Domenico Ghirlandaio
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Patrick AULNAS
Autoportrait
Autoportrait (1488)
Détail de L'Adoration des mages (1488). Tempera sur bois, Spedale degli Innocenti, Florence.
Biographie
1449-1494
Domenico Bigordi, dit Ghirlandaio (fabricant de guirlandes) vient d'une famille de commerçants ou artisans de Florence. Selon Giorgio Vasari (*), son père, Tommaso, était orfèvre, mais selon d'autres sources, il vendait des soieries. Son surnom lui viendrait de la réputation de son père qui était très connu pour fabriquer les guirlandes ornant les coiffures des jeunes femmes de Florence. Vasari s'exprime ainsi à ce sujet : « Tommaso fut surnommé del Ghirlandaio, à cause d'une parure en forme de guirlande dont il était l'inventeur et dont il fabriqua une quantité innombrable pour les jeunes Florentines, qui ne trouvaient bien que celles qui provenaient de sa boutique. »
Vasari raconte que Domenico apprit le métier d'orfèvre chez son père mais que ce métier ne lui plaisait pas. Par contre, il ne cessait de dessiner et s'amusait à « reproduire d'une manière frappante les images des personnes qui passaient devant la boutique. » Une telle inclination amena son père à le mettre en apprentissage dans l'atelier d'un peintre. Là encore des divergences apparaissent dans la littérature historique : il pourrait s'agir d'Alesso Badovinetti (1425-1499) ou d'Andrea de Verrocchio (1435-1488) ou peut-être les deux. Domenico créera plus tard un atelier avec ses frères David (1452-1525) et Benedetto (1458-1497) et son beau-frère Sebastiano Mainardi (1460-1513). Cet atelier très réputé accueillera un élève prestigieux : Michel-Ange (1475-1564).
La carrière de peintre de Domenico Ghirlandaio se déroule à Florence sous le règne de Laurent de Médicis dit le Magnifique (1449-1492). Les deux hommes sont nés la même année et meurent à deux ans de distance. Les Médicis permirent à Sandro Botticelli de réaliser ses plus grands chefs-d'œuvre (Le Printemps, La Naissance de Vénus) et furent aussi des commanditaires importants pour Domenico Ghirlandaio si on inclut les collatéraux (les Tornabuoni).
Les premières œuvres de Ghirlandaio, au début de la décennie 1470, ne lui sont pas commandées par les Médicis. Vers 1471, il décore de fresques l'église Sant'Andrea dans la petite bourgade de Cercina, proche de Florence. Il peindra ensuite deux fresques de Scènes de la vie de sainte Fina dans la Collégiale Santa Maria Assunta de San Gimignano, un peu au sud de Florence. En 1475, le pape Sixte IV (1414-1484) fait appel à lui et à son frère David pour la réalisation de fresques dans sa bibliothèque : il s'agit de représentations de philosophes antiques et de pères de l'église. Toujours au Vatican, au début des années 1480, il collabore avec Sandro Botticelli, Cosimo Rosselli (1439-1507) et Le Pérugin (v. 1448-1523) aux fresques de la chapelle Sixtine.
C'est seulement ensuite qu'il travaillera à Florence et deviendra l'un des peintres favoris de la bourgeoisie marchande et de l'aristocratie. Pour citer un exemple significatif, Vasari est particulièrement élogieux sur les fresques de la chapelle Tornabuoni de la basilique Santa Maria Novella (1485-90). « La vivacité des couleurs, la perfection du travail, l'absence de retouches à sec, et la richesse de l'invention, l'ordonnance des groupes et l'arrangement des principales scènes, impriment à cette chapelle un aspect de beauté, de grâce et de grandeur indicibles. »
Chapelle Tornabuoni. La naissance de la Vierge (1485-90)
Fresque, largeur 450 cm, basilique Santa Maria Novella, Florence.
Ghirlandaio meurt prématurément en 1494, emporté par la peste.
Œuvre
Domenico Ghirlandaio est un peintre très éclectique et très productif. Il subit d'abord l'influence de la peinture lumineuse d'Andrea del Verrocchio (1435-1488) duquel il fut l'élève. Mais l'arrivée à Florence en 1482 du Retable Portinari de Hugo Van der Goes l'orientera vers le réalisme des maîtres flamands.
Il est surtout considéré comme un grand fresquiste. Outre leurs qualités techniques et artistiques, les fresques de Ghirlandaio constituent une collection unique d'images de l'époque. Il parsème en effet les scènes religieuses de portraits de personnages contemporains et d'édifices de la Florence du 15e siècle. L'influence de Masaccio est omniprésente par le souci de la perspective reposant sur une architecture intérieure (La cène, 1480) ou un paysage urbain (Présentation de la Vierge au temple, 1485-90).
La Cène (1480)
Fresque, 440 × 880 cm, réfectoire du couvent Ognissanti, Florence.
Présentation de la Vierge au temple (1485-90)
Fresque, largeur 450 cm, basilique Santa Maria Novella, Florence.
Très appréciée de la bourgeoisie de son époque, la peinture de Ghirlandaio fut souvent considérée après sa mort comme moins originale que celle de certains de ses contemporains comme Botticelli. Il est aujourd'hui totalement réhabilité car ses œuvres paisibles, équilibrées, baignant dans une douce lumière, ont une vérité spontanément émouvante tel son chef-d'œuvre peut-être le plus connu : Le vieil homme et son petit-fils (1490).
Ghirlandaio. Le vieil homme et son petit-fils (1490)
Tempera sur bois, 62 × 46 cm, Musée du Louvre, Paris.
Eglise Sant'Andrea de Cercina, Saint Jérôme (v. 1471). Le jeune Ghirlandaio, peu connu à l'époque, est choisi pour la réalisation de fresques dans l'église Sant'Andrea de la petite bourgade de Cercina, proche de Florence. Ces fresques doivent décorer les murs semi-circulaires d'une petite abside. Le peintre utilise magistralement la circularité en représentant trois saints (Jérôme, Barbe, Antoine) séparés par des pilastres à chapiteaux corinthiens en trompe-l'œil. Jérôme de Stridon (vers 347-420), dit Saint Jérôme par l'Église catholique, est un moine, traducteur de la Bible, fondateur de l'Ordre Hiéronymite, docteur de l'Église et l'un des quatre pères de l'Église latine. Il est ici représenté en pénitent tenant dans sa main droite une pierre avec laquelle il se frappe la poitrine. |
L'annonce de la mort de sainte Fina (1473-75). Les deux fresques de Scènes de la vie de sainte Fina dans la Collégiale Santa Maria Assunta de San Gimignano, un peu au sud de Florence, montrent l'intérêt qu'accordait Ghirlandaio à la perspective initiée par Masaccio. Fina de San Gimignano (1238-1253) est une mystique italienne. Atteinte d'une maladie, elle passa sa vie sur une planche en priant Dieu. Elle est considérée comme une sainte par l'église catholique et très vénérée dans sa commune de San Gimignano, proche de Florence. |
Les funérailles de sainte Fina (1473-75). Effet de perspective, couleurs claires et lumière douce, sérénité de la scène, parfait équilibre de la composition. Le jeune artiste est déjà un grand maître. |
La Cène (1480). La Cène est le nom donné par les chrétiens au dernier repas pris par Jésus-Christ avec les douze apôtres, la veille de sa crucifixion. Il s'agit ici d'une fresque peinte dans le réfectoire du couvent Ognissanti à Florence. L'effet de perspective est accentué par l'ouverture de la double voûte sur un jardin avec arbres fruitiers. Les dimensions de l'œuvre sont impressionnantes : 440 × 880 cm. En 1447, Andrea del Castagno avait réalisé une fresque sur le même thème avec, également et symboliquement, Juda Iscariote seul face au Christ. Entre 1494 et 1498, Léonard de Vinci reprendra le sujet en lui donnant plus d'animation. |
Saint Jérôme dans son étude (1480). Fresque, 184 × 119 cm. Cette fresque a été commandée par la famille Vespucci pour l'église Ognissanti de Florence. Jérôme de Stridon (vers 347-420), dit Saint Jérôme par l'Église catholique, est un moine, traducteur de la Bible, fondateur de l'Ordre Hiéronymite, docteur de l'Église et l'un des quatre pères de l'Église latine. Il est ici représenté dans son cabinet de travail, une petite cellule, avec un réalisme et un luxe de détail qui traduit l'influence de la peinture flamande sur Ghirlandaio. |
L'appel des premiers apôtres (1481). Fresque, 349 × 570 cm. Cette fresque de la chapelle Sixtine fait partie d'un vaste ensemble auquel ont collaboré plusieurs peintres dont Le Pérugin et Botticelli. Ghirlandaio était chargé du thème consacré à l'appel de saint Pierre et de saint André. Les deux apôtres, agenouillés au premier plan, répondent à l'appel du Christ qui les bénit. le Christ apparaît encore deux autres fois, sur la berge, à l'arrière-plan. Selon la Bible, il appelle les deux apôtres, qui sont des pêcheurs, en leur disant : « Suivez-moi, et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes. ». Le groupe situé à droite est constitué de portraits de personnages appartenant à de grandes familles florentines. Ce chef-d'œuvre qui allie narration, émotion (visages du Christ et de Pierre et André), réalité contemporaine (portraits) et paysage grandiose dans un ensemble chromatique exceptionnel, est unique dans l'œuvre de Ghirlandaio. |
L'annonciation (1482). Cette fresque du cloître de la Collégiale de San Gimignano rappelle par le style les Scènes de la vie de sainte Fina (1473-75). L'archange Gabriel annonce à la Vierge Marie la naissance prochaine du Christ (maternité divine de la Vierge selon le dogme chrétien). |
Portrait de Giovanna Tornabuoni (1486). Tempera sur bois, 76 × 50 cm, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid. Giovanna Tornabuoni (1468-1488) est une Albizzi, puissante et ancienne famille florentine. Elle épouse en 1486 Lorenzo Tornabuoni, neveu de Laurent de Médicis. Elle meurt prématurément lors de la mise au monde du second enfant du couple. Ce portrait de profil, courant à l'époque, très idéalisé, a probablement été réalisé à partir d'une médaille ou d'un masque mortuaire. Le contraste avec le réalisme très flamand du Vieil homme et son petit-fils (1490) montre l'éclectisme de Ghirlandaio et l'étendue de ses capacités. |
L'adoration des mages (1488). Tempera sur bois de 285 × 240 cm, Spedale degli Innocenti, Florence. Cette composition complexe comporte un très grand nombre de personnages rassemblés autour d'une structure architecturale à travers laquelle apparaît un paysage d'arrière-plan. Cet artifice de composition met remarquablement en relief le paysage et donne une singulière profondeur à l'ensemble. La dominante rouge des personnages contraste avec le brun et le vert du cadre architectural et paysager. Le thème est récurrent dans la peinture de l'époque. Selon le récit biblique, trois mages (astronomes) auraient suivi une étoile vers le lieu de naissance de Jésus-Christ. Arrivés près de Jésus, ils lui offrent l'or, l'encens et la myrrhe. Au premier plan de gauche à droite, agenouillés, saint Jean-Baptiste puis les trois mages. |
L'adoration des mages, détail 1 (1488). Le peintre s'est représenté ici (troisième à partir de la gauche) regardant fixement l'observateur du tableau. |
L'adoration des mages, détail 2 (1488). L'arrière-plan est un paysage imaginaire inspiré du 15e siècle. Il n'a rien de commun avec ce que pouvait être le paysage et l'architecture en Judée à la naissance du Christ. |
Chapelle Tornabuoni (1485-90). Il s'agit de la chapelle centrale de l'abside de la basilique Santa Maria Novella à Florence. Ghirlandaio y a peint de vastes fresques sur les murs et la voûte, représentant des épisodes de la vie de la Vierge et de saints. A gauche, vie de la Vierge. Au fond, vies de Dominique, Pierre et Jean. A droite, vie de Jean-Baptiste. Sur la voûte, les quatre évangélistes. |
Chapelle Tornabuoni. La naissance de la Vierge (1485-90). Fresque, largeur 450 cm, basilique Santa Maria Novella, Florence. Nous retrouvons le style de Ghirlandaio, tel qu'il s'était exprimé en 1473-75 dans les Scènes de la vie de sainte Fina. La composition est ici plus complexe et l'espace architectural permet de jouer à merveille avec la perspective, grande préoccupation du peintre. La lumière s'introduit dans la scène par une fenêtre à gauche, mais les personnages au premier plan semblent malgré tout éclairés de face. La naissance de la Vierge est un thème prétexte. L'architecture, les vêtements et les personnages sont contemporains. La fille du donateur, Ludovica Tornabuoni (debout au centre), vient rendre visite avec quatre personnes de sa suite. |
Chapelle Tornabuoni. Présentation de la Vierge au temple (1485-90). Nous sommes encore dans un décor florentin de l'époque. La Vierge monte les marches, un livre à la main. Un prêtre l'accueille en haut de l'escalier. En bas, ses parents, Joachim et Anne (avec une auréole). |
Chapelle Tornabuoni. La naissance de saint Jean-Baptiste (1485-90). Jean le Baptiste ou Saint Jean-Baptiste est le prophète qui, selon la tradition chrétienne, aurait annoncé la naissance du Christ. Selon le récit biblique, sa mère est Elisabeth, cousine de la Vierge, et son père Zacharie. Elisabeth est assise sur le lit dans une pose pleine de dignité mais manquant totalement de naturel. En contrebas du lit, une nourrice allaite Jean-Baptiste. La convention artistique reste toujours la même : la scène se déroule dans un décor florentin du 15e siècle avec les usages de l'aristocratie de l'époque (nourrice allaitant). |
ChapelleTornabuoni. Portrait du donateur (1485-90). Le donateur des fresques est Giovanni Tornabuoni, un riche marchand et banquier florentin, parent des Médicis et ayant dirigé la banque de la famille à Rome. Son fils Lorenzo épouse en 1486 Giovanna degli Albizzi, dont Ghirlandaio a fait un portrait. |
Francesco Sassetti et son fils Teodoro II (v. 1490). Tempera sur bois, 76 × 53 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Francesco Sassetti (1421-1490) a dirigé les succursales de la banque des Médicis à Avignon, Genève et Lyon. Il a été le conseiller de Pierre et Laurent de Médicis. Il a prénommé ses deux fils Teodoro car le second est né l'année même de la mort de l'aîné, en 1479. |
Le vieil homme et son petit-fils (1490). Tempera sur bois, 62 × 46 cm, Musée du Louvre, Paris. Le visage du vieil homme est traité avec un réalisme minutieux inspiré de la peinture flamande. Son nez est atteint par la rhinophyma, une aggravation de l'acné rosacée provoquant une déformation du nez. |
La Nativité (1492). Tempera sur bois, 85 × 63 cm, Fitzwilliam Museum, Cambridge. Thème récurrent de la naissance de Jésus-Christ. Marie (mère), Joseph (époux de Marie) et quelques personnages saints ainsi que des anges sont en général représentés. Mais Ghirlandaio a cherché à épurer. Le charme de ce tableau, l'un des derniers du peintre, est dans la simplicité : seuls l'enfant et ses parents sont présents avec l'âne et le bœuf. Les couleurs, les jeux d'ombre de lumière sur les personnages sont remarquables. Le paysage en arrière-plan est destiné à donner de la profondeur à la scène. |
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(*) Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (première édition 1550, remaniée en 1568).
Commentaires
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- 1. Godefroy Dang Nguyen Le 03/06/2020
Très belle synthèse, merci. Visiblement vous aimez bien ce peintre, moi aussi ;-).
Par contre je suis plus dubitatif sur sa "réhabilitation". Le grand public ne le connaît pas, et les critiques professionnels soulignent souvent son côté "bourgeois" et "convenu", plus attentif aux détails qu'aux personnes. Le goût est une chose compliquée!
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