Clara Peeters
Cliquer sur les images ci-dessus
PARTENAIRE AMAZON ► En tant que partenaire d'Amazon, le site est rémunéré pour les achats éligibles.
Patrick AULNAS
Autoportrait
Clara Peeters. Portrait d’une femme en vanité (1613-20)
Huile sur bois, 37,2 × 50,2 cm, collection particulière.
Cette allégorie de la vacuité de toute chose (vanité) pourrait être un autoportrait, mais il s’agit d’une simple hypothèse.
Biographie
1580/89 - après 1657
La vie de Clara Peeters reste très mal connue. On ignore sa date de naissance tout comme la date de son décès. Seules des conjectures permettent de reconstituer quelques éléments biographiques. En fonction de la date de ses premières œuvres, réalisées en 1607, les historiens fixent sa date de naissance dans la période 1580-1589. La date de 1594, parfois citée, est inexacte car la probabilité qu’une adolescente de 13 ans ait peint les premières natures mortes attribuées à Clara Peeters est extrêmement faible du fait de leur sophistication technique. Cette date de 1594 correspond à des documents attestant du baptême d’une Clara Peeters dans l’église Sint Walburgis d’Anvers le 15 mai 1594. Mais le patronyme Peeters étant extrêmement courant en Flandres, un tel document n’a qu’une valeur probatoire faible.
Clara Peeters. Nature morte aux fleurs (1611)
Huile sur bois, 52 × 73 cm, musée du Prado, Madrid.
Il n’existe aucune trace de la formation de Clara Peeters. La guilde de Saint-Luc locale, corporation des peintres et sculpteurs, recensait les artistes en formation. Mais ni la guilde d’Anvers, ni celles d’Amsterdam, Haarlem, Delft, La Haye ou Middelburg ne comportent la moindre trace d’une Clara Peeters. Cela n’est d’ailleurs pas vraiment surprenant puisque les femmes n’étaient en principe pas admises comme apprenties chez les artistes. La plupart des femmes peintres de cette époque étaient formées par leur père, lui-même artiste peintre. Il s’agirait alors d’un peintre de faible renommée, aujourd’hui oublié. Il se peut également que Clara Peeters ait figuré sur les registres de la Guilde d’Anvers, mais les registres des années 1607-1628 ont été perdus.
En 1611, Clara Peeters était installée à Amsterdam et en 1617 à La Haye. Après 1621, sa trace se perd. Des hypothèses ont été faites, par exemple qu’elle se serait mariée et aurait alors cessé de peindre. On évoque également, sur une base documentaire, une nature morte de Clara Peeters datant de 1657, mais ce tableau a disparu.
La date de son décès étant inconnue, on la fixe le plus souvent après 1657.
Œuvre
La nature morte est un genre qui se développe beaucoup en Flandre et aux Pays-Bas au 17e siècle. Clara Peeters fait partie de pionnières du genre. Contrairement aux autres femmes peintres apparaissant plus tardivement dans le siècle (Maria van Oosterwijck, Rachel Ruysch), elle réalise peu de natures mortes florales et se spécialise dans les natures mortes de gibier et d’aliments. Il s’agit d’un sous-genre que le néerlandais qualifie de ontbijtjes (petits-déjeuners) lorsque les objets et les aliments sont simples ou de banketje (banquets) lorsque le luxe apparaît.
Clara Peeters. Nature morte avec poisson et artichauts (1611)
Huile sur bois, 50 × 72 cm, musée du Prado, Madrid.
Clara Peeters a signé trente-et-un tableaux et beaucoup de ceux-ci ont été datés, toujours entre 1607 et 1621. Dix-huit de ces trente-et-une natures mortes ont été réalisées alors que l’artiste avait environ une vingtaine d’années. Cette précocité est souvent l’apanage des femmes peintres du 16e au 18e siècle, car leur talent était repéré par leur père, lui-même peintre, et elles s’initiaient très jeunes au dessin et à la peinture sous la direction paternelle.
Il existe en outre soixante-seize peintures supposées être de la main de Clara Peeters, mais sans attribution formelle.
Les historiens ont mis en évidence une parenté entre les œuvres les plus précoces de Clara Peeters et celles du peintre anversois de natures mortes Osias Beert (v. 1580-1623). Clara Peeters aurait pu être l’élève de Beert, mais cela reste conjectural.
Clara Peeters fut une artiste à succès qui travailla pour de riches commanditaires. Ses natures mortes sont en effet parsemées d’objets précieux, très coûteux (coupes en métal ciselé, bijoux, pièces de monnaie) qui reflètent le niveau de vie de ses clients.
Clara Peeters. Nature morte aux coupes, fleurs et coquillages (1612)
Huile sur bois, 59,5 × 49 cm, Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe.
Clara Peeters. Nature morte avec friandises, romarin, vin, bijoux et une bougie allumée (1607). Huile sur bois, 23,7 × 36,7 cm, collection particulière. Ce premier tableau connu de Clara Peeters se caractérise par une vue plongeante, de façon à faire apparaître distinctement les objets posées sur la table. Ce choix de composition se retrouve chez Osias Beert (v. 1580-1623), peintre natif d’Anvers qui aurait pu influencer la jeune Clara Peeters. Elle avait alors une vingtaine d’années et disposait d’un niveau technique exceptionnel lui permettant d’approcher au plus près la vérité de la nature morte : description minutieuse des objets, restitution très étudiée des reflets.
|
Clara Peeters. Nature morte avec épervier, oiseaux, porcelaine et coquillages (1611). Huile sur bois, 52 × 71 cm, musée du Prado, Madrid. Cette nature morte est en réalité consacrée à la chasse, activité importante de l’aristocratie de l’époque. Un épervier, utilisé pour la chasse, est perché sur le bord du panier.
|
Clara Peeters. Nature morte aux fleurs (1611). Huile sur bois, 52 × 73 cm, musée du Prado, Madrid. « La composition de ce tableau équilibre soigneusement deux principes. Les objets apparaissent placés sur la table dans un ordre apparemment aléatoire. Le but de l'artiste était de rendre la scène aussi réelle que possible. Simultanément, le peintre a travaillé pour fournir une vue frontale et claire de tous les objets. Cette combinaison paradoxale d'intentions est héritée d'artistes de la fin du XVIe siècle, comme Joris Hoefnagel (1542-1601), qui ont créé des images hybrides dans lesquelles les objectifs didactiques des illustrations scientifiques étaient associés à une approche plus esthétique […]
|
Clara Peeters. Table avec nappe et salière (1611). Huile sur bois, 55 × 73 cm, musée du Prado, Madrid. « Sur une table recouverte d'une nappe en damas de lin avec des marques de plis, les aliments et la vaisselle ont été posés. Ce type de nappe était exporté de Flandre vers le reste de l'Europe. Sa présence ici évoque une maison riche et soignée […] Cette nature morte comporte le même type d'objets que ceux que l’on voit dans les peintures de Frans Snyders (1579-1657) et de Jan Brueghel l’Ancien (1568-1625), deux des artistes les plus importants d’Anvers à l'époque de Clara Peeters. Les trois peintres ont transposé dans leurs tableaux la culture matérielle des élites flamandes. Peeters a choisi un style différent de celui de ses pairs : leur langage formel exubérant devient ici beaucoup plus réaliste et plus contenu. » (Commentaire musée du Prado)
|
Clara Peeters. Nature morte avec poisson et artichauts (1611). Huile sur bois, 50 × 72 cm, musée du Prado, Madrid. « On connaît environ dix peintures de poissons de Peeters, ce qui signifie qu’elle est devenue une sorte de spécialiste de ce type de nature morte. Le poisson était un aliment très répandu dans le sud et le nord des Pays-Bas, du fait du vaste littoral de la région et des nombreuses rivières, criques et étangs. Sa consommation était également favorisée par les restrictions imposées à la consommation de viande par les autorités religieuses et les coutumes, pouvant aller jusqu'à trois jours par semaine […] Ce que les contemporains appréciaient dans les peintures de ce type, c’était leur symbolisme évoquant les concepts auxquels leurs commanditaires souhaitaient s’identifier, comme le goût, le statut social, l’éducation, etc. Nous ne savons pas pourquoi Peeters dans cette peinture combine le poisson avec les autres éléments. La bougie éteinte est souvent une référence à une vanité : le passage inévitable du temps. On ne sait pas si cette signification est exacte dans ce cas, mais la bougie ajoute une dimension temporelle à l'image ; elle nous donne l’impression d'attendre l’action. Les autres éléments peuvent simplement refléter ce que l'artiste considérait comme des objets attrayants pouvant être combinés pour obtenir un effet artistique. » (Commentaire musée du Prado)
|
Clara Peeters. Nature morte aux coupes, fleurs et coquillages (1612). Huile sur bois, 59,5 × 49 cm, Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe. Clara Peeters est plus connue pour ses natures mortes représentant des aliments dans une vaisselle luxueuse que pour ses natures mortes florales. Ces dernières étaient très appréciées au début du 17e siècle en Flandre et aux Pays-Bas et pouvaient comporter une dimension symbolique, chaque fleur ayant une signification. On peut rapprocher stylistiquement cette nature morte de celle de Jan Brueghel, Nature morte avec guirlande de fleurs et coupe (v. 1618).
|
Clara Peeters. Nature morte aux fromages, amandes et bretzels (v. 1615)
Clara Peeters. Nature morte aux fromages, amandes et bretzels, détail (v. 1615)
Clara Peeters. Nature morte aux fromages, amandes et bretzels, détail (v. 1615) « Dans cette nature morte, une table est dressée avec des fromages, des bretzels et des figues, à côté d’objets coûteux tels qu'un verre de Venise doré et un plat chinois. L’anversoise Clara Peeters a été l’une des premières peintres de natures mortes avec aliments, et ses banketjes ou pièces de banquets ont eu une grande influence sur les peintres du nord des Pays-Bas.
|
Clara Peeters. Nature morte avec coupe et panier de fruits (1612-15). Huile sur bois, 34,1 × 46,8 cm, collection particulière. Le caractère allégorique, souvent présent dans les natures mortes de cette époque, apparaît clairement avec l’animal symbolisant le diable. La gourmandise est un vilain défaut et la vie est tentation pouvant mener à la mort.
|
Clara Peeters. Nature morte aux poissons, crevettes, huîtres et écrevisses (1612-20). Huile sur bois, 37,7 × 50 cm, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Anvers. Dans un monde de la rareté, ceux qui peuvent accéder à l’abondance alimentaire étaient des privilégiés. En Flandre et aux Pays-Bas, les produits de la pêche représentaient une ressource importante et convoitée. Il n’est donc pas surprenant que les natures mortes de poissons, coquillages et crustacées aient tenu une place importante dans les tableaux des peintres de cette région. Les riches commanditaires disposaient ainsi d’une illustration idéalisée des produits qu’ils consommaient couramment. La représentation artistique, en magnifiant une réalité prosaïque, valorisait ceux à qui elle était destinée.
|
Clara Peeters. Nature morte aux fleurs entourée d'insectes et d'un escargot (1615-18). Huile sur cuivre, 16,6 × 13,5 cm, National Gallery of Art, Washington. L’une des rares natures mortes florales de Clara Peeters, au caractère décoratif marqué.
|
Clara Peeters. Nature morte aux poissons, huîtres et crevettes (1607-1650). Huile sur bois, 25 × 34,8 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. « Poisson encore la vie. Nature morte comportant un plat avec des poissons (carpes, anguilles, gardons), et par ailleurs des huîtres, des moules, des coquillages et des crevettes. A droite en arrière-plan un bouquet de fleurs. » (Description Rijksmuseum)
|
Clara Peeters. Nature morte florale (1607-1650). Huile sur bois, 31,8 × 45,8 cm, Kröller-Müller Museum, Otterlo. Les natures mortes florales du 17e siècle dans les pays du nord se caractérisent par l’abondance des variétés de fleurs, réunies pour des raisons esthétiques mais ne fleurissant parfois pas du tout à la même époque de l’année. Les bouquets sont fréquents, mais Clara Peeters a choisi ici une présentation dans un panier et une coupe en métal qui équivaut à celles de ses natures mortes alimentaires. |
Pour visionner d'autres œuvres sur GOOGLE ARTS & CULTURE, cliquer sur le nom du peintre :
Ajouter un commentaire