Giovanni Girolamo Savoldo

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Patrick AULNAS

Autoportrait

Giovanni Girolamo Savoldo. Autoportrait, dit autrefois Portrait de Gaston de Foix (v. 1525)

Giovanni Girolamo Savoldo. Autoportrait, dit autrefois Portrait de Gaston de Foix (v. 1525)
Huile sur toile, 91 × 123 cm, musée du Louvre, Paris.

 

Biographie

v. 1480-après 1548

On ignore la date de naissance de Savoldo et sa vie est elle-même mal connue. Comme tous les artistes de son époque, il voyage au gré des commandes et travaille dans plusieurs villes de l’Italie du nord. Mais c’est à Venise qu’il passe le plus de temps.

Il naît aux environs de 1480 à Brescia, ville située entre Venise et Milan. On ignore tout de sa jeunesse, mais selon certaines sources il était connu à la fin du 15e siècle sous le nom de  Girolamo Bresciano. Il est à Parme en 1506 et s’inscrit à la guilde des peintres de Florence en 1508. Voici l’une des premières œuvres de Savoldo qui nous soit parvenue :

 

 

Giovanni Girolamo Savoldo. Élie nourri par les corbeaux (v. 1510)

Giovanni Girolamo Savoldo. Élie nourri par les corbeaux (v. 1510)
Huile sur bois, transféré sur toile, 168 × 135 cm, National Gallery of Art, Washington.

 

Savoldo arrive à Venise vers 1520 et travaille pour des commanditaires locaux. En 1524, il reçoit la commande d’un grand retable pour l’église conventuelle San Domenico de Pesaro, ville située sur l’Adriatique à environ trois cents kilomètres au sud de Venise. Il s’agit de la plus grande œuvre connue de Savoldo, qu’il termine en 1526.

 

 

Giovanni Girolamo Savoldo. Retable de Pesaro (1524-25)

Giovanni Girolamo Savoldo. Retable de Pesaro (1524-25)
Huile sur bois, 475 × 307 cm, Pinacoteca di Brera, Milan.

 

Le peintre retourne ensuite à Venise et on sait qu’autour de 1527 il épouse une veuve flamande, Maria di Tijlandrija. Ce mariage a pu l’influencer car il incorpore fréquemment dans ses tableaux des détails de composition provenant de sources nordiques. Par ailleurs, ses origines lombardes expliquent le naturalisme de ses compositions, étranger à la tradition vénitienne.

 

 

Giovanni Girolamo Savoldo. La Vierge adorant l’Enfant avec deux donateurs (v. 1527)

Giovanni Girolamo Savoldo. La Vierge adorant l’Enfant avec deux donateurs (v. 1527)
Huile sur toile, 102 × 140 cm, Royal Collection of the United Kingdom, Londres.

 

En 1530, Savoldo est à Milan et travaille pour le duc François II Sforza. Giorgio Vasari écrit dans ses Vies des meilleurs peintres (*) :

« Giangirolamo de Brescia laissa de nombreux ouvrages à Venise et à Milan. Dans les bâtiments de la Monnaie de cette dernière ville, on voit de lui quatre superbes tableaux représentant des effets de nuit et de feu. »

Selon le Metropolitan Museum of Art, le tableau ci-après pourrait être l’un de ceux mentionnés par Vasari.

 

 

Giovanni Girolamo Savoldo. Saint Matthieu et les anges (v. 1534)

Giovanni Girolamo Savoldo. Saint Matthieu et les anges (v. 1534)
Huile sur toile, 93 × 124 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.

 

 

En 1532, Savoldo est à nouveau à Venise et poursuit son activité artistique. Il travaille beaucoup sur les effets d’ombre et de lumière.

 

 

Giovanni Girolamo Savoldo. Adoration des Bergers (1530-40)

Giovanni Girolamo Savoldo. Adoration des Bergers (1530-40)
Huile sur bois, 84 × 120 cm, National Gallery of Art, Washington.

 

Les dernières mentions écrites concernant Savoldo datent de l’année 1548. Son nom apparaît en tant que témoin dans un acte notarié rédigé à Venise et également dans une lettre de l’écrivain Pietro Aretino (1492-1556). On perd ensuite sa trace et la date de sa mort n’est pas connue.

 

Œuvre

Giovanni Girolamo Savoldo. Lamentation sur le Christ mort (1513-20)

Giovanni Girolamo Savoldo. Lamentation sur le Christ mort (1513-20)
Huile sur bois, 72 × 118 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne.

 

L’art de Savoldo se situe à la confluence de plusieurs courants de la première moitié du 16e siècle. S’il conserve le réalisme et la subtile poésie liée à son origine lombarde, il subit évidemment par sa longue présence à Venise l’influence de Titien (1485-1576) et Lorenzo Lotto (1480-1556). Le chromatisme puissant et l’expressivité de ses compositions en attestent. L’influence nordique a également été soulignée, qu’il s’agisse de Dürer, dont il a pu voir les estampes, ou de la peinture flamande, dont le goût du détail réaliste apparaît dans ses scènes religieuses.

 

 

Giovanni Girolamo Savoldo. Adoration des bergers (v. 1540)

Giovanni Girolamo Savoldo. Adoration des bergers (v. 1540)
Huile sur bois, 192 × 178 cm, Pinacoteca Tosio Martinengo, Brescia.

 

L’œuvre conservé ne comporte qu’une quarantaine de pièces, peintures ou dessins. Savoldo est surtout connu pour ses tableaux en plan rapproché, comportant un seul personnage ou quelques figures religieuses. La composition baigne dans une ambiance vespérale avec de subtils jeux d’ombre et de lumière qui induisent sérénité et douceur mais permettent aussi au peintre de mettre en évidence le chatoiement des étoffes.

 

 

Giovanni Girolamo Savoldo. Berger avec flûte (v. 1525)

Giovanni Girolamo Savoldo. Berger avec flûte (v. 1525)
Huile sur toile, 98 × 79 cm, J. Paul Getty Museum, Los Angeles.

 

 

Giovanni Girolamo Savoldo. Élie nourri par les corbeaux (v. 1510)

Giovanni Girolamo Savoldo. Élie nourri par les corbeaux (v. 1510). Huile sur bois, transféré sur toile, 168 × 135 cm, National Gallery of Art, Washington. Il s’agit d’une des nombreuses péripéties d’un prophète de l’Ancien Testament nommé Élie. Dieu (l’Éternel) ordonne à Élie de se diriger vers l’orient et de se cacher près d’un torrent. « Il partit et fit selon la parole de l’Eternel, et il alla s’établir près du torrent de Kerith, qui est en face du Jourdain. Les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande le matin, et du pain et de la viande le soir, et il buvait de l’eau du torrent. » (1 Rois 17)
Comme dans toute mythologie, les personnages en rapport avec la divinité se voient attribuer des caractéristiques humaines. Cet Élie n’a pas eu une vie sans tache et doit donc faire une retraite dans le désert. Savoldo se situe dans la tradition des tableaux de 15e siècle sur le même thème (par exemple Gérard de Saint-Jean, Saint Jean-Baptiste au désert, 1480-95), avec un personnage pensif qui doit sortir assagi de l’épreuve. Déjà, le modelé des étoffes et le chromatisme puissant et subtil sont présents chez Savoldo. Élie en bleu et rose se détache sur le fond marron-grisâtre de la roche, qui elle-même contraste avec l’arrière-plan bleu et vert.

Giovanni Girolamo Savoldo. Lamentation sur le Christ mort (1513-20)

Giovanni Girolamo Savoldo. Lamentation sur le Christ mort (1513-20). Huile sur bois, 72 × 118 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Thème récurrent de la peinture occidentale, appelé aussi Déploration sur le Christ. Le Christ est mort, allongé, et des personnages le pleurent. Alors que la scène traditionnelle fait apparaître un paysage et des figures assez nombreuses entourant le Christ, Savoldo se concentre sur le corps du Christ, qu’il place au premier plan.
« Appartenant aux premières œuvres préservées de Savoldo, ce tableau a probablement été créé pour l’église Santa Maria dell’Orto de Venise. Tout au long de sa vie, Savoldo a étudié les phénomènes optiques les plus divers et a été considéré comme un "peintre philosophe". Ses efforts pour transposer dans sa peinture ses observations de la nature apparaissent ici dans des détails tels que le visage grisé et déformé du Christ ou la main avec les stigmates qui se tend presque jusqu’au spectateur. » (Commentaire Kunsthistorisches Museum, Vienne)

Giovanni Girolamo Savoldo. Saint Antoine Abbé et saint Paul (v. 1515)

Giovanni Girolamo Savoldo. Saint Antoine Abbé et saint Paul (v. 1515). Huile sur toile, 165 × 137 cm, Gallerie dell'Accademia, Venise. Antoine d’Egypte ou Antoine l’Ermite a vécu aux 3e et 4e siècles après J.-C. en Egypte. Il décide de suivre l’enseignement du Christ et se retire sur le mont Qolzum en Thébaïde (Egypte méridionale) pour vivre en ermite.
Paul de Thèbes, dit saint Paul Ermite, est né en Haute-Égypte vers 227 et mort dans le désert de Thèbes vers 345. Il s’y serait retiré dans une grotte pour échapper aux persécutions de l'empereur romain Dèce (201-251).
Dans la Légende dorée (1261-1266), Jacques de Voragine évoque une rencontre entre les deux ermites. Antoine, retiré dans le désert, fait un songe lui commandant d'aller chercher un autre ermite. Il parvient à trouver la retraite de Paul dans une grotte et les deux ermites entament une discussion.
Cette composition se caractérise par la forte présence des deux figures, traitées avec le réalisme flamand, très éloigné des canons idéalisants de l’art italien.

Giovanni Girolamo Savoldo. Tobie et l’ange (1522-25)

Giovanni Girolamo Savoldo. Tobie et l’ange (1522-25). Huile sur toile, 96 × 124 cm, Galleria Borghese, Rome. Le livre de Tobie fait partie de l’Ancien Testament. Après de multiples péripéties, le jeune Tobie parvient à guérir la cécité de son père avec du fiel de poisson. Savoldo représente la scène au cours de laquelle un ange vient proposer ce rémède à Tobie. La composition s’articule autour du contraste entre l’arrière-plan et les deux figures. L’arrière-plan est constitué par un paysage sombre et une percée vers l’horizon lointain avec perspective atmosphérique qui évoque les tableaux de Joachim Patinir. Savoldo plaque sur ce paysage deux figures très lumineuses aux vêtements plissés et satinés. La gestuelle, très expressive, indique clairement que Tobie reçoit de l’ange une révélation.

Giovanni Girolamo Savoldo. Retable de Pesaro (1524-25)

Giovanni Girolamo Savoldo. Retable de Pesaro (1524-25)
Huile sur bois, 475 × 307 cm, Pinacoteca di Brera, Milan.

 

Giovanni Girolamo Savoldo. Retable de Pesaro, détail

Giovanni Girolamo Savoldo. Retable de Pesaro, détail

 

Le musée de Brera indique le titre suivant : Vierge en majesté avec le Christ enfant, deux anges musiciens, saint Pierre, saint Dominique, saint Paul et saint Jérôme.
« L’immense retable, arrivé à Brera en 1811, est le plus grand du musée et l’un des plus grands au monde. Signé sur le rocher en bas à droite, sous le pied de Saint Jérôme, il a été réalisé entre 1524 et 1526, par le peintre de Brescia résidant alors à Venise, pour le grand autel de l’église conventuelle San Domenico à Pesaro […]
Le retable, qui n’a quitté le musée que deux fois – à l’occasion des deux guerres mondiales – représente une vision mystique, dont l’effet scénographique est accentué par le point de vue en contreplongée et les quatre figures monumentales des saints. Derrière eux s’ouvre une perspective exceptionnelle sur Venise. Parmi les grandes figures de la peinture vénitienne du début du XVIe siècle, Savoldo se distingue avant tout par son traitement de la lumière artificielle et naturelle, que la récente restauration du retable a confirmé être l’élément essentiel de ses compositions. Au sommet, la lumière qui rayonne autour de la Vierge et de l’Enfant provient d’une infinité de têtes de séraphins ; deux anges jouent du luth et du hautbois, tandis qu’en contrebas les figures des quatre saints majestueux sont immergées dans la lumière terrestre de la lagune vénitienne : Pierre, fondateur de l’Église et Dominique, fondateur de l’ordre commanditaire du retable, à gauche ; Paul et Jérôme à droite. » (Commentaire Pinacoteca di Brera)

Giovanni Girolamo Savoldo. Le Christ avec Joseph d’Arimathie (v. 1525)

Giovanni Girolamo Savoldo. Le Christ avec Joseph d’Arimathie (v. 1525). Huile sur bois, 105 × 192 cm, Cleveland Museum of Art. « Après la Crucifixion, Joseph d’Arimathie obtint la permission d’enterrer le corps du Christ dans la tombe de Joseph. A l’exception d’un ciel lourd et nuageux, Savoldo a complètement éliminé l’arrière-plan et réduit la composition à deux figures monumentales, placées au premier plan. Ces caractéristiques ont certainement eu une grande influence sur Caravage, qui s’est d’abord formé dans le nord de l’Italie, où Savoldo a passé sa vie. Cette œuvre se trouvait à l’origine au-dessus d’un grand retable, ce qui explique la perspective inhabituelle, la forme horizontale du panneau et la position des personnages surplombant le spectateur. » (Commentaire Cleveland Museum of Art)

Giovanni Girolamo Savoldo. Berger avec flûte (v. 1525)

Giovanni Girolamo Savoldo. Berger avec flûte (v. 1525). Huile sur toile, 98 × 79 cm, J. Paul Getty Museum, Los Angeles. « On sait peu de choses de la vie de ce peintre italien, originaire de Brescia mais qui semble avoir passé la majeure partie de sa carrière à Venise. Il est admiré pour son habileté à peindre des scènes vespérales comme celle-ci, dans lesquelles une grande figure de berger se détache sur un ciel sombre, regardant le spectateur. Reposant son bras gauche sur un bâton, apparemment fatigué de son travail de la journée, le berger tient mollement sa flûte. Avec sa main droite, il fait un geste vers une ferme à l’arrière-plan, derrière laquelle se profilent des ruines antiques imaginaires. Plus connu pour ses sujets religieux, Savoldo présente ici une scène de genre, peut-être inspirée par des artistes flamands contemporains.
La figure du berger est nettement délimitée par rapport à son environnement et apparaît presque lumineuse dans la lumière du soir. L’utilisation par Savoldo de couleurs profondes et riches et de textures expressives indique l’influence de peintres vénitiens contemporains, tels que Titien (1485-1576) et Lorenzo Lotto (1480-1556). Le berger musicien était peut-être destiné à idéaliser et célébrer les charmes de la vie pastorale pour un public urbain cultivé. Les peintures de ce type ont été appréciées à Venise à partir du début du XVIe siècle, lorsque l’intérêt pour la poésie pastorale et le théâtre a également commencé à s’épanouir. » (Commentaire J. Paul Getty Museum)

Giovanni Girolamo Savoldo. Le joueur de flûte (v. 1525)

Giovanni Girolamo Savoldo. Le joueur de flûte (v. 1525). Huile sur toile, 70 × 100 cm, Pinacoteca Tosio Martinengo, Brescia. Ce portrait d’un modèle non identifié se caractérise par la sobriété chromatique. Le peintre joue avec les gris, les marrons et les noirs et seules les partitions et les manchettes blanches du flûtiste apportent un contrepoint clair. Il s’agit visiblement de composer une image de l’aristocratie de l’époque valorisant culture et élégance. L’artiste idéalise le modèle en lui prêtant un grand raffinement, mais dans la réalité de l’époque l’art de la guerre et la chasse avaient plus de place que la musique dans le milieu aristocratique.

Giovanni Girolamo Savoldo. Portrait d’un chevalier (v. 1525)

Giovanni Girolamo Savoldo. Portrait d’un chevalier (v. 1525). Huile sur toile, 88 × 73 cm, National Gallery of Art, Washington. Pour ce portrait, dont le modèle n’est pas identifié, Savoldo utilise comme pour ses scènes religieuses, un éclairage atténué en faisant apparaître en arrière-plan un ciel vespéral.

Giovanni Girolamo Savoldo. Autoportrait, dit autrefois Portrait de Gaston de Foix (v. 1525)

Giovanni Girolamo Savoldo. Autoportrait, dit autrefois Portrait de Gaston de Foix (v. 1525). Huile sur toile, 91 × 123 cm, musée du Louvre, Paris. « Dans cette toile complexe, le peintre se représente en armure dans un espace clos où deux grands miroirs reflètent son image sous des angles différents, à quoi s'ajoute le reflet de sa main dans la pièce d'armure posée sur la table. Cette recherche s'inspire des expériences de Giorgione sur l'image reflétée dans un miroir, dans l'eau ou dans le métal, thème à cette époque au centre du débat sur la rivalité entre la Sculpture et la Peinture pour la fidèle représentation de la nature : si la Sculpture permet de rendre les volumes, la Peinture ajoute les couleurs, c'est-à-dire le signe même de la vie. » (Commentaire base Atlas, Louvre)

Giovanni Girolamo Savoldo. La Vierge adorant l’Enfant avec deux donateurs (v. 1527)

Giovanni Girolamo Savoldo. La Vierge adorant l’Enfant avec deux donateurs (v. 1527). Huile sur toile, 102 × 140 cm, Royal Collection of the United Kingdom, Londres. « Les couleurs vives et l’effet métallique brillant des plis des étoffes sont typiques de l’œuvre de Savoldo à la fin des années 1520. La perspective lointaine et l’observation minutieuse des détails naturels reflètent l’intérêt de Savoldo pour l’art allemand et néerlandais.
Il s’agit d’un rare exemple de peinture signée et datée de Savoldo […]
Savoldo épousa une veuve flamande, Maria di Tijlandrija, probablement après 1527, et incorpora fréquemment des détails de composition provenant de sources nordiques dans son œuvre  […]
Il y a des similitudes entre cette composition et la Nativité de 1480 de Jean Hey (Maître des Moulins). » (Commentaire Royal Collection)
Effectivement, la Nativité de Jean Hey comporte également trois personnages, mains jointes autour de l’Enfant, avec un arrière-plan paysager. Mais Jean Hey reste un peintre de la Première Renaissance (petits saints agenouillés par exemple), alors que Savoldo apparaît immédiatement comme un artiste de la Haute Renaissance (clair-obscur, humanisation complète de la Vierge, réalisme du paysage)

Giovanni Girolamo Savoldo. Saint Jérôme (1525-30)

Giovanni Girolamo Savoldo. Saint Jérôme (1525-30). Huile sur toile, 121 × 160 cm, National Gallery, Londres. « Saint Jérôme s’agenouille contre un rebord rocheux dans le désert en contemplant le Christ crucifié. L’horizon lumineux sous le ciel bleu et la ville sombre au loin suggèrent l’aube ou le crépuscule. Savoldo était particulièrement admiré pour ses représentations de ces moments de la journée induisant des effets d’éclairage dramatiques. Un livre ouvert, peut-être la Bible de Jérôme, est appuyé contre le Crucifix tandis qu’un autre volume repose sous ses genoux. Le tableau est signé sur la roche en-dessous du livre ouvert : "Giovanni Girolamo de Brescia, de la famille Savoldo, a fait cela".
Le bras de saint Jérôme tenant une pierre à la main semble sortir de la peinture en se projetant vers nous. Sa pose est dynamique, son corps musclé et monumental alors qu’il se prépare à frapper la pierre contre sa poitrine en signe de pénitence. Son autre main semble saisir l’air en prévision de la douleur, son bras hardiment raccourci. La barbe négligée et les mèches de cheveux emmêlées se dessinent sur le ciel, tandis qu’au loin une grande église domine une ville […]
Le raccourci de la main de Jérôme et son visage barbu sont similaires aux détails du retable Pesaro de Savoldo (Brera, Milan) d’environ 1525, tout comme le paysage avec son littoral bordé de bâtiments et de bateaux. La main gauche à moitié ouverte et le front ridé de Jérôme se retrouve également dans d’autres tableaux de Savoldo de la fin des années 1520. » (Commentaire National Gallery)

Giovanni Girolamo Savoldo. Tête de saint Jérôme (1525-30)

Giovanni Girolamo Savoldo. Tête de saint Jérôme (1525-30). Estompe, pierre noire, rehauts de blanc sur papier lavé de gris, 31,5 × 23 cm, musée du Louvre, Paris. Le Louvre indique qu’il s’agit d’une étude pour le saint Jérôme de la National Gallery, ci-dessus.

Giovanni Girolamo Savoldo. Sainte Marie-Madeleine au Sépulcre (v. 1530)

Giovanni Girolamo Savoldo. Sainte Marie-Madeleine au Sépulcre (v. 1530). Huile sur toile, 93 × 79 cm, J. Paul Getty Museum, Los Angeles. « Savoldo représente Marie-Madeleine dans le jardin de Gethsémani, enveloppée dans les plis chatoyants de l’étoffe satinée et regardant avec hésitation le spectateur. Elle est identifiable par le pot d’onguent sur la gauche, contenant l’huile avec laquelle elle a oint les pieds du Christ. Elle se tient près du sépulcre, se préparant à oindre le corps du Sauveur. À son insu, le Christ s’est levé, et elle va bientôt le rencontrer dans le jardin. Bien que le Christ ne soit pas encore apparu, la forte lumière qui baigne la moitié gauche de la peinture annonce sa présence. L’ombre projetée sur le visage de Madeleine lui donne une apparence à la fois vulnérable et mystérieuse, tout en fonctionnant comme une métaphore de son illumination imminente. La riche draperie irisée constitue peut-être une allusion à son ancienne vie légendaire de prostituée.
Au cours de cette période de la carrière de l’artiste, ses peintures se caractérisent par une lumière étincelante, des couleurs vives et des tonalités lumineuses et argentées. La peinture, dont trois autres versions sont connues (Berlin, Gemäldegalerie ; Londres, The National Gallery ; Florence, Gallerie degli Uffizi), a été interprétée de plusieurs façons. Certains ont suggéré que le visage sensuel était le portrait d’une courtisane, conçu comme une peinture érotique pour un collectionneur masculin. Mais ce tableau révèle plutôt les efforts de l’artiste pour mettre en valeur son talent en renouvelant les thèmes bibliques célèbres et en représentant la délicatesse des textures, comme celle du tissu de satin moiré. » (Commentaire J. Paul Getty Museum)

Giovanni Girolamo Savoldo. Saint Matthieu et les anges (v. 1534)

Giovanni Girolamo Savoldo. Saint Matthieu et les anges (v. 1534). Huile sur toile, 93 × 124 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Selon les Évangiles, Matthieu était collecteur d'impôts pour le compte des Romains qui occupaient la Palestine. Jésus lui demanda de le suivre et il devint l’un des douze apôtres. Il rédigea l’un des Évangiles. Son emblème est l’ange. « Saint Matthieu est représenté écrivant son Évangile, inspiré par l’ange qui est son symbole iconographique traditionnel. Derrière, se trouvent deux scènes de la vie du saint : à droite, il reçoit l’hospitalité à la cour de la reine d’Éthiopie, tandis que l’événement à gauche est moins clair. Les différentes sources de lumière de la peinture suggèrent qu’il s’agit de l’une des œuvres que Savoldo peignit vers 1534 pour la maison du gouverneur de l’hôtel de la monnaie de Milan. Ces œuvres sont décrites par le biographe Vasari comme "nocturnes, avec des feux" ». (Commentaire MET)

Giovanni Girolamo Savoldo. La mort de saint Pierre martyr (1530-35)

Giovanni Girolamo Savoldo. La mort de saint Pierre martyr (1530-35). Huile sur toile, 115 × 141 cm, Art Institute of Chicago. Pierre de Vérone (v. 1205-1252), aussi appelé Pierre martyr, est un prédicateur appartenant à l’ordre des Dominicains. Il fut nommé inquisiteur par le pape Innocent IV (1180-1254) et convertit des Cathares au catholicisme. Il fut attaqué sur la route de Côme à Milan, blessé à coup de serpe et poignardé. Le pape le canonisa onze mois après sa mort pour son action contre l’hérésie Cathare.
Savoldo représente l’assassinat de Pierre par Carino da Balsamo le 6 avril 1252. Pierre porte la robe blanche et le manteau noir des Dominicains. Le peintre habille Carino da Balsano d’un plastron rouge-orange moiré, qui contraste avec la sobriété du saint. Les deux figures ont été placées selon les deux diagonales de la toile et trois mains sont alignées sur une des diagonales.

Giovanni Girolamo Savoldo. Adoration des Bergers (1530-40)

Giovanni Girolamo Savoldo. Adoration des Bergers (1530-40). Huile sur bois, 84 × 120 cm, National Gallery of Art, Washington. Episode biblique concernant la naissance de Jésus-Christ à Bethléem. Les bergers proches de Bethléem sont informés par un ange de la venue du Sauveur. Ils se rendent à la crèche pour se prosterner devant l’Enfant Jésus. Comme on pouvait s’y attendre, Savoldo choisit une scène nocturne, ce qui n’est pas toujours le cas avec ce sujet (par exemple, en diurne, Mantegna, L'Adoration des bergers, 1451-53). Le clair-obscur induit ici à la fois la dimension spirituelle, avec la lumière émanant de l’Enfant, et la douceur, avec les figures faiblement éclairées de Marie et des bergers se recueillant.

Giovanni Girolamo Savoldo. Adoration des bergers (v. 1540)

Giovanni Girolamo Savoldo. Adoration des bergers (v. 1540). Huile sur bois, 192 × 178 cm, Pinacoteca Tosio Martinengo, Brescia. Le peintre élargit la focale par rapport au tableau précédent, mais il conserve la scène nocturne. Le réalisme flamand de la composition frappe l’observateur. A la même époque Bronzino traitait le même sujet de façon typiquement maniériste. Il est assez intéressant de constater cet écart considérable entre les deux approches. Bronzino s’adresse à de fins connaisseurs qui recherchent une évolution vers un esthétisme détaché du réel supposé de la mythologie chrétienne. Le peintre invente une gestuelle pour provoquer une émotion nouvelle. Savoldo reste attaché à la tradition du 15e siècle mais raffine considérablement l’expressivité des personnages pour aboutir à une quiétude spirituelle soulignée par le jeu très maîtrisé du clair-obscur.

 

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Giovanni Gerolamo Savoldo

 

 

 

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(*) Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (première édition 1550, remaniée en 1568, traduction Leclanché, 1841)

 

 

Commentaires

  • Molas
    • 1. Molas Le 30/05/2021
    Chapeau pour ce travail.

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