Giovanni Benedetto Castiglione

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Patrick AULNAS

Autoportrait

 

Giovanni Benedetto Castiglione. Tête d’un homme coiffé d’un bonnet à plumes (1645-50)

Giovanni Benedetto Castiglione. Tête d’un homme coiffé d’un bonnet à plumes (1645-50)
Estampe sur papier à partir d’une gravure sur cuivre, 19,3 × 14 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.
Le MET indique que cette gravure est « peut-être un autoportrait ».

 

Biographie

1609-1664

Giovanni Benedetto Castiglione, appelé Il Grechetto en italien, fut baptisé à Gênes le 23 mai 1609. Sa formation étant mal connue, les historiens en sont réduits à des conjectures. Ses parents l’auraient placé dans l’atelier de Giovanni Battista Paggi (1554-1627) peintre génois de scènes religieuses. Les noms de Giovanni Andrea de Ferrari 1598-1669) et de Sinibaldo Scorza (1589-1631), autres peintres génois, sont également cités. L’influence d’Antoine van Dyck et de Pierre Paul Rubens, qui séjournèrent à Gênes au début du 17e siècle est signalée par certains auteurs. Le goût de Castiglione pour les scènes animalières très chargées pourrait provenir de la fréquentation de certains artistes flamands spécialistes de ces sujets, en particulier Jan Roos (1591-1638), élève de Frans Snijders (1579-1657), installé à Gênes à partir de 1616.

 

Giovanni Benedetto Castiglione. Le voyage de Rebecca (1637-39)

Giovanni Benedetto Castiglione. Le voyage de Rebecca (1637-39)
Huile sur toile, 55 × 76 cm, Museum of Fine Arts, Houston.

 

En 1632, Castiglione part pour Rome avec son frère Salvatore. En 1634, il est admis à l’Académie de Saint-Luc, la corporation des peintres et sculpteurs. On le trouve à Naples en 1635, puis à nouveau à Gênes où il reçoit d’importantes commandes de l’aristocratie locale et des institutions religieuses. Il retourne ensuite à Rome de 1639 à 1644 et se marie dans cette ville en 1641. Son fils Francesco (1641-1716) deviendra également peintre baroque.

 

Giovanni Benedetto Castiglione. Les bergers d’Arcadie (v. 1655)

Giovanni Benedetto Castiglione. Les bergers d’Arcadie (v. 1655)
Huile sur toile, 110,5 × 109,5 cm, The J. Paul Getty Museum, Los Angeles.

 

Comme sa peinture le montre, Giovanni Benedetto Castiglione n’avait pas un tempérament paisible. Il dut comparaître en justice à plusieurs reprises. La Queen's Gallery de Londres, où s'est tenue une exposition de ses œuvres en 2013, rappelait à cet égard :

« Giovanni Benedetto Castiglione était aussi un homme violent et impétueux, qui a comparu à plusieurs reprises devant les tribunaux pour agression, qui aurait tenté de jeter sa sœur du haut d'un toit et qui a été contraint de quitter Rome, probablement après avoir commis un meurtre. Les turbulences qui ont caractérisé sa vie ont éclipsé son génie artistique, et Castiglione a eu du mal à être reconnu de son vivant. Une grande partie de ce que l’on sait de l'artiste provient non pas de commandes réalisées, mais de documents judiciaires. »

Après un retour à Gênes en 1645, il s’installe en 1651 à Mantoue au service du duc Charles II Gonzague (1629-1665) et devient le peintre officiel de la cour. Outre Mantoue, il travaille également dans la dernière partie de sa vie à Gênes, Venise et Parme. Giovanni Benedetto Castiglione meurt le 5 mai 1669 à Mantoue, à l’âge de 55 ans.

 

Œuvre

Giovanni Benedetto Castiglione est l’un des grands peintres du courant baroque italien. Outre quelques portraits, son œuvre comporte surtout des scènes mythologiques et religieuses caractérisées par la place accordée aux animaux. L’influence des peintres flamands, en particulier Jan Roos (1591-1638) qui vivait à Gênes, fut déterminante dans cette orientation animalière. L’importance du paysage doit également être signalée, les épisodes bibliques ou mythologiques étant fréquemment insérés dans un vaste cadre paysager comportant une impressionnante accumulation d’animaux et d’objets hétéroclites.

 

Giovanni Benedetto Castiglione. Le sacrifice de Noé après le déluge (1650)

Giovanni Benedetto Castiglione. Le sacrifice de Noé après le déluge (1650)
Huile sur toile, 140 × 194 cm, Los Angeles County Museum of Art.

 

La profusion baroque appliquée aux scènes religieuses les plus classiques s’accompagne parfois d’un certain maniérisme, comme en témoigne cette Adoration des bergers :

 

Giovanni Benedetto Castiglione. L'Adoration des bergers (1659)

Giovanni Benedetto Castiglione. L'Adoration des bergers (1659)
Huile sur cuivre, 68 × 52 cm, musée du Louvre, Paris.

 

L’artiste peut s’approcher du fantastique en reprenant des thèmes antiques comme les sacrifices d’adorateurs à une statue du dieu Pan noyée dans un décor surabondant :

 

Giovanni Benedetto Castiglione. L’offrande à Pan (1645-60)

Giovanni Benedetto Castiglione. L’offrande à Pan (1645-60)
Huile sur toile, 155 × 229 cm, musée des Beaux-arts du Canada, Ottawa.

 

Le dessin est l’autre partie importante de l’œuvre de Castiglione, domaine dans lequel il fut un grand novateur sur le plan technique. D’une part, il utilise l’huile pour dessiner avec des touches légères ; d’autre part, il produit un grand nombre de gravures sur cuivre (technique de l’acide nitrique, dit auparavant eau forte). Enfin, il invente le monotype. Les spécialistes estiment que l’influence de Rembrandt sur Castiglione fut importante dans le domaine du dessin.

Les esquisses à l’huile existent depuis le début du 16e siècle pour préparer le tableau sur toile ou bois. Mais Castiglione est l’un des premiers artistes à réaliser des huiles sur papier comme œuvres d’art achevées. Il utilise un nombre très limité de couleurs et laisse les détails à l’état d’ébauche, produisant ainsi un effet dessin.

 

Giovanni Benedetto Castiglione. L’expulsion d’Agar (1646-50)

Giovanni Benedetto Castiglione. L’expulsion d’Agar (1646-50)
Huile sur papier beige, 28,9 × 41,6 cm, The J. Paul Getty Museum, Los Angeles.

 

La gravure sur cuivre à l’aide d’acide nitrique permettait de reproduire sur papier de nombreux exemplaires du dessin ainsi gravé et de diffuser plus largement les créations des artistes. Un grand nombre d’estampes sur papier de Castiglione sont conservées dans différents musées.

 

Giovanni Benedetto Castiglione. Le génie de Castiglione (1645-47)

Giovanni Benedetto Castiglione. Le génie de Castiglione (1645-47)
Estampe sur papier, 35,5 × 24,5 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.

 

Castiglione invente la technique du monotype, qui, contrairement à la gravure, consiste à faire un tirage unique sur papier à partir d’une plaque métallique qui supporte le dessin à l'encre ou à la peinture. Le dessin n’est pas gravé dans la plaque mais simplement appliqué sur le support lisse. Le procédé permet d’accentuer fortement les effets de clair-obscur, élément important de l’art baroque.

 

Giovanni Benedetto Castiglione. La création d’Adam (v. 1642)

Giovanni Benedetto Castiglione. La création d’Adam (v. 1642)
Monotype à l’encre noire sur papier vergé ivoire, 30,3 × 20,3 cm, Art Institute of Chicago.

 

Huiles sur toile et sur cuivre

Giovanni Benedetto Castiglione. Jacob conduisant les troupeaux de Laban (v. 1632)

Giovanni Benedetto Castiglione. Jacob conduisant les troupeaux de Laban (v. 1632). Huile sur toile, 114 × 150 cm, collection particulière. Episode de l’Ancien Testament. Jacob vit chez son oncle Laban et travaille pour lui, en particulier en gardant ses troupeaux et en les faisant croître. S’ensuit une description ambigüe à contenu moral, caractéristique des textes anciens, concernant la propriété des animaux. Jacob épousera successivement les deux filles de Laban, Léa puis Rachel, et aura une nombreuse descendance.
Castiglione représente Jacob sur un cheval blanc et les deux filles de Laban portant des enfants, occasion de peindre un paysage avec scène animalière au premier plan.

Giovanni Benedetto Castiglione. Le voyage de Rebecca (1637-39)

Giovanni Benedetto Castiglione. Le voyage de Rebecca (1637-39). Huile sur toile, 55 × 76 cm, Museum of Fine Arts, Houston. « Giovanni Benedetto Castiglione est le peintre génois le plus important du XVIIe siècle. Son œuvre se distingue par la virtuosité de son exécution, avec des couleurs brillantes se détachant sur des bruns chauds.
Castiglione s'est spécialisé dans la représentation des voyages décrits dans la Bible. Ici, Rebecca se rend à Canaan, depuis le pays des ancêtres d'Abraham, pour épouser son fils Isaac. Un ange de Dieu apparaît à l'arrière-plan avec le serviteur envoyé par Abraham. Rebecca est assise sur un cheval, excentrée mais attirant l'attention par le bleu brillant de son manteau. Le véritable centre d'intérêt du tableau est cependant constitué par les animaux de la moitié gauche de la composition : le cheval, un chameau, des moutons, du bétail et surtout le chien blanc et noir qui se retourne pour croiser le regard du spectateur. La moitié droite de la composition s'ouvre sur un paysage de montagne, avec d'autres personnages et animaux au milieu, et une nature morte soigneusement exécutée de pots et de récipients au premier plan. » (Commentaire Museum of Fine Arts, Houston)

Giovanni Benedetto Castiglione. Le Christ chassant les marchands du temple (1625-50)

Giovanni Benedetto Castiglione. Le Christ chassant les marchands du temple (1625-50). Huile sur toile, 100 × 124 cm, musée du Louvre, Paris. Évangile selon saint Jean :
« Et la Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. Et il trouva dans le Temple ceux qui vendaient des bœufs, et des brebis, et des colombes, ainsi que les changeurs (assis à leurs comptoirs). Et faisant un fouet avec des cordes, il les chassa tous du Temple, et les brebis et les bœufs ; et la monnaie des changeurs, il l'envoya promener, et leurs tables, il les renversa. Et à ceux qui vendaient des colombes il dit : " Enlevez ça d'ici ; cessez de faire de la Maison de mon Père une maison de commerce " » (II, 13).
Le peintre place Jésus en arrière-plan et met l’accent sur le gibier et les moutons accumulés dans le temple par les marchands. Conformément à la conception baroque, l’image est un gros plan sur une partie de la scène, le reste étant coupé de façon abrupte à droite et à gauche. L’accentuation dramaturgique du mouvement est également ici portée à son comble. Il est intéressant de comparer cette œuvre avec la composition type sur le même sujet, qui place Jésus au centre. Par exemple, Le Greco avait traité le sujet en 1570 dans le style unique qui est le sien, mais mâtiné de maniérisme.

Giovanni Benedetto Castiglione. L'Immaculée Conception avec les saints François d'Assise et Antoine de Padoue (1649-50)

Giovanni Benedetto Castiglione. L'Immaculée Conception avec les saints François d'Assise et Antoine de Padoue (1649-50). Huile sur toile, 367 × 221 cm, Minneapolis Institute of Arts. « La personnalité difficile et violente de Giovanni Benedetto Castiglione a souvent éclipsé ses capacités artistiques et son succès professionnel. Il aurait jeté sa sœur du haut d'un toit, envoyé son frère en prison et failli assassiner son neveu lors d'une bagarre. Pourtant, il a produit des peintures religieuses grandioses et inspirantes.
L'Immaculée Conception fait référence à la doctrine catholique selon laquelle la Vierge Marie, mère du Christ, est elle-même née sans péché. Suivant l'iconographie traditionnelle, Castiglione l'a représentée en reine du ciel, accompagnée d'anges et debout sur un croissant de lune, symbole de chasteté. La doctrine, très discutée, était soutenue par l'ordre des moines franciscains. D'où la présence de deux saints franciscains, François d'Assise à gauche et Antoine de Padoue à droite.
Cette œuvre, l'une des rares peintures documentées de la carrière de Castiglione, a été exécutée pour le maître-autel de la nouvelle église des Capucins à Osimo, une petite ville du centre de l'Italie. L'évêque d'Osimo, le cardinal Girolamo Verospi, a organisé la commande à Rome aux frais de Pier Filippo Fiorenzi, archidiacre de l'église, dont les armoiries familiales apparaissent en bas à gauche. Le tableau a été achevé en octobre 1650, quelques semaines avant que l'artiste et son frère ne s'enfuient mystérieusement de Rome, sans rien emporter, même, selon les archives, leurs sous-vêtements. » (Commentaire Minneapolis Institute of Arts)

Giovanni Benedetto Castiglione. Le sacrifice de Noé après le déluge (1650)

Giovanni Benedetto Castiglione. Le sacrifice de Noé après le déluge (1650). Huile sur toile, 140 × 194 cm, Los Angeles County Museum of Art. Ce thème correspond à un épisode de l’Ancien Testament situé après le déluge, lorsque les animaux sauvés par Noé sortent de l’arche. Voici Le texte biblique :
Tous les animaux, tous les reptiles, tous les oiseaux, tout ce qui se meut sur la terre, selon leurs espèces, sortirent de l'arche. (Genèse 8:19)
Noé bâtit un autel à l'Eternel ; il prit de toutes les bêtes pures et de tous les oiseaux purs, et il offrit des holocaustes sur l'autel. (Genèse 8:20)

La composition, typique de Castiglione, se caractérise par la mise en valeur des animaux et de leurs mouvements et par un amoncellement d’objets qui renvoient davantage au siècle du peintre qu’à la lointaine Antiquité mythique de la narration biblique. Noé porte une cape bleue qui se détache nettement sur un ensemble chromatique gris et brun.

Giovanni Benedetto Castiglione. Cyrus et la femme du berger Spako (1651-59)

Giovanni Benedetto Castiglione. Cyrus et la femme du berger Spako (1651-59). Huile sur toile, 234 × 226 cm, National Gallery of Ireland. « L'historien grec Hérodote raconte qu'Astyage, roi de Mèdes (Iran actuel), rêva que son petit-fils Cyrus le renverserait. Pour éviter cela, un berger fut chargé d'assassiner le nouveau-né. Cependant, le berger échangea le petit-fils du roi avec son propre enfant mort-né. Lui et sa femme Spako élevèrent Cyrus comme leur propre enfant. Le peintre nord-italien Castiglione a ajouté une couronne et une armure pour symboliser le futur pouvoir de Cyrus. Les chiens font référence à la femme du berger, dont le nom se traduit par "chienne". Selon Hérodote, les gens croyaient que Cyrus avait été élevé par une chienne […]
La composition de Castiglione est fidèle au récit, même si la simple bergère a été embellie avec des traits parfaits et des perles dans les cheveux. La statuaire romaine rappelle l'ancienneté de l'histoire, et les différents éléments se fondent harmonieusement dans une palette de couleurs lumineuses et vibrantes. » (Commentaire National Gallery of Ireland)

Giovanni Benedetto Castiglione. L'Adoration des bergers (1659)

Giovanni Benedetto Castiglione. L'Adoration des bergers (1659). Huile sur cuivre, 68 × 52 cm, musée du Louvre, Paris. Episode biblique concernant la naissance de Jésus-Christ à Bethléem. Les bergers proches de Bethléem sont informés par un ange de la venue du Sauveur. Ils se rendent à la crèche pour se prosterner devant l’Enfant Jésus. Cette composition très animée contraste avec la quiétude qu’inspirait le sujet au siècle précédent. Le baroque accentue les mouvements et met en évidence la musculature des corps des bergers. Ambiance festive dans les cieux... Ce tableau est une réplique réduite avec variantes d’un tableau d’autel peint en 1645 pour l’église de San Luca de Gênes.

Giovanni Benedetto Castiglione. Nativité (1650-69)

Giovanni Benedetto Castiglione. Nativité (1650-69). Huile sur toile, 65 × 56 cm, Musei di Strada Nuova - Palazzo Rosso, Gênes. Episode biblique de la naissance de Jésus-Christ. Marie (mère), Joseph (époux de Marie) et quelques personnages saints ainsi que des anges sont en général représentés. Cette composition est très proche de L’Adoration des bergers, ci-dessus. La figure de la Vierge à l’Enfant est identique et l’animation céleste très proche.

Giovanni Benedetto Castiglione. Deucalion et Pyrrha (1655)

Giovanni Benedetto Castiglione. Deucalion et Pyrrha (1655). Huile sur toile, 155 × 121 cm, Denver Art Museum. Mythologie antique. Zeus décida de faire disparaître les hommes pour les punir de leur méchanceté. Il leur envoya le déluge. Seuls Deucalion et sa femme Pyrrha, qui s'étaient montrés bons, furent sauvés. Ils devaient pour cela se réfugier sur le mont Parnasse, à l'abri de la montée des eaux. Seuls survivants du déluge, Deucalion et Pyrrha se sentirent très seuls et consultèrent l'oracle, qui leur dit de jeter les os de leur grand-mère. La grand-mère de Deucalion étant Gaia, la déesse de la Terre, ses os étaient des pierres. Deucalion et Pyrrha se mirent donc à ramasser les pierres et à les jeter. A chaque fois que Deucalion jetait une pierre, elle se transformait en homme en touchant le sol, et à chaque fois que Pyrrha en jetait une, elle se transformait en femme. C'est ainsi que le monde fut repeuplé.
Dans une composition aux couleurs chaudes, Castiglione représente le jet des pierres et la réapparition des humains, en bas, au premier plan, émergeant des pierres.

Giovanni Benedetto Castiglione. Les bergers d’Arcadie (v. 1655)

Giovanni Benedetto Castiglione. Les bergers d’Arcadie (v. 1655). Huile sur toile, 110,5 × 109,5 cm, The J. Paul Getty Museum, Los Angeles. « Deux bergers arcadiens aux traits grossiers découvrent un tombeau sur lequel sont inscrits les mots Temporalis Æternitas, faisant allusion à la brièveté ou à la fragilité de la vie humaine. Le sujet, que Giovanni Benedetto Castiglione avait emprunté à Poussin une décennie plus tôt, avait pour but de rappeler aux spectateurs que le temps fait oublier même les plus hautes réalisations de l’humanité. Un assortiment d’objets gisant sur le sol à gauche – des statues, des instruments de musique, un coquillage, des livres et des armures – symbolisent les réalisations humaines qui ont commencé à tomber en ruine.
Sur fond de ciel bleu avec des nuages gris violacé, Castiglione évoque le mystère d’une ancienne civilisation disparue. Les couleurs sont riches et puissantes, avec des rouges et des bleus vifs et un fond rouge-brun fort. » (Commentaire Getty Museum)

Giovanni Benedetto Castiglione. L’offrande à Pan (1645-60)

Giovanni Benedetto Castiglione. L’offrande à Pan (1645-60). Huile sur toile, 155 × 229 cm, musée des Beaux-arts du Canada, Ottawa. « Des adorateurs offrent des sacrifices à une statue de Pan, dieu de la nature et de la fertilité. Le sujet du tableau puise aux sources de l'Antiquité, mais de nombreux détails – la porcelaine chinoise et les tenues exotiques – sont étrangement hors contexte. L'effet obtenu est fantastique et s'écarte de la fidélité archéologique présente dans les tableaux de certains de ses contemporains. Inspiré par l'art flamand, Castiglione a ajouté à sa représentation soigneuse du monde matériel la touche du peintre – les traits manifestes du pinceau de l'artiste nous rendent conscients de la manière picturale tout autant que du sujet représenté.
L'artiste a rapidement esquissé la composition à la peinture noire, qui est devenue visible avec le temps. À gauche, on peut voir des premières idées pour un arbre, plus tard rejetées par Castiglione. Autre conséquence du vieillissement, l'équilibre des couleurs s'est altéré ; les feuilles vertes sont devenues brunes, une particularité commune aux tableaux des maîtres anciens. En revanche, le bleu des montagnes lointaines et du vêtement de l'homme est demeuré d'une saisissante vivacité. » (Commentaire musée des Beaux-arts du Canada)

Giovanni Benedetto Castiglione. Crucifixion (1660)

Giovanni Benedetto Castiglione. Crucifixion (1660). Huile sur toile, 60 × 45 cm, Musei di Strada Nuova, Gênes. « Les personnages, placés dans une composition diagonale, se détachent sur un espace indéfini ; à gauche se trouve le Christ crucifié dont la tête émet une lumière éblouissante ; plus bas, à droite, la Vierge est soutenue par saint Jean, debout à droite de la Vierge, enveloppé dans un manteau sombre, le bras droit levé, et par une femme que l'on aperçoit à peine ; au pied de la croix, Marie Madeleine est agenouillée au premier plan ; à côté d'elle se trouvent une vasque et un roseau.
Durant les dernières années de son activité, Castiglione a exécuté une série de peintures de petit format, probablement destinées à la dévotion domestique, ayant pour sujet la méditation sur la mort du Christ. » (Commentaire Musei di Strada Nuova)

Giovanni Benedetto Castiglione. Entrée des animaux dans l’arche (1655-64)

Giovanni Benedetto Castiglione. Entrée des animaux dans l’arche (1655-64). Huile sur toile, 178 × 243 cm, Museo dell'Accademia Ligustica di Belle Arti, Gênes. Ce thème correspond à un épisode de l’Ancien Testament situé avant le déluge, lorsque Noé sauve un spécimen de chaque animal en l’abritant dans l’arche. Voici le texte biblique :
Noé avait 600 ans lorsque le déluge frappa la terre. (Genèse 7:6)
Noé entra dans l'arche avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils pour échapper à l’eau du déluge. (Genèse 7:7)
Parmi les animaux purs et les animaux impurs, les oiseaux et tout ce qui se déplace sur le sol, (Genèse 7:8)
un mâle et une femelle entrèrent dans l'arche avec Noé, deux par deux, comme Dieu l'avait ordonné à Noé. (Genèse 7:9)

« Le tableau représente l'un des sujets favoris de l'artiste, qu'il a abordé à plusieurs reprises au cours de sa carrière et qui s'inscrit dans une tradition de peinture animalière présente à Gênes avec les œuvres des Bassano, des Scorza et des peintres flamands tels que les frères de Wael ou Jan Roos. L'épisode semble être un prétexte à la représentation minutieuse d'animaux et d'objets domestiques ; une comparaison avec un dessin représentant le même sujet, conservé dans la collection royale du château de Windsor et daté par Blunt de 1648-1655, suggère qu'il date des dernières années de la vie de l'artiste. » (Commentaire Museo dell'Accademia Ligustica di Belle Arti)

 

Dessins, gravures et monotypes

Giovanni Benedetto Castiglione. La création d’Adam (v. 1642)

Giovanni Benedetto Castiglione. La création d’Adam (v. 1642). Monotype à l’encre noire sur papier vergé ivoire, 30,3 × 20,3 cm, Art Institute of Chicago. « Considéré comme l'un des artistes italiens les plus originaux et les plus novateurs de la période baroque, Giovanni Benedetto Castiglione a littéralement séparé la lumière de l'obscurité, créant une forme à partir du chaos dans cette œuvre, son premier monotype connu. Dans une parfaite adéquation entre le support et le message, Castiglione, l'artiste génois à qui l'on attribue l'invention de cette technique, a utilisé cette nouvelle méthode pour représenter l'acte central de la Genèse : la création de l'homme […] De larges traits anguleux de blanc représentent Dieu émergeant d'un nuage, tandis que des lignes fines et fluides extraient le corps langoureux d'Adam d'un noir velouté. Les monotypes de Castiglione utilisent à la fois cette technique du fond noir, qui se prête naturellement à une imagerie dramatique et mystérieuse, et celle du fond clair, dans laquelle le motif est dessiné à l'encre directement sur une plaque propre. Les deux procédés ne produisent qu'une seule impression. Ce n'est qu'au XIXe siècle que des artistes aussi polyvalents qu'Edgar Degas ont exploré tout le potentiel du monotype. » (Commentaire Art Institute of Chicago)

Giovanni Benedetto Castiglione. L’expulsion d’Agar (1646-50)

Giovanni Benedetto Castiglione. L’expulsion d’Agar (1646-50). Huile sur papier beige, 28,9 × 41,6 cm, The J. Paul Getty Museum, Los Angeles. « Giovanni Benedetto Castiglione a représenté les conséquences dramatiques de la naissance d’Isaac (Ancien Testament). Après que Sarah, l’épouse centenaire d’Abraham, eut miraculeusement donné naissance à Isaac, elle força son mari à chasser sa servante Agar ainsi qu’Ismaël, le fils qu’Agar avait déjà donné à Abraham.
La composition en frise de Castiglione, avec des personnages soigneusement équilibrés au premier plan, devant une toile de fond architecturale classique, reflète l’influence d’un autre artiste baroque, Nicolas Poussin, dont Castiglione fréquentait le cercle à Rome.
Les esquisses à l’huile sont apparues dans les années 1500 comme une étape dans la préparation d’une peinture, mais Castiglione a été l’un les premiers artistes à les réaliser en tant qu’œuvres d’art indépendantes et achevées. Castiglione a "dessiné" avec le pinceau à l’huile, en utilisant peu de couleurs, ce qui donne l’effet d’un dessin plutôt que d’une peinture. Il a utilisé le blanc avec parcimonie pour les effets de lumière ; la majeure partie de la composition est esquissée en touches épaisses et texturés de peinture à l’huile rouge-brun, ce qui renforce la tonalité émotionnelle sombre de l’image. Des zones de bleu peintes en aplat séparent les personnages de l'arrière-plan. » (Commentaire Getty Museum

Giovanni Benedetto Castiglione. Le génie de Castiglione (1645-47)

Giovanni Benedetto Castiglione. Le génie de Castiglione (1645-47). Estampe sur papier, 35,5 × 24,5 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Castiglione a réalisé une soixantaine d'eaux-fortes, toutes caractérisées par un traitement vif et un contenu très personnel. Il a été influencé par Anthony van Dyck, dans l'atelier duquel il a travaillé à Gênes, et plus tard par les gravures de Rembrandt, de quelques années son aîné, qui travaillait à Amsterdam. Castiglione a réalisé cette estampe à Gênes et a emporté la plaque avec lui à Rome en 1647, où elle fut publiée un an plus tard et dédiée à Matthys van de Merwede, seigneur de Clootwyck, noble hollandais et mécène qui vécut en Italie de 1647 à 1650.
L'inscription en latin sur le livre tenu par le jeune homme se lit comme suit : "Le génie de Giovanni Benedetto Castiglione de Gênes [qui] a inventé et réalisé [ceci]". Le personnage de la gravure n'est pas un autoportrait et le mot "génie" doit, dans ce contexte, être compris dans le sens ancien d’"esprit directeur". Le jeune homme assis […], tenant une trompette et un livre, représente la Renommée, identification renforcée par le putto tenant une trompette et montrant une couronne de laurier. Le lapin et le panier avec les oiseaux symbolisent la fécondité, tandis que la palette, les pinceaux et la partition font référence aux arts. Leur placement sur le sol et l'état froissé de la partition de musique apportent une note pessimiste, suggérant la futilité de l'accomplissement humain. » (Commentaire MET)

Giovanni Benedetto Castiglione. Jeune homme avec une trompette (1645-50)

Giovanni Benedetto Castiglione. Jeune homme avec une trompette (1645-50). Estampe sur papier, 11 × 8,5 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Cette estampe a été réalisée à partir d’une gravure sur cuivre pour une série intitulée Petites têtes avec coiffure orientale. D’autres estampes de la même série sont visibles sur le site du MET.

Giovanni Benedetto Castiglione. Jeune homme jouant de la flûte pour un satyre (1645-50)

Giovanni Benedetto Castiglione. Jeune homme jouant de la flûte pour un satyre (1645-50). Huile sur papier, 40,6 × 53,5 cm, Metropolitan Museum of Art. « L'artiste s'est aventuré ici avec une témérité envoûtante dans le monde bucolique des satyres et des nymphes, obtenant l'effet d'un tableau de chevalet délibérément inachevé. Le satyre a posé sa flûte de berger et s'étire avec un abandon hédoniste en écoutant le beau jeune homme jouer à son tour de la flûte. Le satyre peut représenter Pan ou Marsyas, tandis que le jeune homme peut être Apollon, Olympos ou Daphnis. Aucun des mythes classiques ne correspond parfaitement à la composition, mais celle-ci évoque un échange doux et idyllique. Elle peut faire allusion au contraste entre l'esprit passionné du dionysiaque (représenté par le satyre) et la beauté et la clarté de la raison de l'apollinien (le jeune homme), qui, selon les humanistes de la Renaissance et du Baroque, étaient les deux impulsions opposées de la créativité artistique. » (Commentaire MET)

Giovanni Benedetto Castiglione. Troupeau au gué (1650)

Giovanni Benedetto Castiglione. Troupeau au gué (1650). Monotype à l'encre noire, Bibliothèque Nationale de France. « Giovanni Benedetto Castiglione (1609-vers 1665), artiste ombrageux et fantasque, surnommé "il Grechetto" (le petit grec, signifiant à l’époque une façon extravagante de s’habiller) partage sa carrière entre Gênes, Rome et Mantoue, où il est sensible tour à tour à l’influence des vénitiens, de Van Dyck, Poussin et Rembrandt. Spécialisé dans les peintures et dessins d’animaux, de paysages ou de scènes plus antiquisantes, il reste renommé pour ses œuvres au style énergique, aux couleurs chaudes et à l’exécution très libre. Ses dessins enlevés esquissés au pinceau et à l’huile ou ses essais d’eaux-fortes sont pour lui autant de terrains d’expérimentation.
Cet artiste novateur se montre ainsi pionnier en matière de technique de l’estampe en inventant le procédé du monotype, dans lequel l’artiste ne grave pas la matrice pour fixer des traits reproductibles mais dépose de l’encre au pinceau sur une plaque de cuivre nue qui est ensuite imprimée sous une presse et l’encre est transférée sur le papier, n’autorisant qu’un seul et unique tirage, un « mono-type » (et éventuellement un deuxième tirage beaucoup plus pâle).
Castiglione en produit un peu moins d’une trentaine, soit par addition, en dessinant à l’encre et au pinceau les motifs sur la plaque de cuivre, soit par soustraction, en couvrant toute la plaque d’encre noire et en faisant ensuite apparaître les motifs en clair, en enlevant de l’encre avec un bâtonnet : c’est cette dernière technique qui est utilisée dans les quatre monotypes du département des Estampes et de la photographie. Il y approfondit ses recherches sur les contrastes d’ombre et de lumière. » (Commentaire BNF)

Giovanni Benedetto Castiglione. Cheminement pastoral (v. 1650)

Giovanni Benedetto Castiglione. Cheminement pastoral (v. 1650). Huile et touches de gouache blanche, rose et bleue sur papier, 28,1 × 41,3 cm, The J. Paul Getty Museum, Los Angeles. « Une jeune femme chevauchant à travers un troupeau de moutons se retourne pour parler à un homme qui marche à ses côtés. Les moutons se regroupent, guidés par trois jeunes bergers. Un homme portant une grande cruche se tient sous un arbre à l’arrière-plan. Cette scène représente probablement les figures bibliques d’Abraham et de sa femme Sarah se rendant en Égypte pour échapper à la famine.
Giovanni Benedetto Castiglione a utilisé de la peinture à l’huile pour réaliser ce dessin comportant de nombreux détails. Avec la pointe du pinceau, il a varié la forme et la courbe de ses touches pour créer les manteaux laineux des moutons, les feuilles pendantes de l’arbre et les tons légèrement délavés du paysage en arrière-plan. » (Commentaire Getty Museum)

Giovanni Benedetto Castiglione. Entrée des animaux dans l’arche (1660-1700)

Giovanni Benedetto Castiglione. Entrée des animaux dans l’arche (1660-1700). Huile sur papier, 28 × 40,4 cm, Royal Collection, Windsor. Dans la Royal Collection, le dessin est présenté comme « attribué » à Castiglione. Le musée de Gênes, qui conserve le tableau issu de ce dessin, utilise la date approximative fixée par la Royal Collection pour dater le tableau de Gênes (voir ci-dessus). « Dessin d'un ensemble désordonné d'animaux, comprenant des oiseaux sauvages, des chevaux, des chats et des singes, se déplaçant sous la direction de plusieurs personnages vers l'arche, dont on voit un côté à droite. Une peinture relative à ce dessin se trouve dans une collection privée à Gênes. Il est également étroitement lié à un tableau de Nantes représentant les animaux entrant dans l'arche. » (Commentaire Royal Collection)


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Giovanni Benedetto Castiglione (1609-1664)

 

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