Hyacinthe Rigaud
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Patrick AULNAS
Autoportraits
Autoportrait au manteau bleu (1696) |
Autoportrait au turban (1698) |
Biographie
1659-1743
Lorsque Jacint Rigau-Ros i Serra naît à Perpignan en 1659, le catalan est la langue vernaculaire de la région. Il adoptera plus tard, dès que son nom commencera à être connu, l’orthographe francisée Hyacinthe Rigaud. Son père était tailleur de vêtements, mais l’ascendance comporte nombre d’artistes ou d’artisans décorateurs. Le grand-père et l’arrière-grand-père ont été doreurs et peintres. Dès 1669, à la mort de son père, Hyacinthe Rigaud est placé en apprentissage à Carcassonne chez le doreur Pierre Chypolt, puis en 1671 à Montpellier chez le peintre Paul Pezet. Ce dernier possédait une belle collection de tableaux des maîtres du baroque flamand (Rubens, Van Dyck) qui influenceront profondément le jeune artiste. Il ne pouvait trouver meilleure école et s’entraînera avec ardeur à copier Van Dyck. En 1675, Rigaud part s’installer à Lyon où il se lie d’amitié avec le graveur Pierre Drevet (1664-1738). Sa réputation de portraitiste commence à s’affirmer localement et sa clientèle se recrute aussi bien à Lyon qu’en Suisse et à Aix-en-Provence.
Mais Rigaud ne pouvait se satisfaire d’une consécration locale. Il arrive à Paris en 1681 et dès 1682 remporte le premier prix de peinture décerné par l’Académie royale de peinture et de sculpture. Charles Le Brun (1619-1690) règne alors sur l’Académie et apprécie fort le talent du jeune portraitiste. Il lui conseille de ne pas faire le voyage à Rome (avec pension royale) comme il était de coutume pour les lauréats, mais plutôt de se perfectionner dans l’art du portrait. Rigaud suivra si bien ce conseil qu’il se constituera rapidement une riche clientèle qui apprécie le côté réaliste de ses portraits. L‘un de ses clients, Antoine Dezallier d’Argenville (1680-1765), également historien d’art, exprimera ainsi son admiration : « La vérité brillait dans tout ce qu'il faisait [...]. Rigaud savait donner à ses portraits une si parfaite ressemblance, que du plus loin qu'on les apercevait, on entrait pour ainsi dire en conversation avec les personnes qu'ils représentaient. »
Hyacinthe Rigaud. La famille Léonard (1692)
Huile sur toile, 126 × 154 cm, musée du Louvre, Paris.
Analyse détaillée
En 1695, Rigaud retourne brièvement à Perpignan où il peindra plusieurs portraits de sa mère. En 1700 il est admis comme académicien par l’Académie royale de peinture et sculpture et il deviendra professeur en 1702. La gloire a déjà remplacé le succès puisqu’en 1694, le peintre catalan a réalisé un portrait de Louis XIV. Celui de 1701 (le roi en costume du sacre), universellement connu, montrera le monarque absolu avec tous les atours de la richesse et la puissance. Rigaud réalisera une impressionnante galerie de portraits de la famille royale, y compris plusieurs portraits du futur Louis XV. Être peint par Rigaud devient un honneur que l’aristocratie et les monarques étrangers vont rechercher.
En 1703, Hyacinthe Rigaud conclut un contrat de mariage en bonne et due forme avec Marie-Catherine de Chastillon, fille d’un procureur au Parlement. Mais le contrat sera annulé quelques mois plus tard sans que le mariage ait été prononcé. Il faut attendre l’année 1710 (il a 51 ans) pour voir le peintre convoler avec Élisabeth de Gouy, veuve de Jean Le Juge, huissier au Grand Conseil. Élisabeth décède en 1743 à la suite d’une longue maladie. Le mari ne se consolera pas de la perte de son épouse : il meurt quelques mois plus tard à l’âge de 84 ans.
Œuvre
A la fin du 17e siècle, le portrait était encore considéré, en France en particulier, comme un genre mineur. Le classicisme imposait la peinture d’histoire et la peinture mythologique au sommet de la hiérarchie des genres. Hyacinthe Rigaud fut le peintre qui donna au portrait ses lettres de noblesse, à telle enseigne qu’on l’appela le Van Dyck français. Antoine Van Dyck (1599-1641), d’origine flamande, fut, dans la première moitié du 17e siècle, le peintre de la famille royale et de l’aristocratie britannique. Rigaud fut le peintre de la famille royale et de l’aristocratie française à la fin du 17e siècle et dans la première moitié du 18e. Comme Van Dyck, il dépasse le portrait traditionnel de l’époque qui visait à flatter le modèle par une idéalisation de la représentation. Rigaud donne à ses portraits « une parfaite ressemblance » (d’Argenville) mais il sait aussi mettre en valeur son personnage par l’habillement. Il connaît les étoffes depuis son enfance dans l’atelier de tailleur de son père et il maîtrise comme nul autre l’art de les représenter. Fourrures, velours, satin, dentelles, perruques ont une vérité impressionnante chez Rigaud mais aussi une rare élégance qui enthousiasmait les rois et les princes. Ainsi, le génie du peintre est également dans son sens de la mise en scène. Sans doute subsiste-t-il encore une pose figée et des visages où seule une nuance de psychologie transparaît. Le grand siècle imposait la solennité. Il faudra attendre les portraitistes de la fin du 18e siècle (Quentin de la Tour, Vigée Le Brun) pour parvenir au portrait psychologique.
Hyacinthe Rigaud. Louis XIV (1701)
Huile sur toile, 277 × 194 cm, musée du Louvre, Paris.
Le succès obligea Rigaud à créer un atelier et à s’entourer de collaborateurs. Comme chez Rubens, une partie du travail d’exécution est réalisée par des peintres soigneusement choisis et spécialisés (Mélingue, Barthélémy, Monnoyer, Desportes, Parrocel, par exemple) qui, pour la plupart, ne connaîtront jamais la célébrité. L’œuvre comporte donc un très grand nombre de tableaux (environ un millier sans compter les répliques vendues à la famille ou aux amis du modèle).
Martin Desjardins (1683). Huile sur toile, 103 × 104 cm, musée National du Château de Versailles. Martin van den Bogaert dit Martin Desjardins (1637-1694) est un sculpteur français d'origine néerlandaise. |
Marie Cadenne (1684). Huile sur toile, 139 × 102 cm, musée des Beaux-arts, Caen. Marie Cadenne est l’épouse de Martin Desjardins. |
Philippe d'Orléans, alors duc de Chartres (1689). Huile sur toile, musée Hyacinthe Rigaud, Perpignan. Philippe d'Orléans (1674-1723) sera régent de France pendant la minorité de Louis XV, de 1715 à 1723. Il est le fils de Philippe de France (Monsieur, 1640-1701), frère de Louis XIV, et de sa seconde épouse, la princesse palatine Charlotte-Élisabeth de Bavière (1652-1722). |
La famille Léonard (1692). Huile sur toile, 126 × 154 cm, musée du Louvre, Paris. Il s’agit de l’imprimeur Pierre-Frédéric Léonard, de son épouse Marie-Anne des Essarts et de leur fille. |
Louis XIV (1694). Huile sur toile, 277 × 194 cm, musée du Louvre, Paris. Louis XIV dit le Roi-Soleil ou Louis le Grand (1638-1715), est le fils de Louis XIII (1601-1643) et l’arrière-grand-père de Louis XV (1710-1774). Portrait d’apparat en pied où le souverain porte encore une cuirasse, symbole de son prestige de guerrier. |
La famille Laffite (vers 1694). Huile sur toile, 83 × 103 cm, musée du Louvre, Paris. La jeune sœur de Rigaud, Claire (née en 1663), épouse en 1679 Joan Lafita, dit Jean Lafitte, conseiller du roi et bailli royal de Perpignan. Le couple aura trois enfants : le portrait représente l’aînée, Marie, entre son père et sa mère. |
La mère de l’artiste (1695). Huile sur toile, 83 × 103 cm, musée du Louvre, Paris. Lors de son voyage à Perpignan en 1695, Rigaud fit plusieurs portraits de sa mère Maria Serra. |
La comtesse de Lignières (1696). Huile sur toile, château de Parentignat, France. Il s’agit de la fille de Louis-François Du Bouchet, marquis de Sourches qui a rédigé des Mémoires sur le règne de Louis XIV. Elle a épousé le comte de Lignières en 1694. |
Jacques-Bénigne Bossuet (1698). Huile sur toile, 72 × 59 cm, Galerie des Offices, Florence. Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704) : écclésiastique, prédicateur et écrivain français. |
La famille Le Juge (1699). Huile sur toile, 114 × 147 cm, National Gallery, Ottawa. Une autre version de 1706 se trouve au musée Hyacinthe Rigaud de Perpignan. Jean Le Juge était huissier au Grand Conseil. Il meurt en 1707. Son épouse Elisabeth de Gouy deviendra en 1710 madame Rigaud. |
Pierre Drevet (vers 1700). Huile sur toile, 116 × 89 cm, musée des Beaux-Arts, Lyon. Pierre Drevet (1664-1738) est un graveur, ami de Rigaud. |
Louis XIV (1701). Huile sur toile, 277 × 194 cm, musée du Louvre, Paris. Voici le plus célèbre des quelques deux cents portraits de Louis XIV. Le roi est représenté en costume de sacre avec le manteau fleurdelisé doublé d’hermine et l’épée dénommée Joyeuse, considérée depuis le 13e siècle comme celle de Charlemagne. Dans sa main droite, le sceptre d’Henri IV et à ses côtés sa couronne et la main de justice. Le souverain prend pour l’éternité une pose jugée élégante. Le regard dominateur et le visage impassible témoignent de son autorité. Les étoffes chatoyantes symbolisent le goût et la richesse. |
Philippe de Courcillon (1702). Huile sur toile, 162 × 150 cm, Musée National du Château de Versailles. Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau (1638-1720), est un militaire, diplomate et mémorialiste français, connu surtout pour son Journal où il décrit la vie à la cour de Versailles à la fin du règne de Louis XIV. |
Marie-Anne Varice de La Ravoye, née de Vallière (1702). Huile sur toile, collection particulière. Anne Varice de Vallière est l’épouse de Jean Neyret de la Ravoye, seigneur de Lirré et Beaurepaire, trésorier général de la marine en 1692, puis grand audiencier de France. Elle est représentée en Pomone, nymphe romaine à la beauté légendaire et divinité des fruits, insensible aux élans amoureux de Vertumne, dieu des fruits et des jardins. |
Louis de France, duc de Bourgogne (1704). Huile sur toile, 129 × 98 cm, Musée National du Château de Versailles. Louis de France (1682-1712), duc de Bourgogne, est le fils de Louis de France, le grand dauphin (1661-1711) et de Marie Anne Victoire de Bavière (1660-1690). |
Elisabeth de Gouy, épouse de l’artiste (1707-1710). Huile sur toile, musée du Louvre, Paris. Les relations entre Elisabeth et Hyacinthe sont bien antérieures à leur union (19 mai 1710). Dès 1694, Rigaud fréquente les parents de la jeune femme. |
La Princesse Palatine (1713). Huile sur toile, 132 × 109 cm, Musée National du Château de Versailles. Élisabeth-Charlotte von der Pfalz-Simmern (1652-1722), dite Charlotte-Élisabeth de Bavière, est la seconde épouse de Philippe de France (1640-1701), duc d'Orléans, dit Monsieur, frère du roi Louis XIV. |
Louis XV enfant (1715). Huile sur toile, 189 × 135 cm, Musée National du Château, de Versailles. Louis XV (1710-1774) est l’arrière-petit-fils de Louis XIV. Il succède à ce dernier mais ne prendra ses fonctions royales qu’en entrant dans sa 14e année en 1723. De 1715 à 1723, son grand-oncle Philippe d’Orléans assurera la régence. |
Louis XV (1721). Huile sur toile. |
Louis XV (1727-29). Huile sur toile, 271 × 194 cm, Musée National du Château de Versailles. |
Cardinal de Fleury (après 1728). Huile sur toile, 80 × 65,8 cm, National Gallery, Londres. André Hercule de Fleury (1653-1743) est un homme d'État français, qui, de 1726 à 1743, a été de facto le principal ministre du Royaume de France, au début du règne de Louis XV. |
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