Judith Leyster
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Patrick AULNAS
Portrait
Judith Leyster. Autoportrait (v. 1630)
Huile sur toile, 75 × 65 cm, National Gallery of Art, Washington.
Biographie
1609-1660
Judith Leyster (Leijster en néerlandais), huitième enfant d’une famille de neuf, est baptisée le 28 juillet 1609 à Haarlem. Son père, Jan Leyster, possède une brasserie. Il est rarissime à cette époque qu’une femme issue d’un milieu social de commerçants devienne peintre. Les italiennes Fede Galizia (1578-1630) et Artemisia Gentileschi (1593-1653) sont des filles de peintres. Sofonisba Anguissola (1532-1625) est issue de la noblesse.
On ignore comment Judith Leyster commence à s’intéresser à la peinture, mais son talent est reconnu publiquement dès son plus jeune âge. Dans son ouvrage Description et Éloge de la ville de Haarlem en Hollande, Samuel Ampzing (1590-1632) la mentionne comme une artiste active dans cette ville à l’âge de 19 ans. Par la suite, elle est probablement entrée en contact avec les caravagistes d’Utrecht. En 1628, sa famille s’est en effet installée à Vreeland dans la province d’Utrecht. Un groupe de peintres d’Utrecht, ayant voyagé en Italie et subi l’influence de Caravage, utilisait le clair-obscur appuyé du grand artiste italien dans des scènes de genre. Les noms de Hendrick Terbrugghen (1588-1629) et de Gerrit van Honthorst (1592-1656) sont cités. Les premières œuvres de Judith Leyster comportent effectivement cette caractéristique stylistique.
Judith Leyster. Jeu de tric-trac (v. 1631)
Huile sur bois, 41 × 31 cm, Worcester Art Museum, Massachusetts.
Vers 1630-1631, Judith Leyster retourne à Haarlem, sa ville natale, et commence à travailler de façon indépendante. Frans Hals (1580-1666), né à Anvers, s’était réfugié à Haarlem avec sa famille à la suite du siège de la ville d’Anvers par les troupes espagnoles. Il était un peintre prestigieux en 1630. Judith Leyster a très bien connu Hals puisqu’elle a assisté au baptême d’un de ses enfants en 1631. Certaines de ses œuvres s’inspirent de celles de Frans Hals.
Judith Leyster. Deux enfants et un chat (1629)
Huile sur toile, 61 × 52 cm, collection particulière.
La première œuvre signée de Leyster date de 1631. Le monogramme très caractéristique avec lequel elle signe comporte une étoile, allusion à son nom de famille Leyster (ster = étoile en néerlandais). Évènement rarissime au 17e siècle pour une femme, l’artiste est admise en 1633 à la guilde de Saint-Luc de Haarlem, c’est-à-dire la corporation des peintres.
Le 1er juin 1636, elle épouse le peintre Jan Miense Molenaer (1610-1668) dont elle aura cinq enfants. Molenaer ayant déjà une clientèle à Amsterdam, le couple s’y installe et y reste onze ans. La carrière de Judith Leyster semble s’arrêter à la date de son mariage, bien qu’elle soit unanimement considérée comme une artiste plus talentueuse que son mari. Très peu d’œuvres lui sont attribuées après 1636, mais des découvertes ont encore lieu aujourd’hui. Il est vraisemblable que Judith Leyster, incorporée à l’atelier de son mari, a continué à peindre sous le nom de Molenaer.
Revenue à Heemstede, dans la région de Haarlem, en 1648, la famille Molenaer y ouvre un atelier. À l’automne 1659, Judith Leyster et son mari tombent malade. Judith ne se remet pas de cette maladie. Elle est inhumée le 10 février 1660. Son mari décède huit ans plus tard.
Œuvre
Judith Leyster fut totalement ignorée par l’histoire de l’art pendant deux siècles après sa mort. Ses œuvres étaient parfois attribuées à son mari ou à Frans Hals, sur des caractéristiques stylistiques. D’autres œuvres n’étaient pas attribuées. Ce n’est qu’en 1893 que l’historien néerlandais Cornelis Hofstede de Groot (1863-1930) attribue à Judith Leyster La joyeuse compagnie, considérée jusqu’alors comme une peinture de Frans Hals. Par la suite, de nombreuses autres œuvres furent réattribuées à Judith Leyster.
Judith Leyster. La joyeuse compagnie (1630)
Huile sur bois, 68 × 57 cm, musée du Louvre, Paris.
L’œuvre de Judith Leyster comporte des scènes de genre, des natures mortes et des portraits. Elle exprime surtout sa personnalité dans les scènes de genre, en représentant la jovialité des joueurs ou des buveurs, l’espièglerie des enfants, le bonheur des musiciens. La vie ne se déroule pas dans une vallée de larmes pour cette artiste, même si la scène de genre peut comporter une dimension morale. L’influence de Franz Hals et celle de son frère Dirk Hals (1591-1656) est mise en évidence par tous les historiens. Le clair-obscur, hérité des caravagesques d’Utrecht, est plus ou moins utilisé en fonction du sujet, mais le jeu ombre-lumière est omniprésent.
Judith Leyster. Le garçon à la flûte (v. 1630)
Huile sur toile, 62 × 73 cm, Nationalmuseum, Stockholm.
Scènes de genre
Judith Leyster. Le joyeux buveur (1629). Huile sur toile, 88 × 88 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. « Les joues rougies par l'alcool le buveur montre sa cruche vide. Judith Leyster, la seule femme maître peintre de Haarlem, était connue pour ce genre de tableaux. D'un style similaire à celui de son compatriote Frans Hals, ce tableau lui a longtemps été attribué. Le monogramme de Leyster n'a été découvert qu'en 1893, au-dessus du pichet de droite : JL avec une étoile. » |
Judith Leyster. Deux enfants et un chat (1629). Huile sur toile, 61 × 52 cm, collection particulière. Judith Leyster se serait inspirée d’un tableau de Frans Hals pour cette composition en diagonale captant remarquablement l’espièglerie de l’enfance. |
Judith Leyster. La joyeuse compagnie (1630). Huile sur bois, 68 × 57 cm, musée du Louvre, Paris. « Tableau très influencé par Frans Hals et par Jan Miense Molenaer (dès avant le mariage de Judith Leyster avec ce dernier en 1636), lointainement allusif au thème de la parabole évangélique du Fils prodigue chez les courtisanes (Évangile de saint Luc, XV, 11-32), avec la significative association du vin, de la musique et de l’amour (irrégulier). Une interférence (ironique ?) avec le thème cher à Van Mander de l’artiste menacé par les plaisirs n’est pas à exclure. » (Commentaire musée du Louvre) |
Judith Leyster. Enfant tenant des raisins et un chapeau (v. 1630). Huile sur bois, 26 × 22 cm, Currier Museum of Art, Manchester, New Hampshire. La scène est ouverte à l’interprétation de l’observateur. Un enfant espiègle, qui a peut-être dérobé le chapeau et le raisin d’un adulte, est saisi par l’artiste avec toute la spontanéité qui, aujourd’hui, appartiendrait à l’art de la photographie. |
Judith Leyster. Le garçon à la flûte (v. 1630). Huile sur toile, 62 × 73 cm, Nationalmuseum, Stockholm. « Malgré le monogramme, cette œuvre était, lors de sa donation au Nationalmuseum en 1871, attribuée à la fois à Frans Hals et à Jan de Bray. Ce n'est qu'en 1893 que Hofstede de Groot l'a identifiée comme une œuvre de Judith Leyster. Le Garçon à la flûte est l'un des tableaux les plus importants et les plus séduisants de l'artiste. Il date probablement du début des années 1630, car il présente encore des traces de l'influence des caravagistes d'Utrecht. La composition est fraîche et très originale. Le sujet combine une scène de genre, une nature morte et un portrait. Plusieurs spécialistes ont discuté de l'iconographie de ce tableau. Hardcastle pense que le garçon tient la flûte dans le mauvais sens et que le tableau est donc inversé. Ce point de vue est réfuté par Hofrichter, qui souligne qu'une simple flûte peut être tenue dans les deux sens. Elle suggère également que la peinture pourrait avoir un sens caché, représentant l'un des cinq sens, à savoir l'ouïe. Franits a remarqué que la juxtaposition d'une flûte et d'un violon n'était peut-être pas purement fortuite. Dans l’univers idéologique de la musique du début des temps modernes, ces instruments étaient considérés comme aux antipodes l’un de l’autre. Les instruments à cordes appartenaient théoriquement à une catégorie plus élevée, associée à l'harmonie pythagoricienne, tandis que les instruments à vent étaient considérés comme moins sophistiqués et étaient souvent représentés entre les mains de paysans ou de bergers. Le regard vers le haut du joueur de flûte se retrouve souvent dans des représentations similaires de musiciens et de saints, et fait allusion à la capacité de la musique à inspirer et animer. Hofrichter relève un certain nombre de détails qui laissent perplexe, comme le fait que le garçon est assis sur une chaise cassée. Si les peintures de genre hollandaises de cette période ont souvent un double sens, une représentation comme celle-ci peut être tout à fait réaliste. » (Commentaire Nationalmuseum) |
Judith Leyster. Jeu de tric-trac (v. 1631). Huile sur bois, 41 × 31 cm, Worcester Art Museum, Massachusetts. « Les sujets des tableaux de Leyster sont tirés de la vie quotidienne et constituent le type de tableaux qui étaient demandés lorsque les particuliers ont commencé à remplacer l'Église et l'État en tant que principaux clients des artistes. Le backgammon, ou tric-trac, comme ce jeu était communément appelé, était un passe-temps populaire à l'époque de Leyster. Ici, l'artiste interpelle le spectateur avec la pose théâtrale du personnage de gauche. La joueuse, qui pourrait bien être une courtisane, tient un verre de vin et offre à son partenaire une pipe en terre cuite. Tout comme le tric-trac, boire et fumer étaient considérés comme de l’oisiveté dans la Hollande du XVIIe siècle. La lumière artificielle, qui contribue à attirer notre attention sur ces "vices", met en évidence la relation galante. » (Commentaire Worcester Art Museum) |
Judith Leyster. Homme offrant de l'argent à une jeune femme (1631). Huile sur bois, 31 × 24 cm, Mauritshuis, La Haye. Autre titre : La proposition. « À la lumière d'une lampe à huile, une jeune femme est penchée sur ses travaux d’aiguille, les pieds posés sur un repose-pieds. Un homme tente d'attirer son attention avec une poignée de pièces de monnaie. Il veut acheter son amour. Mais la femme ne répond pas à son offre et continue à travailler sans être dérangée. Elle est un modèle de vertu. » (Commentaire Mauritshuis) |
Judith Leyster. Le concert (v. 1633). Huile sur toile, 61 × 87 cm, National Museum of Women in the Arts, New York. « Outre les scènes de taverne et les pièces de genre domestiques intimes, Judith Leyster a souvent peint des scènes de concert. Dans Le Concert, Leyster représente avec précision des éléments tels que le violon baroque (fabriqué sans mentonnière et généralement appuyé contre la poitrine), ainsi que le livre de chansons de la femme. |
Judith Leyster. Un garçon et une fille avec un chat et une anguille (v. 1635). Huile sur bois, 59 × 49 cm, The National Gallery, Londres. « Celui qui joue avec les chats se fait griffer. En d'autres termes, celui qui cherche les ennuis les aura. Il s'agit d'une ancienne devise néerlandaise qui semble être une source possible pour la scène joyeuse de Judith Leyster. Il a été suggéré que la peinture était conçue à la fois comme un divertissement agréable et un avertissement. |
Judith Leyster. La dernière goutte (1639). Huile sur toile, 89 × 74 cm, Philadelphia Museum of Art. « Le costume que porte le personnage debout, par-dessus ses vêtements, suggère qu'il s'agit de la nuit précédant le début du carême, au cours de laquelle les gens se livraient souvent à des excès afin de se préparer au jeûne et à l'abstinence. Cette peinture spécule sur les conséquences de ces excès. Dans leur état de dissipation, le personnage joyeux et son compagnon ignorent la présence menaçante du squelette, qui porte un sablier sinistre dans une main osseuse et un crâne dans l'autre. » (Commentaire Philadelphia Museum of Art) |
Natures mortes
Judith Leyster. Nature morte à la corbeille de fruits (1635-40). Huile sur toile, 62 × 68 cm, The Cremer Collection, Amsterdam. L’artiste étudie la lumière en représentant la transparence de l’eau dans le verre et les reflets sur le pichet métallique. Les couleurs complémentaires (jaune et violet/bleu) illuminent la composition. |
Judith Leyster. Fleurs dans un vase (1654). Huile sur bois, 70 × 50 cm, collection particulière. Cette nature morte florale est une des dernières peintures connues de Judith Leyster. |
Portraits
Judith Leyster. Jeune garçon de profil (v. 1630). Huile sur bois, diamètre 19 cm, National Gallery of Art, Washington. « Judith Leyster possédait une remarquable capacité à capturer la fraîcheur et la spontanéité des enfants. Dans ce tondo magnifiquement peint, le jeune garçon aux joues rouges et aux lèvres rougies exprime l'innocence de l'enfance. La mèche de cheveux fluide à l'arrière-plan, connue sous l’appellation de mèche d’amour, témoigne de la légèreté de la touche de Leyster, tout comme les touches délicates qui définissent les traits du personnage. La technique de Leyster se caractérise par l'utilisation du dos du pinceau pour gratter de longues mèches de cheveux dans la peinture humide. Le professeur supposé de Leyster, Frans Hals (v. 1585-1666), possédait également une capacité remarquable à peindre des enfants avec une énergie et une spontanéité transmettant une impression de jeunesse vibrante. » (Commentaire National Gallery of Art) |
Judith Leyster. Portrait d’une femme inconnue (1635). Huile sur bois, 54 × 41 cm, Frans Hals Museum, Haarlem. « Ce tableau a longtemps été attribué à Frans Hals. Le monogramme de Leyster, JL, est passé inaperçu. » (Commentaire Frans Hals Museum) |
Judith Leyster. Portrait d’un jeune homme (v. 1640). Huile sur bois, 17 × 16 cm, Nationalmuseum, Stockholm. « Les femmes artistes professionnelles comme Judith Leyster étaient rares dans les Pays-Bas du XVIIe siècle. En 1633, Leyster est devenue membre de la guilde des peintres de Haarlem, où elle a créé son propre atelier l'année suivante. Bien qu'elle ait été une peintre de premier plan, son œuvre a souvent été attribuée à des artistes masculins, en particulier Frans Hals. C'est également le cas de ce portrait, qui n’a été reconnu comme une œuvre de Leyster que dans les années 1970. » (Commentaire Nationalmuseum) |
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