Nicolas Poussin
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Patrick AULNAS
Autoportraits
Nicolas Poussin. Autoportrait (1649) |
Nicolas Poussin. Autoportrait (1649-50) |
Biographie
1594-1665
La prime jeunesse de Nicolas Poussin reste assez conjecturale. Il est né à Villers, à proximité des Andelys (Seine-Maritime actuelle). Félibien (1619-1647) rapporte, dans Entretiens sur les vies et les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes (1666-1688), que son père était un gentilhomme picard ruiné qui vint s’établir aux Andelys où il se maria. Le jeune Nicolas acquit, semble-t-il, quelques rudiments de latin, mais il n’éprouvait de goût que pour le dessin. Vers 1611-1612, il est placé chez le peintre Quentin Varin (1570-1634), originaire de Beauvais, mais installé aux Andelys. Vers cette même époque (il a 18 ans) il part plus ou moins clandestinement pour Paris. Il travaille brièvement sous la direction du portraitiste flamand Ferdinand Elle (1580-1637) et du peintre maniériste Georges Lallemand (1575-1636) chez qui il aurait rencontré Philippe de Champaigne (1602-1674). Il fait également la connaissance d’un certain Alexandre Courtois, mathématicien du roi et amateur d’art qui lui fait découvrir Raphaël.
Nicolas Poussin. Renaud et Armide (1624-25)
Huile sur toile, 80 × 107 cm, Dulwich Picture Gallery, Londres.
Nicolas Poussin connaîtra la misère à Paris, vivant de quelques commandes de nobles et de religieux. Son souhait le plus cher est d’aller à Rome et il faudra plusieurs tentatives avant qu’il y parvienne. Il a rencontré à Paris le poète italien Giambattista Marino (1569-1625), dit le Cavalier Marin, pour qui il dessinera une série de sujets empruntés aux Métamorphoses d’Ovide. Marino devait emmener Poussin avec lui à Rome, mais le peintre fut retardé et partit seul pour la capitale italienne où il arriva au printemps 1624. Marino est déjà reparti pour Naples où il meurt en 1625. Poussin va vivre difficilement à Rome, mais il est passionné par son art et cherche à apprendre : il étudie la géométrie et la perspective, fréquente l’école du peintre baroque Andrea Sacchi (1599-1661) et du Dominiquin (1581-1641) ; il pratique même des dissections avec le chirurgien Nicolas Larche. Vers la fin des années 1620, il tombe malade, est hospitalisé puis recueilli par Jacques Dughet, un pâtissier français installé à Rome. En 1629, il épouse la fille de Dughet, Anne-Marie, dont il n’eut pas d’enfant. Il adopta les deux frères de son épouse, dont l’un, Gaspard Dughet, dit le Guaspre Poussin (1615-1675) devint un grand peintre paysagiste de Rome.
Protégé par le cardinal Barberini, la renommée du peintre va croître et, au cours de la décennie 1640, son génie va s’affirmer. L’Empire de Flore (1631) peut être cité comme particulièrement représentatif par la complexité de la composition, la netteté du dessin, la légèreté des couleurs (qui ne doivent pas primer, selon la doxa classique), la grâce extrême des mouvements proches du maniérisme.
La célébrité de Poussin va atteindre la cour de France. Dès 1639, Louis XIII (1601-1643) et François Sublet des Noyers (1588-1645), surintendant des Bâtiments, lui demandent de revenir à Paris ; mais il faudra attendre que Roland Fréart de Chambray (1606-1676) et son frère Jean, sieur de Chantelou, viennent le chercher à Rome en 1640 pour qu’il défère au souhait royal. Il est accueilli avec les égards réservés aux plus grands : une maison dans le jardin des Tuileries, une pension royale de 3 000 livres. Il est nommé peintre du roi. Les commandes affluent : décoration des appartements du roi, de la grande galerie du Louvre, entre autres. Mais ces honneurs suscitent la jalousie et les intrigues de ses pairs. Pour échapper aux tracasseries, Poussin revient à Rome en 1642. Il y restera jusqu’à sa mort en 1665, unanimement admiré et même comparé à Raphaël.
Œuvre
Le nom de Nicolas Poussin est dans l’histoire de l’art synonyme de classicisme. Et il est vrai qu’il donna le goût de l’Antiquité à toute une génération de peintres. Le succès italien de Poussin succède chronologiquement à l’explosion baroque initiée par Caravage (1571-1610). Mais à l’époque où triomphait le réalisme de Caravage, des tendances contraires subsistaient, représentées en particulier par Annibal Carrache (1560-1609) et Le Dominiquin. Le classicisme de Poussin doit beaucoup à ces maîtres italiens, mais la rigueur de son art étonnera les italiens eux-mêmes qui voyaient en lui un successeur de Raphaël.
Nicolas Poussin. La danse de la vie humaine (1633-34)
Huile sur toile, 83 × 105 cm, Wallace Collection, Londres.
Classicisme oblige, Nicolas Poussin n’a peint que des scènes mythologiques et religieuses ainsi que des paysages avec personnages, mais pas de portraits ni de scènes de genre. Il ne s’agit nullement d’une peinture réaliste : l’artiste cherche ses modèles dans la sculpture antique et chez les grands maîtres de la Renaissance. Nous sommes loin de Caravage qui choisissait des prostituées et des garnements des rues de Rome. Le charme de Poussin est dans la composition rigoureuse, dans l’équilibre. La netteté des contours, l’utilisation très mesurée de la couleur, dont il se méfiait, l’omniprésence de personnages mythologiques fortement idéalisés (le contraire de Rubens) tirent les tableaux de Poussin vers l’intemporalité. Comme il le dit lui-même, le sujet doit être « noble » et la forme « excellente » :
« Pour ce qui est de la matière (ou sujet), elle doit être noble; et pour donner lieu au peintre de montrer son esprit, il faut la prendre capable de recevoir la plus excellente forme. Il faut commencer par la disposition, puis par l’ornement, le décor, la beauté, la grâce, la vivacité, le costume, la vraisemblance et le jugement partout… » (Lettre à M. de Chambrai, 1665).
Les quelques exemples ci-après illustrent à quel point ce travailleur acharné, cet autodidacte passionné, a frôlé de très près l’inaccessible idéal de beauté qu’il recherchait.
Renaud et Armide (1624-25). Huile sur toile, 80 × 107 cm, Dulwich Picture Gallery, Londres. « L'histoire racontée par ce tableau est tirée d’un épisode de La Jérusalem délivrée du Tasse, ouvrage paru en 1581. Le chevalier croisé Renaud, en route pour Jérusalem, est séduit par Armide, jeune sarrasine, dépitée d’avoir rendu amoureux tous les croisés sauf le jeune Renaud. Grâce à un sortilège, elle parvient à le rendre amoureux et le garde prisonnier de ses charmes, mais elle sera alors partagée entre l’amour qu’elle porte au jeune homme et la fureur d’avoir dû utiliser un charme pour parvenir à ses fins. » (Notice musée du Louvre, à propos du tableau de Boucher) |
Vénus et Mercure (1626-27). Huile sur toile, 80 × 87,5 cm, Dulwich Picture Gallery, Londres. Dans la mythologie romaine, Vénus est la déesse de l’amour, de la séduction et de la beauté et Mercure le dieu du commerce, des voyages et le messager des autres dieux. « Cette toile est le plus grand des deux fragments d'une peinture de Poussin. Une image plus petite avec putto musicien se trouvait probablement à gauche de ce fragment. Il est maintenant dans la collection du Louvre. » (Notice Dulwich Picture Gallery) |
La mort de Germanicus (1627). Huile sur toile, 148 × 198 cm, Institute of Arts, Minneapolis. Germanicus (15 avant J.-C – 19 après J.-C) est un général romain qui jouit d’une grande popularité à la suite de plusieurs victoire. Il meurt en Orient, peut-être empoisonné sur ordre de son oncle, l’empereur Tibère. |
L'inspiration du poète (1627). Huile sur toile, 94 × 70 cm, Niedersächsisches Landesmuseum, Hanovre. Cette scène mythologique est aussi une allégorie de la création poétique. L'eau de la fontaine de Castalie (ou Castalia, naïade de la mythologie grecque), avait la propriété d'apporter l'inspiration à ceux qui la buvaient. On voit donc ici Apollon, dieu des arts, offrir cette eau miraculeuse au poète. A gauche, se trouve Euterpe, muse de la musique et de la poésie lyrique. Un putto (putti au pluriel) s'apprête à couronner le poète inspiré. |
La peste d'Ashdod (1631). Huile sur toile, 148 × 198 cm, Musée du Louvre, Paris. Sujet tiré de la Bible. Les philistins (peuple antique, ennemi d’Israël dans la Bible) sont frappés par la peste parce qu'ils ont apporté à Ashdod l’Arche d’Alliance prise aux Israélites et l’ont placée dans leur temple. L’idole a été brisée par la colère divine et ses débris gisent devant le peuple. |
L'empire de Flore (1631). Huile sur toile, 131 × 182 cm, Gemäldegalerie, Dresde. Flore (Flora en latin) est une divinité de l’Antiquité romaine qui favorisait les récoltes. Elle fut par la suite associée aux fleurs et à la floraison. Dans le tableau de Poussin, Flore est entourée de jeunes gens dont la mort génère des fleurs. A gauche, Ajax se suicide et son sang fait pousser des œillets. Sur la droite, au premier plan : Crocus et Smilax qui furent métamorphosés en fleurs (crocus et salsepareille). Derrière eux, avec la lance, Adonis vient de se rendre compte de sa blessure à la cuisse qui causera sa mort ; de son sang jailliront les anémones. A ses côtés, portant les mains à sa tête, Hyacinthe : de sa tête sort une guirlande de jacinthes. Flore, au centre, danse et règne sur la brève et fragile vie des fleurs. |
Le Triomphe de David (1631-32). Huile sur toile, 117 × 146 cm, Dulwich Picture Gallery, Londres. David a vaincu le géant Goliath, dont il porte triomphalement la tête. Selon le récit biblique, Goliath était un géant « de six coudées et un empan » soit environ 2,90 m. Goliath sortit du camp philistin et mit l’armée d’Israël au défi de trouver un homme suffisamment fort pour gagner un duel déterminant l’issue du conflit entre les deux nations. David, jeune berger agréé par Dieu, releva le défi lancé par Goliath. Après avoir déclaré qu’il s'opposait à lui avec l'appui de Dieu, David lui jeta une pierre avec sa fronde. Celle-ci s'enfonça dans le front de Goliath qui tomba à terre. David lui prit son épée et acheva le géant en lui coupant la tête. |
La danse de la vie humaine (1633-34). Huile sur toile, 83 × 105 cm, Wallace Collection, Londres. Cette scène allégorique est centrée sur la ronde de trois femmes et d'un homme (de dos avec la couronne de lauriers). De gauche à droite, les trois femmes représentent la richesse (diadème), le travail (tresses nouées), la pauvreté (turban). L'homme qui danse représente l'oisiveté, le loisir. Poussin propose ainsi une allégorie des sociétés humaines où se côtoient effectivement ces différentes conditions. Dans le ciel, Apollon, dieu des arts, domine la ronde des humains, évoquant peut-être l'ambition de l'artiste. |
Le Triomphe de Neptune (1635-36). Huile sur toile, 114,5 × 146,6 cm, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie. Mythologie gréco-romaine. Neptune (Poséidon en grec) est le dieu de la mer. Il s’agit d’un dieu violent qui provoque les tempêtes. Il est représenté triomphant sur son char, un trident à la main, suivi des Néréides. Les humains peuvent implorer ces dernières afin d’apaiser les tempêtes, c’est-à-dire les colères de Neptune. |
La Nourriture de Jupiter (1636-37). Huile sur toile, 96,2 × 119,6 cm, Dulwich Picture Gallery, Londres. Mythologie antique. Pour protéger le nouveau-né Jupiter de son père trop vorace, Saturne, sa mère le confia à deux nymphes Amalthée et Mélissa, qui le nourrirent de miel et de lait de chèvre. |
Paysage avec homme buvant (1637-38). Huile sur toile, 63 × 78 cm, National Gallery, Londres. Poussin est aussi un grand paysagiste qui peut parfois quitter le paysage en tant que simple décor d'une scène mythologique ou religieuse. Ce paysage tendant vers l'infini avec au premier plan des personnages occupés à des activités quotidiennes sera utilisé à plusieurs reprises par l'artiste. |
Les bergers d’Arcadie (1638-40). Huile sur toile, 85 × 121 cm, musée du Louvre, Paris. Des bergers d’Arcadie, pays mythique du bonheur dans l’harmonie avec la nature, examinent une tombe comportant l’inscription : ET IN ARCADIA EGO (Moi, j’existe aussi en Arcadie). Moi personnifie la mort. Il faut comprendre que, même en Arcadie, l’immortalité n’existe pas pour les humains. Ils doivent affronter la mort quelle que soit leur félicité terrestre. Le tableau est célèbre car il a fait l’objet de multiples interprétations, même les plus farfelues. |
Paysage avec Saint Jean à Patmos (1640). Huile sur toile, 102 × 133 cm, Chicago Art Institute, Chicago. Tradition chrétienne. Jean l’Evangéliste fut exilé sur l’île de Patmos où il aurait écrit l’Apocalypse à la fin du 1er siècle. |
Moïse sauvé des eaux (1647). Huile sur toile, 120 × 195 cm, Musée du Louvre, Paris. Récit biblique. Le pharaon ayant donné l’ordre d’éliminer tous les nouveau-nés mâles du peuple hébreu, la mère de Moïse cache l’enfant durant trois mois puis l’abandonne dans une corbeille sur le Nil, près de la rive. La fille du pharaon qui se baignait avec des courtisanes, trouve l’enfant et décide de l’adopter. |
Paysage avec une femme se lavant les pieds (1650). Huile sur toile, 114 × 175 cm, Musée des Beaux-arts du Canada, Ottawa. Paysage avec un horizon allant vers l'infini, mais comportant au premier plan une anecdote : un intrus espionne la femme se lavant les pieds. |
Paysage par temps calme (1651). Huile sur toile, 99 × 132 cm, Getty Center, Los Angeles. Ce magnifique paysage est le pendant d'un paysage de tempête créé la même année par Poussin. Le calme se trouve aussi dans les choix de composition : quasi symétrie, animaux paisibles, surface miroitante de l'étang, arrière-plan très légèrement brumeux. Le maître du classicisme sait à la perfection suggérer une émotion. |
La Sainte Famille (1655). Huile sur toile, 172 × 133,5 cm, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. La Sainte Famille est le nom donné par les chrétiens à la famille formée par Jésus de Nazareth et ses parents, Marie et Joseph. |
La Lamentation sur le Christ mort (1657-58). Huile sur toile, 94 × 130 cm, National Gallery of Ireland, Dublin. Thème récurrent de la peinture occidentale appelé aussi Déploration du Christ. Le Christ est mort, allongé, et des personnages le pleurent. |
Les quatre saisons, l'automne (1660-64). Huile sur toile, 116 × 160 cm, Musée du Louvre, Paris. La représentation des quatre saisons est l'occasion pour Poussin de créer les plus beaux paysages classiques. Le cycle de saisons, quatre toiles pour quatre saisons, permet aussi d'introduire la temporalité dans le domaine pictural. Ces compositions, d'une richesse très rare, allient paysages, activités humaines et mythologie ou religion. |
Les quatre saisons, l'été (1660-64). Huile sur toile, 116 × 160 cm, Musée du Louvre, Paris. Les saisons de Poussin représentent l'homme et la nature, les travaux et les jours, sans omettre une dimension mythologique. Pour l'été, le peintre a choisi un épisode de l'Ancien Testament concernant Ruth et Booz. Ruth est pauvre et travaille pour Booz, un riche fermier. Booz est attiré par elle et apprécie sa modestie (on la voit ici agenouillée devant Booz). Il finira par l'épouser et elle lui donnera pour fils Obed, père de Jessé et grand-père du roi David. En poursuivant l'arbre généalogique, on arrive à Jésus-Christ. |
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Commentaires
-
- 1. françoise Mendousse Le 20/12/2018
Poussin est pour moi le plus grand des peintres français.Son classicisme ,sa sobriété ,son mystère me parlent et me touchent profondément! -
- 2. gasc Le 04/12/2013
Poussin peintre dont les oeuvres restent pour beaucoup impénétrables .Deux tableaux inconnus du peintre m'ont fait découvrir POUSSIN peintre secret et initié.au coeur d' un mystère dont il est la clé...www.lesecretdepoussin.com
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