Pieter Brueghel l'Ancien
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Patrick AULNAS
Autoportrait et portrait
Biographie
v. 1525-1569
Les Brueghel constituent une dynastie de peintres flamands dont les plus importants sont Pieter Brueghel l'Ancien et Jan Brueghel de Velours. Pieter Brueghel, dit l'Ancien, grand peintre de la Renaissance flamande, eut deux fils également peintres : Pieter le Jeune dit d'Enfer (1564-1638) et Jan I (1568-1625) dit de Velours. Jan I aura lui-même deux fils peintres : Jan II dit le Jeune (1601-1678) et Ambrosius (1617-1675). Enfin Jan II aura deux fils peintres : Abraham (1631-1697) et Jan-Baptist (1647-1719). Le nom de la famille provient d'un petit village situé près de Breda, au sud des actuels Pays-Bas, où serait né Brueghel l'Ancien. Il choisit en effet le nom de ce village pour signer ses toiles. L'orthographe peut fluctuer : Brueghel ou Bruegel ou encore Breughel (adaptation en français, déconseillée).
Les informations biographiques concernant ce peintre sont peu nombreuses et il est courant de se référer à Karel Van Mander qui lui consacre un bref article (*). Sa date de naissance n'est pas connue, mais se situe probablement autour de 1525. Selon Van Mander, il fut l'élève de Pieter Coecke van Aelst (1502-1550), peintre flamand célèbre pour avoir peint une évocation très animée de La Cène dans une sorte d'auberge flamande. En 1552-53, il voyage en Italie selon un itinéraire que l'on a pu reconstituer en partie grâce aux dessins réalisés à cette occasion. Il a été jusqu'à Rome. A l'exception de ce voyage, Brueghel l'Ancien travaille à Anvers de 1551 à 1562 et appartient à la Guilde des peintres de la ville. Il se lie avec Hans Franckert, un marchand originaire de Nuremberg, qui est aussi son commanditaire. Van Mander rapporte les équipées des deux compères :
« Un marchand, du nom de Hans Franckert, lui commanda de nombreux tableaux. C'était un excellent homme qui était fort attaché au peintre. A eux deux, Franckert et Brueghel prenaient plaisir à aller aux kermesses et noces villageoises, déguisés en paysans, offrant des cadeaux comme les autres convives et se disant de la famille de l'un des conjoints. Le bonheur de Brueghel était d'étudier ces mœurs rustiques, ces ripailles, ces danses, ces amours champêtres qu'il excellait à traduire par son pinceau, tantôt à l'huile, tantôt à la détrempe, car l'un et l'autre genre lui étaient familiers. C'était merveille de voir comme il s'entendait à accoutrer les paysans à la mode campinoise ou autrement, à rendre leur attitude, leur démarche, leur façon de danser. Il était d'une précision extraordinaire dans ses compositions et se servait de la plume avec beaucoup d'adresse pour tracer de petites vues d'après nature. » (*)
Pieter Brueghel l'Ancien. La danse de la mariée en plein air (v. 1566)
Huile sur bois, 119,4 × 157,5 cm, Detroit Institute of Arts
Ce talent exceptionnel pour le dessin permet à Brueghel de travailler pour Hiéronymus (Jérôme) Cock (1510-1570), imprimeur et peintre, qui diffuse les estampes de Brueghel et également celles de Jérôme Bosch. Parmi ses commanditaires anversois figure Nicolaes Jonghelinck (1557-1570), homme d'affaires et banquier, mais aussi collectionneur d'œuvres d'art, qui possède seize tableaux de Brueghel.
Selon Van Mander, Brueghel a d'abord vécu à Anvers avec une servante à laquelle il avait promis le mariage sous condition : « [...] il marquerait tous ses mensonges sur une taille qu'il choisit de belle longueur. Si la taille venait à se remplir, le projet de mariage serait absolument abandonné, ce qui eut lieu avant qu'il fût longtemps ». Puis il se mit à courtiser la fille de Pieter Coecke van Aelst, son maître, mort en 1550. Il avait connu Mayken Coecke lorsqu'elle était enfant. La mère exigea cependant qu'il vienne s'installer à Bruxelles, ce qu'il fit en 1562. Le mariage eut lieu en 1563. Deux enfants naîtront de cette union, qui deviendront tous deux peintres : Pieter le Jeune dit d'Enfer en 1564 et Jan dit de Velours ou l'Ancien en 1568.
Pieter Brueghel l'Ancien meurt en 1569 et est inhumé dans l'église Notre-Dame de la Chapelle à Bruxelles.
Œuvre
Pieter Brueghel l'Ancien est un peintre atypique comme peut l'être Jérôme Bosch, dont il s'est parfois inspiré. Bien qu'ayant vu les grands chefs-d'œuvre de la Renaissance italienne, son style est très éloigné des ambitions de l'art de la péninsule : pas d'idéalisation de la beauté antique, mais une représentation réaliste de la vie paysanne. Il est un grand maître d'un genre jugé inférieur aux scènes religieuses et mythologiques, mais c'est essentiellement pour cela qu'il marque l'histoire de l'art.
A cet égard, il s'inscrit dans l'histoire de la peinture flamande et hollandaise de façon magistrale. Les grands peintres du 15e siècle (Robert Campin, Van Eyck, Van der Weyden) avaient souvent situé leurs scènes religieuses dans un décor typiquement flamand (architecture, mobilier, paysage), mais le sujet principal restait religieux à quelques exceptions près (Les Époux Arnolfini par exemple). Avec Brueghel l'Ancien, les priorités sont inversées. Lorsqu'il peint un paysage et lui associe une thématique religieuse, celle-ci est à l'évidence accessoire. Et lorsque le sujet religieux prend davantage d'importance (La chute des anges rebelles, Le portement de croix), on est fondé à se demander s'il n'est pas un simple prétexte à un brillant exercice pictural.
Pieter Brueghel l'Ancien. La Chute des anges rebelles (1562)
Huile sur bois, 117 × 162 cm, Musées royaux des Beaux-arts de Belgique, Bruxelles.
Mais Brueghel va plus loin encore en faisant des scènes villageoises un sujet majeur de son œuvre. Il préfigure ainsi la peinture hollandaise du siècle suivant qui privilégiera les sujets profanes (paysages, scènes de genre, natures mortes). De Robert Campin à Johannes Vermeer, l'évolution fut donc très progressive mais constante : les peintures flamande et hollandaise se libèrent lentement de l'orientation religieuse.
Pieter Brueghel l'Ancien. Paysage avec la parabole du semeur (1557). Huile sur bois, 70 × 102 cm, Galerie d'art Timken, San Diego, Etats-Unis. Le semeur jette des graines au hasard mais seules celles qui tombent dans la bonne terre germe et sont productives (Évangile selon saint Matthieu). Pour les chrétiens, cela signifie que Dieu s'adresse à tous et qu'il appartient à tous de recevoir ou non son message. Le titre est un prétexte religieux. Le tableau est en fait un beau paysage imaginaire comme en créait Joachim Patinir dès le début du siècle. Jan Brueghel de Velours poursuivra dans ce genre.
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Pieter Brueghel l'Ancien. Paysage avec la chute d'Icare (v. 1558). Huile sur toile marouflée sur bois, 73,5 × 112 cm, Musées Royaux des Beaux-Arts, Bruxelles. Mythologie grecque. Dédale et son fils Icare fuient la vengeance de Minos, roi légendaire de Crête et fils de Zeus. Dédale pense qu'il serait possible de voler comme les oiseaux. Il décide de fabriquer des ailes avec de la cire et des plumes. Mais son fils Icare, grisé par cette expérience, s'approche trop du soleil. La cire fond et Icare meurt en tombant dans la mer. Sans le titre du tableau, peu nous importeraient les jambes d'Icare qui dépassent ridiculement de la mer en contrebas. L'artiste se moque. Les gens sérieux (le laboureur, le pâtre) ne s'intéressent pas à Icare. Drôle mais un peu court. Ce sont les rêveurs qui changent le monde. Beau paysage imaginaire en tout cas. Authenticité discutée : voir Wikipédia
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Pieter Brueghel l'Ancien. Les proverbes flamands (1559). Huile sur bois, 117 × 163 cm, Staatliche Museen, Berlin. Également titré Le Monde renversé ou La Huque bleue, ce tableau est l'un des premiers où l'artiste laisse libre court à son regard mi ironique, mi-poétique sur le monde qui l'entoure en représentant une profusion de petits personnages agités sur fond de paysage plus ou moins imaginaire. Il s'agit de l'illustration de proverbes courants à l'époque et connus de tous (de 85 à 118 proverbes sur le tableau !). Par exemple, au premier plan à droite, figure une roue avec un bâton illustrant l'expression encore en usage aujourd'hui : « mettre des bâtons dans les roues ». Pour la liste complète, voir Wikipédia
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Pieter Brueghel l'Ancien. Les jeux d'enfants (1560). Huile sur bois, 116 × 161 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Le tableau comporte environ 250 enfants pratiquant 84 jeux dans les rues d'une bourgade flamande avec une ouverture vers la campagne à gauche permettant de donner de la profondeur à la composition.
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Pieter Brueghel l'Ancien. La Chute des anges rebelles (1562). Huile sur bois, 117 × 162 cm, Musées royaux des Beaux-arts de Belgique, Bruxelles. Ce tableau fait partie de la série des œuvres couvertes de multiples personnages, mais l'inspiration est clairement du côté de Jérôme Bosch : thème religieux, obsession du mal. Le mythe judéo-chrétien de la chute des anges rebelles comporte des variantes mais il s'agit d'anges (le bien) s'étant détournés de leur créateur pour rallier le démon (le mal). Évidemment, cette trahison entraîne leur chute, provoquée par Dieu. Ici, saint Michel en armure, aidé d'anges loyaux (en blanc), chasse une infinité de créatures déchues figurées comme plus ou moins monstrueuses. Comparer ces créatures à celles de l'enfer du Jardin des délices de Bosch (aile droite).
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Pieter Brueghel l'Ancien. Le triomphe de la mort (v. 1562). Huile sur bois, 117 × 162 cm, musée du Prado, Madrid. Vaste paysage apocalyptique constituant une allégorie de la mort, représentée sous différentes formes : combat, exécution, suicide, crime, etc. L'influence de Jérôme Bosch est évidente. Comme pour La chute des anges rebelles, ci-dessus, outre les qualités esthétiques, l'intérêt principal aujourd'hui se situe dans la représentation du mental des hommes de l'époque. Imprégnés de religiosité, ils sont hantés par le mal et la douleur qui d'ailleurs sont omniprésents dans leur environnement (maladies, guerres, etc.).
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Pieter Brueghel l'Ancien. La Tour de Babel (1563). Huile sur bois, 114 × 155 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Ancien Testament. Après le Déluge, les hommes entreprennent la construction d'une immense tour dans le pays de Shinar. Son sommet doit toucher le ciel. Dieu les en empêche en brouillant leur langage (ils ne se comprennent plus) et en les dispersant sur toute la terre. Brueghel semble s'être inspiré du Colisée qu'il avait vu lors de son séjour à Rome. En bas à gauche, on aperçoit le roi Nemrod, le premier roi après le Déluge, selon la légende biblique.
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Pieter Brueghel l'Ancien. Paysage avec la fuite en Egypte (1563). Huile sur bois, 37,1 × 55,6 cm, Institut Courtauld, Londres. Très beau paysage imaginaire allant vers l'infini, à la Patinir. On pourra comparer avec le chef-d'œuvre de Patinir de 1520 : Le repos pendant la fuite en Egypte.
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Pieter Brueghel l'Ancien. Le Portement de Croix (1564). Huile sur bois, 124 × 170 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Ou La montée au calvaire. Le Christ porte sa croix au milieu d'une nuée de personnages divers, dont Marie, assise au premier plan. Le paysage est imaginaire avec un improbable moulin hérissé au sommet d'un piton rocheux. Le calvaire apparaît en haut à droite au milieu d'un cercle de petits personnages.
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Pieter Brueghel l'Ancien. Chasseurs dans la neige (1565). Huile sur bois, 117 × 162 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Cette composition est un des quatre tableaux consacrés au cycle des saisons. Il s'agit du premier paysage enneigé peint par Brueghel, peut-être inspiré de la page février des Très Riches Heures du duc de Berry (1410-1416). Mais le paysage est ici l'élément principal alors qu'il n'était qu'accessoire chez les frères Limbourg. Au cours des années suivantes Brueghel reprendra le thème de la neige dans quatre autres tableaux.
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Pieter Brueghel l'Ancien. La danse de la mariée en plein air (v. 1566). Huile sur bois, 119,4 × 157,5 cm, Detroit Institute of Arts, Detroit. Représentation pleine de mouvement et aux couleurs vives d'une noce paysanne. Brueghel connaissait bien le sujet pour avoir participé à de telles festivités avec son ami Hans Franckert.
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Pieter Brueghel l'Ancien. Le repas de noces (1568). Huile sur bois 114 × 164 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Ou La noce paysanne. Ce tableau complète le précédent pour fournir une vision réaliste des noces paysannes du 16e siècle. L'abondance alimentaire est de mise et seule la mariée s'abstient. Les qualités de dessinateur du peintre apparaissent dans les mouvements des personnages, visiblement saisis sur le vif, et dans l'effet de perspective suivant la ligne de fuite de la table. Les couleurs chaudes et la lumière tamisée évoquent la convivialité.
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Pieter Brueghel l'Ancien. Tête de paysanne (1564-68). Huile sur bois, 22 × 18 cm, Alte Pinakothek, Munich. Il s'agit du seul portrait peint par Brueghel, constituant probablement une étude en vue d'un tableau plus important. Là encore, le réalisme de l'expression laisse penser qu'un croquis préparatoire a été pris sur le vif.
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Pieter Brueghel l'Ancien. Les mendiants (1568). Huile sur bois, 18,5 × 21,5 cm, musée du Louvre, Paris. « Cinq mendiants, culs-de-jatte et autres estropiés, se traînent péniblement sur leurs béquilles, dans la cour ensoleillée d'un hôpital de briques rouges. Ils semblent sur le point de se séparer pour aller demander l'aumône dans différents endroits, tout comme la femme de l'arrière-plan qui tend une sébile. Au dos du tableau une inscription flamande proclame : "Courage, estropiés, salut, que vos affaires s'améliorent". » (Notice musée de Louvre). Encore une fois, il apparaît que Brueghel a observé attentivement et sans doute dessiné préalablement des mendiants physiquement handicapés car le réalisme des postures et des mimiques est saisissant : « une œuvre très forte malgré son petit format. » (Notice musée du Louvre) |
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(*) Vie des peintres de Karel Van Mander (1604). Traduction de Henry Hymans (1884)
Commentaires
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- 1. amelia Le 13/01/2022
bonjour et merci pour tout :) -
- 2. Cai Le 01/03/2017
Bonjour j'aime ces œuvres
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