à Paris, tels que Moillon et Picart. |
Pierre Dupuis. Nature morte aux bigarades et aux oiseaux (1666). Huile sur toile, 58 × 76 cm, collection particulière. « Cette Nature morte aux bigarades et aux oiseaux, typique de cette partie de l’œuvre de Pierre Dupuis qui mêle la structure géométrique de la tradition rationnelle française à la tradition italienne, notamment en ce qui concerne le traitement de la couleur, témoigne de l’intelligence et du talent de l’artiste, démontrant pourquoi il a été considéré par les historiens de l’art et surtout par Michel Faré comme l’artiste responsable de la transition entre le style archaïque des “peintres du réel” et le style des “peintres décorateurs” apparus dans la seconde moitié du siècle, tels que Jean-Baptiste Monnoyer et Alexandre-François Desportes. » (Commentaire Sotheby’s) |
Pierre Dupuis. Nature morte avec coupe de raisins, une pêche et un melon sur une table tapissée (1660-75). Huile sur toile, 50 × 59 cm, collection particulière. « Cette nature morte est régie par les lois du théâtre : Dupuis la place sur un fond sombre et éclaire la scène d'une lumière diffuse venant de la gauche. La mise en scène dicte la disposition de chaque objet : un tapis rouge et bleu recouvre la table, sur laquelle repose une coupe en vermeil contenant une variété de raisins, chaque élément contribuant à l'harmonie de l'ensemble. » (Commentaire Bohams) |
Pierre Dupuis. Nature morte aux prunes (v. 1655-76). Huile sur toile, 119 × 84 cm, musée des Beaux-Arts d’Agen. « Des branches d’abricots et de prunes sont posées sur une table recouverte d’un brocard rouge. Les premières s’appuient en équilibre sur un coffret bleu à la monture argentée, dominé par une aiguière en porcelaine de Chine. La monture dorée du vase se caractérise par une anse qui figure un animal aquatique. La composition est animée par des grandes zones colorées qui se détachent d’un fond sombre. Les objets sont éclairés par une douce lumière qui vient de la gauche. Le peintre montre sa technique et sa maîtrise du rendu des différentes textures : le tissu rouge froissé de la table, le velouté des fruits, les fibres du bois découpé, la brillance des montures de métal, la transparence de la porcelaine. La négligence avec laquelle sont posés les fruits n’est qu’apparente : la composition est savamment construite en une forme pyramidale. Une gradation se fait dans la taille des objets, de la table à l’aiguière, ainsi que dans leur éclairage, le brocard étant parfaitement dans la lumière, tandis que le coffret est éclairé seulement par la gauche et la porcelaine est entièrement dans l’ombre. Dans les natures mortes hollandaises et françaises du XVIIe siècle se cache généralement un sens moral derrière la beauté et l’opulence des objets et des mets représentés. Certains éléments portent une symbolique religieuse qui parfois échappe aujourd’hui, en particulier lorsqu’il s’agit de fleurs. » (Commentaire Elodie Russu, MBA Agen) |
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