Hendrick Aerts

 
 

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Patrick AULNAS

 

Hendrick Aerts. Allégorie de l’amour et de la mort (1590-1603)Hendrick Aerts. Allégorie de l’amour et de la mort (1590-1603)
Huile sur bois, 65 × 89 cm, collection particulière.


Biographie

v. 1570-1603

La biographie de Hendrick Aerts ne comporte que quelques éléments conjecturaux. Fils de Jacob Aerts et d’Elisabeth van Egheem il est probablement né à Malines (Mechelen, Flandre) entre 1565 et 1575. On ignore où et par qui il a été formé. Le nom de Paul Vredeman de Vries (1567-1617) est souvent cité. Cet artiste a travaillé à Dantzig (aujourd’hui Gdansk, en Pologne) avec son père Hans de 1592 à 1595. Aerts aurait été leur assistant et élève. Il aurait ensuite accompagné les de Vries à Prague de 1595 à 1598 puis serait retourné à Dantzig où il meurt en 1603.

La spécialisation de Hendrick Aerts dans la peinture architecturale s’articule bien avec ces éléments biographiques. Hans Vredeman de Vries (1527-1607) est en effet un peintre et architecte qui rédigea plusieurs traités relatifs à la perspective. Il nous reste principalement de lui des dessins représentant des éléments d’architecture.

 

Hendrick Aerts. Palais imaginaire de la Renaissance, détail

Hendrick Aerts. Palais imaginaire de la Renaissance (1602), détail
Huile sur toile, Rijksmuseum, Amsterdam.

 

Œuvre

La peinture architecturale connaît le succès en Europe du Nord aux 16e et 17e siècles. Hans Vredeman de Vries (1527-1607) peut être considéré comme le précurseur de ce genre. Les palais et églises étaient évidemment présents dans la peinture dès le Moyen Âge, mais ils constituaient un arrière-plan à la scène religieuse ou mythologique, voire même au portrait au 15e siècle. Au 16e siècle, l’architecture devient le sujet principal du tableau pour un certain nombre d’artistes flamands et néerlandais. Cette peinture architecturale atteint son apogée avec Pieter Saenredam (1597-1665) qui parvient à un dépouillement imprégné de spiritualité.

 

Hendrick Aerts. Intérieur d’une église gothique avec figures (1590-1603)

Hendrick Aerts. Intérieur d’une église gothique avec figures (1590-1603)
Huile sur toile, 76 × 103 cm, collection particulière.

 

Hendrick Aerts appartient à la génération antérieure à Saenredam et apparaît comme l’un des premiers artistes spécialisés dans la peinture architecturale. Son œuvre comporte des architectures imaginaires pouvant s’inspirer de certains édifices réels représentés avec une perspective profonde marquée par une longue galerie bordée de piliers. La retenue chromatique est au service d’une dimension spirituelle avec des églises toujours présentes. D’un point de vue sémantique, l’allégorie domine, qu’il s’agisse de l’amour, de la jeunesse, de la vieillesse ou de la mort.

Très peu d’œuvres de cet artiste (moins de dix) nous sont parvenues et leur attribution peut rester incertaine.

 

Hendrick Aerts. Allégorie de la vieillesse et de la mort (1602)

Hendrick Aerts. Allégorie de la vieillesse et de la mort (1602)
Huile sur toile, 60 × 48 cm, Museum Bredius, La Haye.

 

Hendrick Aerts. Allégorie de la vieillesse (1602)Hendrick Aerts. Allégorie de la vieillesse (1602)

 

Hendrick Aerts. Allégorie de la mort (1602)Hendrick Aerts. Allégorie de la mort (1602)

 

« Si Hendrick Aerts n’était pas mort si jeune, il serait devenu le plus grand peintre architectural de sa génération. A l’heure actuelle, nous ne connaissons que quatre de ses peintures signées.
L’un de ces tableaux a été coupé en deux entre 1860 et 1897. La partie droite a été acquise par Abraham Bredius en 1931. Pendant près d’un siècle, seule une photographie de la partie gauche était connue.
Ce n’est que lorsque Bernard Vermet a fait des recherches sur Hendrick Aerts il y a vingt ans qu’il a compris que ces deux tableaux devaient aller de pair.
Ensemble, ils forment l’Allégorie de la vieillesse et de la mort. Il existe même un pendant au Rijksmuseum : l’Allégorie de la jeunesse et de l’amour. Les deux œuvres datent de 1602 et ont la même largeur. Ces peintures étaient conservées en Suède au 19e siècle, qu’il s’agisse du tableau du Rijksmuseum ou de celui de Bredius. La pièce manquante a été achetée à une famille suédoise, qui la possédait depuis des générations.
La raison pour laquelle le tableau a été coupé en deux n’est explicitée nulle part. Mais une explication recueille l’unanimité. À l’époque d’Aerts, le symbolisme de la vie et de la mort de Roelant Saverij (ca. 1576-1639) était apprécié, mais par la suite, les images de la mort apparurent moins attrayantes. La partie droite de la peinture rendait en fait la pièce invendable. Mieux valait couper le vieil homme qui est porté dans sa tombe par la mort. La partie gauche devenait alors beaucoup plus commercialisable. Pour que les proportions soient correctes, une partie du haut fut également enlevée […].
Les deux parties sont aujourd’hui été placées sur le dessin de reconstitution que Bernard Vermet a réalisé […] » (Commentaire Museum Bredius)

Hendrick Aerts. Palais imaginaire de la Renaissance (1602)

Hendrick Aerts. Palais imaginaire de la Renaissance (1602)
Huile sur toile, 93 × 127,5 cm, Rijksmuseum, Amsterdam.

 

Hendrick Aerts. Palais imaginaire de la Renaissance, détailHendrick Aerts. Palais imaginaire de la Renaissance, détail

 

Hendrick Aerts. Palais imaginaire de la Renaissance, détailHendrick Aerts. Palais imaginaire de la Renaissance, détail

 

Hendrick Aerts. Palais imaginaire de la Renaissance, détailHendrick Aerts. Palais imaginaire de la Renaissance, détail

 

Aussi intitulé Allégorie de l’amour et de la jeunesse, cette fantaisie architecturale permet à l’artiste de composer un tableau des divertissements de la jeunesse : un banquet avec des musiciens au centre, deux couples dansant à gauche. En bas, à droite, Cupidon, dieu de l’amour, apparaît avec ses attributs (arc et flèches) auprès d’un musicien. Le palais avec une galerie ouverte sur un jardin constitue le cadre imaginaire permettant de rattacher cette œuvre à la peinture architecturale.

Hendrick Aerts. Intérieur d’une église gothique avec figures (1590-1603)

Hendrick Aerts. Intérieur d’une église gothique avec figures (1590-1603). Huile sur toile, 76 × 103 cm, collection particulière. Aerts établit un contraste entre la majesté de l’édifice et la petite taille des fidèles, dont la foule se perd dans les profondeurs de la perspective. Le haut dignitaire ecclésiastique apparaissant à gauche sous un dais peut être considéré comme le pape menant une procession.
L’œuvre est parfois intitulée Intérieur de la basilique Saint-Jean-de-Latran. Il existe en effet au Rijksmuseum une estampe réalisée à partir du tableau d’Hendricks Aerts (voir ci-après) et portant ce titre. Le nom d’Hendricks Aerts est mentionné sur la gravure, qui a été réalisée par le graveur Jan van Londerseel (environ 1570-1625).

 

Jan van Londerseel. Intérieur de la basilique Saint-Jean-de-Latran (1580-1625)

Jan van Londerseel. Intérieur de la basilique Saint-Jean-de-Latran (1580-1625)
Gravure sur papier, 19,5 × 28,2 cm, Rijksmuseum, Amsterdam.

Hendrick Aerts. Allégorie de l’amour et de la mort (1590-1603)

Hendrick Aerts. Allégorie de l’amour et de la mort (1590-1603). Huile sur bois, 65 × 89 cm, collection particulière. Dans un espace architectural imaginaire créé autour d’une profonde galerie centrale, des hommes et des femmes se rencontrent. Au premier plan, l’homme n’en est plus à courtiser la femme ; il l’embrasse et lui caresse la poitrine. Cependant, la mort rôde à proximité de ce couple, rappelant ainsi le caractère éphémère des plaisirs de la vie.

Attribution incertaine

Hendrick Aerts (?). Architecture imaginaire (1620-25)

Hendrick Aerts (?). Architecture imaginaire (1620-25). Huile sur toile, 56 × 102,5 cm, Musée National de Varsovie. Le musée de Varsovie attribue ce tableau non signé à un imitateur de Hans Vredeman de Vries (1527-1607) et l’intitule Architecture imaginaire, cour de palais avec église gothique en arrière-plan.
« La place spacieuse est longée par une séquence rythmique d’arcades à colonnes, qui délimite la cour intérieure du palais. En arrière-plan, la composition est clôturée par une église gothique massive aux tours vertigineuses. Sur le côté droit s’ouvre une vue lointaine sur la rivière et les collines couvertes de bosquets. Une fontaine maniériste entourée d’une balustrade sert de toile de fond compositionnelle sur la droite. La peinture se caractérise par la maîtrise de la perspective, organisant un système de lignes convergentes, d’arcs et de voûtes qui, s’interpénétrant les uns les autres, conduisent le regard du spectateur dans la composition. Ce type de vue architecturale imaginaire a été créé par un artiste néerlandais travaillant à la cour de l’empereur Rodolphe II à Prague - Hans Vredeman de Vries (1527-1604). Contrairement à la lourde splendeur des compositions de de Vries, l’auteur de ce tableau préfère les formes plus légères et les détails architecturaux stylisés, en particulier gothiques. (Hanna Benesz) » (Commentaire Musée National de Varsovie)

  

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