Charles Le Brun
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Patrick AULNAS
Portrait
Nicolas de Largillière. Portrait de Charles Le Brun (1683-1686)
Huile sur toile, 232 × 187 cm, Musée du Louvre, Paris
Biographie
1619-1690
Charles Le Brun (ou Lebrun) est le fils du sculpteur Nicolas Le Brun qui travailla à l’hôtel particulier du Chancelier Pierre Séguier (1588-1672). Séguier apparient à la haute magistrature et il deviendra le protecteur de l’académie. Dès l’âge de onze ans, le jeune Charles est remarqué par Séguier qui le loge dans son hôtel et lui donne pour professeur le peintre Simon Vouet (1590-1649). Le Brun commence à produire sous la direction de Séguier à partir de l’âge de quinze ans. Le grand maître du classicisme Nicolas Poussin (1594-1665) prend ensuite le relai de Vouet auprès de Le Brun. Le jeune peintre va accompagner Poussin à Rome en 1642 et il y restera quatre ans. Bien entendu, pour se former, Le Brun copie les antiques romains mais aussi Raphaël, les Carrache et Pierre de Cortone. Il peint également plusieurs tableaux dans le style histoire antique.
Charles Le Brun. Pierre Séguier, chancelier de France (1655-1661)
Huile sur toile, 295 × 351 cm, Musée du Louvre, Paris.
En 1646, Le Brun est de nouveau à Paris. Avec l’appui de Séguier il obtient immédiatement d’importantes commandes. L’influence de Séguier lui permet également d’obtenir de Mazarin (1602-1661) la fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1648. Il en devient secrétaire. Lorsque Nicolas Fouquet (1615-1631), le richissime surintendant des Finances, lui propose de décorer son château de Vaux-le-Vicomte, Le Brun peut déployer toute la palette de son savoir-faire. Murs, plafonds, sculptures, tapisseries, jardins sont réalisés sous sa direction de 1656 à 1661.
La disgrâce de Fouquet n’atteint pas Le Brun. Il travaille en effet également pour Colbert (1619-1683) et pour le roi Louis XIV (1638-1715). En 1663, Colbert le nomme directeur de la manufacture des Gobelins spécialisée d’abord dans les tapisseries mais qui fabriquera également des meubles et objets d’art à partir de 1667. Entre le Brun et Louis XIV, il y a des affinités esthétiques (goût du classique, de la grandeur, de la solennité) que le peintre saura parfaitement mettre au service des ambitions du grand roi. Les commandes royales se succèdent, en particulier une série de grands tableaux historiques illustrant la gloire d’Alexandre : Entrée d’Alexandre dans Babylone (1664). Directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1663, Premier peintre du Roi en 1664 (avec une pension annuelle de 12 000 livres), Charles Le Brun incarne la réussite artistique. Mais la grande affaire est évidemment la décoration du château de Versailles dont il est chargé à partir de 1661. Il y travaillera pendant trente ans, supervisant et dirigeant les réalisations de plusieurs centaines d’artistes et d’artisans. Ses réalisations personnelles sont impressionnantes eu égard à toutes les responsabilités qu’il assumait : escalier des Ambassadeurs, galerie des Glaces, salons de la Paix et de la Guerre. La puissance de travail de Le Brun est exceptionnelle.
Au début des années 1670, il travaille à la décoration du Château de Sceaux, propriété de Colbert. Lorsque le marquis de Louvois (1641-1691) succède à Colbert au poste de surintendant des Bâtiments, Arts et Manufactures, en 1683, il remplace Le Brun par Pierre Mignard (1612-1695). Le Brun se retire alors et il décède à Paris en 1690.
Œuvre
Charles Le Brun, grand peintre, grand décorateur, a mis tout son talent et son énorme capacité de travail au service de la monarchie absolue. Premier peintre du roi pendant la période la plus prospère et la plus glorieuse du règne de Louis XIV, il fut chargé de magnifier par l’art la splendeur et la puissance du souverain. Son influence fut considérable car elle ne se limite pas à l’exécution de tableaux ou décorations picturales. En tant que directeur de la manufacture des Gobelins, il imprima sa marque au mobilier et aux tapisseries de l’époque. En tant que directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture, il édicta les rigoureux principes de l’art académique qui trouvèrent des adeptes dans toute l’Europe jusqu’à la fin du 19e siècle.
Son art a été qualifié de narratif car la couleur et l’éclairage sont exclusivement au service du sujet représenté. La signification est primordiale ; il s’agit d’expliciter un thème en utilisant des moyens picturaux. Les personnages doivent exprimer sans ambiguïté leurs émotions, la scène dans son ensemble doit être porteuse de sens. C’est à l’esprit que l’on s’adresse par la médiation de l’émotion artistique. Cette approche correspondait parfaitement à la demande du souverain : la décoration de ses palais devait clairement contribuer à sa glorification.
Charles Le Brun. Entrée d'Alexandre dans Babylone (1664)
Huile sur toile, 450 × 707 cm, Musée du Louvre, Paris.
En 1671 éclate la controverse entre les « poussinistes », soutenant la prééminence du dessin, et les « rubénistes », partisans de la couleur. Le Brun prend nettement position pour le dessin. Pour les rubénistes, la peinture a pour objectif de procurer un plaisir esthétique et c’est par sa hardiesse dans le traitement de la couleur et de la lumière qu’elle y parvient. La conception de Le Brun est radicalement différente. Pour lui, la peinture est un moyen d’expression comme la littérature, le théâtre ou la poésie. Il ne s’agit pas de s’amuser avec couleur et lumière pour produire une émotion mais de signifier, de raconter, de faire comprendre. La conception académique de la peinture est donc très didactique, voire pédagogique. Est-ce à dire que sa fonction décorative est inexistante ? De toute évidence, non. Il suffit de regarder la splendeur de Versailles et de ses décors. Mais on ne trouvera pas là les audaces baroques des Italiens ou de Rubens. La couleur reste sage : beaucoup de nuances de brun et d’ocre sous une lumière douce.
Portrait du sculpteur Nicolas Le Brun (vers 1635). Huile sur toile, 87 × 69 cm, Residenzgalerie, Salzbourg. Il s’agit du père de Charles représenté en gentilhomme élégant. |
Sainte Madeleine repentante (vers 1642). Huile sur toile, 252 × 171 cm, musée du Louvre, Paris. Marie-Madeleine est un personnage du Nouveau Testament, disciple de Jésus-Christ. Mais un sermon du pape Grégoire prononcé en 591 l’assimila à Marie de Béthanie, également présente dans le récit biblique, mais qui est une « pécheresse ». Sermon de Grégoire : « Elle, celle que Luc appelle la femme pécheresse, celle que Joseph appelle Marie de Béthanie, nous croyons que c’est Marie, de qui sept démons furent chassés selon Marc. » Cette réputation lui est restée, d’où la pénitence. |
Martyre de saint Jean l’Évangéliste à la porte Latine (1641-42). Huile sur toile, 282 × 224 cm, Saint-Nicolas du Chardonnet, Paris. Jean l’Évangéliste est un des douze apôtres du Christ dans la religion chrétienne. Selon la tradition il serait l’auteur d’un des quatre évangiles canoniques (évangile selon saint Jean). Mais cette attribution est mise en doute par les historiens. Pour échapper aux persécutions romaines, il s’exila à Patmos (île grecque). Selon la légende, lorsqu’il fut arrêté, il subit deux épreuves : immersion dans l’huile bouillante et absorption d’un poison provenant de serpents venimeux. Il sortit vainqueur des deux épreuves et mourut à Ephèse. Ce tableau est exposé à l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris. |
Pierre Séguier, chancelier de France (1655-1661). Huile sur toile, 295 × 351 cm, musée du Louvre, Paris. Pierre Séguier (1588-1672) est un homme politique et magistrat français. Richelieu le nomme garde des sceaux en 1633 et chancelier de France en 1635. Il réside dans une somptueuse demeure bâtie par Louis Le Vau sur l'île Saint-Louis et décorée par Simon Vouet. Il est un des plus grands mécènes et collectionneurs et lettrés de l’époque. Cet immense portrait équestre met en valeur la grandeur et le faste du personnage. |
Portrait de Louis XIV (1661). Huile sur toile, 68 × 57 cm, musée national du château, Versailles. Louis XIV (1638-1715) a alors 23 ans. Il est représenté en armure d’apparat de façon à suggérer les qualités militaires du souverain. |
Les saisons : l’automne (1664). Tapisserie, Mobilier National, Paris. Le Brun réalisait les esquisses des tapisseries qui étaient ensuite confectionnées sous sa direction à la manufacture des Gobelins. |
Entrée d'Alexandre dans Babylone (1664). Huile sur toile, 450 × 707 cm, musée du Louvre, Paris. Le Brun réalisa plusieurs tableaux à la gloire d’Alexandre le grand (356-323 avant J.-C.), roi de Macédoine. Il s’agit bien entendu de glorifier la monarchie et Louis XIV |
Alexandre et Porus (1665). Huile sur toile, 470 × 1264 cm, musée du Louvre, Paris. Le tableau représente une scène de la bataille de l’Hydaspe en 326 avant J.-C. Elle oppose les troupes d’Alexandre III de Macédoine (356-323 avant J.-C.), dit le Grand, à Porus (pour les romains, mais Pôros pour les grecs), râja du royaume de Paurava situé dans l’actuel Pakistan. Porus aligne contre Alexandre un grand nombre d’éléphants de guerre. Alexandre dispose d’une cavalerie importante. Alexandre finit par vaincre Porus avec des pertes importantes. |
Portrait de Turenne (1665). Huile sur toile, 67 × 52 cm, musée national du Château, Versailles. Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne (1611-1675), maréchal de France en 1643, fut l’un des plus grands militaires au service de Louis XIII puis de Louis XIV. |
Louis XIV (1667). Pastel sur papier, 52 x 40 cm, Musée du Louvre, Paris. |
Louis XIV visitant la manufacture des Gobelins (1673). Tapisserie, 370 × 576 cm, musée national du Château, Versailles. |
Galerie d'Apollon du musée du Louvre (1661-1677). En 1661, un incendie se déclare dans le palais du Louvre (actuel musée). Il est nécessaire de reconstruire la petite galerie : l’architecture est confiée à Louis Le Vau (1612-1670) et la décoration à Charles Le Brun. Les travaux dureront de 1663 à 1677. Cette galerie servira de modèle à la galerie des Glaces du château de Versailles. Une importante restauration s’est déroulée de 1999 à 2004. |
L'adoration des bergers (1689). Huile sur toile, 151 × 213 cm, musée du Louvre, Paris. Episode biblique concernant la naissance de Jésus-Christ à Bethléem. Les bergers proches de Bethléem sont informés par des anges de la venue du Sauveur. Ils se rendent à la crèche pour se prosterner devant l’Enfant Jésus. |
Versailles, le Salon de la Guerre : la France foudroyant ses ennemis. Château de Versailles. Le salon de la guerre jouxte la Galerie des Glaces. La France est peinte au centre de la coupole brandissant la foudre en s’abritant derrière un bouclier orné du portrait de Louis XIV (couronné de laurier). |
Versailles, Salon de la Guerre : la France foudroyant ses ennemis (détail) |
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Commentaires
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- 1. Sarah Idczak Le 17/10/2019
Merci pour cet article très complet !
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