Filippo Lippi
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Patrick AULNAS
Autoportrait
Filippo Lippi. Autoportrait. Fresques de la cathédrale de Spoleto (1467-69)
Biographie
1406-1469
La vie de Filippo Lippi, ou Fra Filippo Lippi, est celle d'un homme entré dans les ordres malgré lui. Sa vocation profonde était la peinture. Aussi le considère-t-on à son époque comme un moine « scandaleux » qui ne respecte pas ses vœux et particulièrement celui de chasteté. Lippi est orphelin et recueilli très jeune par les moines du couvent des Carmes de Florence. Bien entendu, les ecclésiastiques le destinent à la prêtrise et il prononce ses vœux dès l'âge de quinze ans. Vers l'âge de 25 ans (environ 1431), il quitte le couvent pour se rendre à Padoue puis revient à Florence en 1437. Il ne réintègre pas le couvent des Carmes et mène une existence lui permettant d'utiliser ses dons exceptionnels pour la peinture. Cette vie séculière lui permet aussi de fréquenter des femmes, ce qui, immanquablement, fera scandale au 15e siècle.
Lippi. Le couronnement de la Vierge, détail (1441-47)
Lippi entre au service des Médicis en 1438 et c'est la protection de Cosme de Médicis (1389-1464) qui le sauvera par la suite. Il est emprisonné en 1452 pour avoir encaissé une rémunération sans effectuer le travail, mais obtient malgré tout le poste de chapelain du couvent Sainte-Marguerite de la ville de Prato (Toscane). Il y rencontre une jeune religieuse de 20 ans, Lucrezia Buti, fille d'un marchand de soierie. Lucrezia sert de modèle à Lippi pour des fresques et il en devient éperdument amoureux.
Lors de la procession de Sacra Cintole de 1452 (la Sainte Ceinture, relique de la Vierge conservée au Duomo de Prato), il enlève la belle religieuse après avoir découvert qu'elle était enceinte. Le scandale éclate et Lippi est accusé par la justice florentine d'avoir corrompu une jeune et innocente nonne. Le mécène de Filippo Lippi, Cosme de Médicis, intervient alors auprès du pape Pie II (1405-1464) qui accorde la grâce de Lippi et relève de leurs vœux les deux protagonistes. En 1458, Filippo Lippi, âgé de 52 ans, épouse la jeune Lucrezia. Celle-ci servira de modèle à Lippi à plusieurs reprises. Deux enfants naîtront de cette union, Filippino (1457-1504), qui devint peintre, et Alessandra (née en 1465).
A propos de l'affaire Lippi, qui fit grand bruit, Giorgio Vasari (*) rapporte une phrase de Cosme de Médicis : « Si un artiste a véritablement du talent et quelque vice, même laid et que la morale réprouve, son talent cachera ce dernier... ». Saluons la largeur d'esprit de Cosme l'Ancien, sans oublier cependant que l'attirance d'un homme, fut-il religieux, pour les femmes, n'est jamais un vice en soi. Il faut regarder à travers le prisme de la religion pour adopter une image aussi déformée de la réalité humaine. Mais Cosme savait repérer le talent : le prodigieux Sandro Botticelli (1444/45-1510) entra comme élève dans l'atelier de Lippi en 1465 et le fils de Filippo Lippi, le jeune Filippino, devint lui-même l'élève de Botticelli.
(*) Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (1550)
Œuvre
Filippo Lippi fut à Florence l'élève de Lorenzo Monaco (1370-1424), peintre rattaché au gothique tardif, mais il est surtout un contemporain de Masaccio (1401-1428) et il subira fortement son influence. Il a pu voir Masaccio à l'œuvre lorsqu'il peignait les fresques de la chapelle Brancacci à Florence de 1426 à 1428. De Masaccio, il retient le réalisme robuste comme dans La Vierge de Trivulzio (1432) et l'effet de perspective, très recherché dans La Vierge de Tarquinia (1437). Puis, sous l'influence de Fra Angelico (1400-1455), il trouve sa propre voie et évolue vers une peinture beaucoup plus délicate et lumineuse. Son œuvre comporte des fresques et des retables qui ont marqué l'histoire de l'art, mais aussi de sublimes madones, dont la plus célèbre est La Vierge à l'enfant et deux anges (1465). Il fut le maître de Botticelli à qui il transmit la subtile polychromie de ses tableaux et la suprême élégance de ses silhouettes.
Voici une œuvre de jeunesse de Botticelli directement inspirée du travail de son maître :
Sur La Vierge à l'enfant et deux anges, voir : Les Yeux d'Argus et Rivage de Bohème
Vierge de l'humilité ou Vierge Trivulzio (v. 1432). Tempera sur bois, Castello Sforzesco, Milan. Première manière de Lippi. Il choisit des visages de gens du peuple, même pour la Vierge, afin de populariser le nouveau genre pictural né avec Masaccio. Il n'intègre pas ici la perspective et c'est donc le réalisme qui distingue le tableau du style gothique de l'époque précédente
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Triptyque de la Vierge à l'enfant avec deux anges (1437). Tempera sur bois, panneau central : 123 × 63 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Panneaux latéraux : 129 × 65 cm, Accademia Albertina di Belle Arti, Turin. Ce triptyque a probablement été commandé par un couvent ou un monastère. Les panneaux sont actuellement dispersés. Les volets latéraux représentent les quatre pères de l'Eglise chrétienne d'Occident : à gauche saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Algérie) et Saint Ambroise (340-397), évêque de Milan, à droite Saint Grégoire (540-604) qui devint le pape Grégoire 1er et Saint Jérôme (347-420), moine traducteur de la Bible. Le panneau central est consacré à la Vierge avec l'enfant Jésus entourée de deux anges.
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Vierge à l'enfant avec deux anges (1437). Panneau central du triptyque précédent. La Vierge tient une rose, symbole de pureté. Le style est inspiré des fresques de la chapelle Brancacci de Florence. Lippi avait observé leur réalisation par Masaccio et Masolino en 1426-27.
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Vierge à l'enfant ou Vierge de Tarquinia (1437). Tempera sur bois, 151 × 66 cm, Galleria Nazionale d'Arte Antica, Rome. Le commanditaire est probablement Monseigneur Vitelleschi, archevêque de Florence. Lippi cherche ici à mettre en valeur l'effet de perspective avec une inspiration très flamande pour l'arrière-plan : en particulier la fenêtre laissant apparaître le paysage.
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L'Annonciation (1437-39). Tempera sur bois, 64 × 23 cm (chaque panneau), Frick Collection, New York. Il s'agit sans doute d'une partie d'un petit retable. L'archange Gabriel (panneau de gauche) vient annoncer à la Vierge (panneau de droite) la naissance prochaine de Jésus.
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L'Annonciation, détail (1437-39). L'Annonciation provoque chez la Vierge un geste délicat d'acceptation avec les yeux baissés. Lippi ne néglige pas la lumière puisque l'ombre du personnage apparaît sur le mur.
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Annonciation avec deux donateurs agenouillés (v. 1440). Tempera sur bois, 155 × 144 cm, Galleria Nazionale d'Arte Antica, Rome. Dans un palais de la Renaissance italienne, l'archange Gabriel annonce à la Vierge Marie la naissance prochaine du Christ. L'identité des deux donateurs agenouillés à droite a fait l'objet de plusieurs hypothèses. Il s'agirait de Folco Portinari et Folgonaccio. La Vierge drapée de bleu était déjà présente dans l'Annonciation de 1437-39 (ci-dessus) et le sera à nouveau dans celle de 1443 (ci-après).
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Vierge à l'enfant (1440). Tempera sur bois, 79 × 52 cm, National Gallery of Art, Washington. La Vierge regarde le spectateur du tableau de façon à accentuer l'impression de dialogue que peut ressentir ce dernier. Les leçons de Masaccio ont été assimilées : le relief provient de la profondeur de la niche en arrière-plan et de l'ombre de la Vierge sur cette niche.
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Portrait d'une jeune femme (1440-42). Tempera sur bois, 50 × 33 cm, Staatliche Museen, Berlin. Les portraits de Lippi figurent parmi les premiers de la Renaissance italienne. On ignore qui est cette jeune femme, mais le portrait a dû être réalisé à l'occasion d'un mariage.
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L'Annonciation (v. 1443). Tempera sur bois, 203 × 186 cm, Alte Pinakothek, Munich. Elément d'un retable peint pour le couvent de Le Murate de Florence. L'archange Gabriel annonce à la Vierge Marie la naissance prochaine du Christ. Les éléments architecturaux sont utilisés pour donner un effet de perspective à la composition. Les personnages sont parfaitement intégrés à l'ensemble.
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L'Annonciation, détail (v. 1443). Vierge particulièrement élancée dont l'élégance est accentuée par le soin apporté aux plis du vêtement.
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Le couronnement de la Vierge, détail (1441-47). Tempera sur bois, 200 × 287 cm, Galerie des Offices, Florence. Le Couronnement de la Vierge est un retable peint par Lippi pour l'église Sant'Ambrogio de Florence. Ce détail représente sainte Théopista, femme de saint Eustache. Il est remarquable par la qualité de l'expression et la finesse du dessin qui apparaît dans les cheveux, le voile et les éléments du costume.
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Vierge à l'Enfant et épisodes de la vie de Sainte Anne (1452). Tempera sur bois, diamètre 135 cm, Galleria Palatina (Palazzo Pitti), Florence. Sur fond architectural très stylisé, la Vierge du premier plan annonce celles que Lippi peindra vers la fin de sa vie. Sainte Anne est la mère de la Vierge. Au fond à droite, sainte Anne est allongée dans un lit et on lui présente son enfant. A droite, sur les escaliers, la rencontre de Joachim, le père de la Vierge, et d'Anne. Remarquer aussi le tondo (format rond du tableau), assez rare à l'époque, mais qui sera utilisé au 16e siècle par les maniéristes.
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L'Adoration dans la forêt (v. 1460). Tempera sur bois, 127 × 116 cm, Staatliche Museen, Berlin. Tableau conçu pour la chapelle du palais des Médicis. Dans un cadre forestier, la Vierge prie devant l'Enfant Jésus allongé sur le sol. Ce tableau est une illustration du dogme chrétien de la Sainte Trinité (un dieu unique en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit).
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Vierge à l'enfant et deux anges (1465). Tempera sur bois, 95 × 62 cm, Galerie des Offices, Florence. Le plus célèbre tableau de Lippi et le plus populaire. Cette œuvre magistrale influencera Botticelli et bien d'autres peintres et elle annonce Léonard de Vinci. Le paysage à l'arrière-plan est un tableau dans le tableau qui permet un effet de profondeur. La lumière délicate, le voile transparent de la Vierge et les deux anges portant l'Enfant Jésus animent l'image sans la priver de sa douce quiétude.
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Vierge à l'enfant (v. 1465). Tempera sur bois, 75 × 53 cm, Alte Pinakothek, Munich. Ce tableau est assez proche du précédent mais Lippi simplifie la composition en enlevant le cadre du paysage à l'arrière-plan et les deux anges. Il insiste sur la relation de tendresse mère-enfant.
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Fresques de la cathédrale de Prato (1452-65). A cette époque, Lippi est un peintre renommé. La commande de fresques pour décorer la chapelle principale de la cathédrale de Prato lui échoit. Le thème iconographique sera les épisodes de la vie de saint Etienne et de celle de Saint Jean-Baptiste. Les fresques de la voûte représentent les quatre Evangélistes (auteurs des évangiles : Marc, Matthieu, Luc, Jean).
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Fresques de la cathédrale de Prato, mur gauche (1452-65). Episodes de la vie de Saint Etienne depuis sa naissance jusqu'à ses funérailles. Il mourut en martyr par lapidation.
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Fresques de la cathédrale de Prato, mur droit (1452-65). Episodes de la vie de Saint Jean-Baptiste : Naissance, départ du milieu familial, mort.
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Fresques de la cathédrale de Prato, mur droit, détail (1452-65). Episode biblique du roi Hérode et de Salomé. Celle-ci est une princesse juive du 1er siècle qui, selon le récit biblique, charma le roi Hérode. Il lui accorda ce qu'elle voulait et elle réclama alors la tête de Saint Jean-Baptiste qui fut apportée sur un plateau. L'épisode, rapporté dans le Nouveau Testament, a souvent inspiré les artistes.
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Fresques de la cathédrale de Spoleto (1467-69). Elles retracent des épisodes de la vie de la Vierge. Lippi mourut avant l'achèvement des fresques et c'est son fils Filippino qui les termina fin 1469 (il n'avait que douze ans à cette époque).
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Fresques de Spoleto, le couronnement de la Vierge, détail (1467-69). Somptueuse représentation d'une remarquable richesse chromatique.
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Fresques de Spoleto, la mort de la Vierge, détail (1467-69). Autoportrait du peintre au milieu de divers personnages.
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Commentaires
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- 1. TORSIELLO Le 29/06/2024
Rivage bohème que je ne connaissais pas est une vraie mine pour les amoureux de la peinture! -
- 2. Jacqueline Cousin Le 01/05/2020
Ce soi-disant autoportrait est de toute évidence un faux. C’est un visage de petit boutiquier, inexpressif et chafouin, et non celui d’un artiste, particulièrement d’un peintre, au regard scrutateur.
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