Michel-Ange
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Patrick AULNAS
Portraits
Daniele da Volterra. Portrait de Michel-Ange (1550-1555) |
Daniele da Volterra. Buste de Michel-Ange (1564-1566) |
Biographie
1475-1564
L'enfance (1475-1488)
Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni, dit Michel-Ange, est né à Caprese en Toscane, à une centaine de kilomètres au sud-est de Florence. Son père, Lodovico di Leonardo, fut podestat de Caprese et Chiusi. Le podestat était un magistrat élu par l'assemblée communale pour six mois. La mère de Michelangelo meurt en 1481. Lodovico possédant une petite propriété à Settignano, un village proche de Caprese, met alors Michelangelo en nourrice auprès de la femme d'un tailleur de pierre de la localité. L'enfant retourne chez son père vers l'âge de dix ans et fréquente l'école d'un grammairien, Francesco da Urbino. Mais il n'a de goût que pour le dessin, ce que son père réprouve car il risque d'être assimilé à un artisan, destin indigne d'un fils de magistrat. Malgré tout, le jeune Michel-Ange parvient à devenir en 1488 l'apprenti de Domenico Ghirlandaio (1449-1494), grand peintre florentin.
La formation et la reconnaissance (1488-1495)
Le talent exceptionnel du jeune homme impressionne Ghirlandaio. Laurent de Médicis, dit le Magnifique (1449-1492), gouverne alors Florence et vient de créer dans son palais une école de sculpture. Il demande des élèves à Ghirlandaio, qui lui en envoie deux, dont Michel-Ange. Nous sommes en 1489 et il n'a pas terminé son apprentissage de peintre. Mais les premiers travaux de sculpture de Michel-Ange enchantent Laurent de Médicis qui l'invite à sa table où il rencontre des lettrés, en particulier Politien (1454-1494), grand humaniste de l'époque. Au cours de cette période, il réalise plusieurs bas-reliefs et étudie l'anatomie à l'hôpital Santo Spirito de Florence. A la mort de Laurent de Médicis, en 1492, il retourne chez son père puis passe trois ans à Bologne où il se voit confier la sculpture de la Châsse de saint Dominique destinée à la basilique San Domenico. Il retourne ensuite un temps à Florence puis est appelé à Rome.
Le premier séjour à Rome et le retour à Florence (1495-1503)
De 1495 à 1501, Michel-Ange travaille dans la ville éternelle, en particulier pour le cardinal Raffaele Riario (1461-1521) qui lui commande une statue de Bacchus (marbre, hauteur 203 cm, Museo Nazionale del Bargello, Florence) qui sera achevée en 1497. Le cardinal ayant refusé l'œuvre, son banquier Jacopo Galli, également mécène, l'acquiert. L'épisode symbolise bien les rapports de l'artiste avec l'Eglise : attraction due à sa notoriété, mais répulsion dogmatique inhérente à sa liberté créative. Durant ce séjour, il sculpte aussi la Pietà (marbre, hauteur 174 cm) de la basilique Saint-Pierre.
En 1501, il retourne à Florence et va y sculpter le célèbre David (1504) en marbre de Carrare (hauteur 434 cm, Galerie de l'Académie, Florence), qui enthousiasma les florentins.
Michel-Ange. David (1504)
Marbre, hauteur 434 cm, Galleria dell'Accademia, Florence.
Le second séjour à Rome : le tombeau de Jules II et le plafond de la Sixtine (1503-1515)
En 1503, le pape Jules II (1443-1513, pape à partir de 1503) confie à Michel-Ange l'édification de son tombeau, œuvre grandiose qui devait comporter quarante-deux sculptures. Après bien des vicissitudes, le monument ne fut terminé qu'en 1545 et la version finale ne comporte que sept statues. Ce mausolée fut la source de bien des tourments et représente un drame dans la vie de l'artiste. Car Michel-Ange est assailli de sollicitations prestigieuses et accepte ce qui semble a priori relever de l'impossible. C'est ainsi que Jules II lui demande de recouvrir de fresques la totalité du plafond de la chapelle Sixtine. L'édifice mesure 40 mètres de long sur 13 mètres de large et la voûte culmine à 21 mètres. Michel-Ange tente d'abord de se faire assister dans cette tâche gigantesque. On lui construit un échafaudage et des aides lui sont affectés. Mais tout cela ne lui convient pas. Il renvoie tout le monde, fait démonter l'échafaudage et en conçoit un autre, mieux adapté, fabrique lui-même ses couleurs et travaille seul de 1508 à 1512. L'un des chefs-d'œuvre de l'histoire de la peinture vient de naître.
Le retour à Florence (1515-1534)
Le pape Léon X (1475-1521, pape à partir de 1513), un Médicis, demande à Michel-Ange de terminer la façade extérieure de l'église San Lorenzo de Florence, commencée par l'architecte Brunelleschi (1377-1446). Il passera plusieurs années à rechercher les marbres nécessaires, mais en vain, car le projet n'aboutira pas. De 1519 à 1534, Michel-Ange séjourne surtout à Florence où il travaille principalement à des projets architecturaux (Bibliothèque Laurentienne, fortifications de la ville).
L'installation définitive à Rome (1534-1564)
En 1534, Michel-Ange est appelé à Rome pour achever le tombeau du pape Jules II. Mais le nouveau pape, Paul III (1468-1549, pape à partir de 1534), s'y oppose. Il faudra se contenter d'un tombeau plus modeste, ce qui constitue un drame pour Michel-Ange. Paul III le nomme peintre, sculpteur et architecte du Vatican. Il réalise dans la chapelle Sixtine entre 1537 et 1541 une nouvelle fresque de grandes dimensions (13,70 mètres de haut sur 12,20 mètres de large) intitulée Le Jugement dernier. Mais l'homme est infatigable et il entreprend entre 1542 et 1550 la décoration de la chapelle Paolina du Vatican : deux grandes fresques sont réalisées : La Conversion de saint Paul et Le Martyre de saint Pierre.
A la fin se da vie, Michel-Ange se consacre principalement à l'architecture : Palais Farnèse, aménagement du Capitole, reconstruction de la basilique Saint-Pierre sur la base du projet de l'architecte Bramante (1444-1514). L'édifice avait été commencé en 1506, mais la mort de Bramante avait interrompu les travaux. C'est Michel-Ange qui perfectionnera le projet et achèvera sa réalisation.
Il meurt à Rome le 18 février 1564.
L'homosexualité de Michel-Ange
Michel-Ange ne s'est jamais marié et n'a pas eu de descendance. Comme pour Léonard de Vinci, les historiens ont d'abord écarté le sujet ou considéré que l'artiste était asexuel. Mais il suffit bien évidemment d'observer la voûte de la chapelle Sixtine et ses ignudi pour comprendre l'attirance qu'éprouvait Michel-Ange pour la beauté masculine. Dans la Création d'Adam, ce dernier est un jeune éphèbe alangui qui représente l'idéal de la beauté physique pour l'artiste.
Michel-Ange. Chapelle Sixtine. La création d'Adam (1510)
Il ne fait plus de doute aujourd'hui que Michel-Ange a éprouvé de grandes passions pour de beaux garçons. Son grand amour fut Tommaso dei Cavalieri (1509/10-1587), un jeune homme cultivé issu d'une famille de banquiers florentins, qu'il rencontre en 1532. D'une grande beauté, âgé de 22 ans quand Michel-Ange en a 57, Cavalieri suscite une véritable passion chez l'artiste. Il lui adresse des compliments dithyrambiques qui sont en réalité des lettres d'amour, le qualifiant de « lumière de notre siècle, unique au monde » et ajoutant : « Il faut s'émerveiller que Rome produise des hommes divins comme il faut le faire aux miracles de Dieu.» (*). Cavalieri se trouvant à Rome et Michel-Ange à Florence, celui-ci lui écrit en 1533 : « Votre nom me nourrit le cœur et l'âme, remplissant l'un et l'autre de tant de douceur que je ne ressens plus ni l'ennui ni la crainte de la mort dès que je l'ai en mémoire. » Et il ajoute : « ... je désire continuellement, jour et nuit, être là-bas. » (*)
Cet amour est sans aucun doute resté platonique et unilatéral car si le garçon avait de l'admiration et de l'amitié pour Michel-Ange, qui lui avait donné des leçons de dessin, il n'était pas homosexuel. Il se marie en 1545 avec Lavinia Della Valle.
Art et littérature
Poètes et écrivains se sont fréquemment intéressés à la peinture. Voici un exemple proposé par Tina Malet à propos du Tourment de Saint Antoine (1487-88).
« Michel-Ange, lieu vague où l'on voit des Hercules
Se mêler à des Christs, et se lever tout droits
Des fantômes puissants qui dans les crépuscules
Déchirent leur suaire en étirant leurs doigts... »
(Baudelaire, « Les Phares », Les Fleurs du mal, Section Spleen et Idéal, VI)
Œuvre
Michel-Ange est d'abord un sculpteur et plus précisément un sculpteur de statues de marbre. Il considère que le sommet de l’art du sculpteur se situe dans la taille d’un bloc de pierre. Il choisit avec soin ses blocs de marbre dans une carrière. La taille est précédée d’esquisses dessinées et d’études minutieuses de certaines parties du corps. Des ébauches en terre modelée peuvent aussi être réalisées. La taille résulte ensuite de la maîtrise intellectuelle du sujet et d’une exceptionnelle intuition pour dégager progressivement l’œuvre du bloc de marbre.
Michel-Ange. Moïse (1513-15)
Marbre, hauteur 235 cm, basilique San Pietro in Vicoli, Rome.
Les tableaux de Michel-Ange sont peu nombreux car il s'est consacré aux fresques religieuses. Le sommet de son art est atteint lorsqu'en 1508, à l'âge de trente-trois ans, il entreprend seul le travail colossal que représentent les fresques de la voûte de la chapelle Sixtine. Il terminera en 1512. Il s'agit d'un vaste poème pictural sur le thème de la Genèse, traité de façon très novatrice du fait de la dimension humaniste de l'ensemble. Michel-Ange était en effet sensible à la philosophie néoplatonicienne qui rencontre les faveurs d'une partie de l'élite florentine de l'époque. Ces fresques dépassent ainsi le cadre de la doxa chrétienne de la Renaissance. Leur dynamisme formel et la présence de nudités « païennes » en témoignent. Un pape qualifiera même la chapelle de « stufa d'ignudi », que l'on pourrait traduire par « bain public de nudités ». Les fresques de Michel-Ange sont unanimement considérées aujourd'hui comme l'un des plus grands chefs-d'œuvre de l'histoire de la peinture et comme une performance inouïe du fait de la difficulté extrême pour un seul homme de peindre avec un génie sans faille une telle surface de plafond.
Ce chef-d'œuvre suscitera d'autres commandes que le grand artiste aurait parfois souhaité refuser, comme la grande fresque du Jugement dernier, au dessus de l'autel de la chapelle Sixtine, réalisée de 1537 à 1541, parce que le pape y tenait absolument. Enfin, entre 1542 et 1550, Michel-Ange décorera de deux grandes fresques la Chapelle Paolina, toujours au Vatican. Il a donc soixante quinze ans quand il achève ce travail.
Pour apprécier ce que fut Michel-Ange pour ses contemporains, il convient de laisser la parole à un peintre de l'époque qui l'a bien connu. Nul mieux que Giorgio Vasari (1511-1574) n'a su exprimer, dans le langage emphatique mais aussi poétique qui est le sien, le lien qui unissait le siècle de la Haute Renaissance à l'un de ses plus grands créateurs.
« Depuis longtemps les successeurs du célèbre Giotto faisaient de vains efforts pour donner au monde le spectacle des merveilles que peut enfanter l'intelligence humaine, en imitant la nature. Le divin Créateur, voyant l'inutilité des fatigues de ces artistes, aussi éloignés de la vérité que les ténèbres le sont de la lumière, daigna enfin jeter un regard de bonté sur la terre, et résolut de nous envoyer un génie universel, capable d'embrasser à la fois et de pousser à toutes leur perfection les arts de la peinture, de la sculpture et de l'architecture. Dieu accorda encore à ce mortel privilégié une haute philosophie, et le don de la poésie, pour montrer en lui le modèle accompli de toutes les choses qui sont le plus en estime et en honneur parmi nous. » (**)
Les sculptures
Michel-Ange. Bacchus (1497). Marbre, hauteur 203 cm, Museo Nazionale del Bargello, Florence. |
Michel-Ange. Pietà (1499-1500). Marbre, 174 × 195 × 69 cm, Basilique Saint-Pierre, Vatican. |
Michel-Ange. David (1501-1504). Marbre, hauteur 434 cm, Galleria dell'Accademia, Florence. |
Michel-Ange. Tombeau de Jules II (1545). Marbre, basilique San Pietro in Vicoli, Rome. |
Michel-Ange. Moïse (1513-15). Marbre, hauteur 235 cm, basilique San Pietro in Vicoli, Rome. |
Michel-Ange. Esclave rebelle (1513-15). Marbre, hauteur 209 cm, musée du Louvre, Paris. |
Michel-Ange. Esclave mourant (1513-15). Marbre, hauteur 228 cm, musée du Louvre, Paris. |
Michel-Ange. Pietà Bandini (1547-55). Marbre, Hauteur 226 cm, Museo dell'Opera del Duomo, Florence. |
Les tableaux
Michel-Ange. Le tourment de Saint Antoine (1487-88). Huile et tempera sur bois, 47 × 35 cm, Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas, Etats-Unis. |
Michel-Ange. Madone de Manchester (v. 1497). Tempera sur bois, 105 × 76 cm, National Gallery, Londres. |
Michel-Ange. Mise au tombeau (v. 1501). Tempera sur bois, 159 × 149 cm, National Gallery, Londres. |
Michel-Ange. Tondo Doni (v. 1506). Tempera et huile sur bois, diamètre 120 cm, Galerie des Offices, Florence. |
Rosso Fiorentino. Léda et le cygne (1530-40). Huile sur toile, 105 × 141 cm, National Gallery, Londres |
Les fresques de la chapelle Sixtine
La chapelle Sixtine fait partie des palais pontificaux du Vatican à Rome. Son nom provient du pape Sixte IV (1414-1484, pape à partir de 1471). Elle a été construite à partir des ruines d'une ancienne chapelle papale, la Capella magna. Les travaux architecturaux sont achevés en 1480. Le pape songe alors à décorer de fresques l'intérieur de cet édifice de 40 mètres de long sur 13 mètres de large et 21 mètres de hauteur. Ce travail s'étendra sur plusieurs décennies. Les fresques de la chapelle Sixtine ont été entièrement restaurées entre 1979 et 1999. |
Plan des fresques |
Les fresques de la voûte
Michel-Ange. Chapelle Sixtine. Voûte (1508-1512). La voûte comporte neuf scènes inspirées du livre de la Genèse (Ancien Testament) qui relate la création du monde par le dieu des chrétiens et des juifs et l'histoire des origines du peuple juif. A la base de la structure de la voûte sont représentés sept prophètes et cinq sibylles. De jeunes hommes nus, parfois dans des poses assez lascives, encadrent les scènes de la mythologie judéo-chrétienne. On les appelle les ignudi (singulier : ignudo), version ancienne en toscan du mot italien nudo (nu). A l'époque où il réalise ces peintures, Michel-Ange est influencé par la philosophie néoplatonicienne, en vogue dans les élites florentines. Cette approche intellectuelle humaniste dépasse le cadre étroit du dogme chrétien. Les aspects « païens » de l'œuvre de Michel-Ange en résultent. D'un point de vue pictural, l'artiste maîtrise comme personne auparavant l'anatomie humaine et le mouvement des corps. La voûte comporte plus de trois cents personnages que Michel-Ange a peints sans aucune aide en quatre années. Il s'agit d'un travail titanesque car il est extrêmement difficile de peindre un plafond. |
Michel-Ange. Chapelle Sixtine. La chute (1509-10). Selon la légende biblique, Adam et Ève, premiers humains créés, désobéissent à leur dieu et créateur. A ce sujet, l'allégorie biblique porte sur l'arbre de la connaissance du bien et du mal, planté dans le jardin d'Éden (paradis initial de la mythologie) : il est interdit de croquer ses fruits (fruits défendus). Le tentateur prend la forme d'un serpent qui incite ces premiers humains à désobéir. Ayant désobéi, ils chutent vers la triste condition humaine : enfanter dans la douleur, travailler à la sueur de son front, etc. Autrement dit, en simplifiant, le malheur des hommes provient de leur culpabilité et de leur faute. L'illustration de Michel-Ange est particulièrement dynamique et narrative : à gauche, Adam et Ève cèdent à la tentation (le serpent est féminin !) et à droite, ils sont chassés du paradis terrestre. Ne pas oublier que tous les hommes de l'époque étaient imprégnés de ces légendes et considéraient qu'elles reflétaient la réalité (pas de darwinisme). La puissance d'une telle image en était décuplée. |
Michel-Ange. Chapelle Sixtine. La création d'Adam (1510). Il s'agit de la scène la plus célèbre des fresques de la Sixtine, certainement à juste titre. Michel-Ange illustre la phrase suivante de la Bible : « Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa ». Le dieu des chrétiens prend la forme d'un homme barbu, physiquement puissant, qui tend le bras vers sa créature pour lui insuffler la vie. L'index pointé du dieu rejoint presque l'index pointé de la créature, mais sans le toucher. Le personnage divin exprime la volonté et l'action alors que le personnage humain se cantonne dans la passivité, mais aussi l'acceptation. Le dieu donne la vie, l'humain la reçoit. |
Michel-Ange. Chapelle Sixtine. La création d'Adam, détail (1510). Pour les non croyants, l'allégorie va au-delà du religieux et peut figurer une forme de rencontre entre deux êtres, les bras tendus symbolisant l'échange ou le don. Réussite artistique éblouissante, cette scène a une portée universelle par la puissance évocatrice de l'ensemble, mais aussi par l'image géniale des deux mains qui se tendent l'une vers l'autre sans se toucher. |
Michel-Ange. Chapelle Sixtine. Le déluge (1508-09). Illustration du récit biblique selon lequel un déluge doit survenir et risque d'engloutir les humains et toutes les espèces animales. Dieu donne alors l'ordre à Noé de construire un navire (l'arche de Noé) où se réfugieront sa famille et les animaux. Il s'agit encore d'un récit allégorique signifiant approximativement que, dans la malheur, Dieu offre le salut aux justes mais abandonne les pécheurs. |
Michel-Ange. Chapelle Sixtine. Le déluge, détail (1508-09). Michel-Ange s'attache ici moins à l'allégorie qu'aux réactions des humains face à l'adversité. Les visages et les corps sont particulièrement expressifs : peur, effort, entraide, enfants s'agrippant à leur mère, etc. La fameuse arche apparaît à l'arrière-plan. |
Michel-Ange. Chapelle Sixtine. La Sibylle de Delphes (1509). Sept prophètes et cinq sibylles sont situés à la périphérie de la voûte et représentés sur des trônes. Ci-contre, à titre d'exemple, la Sybille de Delphes, qui, dans la mythologie grecque, est une prophétesse ayant une capacité de divination. Pour un commentaire, voir Les yeux d'Argus |
Michel-Ange. Chapelle Sixtine. La Sibylle de Delphes, détail (1509). La sibylle de Delphes, aussi appelée Pythie, était la prêtresse du temple de Delphes, qui rendait ses oracles une fois par an. |
Michel-Ange. Chapelle Sixtine. Ignudo (1509). De jeunes hommes nus, dans des poses assez lascives, encadrent les scènes de la genèse au centre de la voûte. On les appelle les ignudi (singulier : ignudo), version ancienne en toscan du mot italien nudo (nu). Il s'agit de l'aspect « païen » de l'œuvre, qui a évidemment choqué les contemporains. Selon Giorgio Vasari le pape Adrien VI (1459-1523, pape à partir de 1522) « avait déjà commencé à penser qu'on pourrait jeter bas la chapelle du divin Michel-Ange, en la déclarant une salle pleine de nudités, una stufa d'ignudi ». |
NB : de nombreuses images des fresques de la voûte sont disponibles sur :
Les fresques du mur du fond au-dessus de l'autel : Le Jugement dernier
Le Jugement dernier est une fresque de 13,70 mètres de haut sur 12,20 mètres de large, peinte par Michel-Ange de 1537 à 1541. Elle a été commandée par le pape Clément VII (1478-1534, pape à partir de 1523) peu avant sa mort. En 1534, Michel-Ange a près de 60 ans et espère pouvoir échapper à cette tâche écrasante du fait de la mort de Clément VII. Mais le nouveau pape, Paul III (1468-1549, pape à partir de 1534), exige que la fresque soit réalisée. Plusieurs années de travail seront nécessaires.
Michel-Ange. Chapelle Sixtine. Le Jugement dernier (1537-41). Selon les religions juive, chrétienne et musulmane, il s'agit du jour au cours duquel la divinité, après avoir ressuscité les morts, va classer les humains en damnés et justes. Les uns et les autres auront ensuite un sort distinct. Ce thème naïf, très populaire au Moyen Âge, permettait au peintre d'exercer sa créativité par de multiples scènes plus ou moins apocalyptiques. Les humains, dans le bas monde, sont nus et de petite taille. Les anges et les apôtres appartiennent à la cour céleste et sont représentés sur des nuages. Memling et Bosch avait déjà traité le sujet sous forme de tableau.
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Michel-Ange. Chapelle Sixtine. Le Jugement dernier, détail 1 (1537-41). Représentation atypique du Christ pour le 16e siècle. Il apparaît ici sans barbe et avec une puissante musculature, ce qui avait choqué les contemporains. Le Christ sans barbe existe dans l'iconographie du haut Moyen Âge, mais n'a pas cette apparence de puissance physique.
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Michel-Ange. Chapelle Sixtine. Le Jugement dernier, détail 2 (1537-41). Les anges font sonner les trompettes. Ceux de Michel-Ange sont très physiques ; ce ne sont pas des anges androgynes et ailés comme il arrive souvent.
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Les fresques de la chapelle Paolina
Cette chapelle a été construite en 1537, sous le pontificat du pape Paul III (1468-1549, pape à partir de 1534), en restaurant une ancienne chapelle délabrée, la chapelle Parva. Paul III demande à Michel-Ange de décorer de fresques les deux murs latéraux de la chapelle. Deux thèmes sont choisis : La Conversion de saint Paul (6,25 × 6,61 mètres), réalisée de 1542 à 1545, et le Martyre de saint Pierre, réalisée de 1546 à 1550 (6,25 × 6,62 mètres).
Michel-Ange. Chapelle Paolina. Conversion de saint Paul, détail. Selon la Bible (actes des Apôtres, chapitre 9), Saul, un pharisien qui persécutait les chrétiens, est enveloppé par une lumière venant du ciel sur le chemin menant à Damas. Il devient aveugle et retourne chez lui. Le Seigneur (c'est-à-dire Dieu) ordonne alors à un disciple, Ananie, de rencontrer Saul : il retrouvera la vue et sera « rempli de l'Esprit Saint ». Ananie s'exécute et Saul, le païen, devient Paul, chargé de diffuser la parole du Christ. Ce détail montre saint Paul, aveuglé par la lumière divine, et un soldat.
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Michel-Ange. Chapelle Paolina. Martyre de saint Pierre, détail. L'apôtre Pierre fut arrêté par les romains car il prêchait le christianisme. Il fut condamné par le préfet Agrippa à être crucifié, sort réservé aux étrangers. Il demanda à être crucifié la tête en bas par humilité. Masaccio avait déjà traité le thème au 15e siècle.
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Les dessins
Il sont très nombreux, mais ce sont pour la plupart des dessins préparatoires. Les portraits sont rares. Le seul portrait nominatif qui nous soit parvenu est celui d'Andrea Quaratesi.
Michel-Ange. Femme agenouillée (1503-04). Crayon et encre sur papier, 25,8 × 15,3 cm, musée du Louvre, Paris.
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Michel-Ange. Visage idéal (1512-1530). Sanguine, 20,3 × 16,5 cm, Galerie des Offices, Florence.
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Michel-Ange. Andrea Quaratesi (1530-32). Pierre noire, 41,1 × 29,2 cm, British Museum, London.
Andrea Quaratesi (1512-85) est un jeune noble florentin qui aurait été l'élève de Michel-Ange. |
Michel-Ange. Tête de femme (1540-43). Pierre noire, 21,2 × 14,2 cm, Royal Collection, Windsor.
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Pour visionner d'autres œuvres sur GOOGLE ARTS & CULTURE, cliquer sur le nom du peintre :
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(*) Michel-Ange par Pierre Leyris
(**) Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (première édition 1550, remaniée en 1568).
Commentaires
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- 1. Stella Le 28/01/2021
Merci beaucoup, grace a vous j'ai eu une tres bonne note. -
- 2. BA Emmanuelle Le 26/05/2020
Vous êtes merveilleux -
- 3. KOTO Le 17/05/2020
Bien détaillé...
Courage et bonne suite -
- 4. ti chat Le 12/11/2018
super complet -
- 5. Lisa Le 25/11/2017
Très complet contrairement à Wikipédia ou autre ! Un peu déçu car je n'ai pas vu de poèmes de Michelangelo ... Mais sinon super ! -
- 6. gaudi Le 16/12/2015
Bravo, juste pourquoi cela s'appelle "rivage de bohème"??-
- rivagedebohemeLe 16/12/2015
Le rivage de bohème est un lieu idyllique que l'on cherche à atteindre, mais qui s'éloigne toujours, comme la ligne d'horizon. Simple métaphore pour l'ambition de l'artiste, de l'écrivain, mais aussi des hommes qui poursuivent leur destin. L'écrivain Félix de Chazournes avait écrit un peu avant la seconde guerre mondiale un livre intitulé "Agnès ou le Rivage de Bohème". Le titre vient de là.
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- 7. hio Le 24/04/2015
Juste une petite faute il n'est pas nommé peintre, sculpteur et architecte du Vatican par Jules II mais par Paul III -
- 8. hio Le 24/04/2015
super trop bien
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