Philippe de Champaigne
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Patrick AULNAS
Portraits
Jean-Baptiste de Champaigne. Philippe de Champaigne, peintre, oncle de l’artiste (1668)
Huile sur toile, 120 × 91 cm, musée du Louvre, Paris.
Réplique par le neveu de Philippe de Champaigne d'un autoportrait disparu. Donné à l'Académie royale de Peinture et de Sculpture par le graveur Rousselet en 1682.
Philippe de Champaigne. Autoportrait (1630-1674)
Huile sur bois, 46 × 34 cm, Harvard Art Museums, Cambridge.
Philippe de Champaigne. Autoportrait (1676)
Gravure sur papier, 40 × 34 cm, à partir d’un autoportrait de 1668, bibliothèque du Congrès, Washington
Biographie
1602-1674
Fils d’Henri de Champaigne (ou Champagne), tailleur, et d’Elisabeth van den Trogh, Philippe de Champaigne est baptisé à l’église Sainte-Gudule de Bruxelles le 26 mai 1602. Sa formation commence vers l’âge de douze ans dans des ateliers bruxellois et comporte une initiation au portrait puis au paysage avec Jacques Fouquières (1580-1659), qui sera par la suite chargé par Louis XIII de peindre les villes de France puis naturalisé français. A dix-neuf ans, en 1621, Philippe de Champaigne refuse une proposition de Rubens qui voulait l’employer dans son atelier d’Anvers. Il décide de se rendre en Italie mais s’arrête à Paris. Il y rencontre le jeune Nicolas Poussin, alors que celui-ci n’était pas encore parti pour Rome.
Philippe de Champaigne. L’annonciation (v. 1644)
Huile sur toile, 69 × 71 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.
Le palais du Luxembourg, qui abrite aujourd’hui le Sénat, est en construction à cette époque. Le peintre Nicolas Duchesne (v. 1575-1628), chargé des ouvrages de peinture, emploie Poussin et Champaigne pour réaliser des décors paysagers sur les lambris. Dans la décennie 1620, Champaigne réalise plusieurs tableaux pour Marie de Médicis (1575-1642), la mère du roi Louis XIII (1601-1643). Nicolas Duchesne étant mort en 1628, sa place de Peintre ordinaire de Marie de Médicis est accordée à Philippe de Champaigne. Il loge au palais du Luxembourg, est naturalisé français en 1629 et reprend à Paris l’atelier florissant de Nicolas Duchesne.
Le 30 novembre 1628, il a épousé Charlotte Duchesne (1611-1638), la fille de son protecteur. Trois enfants naîtront de cette union : Claude (1634-1642), Catherine (1636-1686) et Françoise (1637-1655). Philippe de Champaigne se distingue donc rapidement et devient, en l’absence de Nicolas Poussin, installé à Rome, le principal concurrent parisien de Simon Vouet sous le règne de Louis XIII. Sa monumentale Présentation au temple de 1628-1630 le place définitivement à ce rang.
Philippe de Champaigne. La Présentation au temple (1628-30)
Huile sur toile, 392 × 325 cm, musée des Beaux-arts, Dijon.
Philippe de Champaigne parvient à conquérir l’estime du cardinal de Richelieu (1585-1642), le principal ministre de Louis XIII. Richelieu ayant entrepris la construction d’un palais, qualifié à l’époque de Palais-Cardinal (actuel Palais-Royal), il en confie la décoration à Champaigne. Malheureusement, la plupart de ces créations ont été détruites. Richelieu demande également au peintre d’exécuter les décors du dôme de l’église de la Sorbonne et lui commande plusieurs portraits.
Philippe de Champaigne. Portrait du cardinal de Richelieu (v. 1640)
Huile sur toile, 225 × 156 cm, Musée National de Varsovie.
Philippe de Champaigne est un des membres fondateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1648. Il doit cependant affronter de nombreux deuils familiaux : la mort de sa femme en 1638, celle de son fils Claude en 1642, celle de son cousin et collaborateur en 1650 et enfin celle de sa fille cadette Françoise en 1655. Il s’oriente alors vers la religion, entretient des relations avec les milieux jansénistes et réalise plusieurs portraits des dirigeants de Port-Royal (*). Sa fille Catherine devient elle-même religieuse à Port-Royal en 1656. Atteinte d’une paralysie temporaire des jambes, sa guérison sera interprétée comme un miracle et son père peindra à cette occasion un Ex-voto très dépouillé qui peut être considéré comme un exemple abouti de la représentation de la spiritualité en peinture.
Philippe de Champaigne. Ex-voto (1662)
Huile sur toile, 165 × 229 cm, musée du Louvre.
A la fin de sa vie, Philippe de Champaigne est professeur à l’Académie et donne de nombreuses conférences consacrées à la peinture et comportant des analyses des grands maîtres du passé. Aucun texte de sa main ne nous est parvenu, mais seulement des transcriptions de l’historien André Félibien (1619-1695). Le peintre meurt à Paris, sous le règne de Louis XIV (1638-1715), le 12 août 1674, célèbre et révéré.
Œuvre
Philippe de Champaigne. La fuite en Égypte (1650-1660)
Huile sur toile, 58 ×134 cm, musées d’Art et d’Archéologie, Senlis.
Philippe de Champaigne se situe au sommet de la hiérarchie des genres de l’époque puisqu’il est un peintre de scènes religieuses. Mais il est aussi un grand portraitiste. D’un point de vue stylistique, il parvient à concilier ses origines flamandes, qui apparaissent nettement dans les paysages, et le classicisme français, dont il est un des initiateurs avec Vouet, Poussin, Lorrain. Ce classicisme se caractérise par la quiétude expressive, l’importance du dessin sous-jacent, la retenue chromatique qui ne le conduit cependant pas à la monotonie. Comme Poussin, il sait parfaitement illuminer ses compositions avec des vêtements de couleurs vives (bleu, rouge, jaune) dans un ensemble beaucoup plus sage. Le portraitiste subtil de Richelieu et des chefs de file de Port-Royal s’intéresse à la psychologie et peut faire apparaître sur un visage les incertitudes de l’intériorité.
Philippe de Champaigne. Portrait d’homme (1650)
Huile sur toile, 91 × 72 cm, musée du Louvre, Paris.
Philippe de Champaigne. La Présentation au temple (1628-30). Huile sur toile, 392 × 325 cm, musée des Beaux-arts, Dijon. Selon l’apôtre Luc, l’Enfant Jésus fut présenté au temple de Jérusalem où l’accueillit Syméon, qui avait été averti par le Saint-Esprit qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ. Le thème a été fréquemment utilisé en peinture.« Dans cet important tableau, Champaigne met sa formation flamande, sensible dans la richesse des coloris, au service d’une composition ambitieuse, qui comporte déjà toutes les prémices du classicisme français à venir. L’équilibre entre la monumentalité de l’architecture, la composition en frise et la véracité des visages, sans doute peints d’après nature, en fait le chef-d’œuvre de la jeunesse de l’artiste.
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Philippe de Champaigne. L’annonciation (1633). Huile sur toile, 294 × 250 cm, musée des Beaux-arts, Caen. Ce tableau a été peint pour la cathédrale Notre-Dame de Paris et a fait l’objet d’une saisie sous la Révolution. L’archange Gabriel, à droite, annonce à la Vierge Marie la naissance prochaine du Christ (maternité divine de la Vierge selon le dogme chrétien). Champaigne traite ce sujet religieux classique avec une gestuelle et un chromatisme qui emprunte au maniérisme. L’artiste a parfaitement assimilé les leçons des maîtres du 16e siècle. |
Philippe de Champaigne. Le roi Louis XIII (1635). Huile sur toile, 108 × 86 cm, musée du Prado, Madrid. Philippe de Champaigne fut l’un des peintres les plus importants du règne de Louis XIII (1601-1643). Marié à l’infante d’Espagne Anne d’Autriche (1601-1666) en 1615 (mariage politique de deux adolescents), il laissera largement son ministre Richelieu gouverner le pays. Ce tableau a été envoyé à Philippe IV d’Espagne par sa sœur Anne d’Autriche, reine de France. |
Philippe de Champaigne. Portrait du cardinal de Richelieu (v. 1640). Huile sur toile, 225 × 156 cm, Musée National de Varsovie. Armand Jean du Plessis de Richelieu, cardinal-duc de Richelieu (1585-1642) fut le principal ministre du roi Louis XIII. Considéré comme l’un des fondateurs de l’État-nation, son habileté et sa fermeté légendaires lui permirent de renforcer considérablement le pouvoir royal au détriment de l’aristocratie. |
Philippe de Champaigne. Triple portrait du cardinal de Richelieu (v. 1640). Huile sur toile, 58 × 72 cm, National Gallery, Londres. « Ce triple portrait a été conçu comme modèle pour une statue en pied d’Armand-Jean du Plessis, duc de Richelieu (1585-1642), devenu cardinal en 1622 et principal ministre en 1624. Il porte une robe de cardinal, une calotte et un ruban bleu orné de l’Ordre du Saint-Esprit, symbolisé par la colombe au bas du tableau. La tête est répétée dans ce tableau dans trois poses différentes : face vers l’avant et de profil tourné vers la droite et la gauche […] Ce triple portrait a été exécuté à Paris et envoyé à Rome vers 1642 au sculpteur italien Francesco Mochi (1580-1654). |
Philippe de Champaigne. Le rêve de saint Joseph (1642-43). Huile sur toile, 209,5 × 156 cm, National Gallery, Londres. « Dans l’Évangile selon Matthieu, un ange apparaît dans un rêve à Joseph, l’époux de la Vierge Marie. Champaigne montre l’ange gesticulant dans le ciel en désignant la Vierge Marie, confirmant ainsi que le Christ a été conçu par le Saint-Esprit. Agenouillée devant une Bible ouverte, Marie regarde vers l’ange, ses bras croisés sur sa poitrine. |
Philippe de Champaigne. Le Mariage de la Vierge (v. 1644). Huile sur bois, 95 × 168,5 cm, Wallace Collection, Londres. Le texte biblique ne fait que de brèves allusions à l’épisode du mariage de la Vierge avec Joseph. L’Évangile selon saint Luc évoque « une jeune fille vierge accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. » (Luc 1-27) Il faut se référer à des textes ultérieurs pour disposer d’un descriptif plus précis du mariage de Marie et de Joseph. Ainsi le Protoévangile de Jacques (2e siècle) et la Légende dorée de Jacques de Voragine (13e siècle) construisent un récit du mariage de la Vierge devant le temple de Jérusalem. Plusieurs prétendants veulent épouser Marie et chacun d’entre eux porte une baguette. Mais seule celle de Joseph est fleurie car il a été choisi par Dieu. C’est ce récit qui a fait l’objet de très nombreuses interprétations iconographiques. |
Philippe de Champaigne. L’annonciation (v. 1644). Huile sur toile, 69 × 71 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. L’archange Gabriel, à droite, annonce à la Vierge Marie la naissance prochaine du Christ (maternité divine de la Vierge selon le dogme chrétien). Philippe de Champaigne reprend largement la composition de 1633 du musée de Caen (ci-dessus). |
Philippe de Champaigne. Vierge à la grappe (1644-46). Huile sur toile, 81,5 × 66,5 cm, musée Baron Gérard, Bayeux. Cette Vierge à l’enfant utilise la symbolique de la grappe de raisin, assez courante dans l’iconographie. La Vierge a été assimilée à la vigne dans les représentations anciennes du christianisme, Jésus étant le raisin divin. Le raisin revoie également au sacrement de l’Eucharistie qui utilise le pain et le vin pour figurer le corps et le sang du Christ. |
Philippe de Champaigne. La mère Angélique Arnauld (1648). Huile sur toile, 73 × 60 cm, musée Condé, Chantilly. Jacqueline Marie Angélique Arnauld (1591-1661), abbesse et réformatrice de Port-Royal, est une figure majeure du jansénisme. Philippe de Champaigne s’est rapproché à cette époque des milieux jansénistes et devient leur peintre de prédilection. L’austérité toute janséniste de ce portrait se combine avec la puissance évocatrice du regard implacable. |
Philippe de Champaigne. Le prévôt des marchands et les échevins de la ville de Paris (1648). Huile sur toile, 200 × 271 cm, musée du Louvre, Paris. Peint pour l’Hôtel de Ville de Paris, ce portrait de groupe représente les édiles de la ville de Paris. A gauche : Jérôme Le Féron, président du Parlement, prévôt des marchands de 1646 à 1650 ; Germain Piètre, procureur ; Martin Lemaire, greffier ; Nicolas Boucot, receveur. A droite, les échevins : Jean de Bourges, docteur en médecine ; Geoffroy Yon ; Gabriel Fournier, président en l’Election de Paris ; Pierre Hélyot. (Selon notice musée du Louvre) |
Philippe de Champaigne. Portrait d’homme (1650). Huile sur toile, 91 × 72 cm, musée du Louvre, Paris. Le musée du Louvre ajoute au titre laconique de ce portrait : « Dit autrefois Robert Arnauld d’Andilly ». Il existe un autre portrait d’Andilly réalisé en 1667 par Champaigne (voir ci-après). Le modèle de celui-ci n’est donc pas identifié, mais le portrait est tout à fait remarquable, en particulier par le regard reflétant la réflexion, l’intériorité. |
Philippe de Champaigne. Saint-Paul (v. 1650). Huile sur toile, 72 × 61,5 cm, musée des Beaux-arts et d'Archéologie, Troyes. Paul de Tarse (Environ 8-67), l’un des apôtres entourant Jésus-Christ, est le treizième apôtre selon le Nouveau Testament. Treize épitres (court traité de philosophie sous forme de lettre) sont attribuées à Paul, ce qui explique l’attribut dont il est doté : le livre. |
Philippe de Champaigne. La Samaritaine (v. 1650). Huile sur toile, 114,5 × 113 cm, musée des Beaux-arts de Caen. « La Samaritaine fait partie d'un ensemble de trois tableaux réalisés pour le maître-autel du couvent de Port-Royal, à Paris […] |
Philippe de Champaigne. Adoration des bergers (1620-74). Huile sur toile, 72 × 60 cm, Musée d'art et d'histoire de Narbonne. Episode biblique concernant la naissance de Jésus-Christ à Bethléem. Les bergers proches de Bethléem sont informés par un ange de la venue du Sauveur. Ils se rendent à la crèche pour se prosterner devant l’Enfant Jésus. La lumière qui semble provenir de l’enfant était un élément courant de composition de la scène. Le peintre réserve les couleurs vives à la Vierge pour accentuer le clair-obscur. |
Philippe de Champaigne. La fuite en Égypte (1650-1660). Huile sur toile, 58 ×134 cm, musées d’Art et d’Archéologie, Senlis. « Ce tableau a sans doute été peint pour l’appartement de la régente Anne d’Autriche au couvent du Val-de-Grâce, au moment de la reprise des travaux par Philippe de Champaigne (Bruxelles, 1602 ; Paris, 1674) après la Fronde. Peintre officiel de la Cour dont il est le portraitiste attitré, Philippe de Champaigne travaille pour le cardinal de Richelieu et le roi Louis XIII. |
Philippe de Champaigne. La Cène (1640-60). Huile sur toile, 158 × 233 cm, musée du Louvre, Paris. Le terme Cène est utilisé par les chrétiens pour désigner le dernier repas pris par Jésus-Christ avec les douze apôtres, la veille de sa crucifixion. Le thème a été traité à maintes reprises au cours de la Renaissance (15-16e siècles). Champaigne associe le réalisme nordique (rendu précis des objets et des visages) et le langage monumental des maîtres de la Renaissance italienne (grand format horizontal, draperies). |
Philippe de Champaigne. Jean-Baptiste Colbert (1655). Huile sur toile, 92 × 74 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Peintre important de sujets religieux, Champaigne a également donné un visage à de nombreux acteurs clés de l’administration créée en France par Louis XIV. En 1661, Colbert entre au service du jeune roi et est finalement nommé ministre des Finances. Son amitié avec Charles Le Brun aboutit à la fondation de l’Académie Royale, l’institution qui dominera la vie artistique française pendant les deux siècles suivants. » (Commentaire Metropolitan Museum of Art) |
Philippe de Champaigne. Les miracles de sainte Marie pénitente (1656). Huile sur toile, 219 × 336 cm, musée du Louvre, Paris. « Fait partie d’une série de quatre tableaux commandés en 1656 pour une salle basse de l’appartement d’Anne d’Autriche au Val-de-Grâce à Paris, et dont les sujets sont inspirés des "Vies des Pères du désert" traduites par Arnaud d’Andilly en 1647. » (Notice musée du Louvre) |
Philippe de Champaigne. Saint Jean-Baptiste (v. 1656). Huile sur toile, 131 × 98 cm, Musée de Grenoble. « Les liens de Philippe de Champaigne avec le courant janséniste, tissés dès 1643, ne cesseront de se renforcer au fil du temps […] En 1657, la fille de l’artiste entre dans la communauté de femmes de Port-Royal de Paris et prend le voile sous le nom de sœur Catherine de Sainte-Suzanne. C’est à cette occasion que Philippe de Champaigne offre au monastère ce tableau de Saint Jean-Baptiste et son pendant, une Madeleine pénitente, conservée au musée des beaux-arts de Rennes. Ces deux tableaux offrent à la jeune femme, sur le point de se retirer du monde, deux modèles de renoncement, l’un féminin, l’autre masculin. Ils se répondent d’ailleurs de nombreuses manières : leurs dimensions sont identiques, l’un est nocturne, l’autre diurne, et leurs coloris offrent les mêmes harmonies de bleu sombre et de brun. Le tableau de Grenoble illustre avec précision le texte emprunté à l’Évangile selon saint Jean. Sur les rives du Jourdain que l’on aperçoit au loin, saint Jean- Baptiste désigne du doigt la figure du Christ et dit : "Voici l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde". Le saint ermite, qui vit au désert en se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage, a la musculature d’un athlète et le regard empreint d’une profonde humanité. La lumière du matin filtre à travers les nuages et pénètre au cœur de la forêt profonde, annonçant une aube nouvelle. Le métier flamand de Champaigne est particulièrement visible dans le paysage et dans le rendu des textures (cuir, peau de bête) et des carnations. Le voyage de l’artiste à Bruxelles, deux ans plus tôt, lui a permis de renouer avec une sensibilité artistique nordique que le goût du détail naturaliste atteste ici. Ce tableau, saisi à la Révolution au monastère de Port-Royal, sera envoyé par l’État à Grenoble en 1811. » (Commentaire Musée de Grenoble) |
Philippe de Champaigne. Madeleine pénitente (1657). Huile sur toile, 128 × 96 cm, musée des Beaux-arts de Rennes. « La poignante Madeleine pénitente de Rennes, l’un de ses chefs-d’œuvre, a été réalisée par l’artiste à l’occasion de la prise de voile de sa fille, sœur Catherine de sainte Suzanne au couvent de Port-Royal de Paris. Dans ce contexte, le choix de la sainte prend un sens particulier. Celle-ci évoque le renoncement aux choses du monde et la décision de la fille de l’artiste à consacrer sa vie à la prière et à Dieu. Cet abandon de l’univers matériel et de ses plaisirs doit conduire vers un destin plus élevé. L’artiste ramène donc cette figure à un statut d’icône de piété. L’auréole entourant sa tête, ainsi que le faisceau de lumière symbolisant la présence du divin en témoignent. L’œuvre est caractérisée par des tonalités sombres et cendrées, le chromatisme se rapprochant presque d’une trichromie. Les émotions sont contenues et l’austérité de la représentation est contrebalancée par une exceptionnelle virtuosité technique. L’œuvre a été offerte par Champaigne avec un Saint Jean-Baptiste dans le désert qui lui faisait pendant et qui se trouve actuellement au Musée de Grenoble. (Commentaire musée des Beaux-arts de Rennes) |
Philippe de Champaigne. Ex-voto (1662). Huile sur toile, 165 × 229 cm, musée du Louvre. Le titre original est le suivant : La mère Catherine-Agnès Arnauld (1593-1671) et la sœur Catherine de Sainte Suzanne Champaigne (1636-1686), fille de l'artiste. |
Philippe de Champaigne. Portrait de Robert Arnauld d’Andilly (1667). Huile sur toile, 78,5 × 64,5 cm, musée du Louvre, Paris. Robert Arnauld d’Andilly (1589-1674), est un conseiller d’État, spécialiste des questions financières, proche de Marie de Médicis. Il se retire à l’abbaye de Port-Royal des Champs vers 1645 et joue un rôle important dans le mouvement janséniste. Traducteur de nombreux ouvrages (œuvres de Saint Augustin, Thérèse d’Avila, etc.) il était réputé pour l’élégance de sa langue. |
Philippe de Champaigne. Vanité (v. 1671). Huile sur bois, 28 × 37 cm, musée de Tessé, Le Mans. La Vanité est une nature morte allégorique qui se développe au 17e siècle. Elle symbolise la mort et la vacuité de l’existence humaine. Le sablier évoque l’inexorable écoulement du temps et la fleur dans le vase va se faner très vite. Quant à l’homme, il sera bientôt réduit à l’état de squelette. De façon sous-jacente, il faut entendre que seule la vie éternelle, promise par la religion, mérite d’être prise en considération. |
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(*) Port-Royal est le nom de deux abbayes où l’influence janséniste se faisait sentir au 17e siècle. L’une, Port-Royal des Champs, fondée au 13e siècle, est située dans la vallée de Chevreuse, près de Paris. L’autre, Port-Royal de Paris, a été fondée au 16e siècle pour décongestionner la première. Elle est située boulevard de Port-Royal.
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