Giorgione
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Patrick AULNAS
Autoportrait
Giorgione. Autoportrait en David (v. 1510)
Huile sur toile, 52 × 43 cm, Herzog Anton Ulrich Museum, Braunschweig.
Biographie
1477-1510
On ignore à peu près tout de la vie de ce peintre vénitien dont la carrière fut encore plus courte que celle de Raphaël puisqu'elle se déroule environ de 1500 à 1510. Il faut se reporter à Giorgio Vasari, qui l'appelle Giorgione da Castelfranco, nom de son lieu de naissance selon Vasari.
Giorgione est un surnom qui signifie Grand Georges et qui fut donné à l'artiste à partir de 1548 dans le Dialogo della Pintura de Paolo Pino (1534-1564) dans lequel cet auteur défend la supériorité de la peinture vénitienne sur la peinture florentine. On ignore le véritable nom du peintre mais ses contemporains l'appelaient Zorzi et cette appellation figure dans plusieurs documents. Voici donc ce qu'écrit Vasari :
« Pendant que Florence acquérait tant de gloire par les travaux de Vinci, Venise de son côté s'illustrait par le talent de l'un de ses citoyens, qui laissait bien loin de lui les Bellini, si estimés de leurs compatriotes, et tous les artistes qui l'avaient précédé dans cette ville.
Cet homme fut Giorgio, né à Castelfranco, dans l'état de Trévise, l'an 1478, sous le dogat de Giovan Mozzenico, frère du doge Piero. Giorgio fut plus tard surnommé Giorgione, à cause tout à la fois de sa haute stature et de son grand mérite. Élevé à Venise, il montra toujours, malgré son humble extraction, les manières les plus élégantes et les plus distinguées. Adonné aux aventures amoureuses, passionné pour la musique, ses chants et son luth le faisaient rechercher pour les concerts et les parties de plaisir de la noblesse vénitienne. » (*)
Il semble donc que Giorgione vivait dans l'entourage de l'élite cultivée de Venise et que son talent, tant pictural que musical, y était très apprécié. Il fut l'élève de Giovanni Bellini et rencontra Titien dans l'atelier de son maître. Titien lui-même devint ensuite l'assistant de Giorgione.
Il meurt en 1510 comme en témoigne une lettre adressée à Isabelle d'Este (1474-1539), marquise de Mantoue et grande mécène. Cette lettre, datée du 7 novembre 1510, informe la marquise que « Ledit Zorzi est mort d'épuisement autant que de la peste. »
Ceci relève de l'Histoire. Mais la poésie, si présente dans l'œuvre du peintre, a également droit de cité. La légende qui a entouré Giorgione le fait mourir d'amour : il fut emporté par la peste pour avoir voulu déposer un dernier baiser sur les lèvres de sa maîtresse, morte de cette maladie.
Œuvre
La légende a eu beau jeu avec Giorgione : ignorant tout de sa vie, on l'a romancée. Mais ces lacunes ne facilitent pas le travail des historiens. Il reste beaucoup d'incertitudes sur l'œuvre de cet artiste et des divergences apparaissent chez les spécialistes pour l'attribution de nombreux tableaux. Giorgione subit des influences successives qui apparaissent dans ses compositions.
Ses premiers travaux furent des fresques dont il ne reste pratiquement rien mais qui restent proches de Giovanni Bellini, son maître. L'influence de Léonard de Vinci est très sensible dans un tableau comme Le Jeune homme à la flèche. L'importance accordée à la nature par Giorgione trouve sa source chez Bellini qui était un maître des paysages d'arrière-plan. Mais elle provient également de la rencontre avec les œuvres nordiques, présentes dans les collections privées de Venise. L'originalité de Giorgione se situe là : il est un poète et un musicien amoureux de la nature. Il cherche à illustrer le rapport mystérieux et tellement poétique qui unit l'homme à la nature. L'un de ses tableaux les plus connus, La tempête, exprime ainsi l'immersion des humains dans une nature qui peut être hostile, mais aussi la distance que l'intelligence humaine induit par rapport à cette nature : les personnages sont absorbés par leur monde intérieur. Il en résulte une peinture philosophico-poétique qui ne pouvait qu'enthousiasmer l'élite cultivée de Venise.
Giorgione. La tempête (v. 1505)
Huile sur toile, 82 × 73 cm , Galerie de l'Académie, Venise
L'académisme ne concerne pas Giorgione car il ne s'intéresse ni à la religion ni à la composition. Ses scènes religieuses sont un prétexte pour placer un groupe de personnages au milieu d'un paysage qui constitue le sujet principal du tableau : Moïse enfant subissant l'épreuve du feu. Et si le thème porte sur la mythologie antique, il parvient à harmoniser avec génie les courbes du paysage et celles du personnage : Vénus endormie.
Son influence fut importante au 16e siècle, sur Titien, d'abord, qui fut son élève, et sur de nombreux peintres de moindre importance. Il n'est même pas exclu que son maître Bellini, mort après lui en 1516, ait subi son influence : Le festin des Dieux de 1514 ne contient-il pas toute la mystérieuse poésie de Giorgione.
Giorgione. Les trois âges (1500). Huile sur bois, 62 × 77 cm, Palais Pitti, Florence. |
Giorgione. Judith (v.1504). Huile sur bois transférée sur toile, 144 × 68 cm, musée de l'Hermitage, Saint-Pétersbourg.
Ancien Testament. Pendant le siège de Béthulie, sa ville, par les assyriens, Judith séduit le général assyrien Holopherne puis l'assassine dans son sommeil pour sauver son peuple. Judith vient de trancher la tête d'Holopherne mais Giorgione n'a cure de la violence : il nous propose une Judith paisible et fort élégante. |
Giorgione. Jeune homme à la flèche (v. 1505). Huile sur bois, 48 × 42 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. |
Giorgione. La tempête (v. 1505). Huile sur toile, 82 × 73 cm , Galerie de l'Académie, Venise |
Giorgione. Moïse enfant subissant l'épreuve du feu (v. 1505). Huile sur bois, 89 × 72 cm, Galerie des Offices, Florence. |
Giorgione. Le jugement de Salomon (v. 1505). Huile sur bois, 89 × 72 cm, Galerie des Offices, Florence. |
Giorgione. Portrait d'une jeune femme, Laura (1506). Huile sur toile, 41 × 34 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. |
Giorgione. Adoration des bergers (1505-10). Huile sur bois, 91 × 111 cm, National Gallery of Art, Washington. |
Giorgione. Les trois philosophes (1508-09). Huile sur toile, 124 × 145 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. |
Giorgione. Le coucher de soleil (1506-10). Huile sur toile, 73 × 91 cm, National Gallery, Londres. |
Giorgione. Portrait d'un jeune homme (1508-10). Huile sur toile, 73 × 54 cm, Szépmûvészeti Muzeum, Budapest. |
Giorgione. Vénus endormie (v.1510). Huile sur toile, 108 × 175 cm, Gemäldegalerie, Dresde. |
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(*) Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (première édition 1550, remaniée en 1568).
Commentaires
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- 1. ozanne claude - Michel auteur de quelques critique sur des peintres comme le dernier Tony Fritz - Vilars sur Le 30/11/2020
Bonjour,
Parti en taxi, je reviens en métro d'un hôpital parisien pour un soin. Rien d'extraordinaire avec en tête relecture d'une de mes "Brève" sur le sculpteur (Puget, avec citation de Jean - Louis Vaudoyer qui décrit une impression sur ce sculpteur que j' ose âne...en ozanne (nom d'origine Perse pour nom commençant en OZ...selon F. Nourricier écrivain) pour qualité d'expression au-dessus d'un Maillol et de ses élèves comme Paul Belmondo ou Arno Breker...De l'extraordinaire Chez Puget et de l'ordinaire chez Vaudoyer écrivant un livre sur Giorgione où il traque le Mystérieux auteur d'un portrait d'une jeune femme de 1506 qui aurait été commandé par Giacomo. N'est- ce pas lui qui commande la "Femme au furet putoisé" et non pas "à l''hermine"? La raison est que je crois connaître les furets pour avoir vécu avec une furète domestiquée en appart. du célèbre tableau appartenant à un aristo. polonais issue dont j'ai perdu la fiche.
- Qui pourrait me donner son adresse à Varsovie, en échange de son nom et du secret que je détiens sur Vinci? Avec en prime l'acrostiche sur ma furête Cléopâtre parue dans "Graves et Aigus" Ed ARCAM en 1985 que je puis Twistter ?
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