Albrecht Dürer
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Patrick AULNAS
Autoportraits
Albrecht Dürer. Autoportrait à 13 ans (1484) |
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Albrecht Dürer. Autoportrait à 22 ans (1493) |
Albrecht Dürer. Autoportrait à 27 ans (1498) |
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Albrecht Dürer. Autoportrait à 29 ans (1500) |
Pour une analyse des autoportraits de Dürer, voir : Les yeux d'Argus
Biographie
1471-1528
Enfance et apprentissage
Albrecht Dürer est né le 21 mai 1471 à Nuremberg, en Bavière, où son père exerçait le métier d'orfèvre. La famille de sa mère est de Nuremberg mais son père est arrivé de Hongrie en 1455. Le jeune Albrecht passe son enfance dans l'atelier paternel et apprend le métier d'orfèvre. Dès cette époque, ses dons exceptionnels de dessinateur se révèlent. L'autoportrait ci-dessus, réalisé à l'âge de treize ans, donne une idée de ses capacités. En 1486, son père le met en apprentissage à Nuremberg dans l'atelier du peintre Michael Wolgemut (1434-1519). Son apprentissage dure trois ans et couvre toutes les techniques des arts graphiques : dessin, aquarelle, gouache, peinture à l'huile, gravure sur bois pour l'illustration de livres.
Les premiers voyages
Dès 1490, Dürer commence son tour de compagnon puisqu'il est considéré comme un artisan qui termine sa formation. Il souhaite en particulier se rendre à Colmar où travaille Martin Schongauer (1450-1491), le plus illustre graveur de l'époque. Mais quand il arrive dans cette ville, Schongauer est décédé. Il poursuit son voyage en Europe du Nord : Pays-Bas, Bâle, Strasbourg. Au cours de son périple, il fait de nombreuses rencontres qui enrichissent ses connaissances : les frères de Martin Schongauer, les éditeurs Nicolaus Kessler, Johann Amerbach et Michael Furter. Il réalise surtout des dessins et des gravures.
Au printemps 1494, Albrecht Dürer revient à Nuremberg pour épouser Agnès Frey. « Et quand je fus de retour, écrit-il, Hans Frey entra en pourparlers avec mon père et me donna sa fille nommée Agnès qui reçut une dot de 200 florins ; le mariage eut lieu le 14 juillet de l'an 1494. »
Mais dès l'automne de cette même année il part pour l'Italie où il séjourne principalement à Venise. Il y rencontre Jacopo de Barbari (1445-1516), peintre et graveur sur bois et cuivre. Il découvre surtout l'art de la Renaissance italienne et la fascination pour l'Antiquité. Il aurait souhaité par-dessus tout rencontrer Andrea Mantegna (1431-1506), dont il admire les gravures, mais celui-ci travaille à Mantoue. Au cours de ce bref voyage, il copie des estampes de Mantegna et se révèle paysagiste en réalisant d'admirables aquarelles :
Albrecht Dürer. Vue de Trente (1494)
Aquarelle et gouache sur parchemin, 23,8 × 35,6 cm, Kunsthalle, Brême.
L'atelier de Nuremberg et les chefs-d'œuvre de la maturité
En 1495, de retour à Nuremberg, Dürer ouvre un atelier. La ville connaît une prospérité économique favorable au développement de l'art, mais Dürer bénéficie également du mécénat du Prince-Électeur de Saxe, Frédéric III de Saxe, dit Frédéric le Sage (1463-1525). Comme beaucoup de grands artistes de l'époque, il se passionne pour les proportions des différents éléments de l'anatomie humaine et pour les lois de la perspective. Ces centres d'intérêt apparaissent nettement dans certaines œuvres de cette période : Retable Paumgartner (1503), Adam et Eve (1507).
De 1505 à 1507, Dürer entreprend un second voyage en Italie. Il séjourne surtout à Venise où il est accueilli par la famille Fugger, de riches banquiers allemands dont les activités s'étaient déployées à l'échelle internationale. Les italiens le reçoivent également comme un très grand artiste, à tel point que l'on trouve la phrase suivante dans une lettre adressée par Dürer à son ami Willibald Pirckheimer, juriste et humaniste allemand (1470-1530) : « Ici je suis un gentilhomme, chez moi un parasite ». A Venise il peint La fête du rosaire et un certain nombre de portraits.
De retour à Nuremberg, il reprend son activité de peintre mais aussi de graveur. Son goût pour la gravure, qu'il conservera sa vie durant, est dû à sa formation de dessinateur. Le dessin demeure pour lui l'essentiel, même après son voyage en Italie au cours duquel il a pu apprécier l'importance de la couleur. Un autre grand mécène apparaît dans sa vie à cette époque : l'empereur Maximilien 1er de Habsbourg (1459-1519). Celui-ci est à la tête du Saint Empire romain germanique à partir de 1508 et il s'intéresse à l'activité artistique. Des gravures et des portraits sont commandés à Dürer par l'empereur. En 1512, Maximilien lui accorde une pension et des titres de noblesse. Il devient peintre officiel de la cour.
La reconnaissance officielle est désormais complète : il fait partie du Grand Conseil de la ville de Nuremberg et siège en 1518 à la Diète d'Empire qui se tient à Augsbourg. L'artisan graveur des débuts est devenu un artiste internationalement connu et un homme dont on apprécie le savoir et la capacité de réflexion.
En 1520, Dürer effectue un dernier grand voyage. Il se dirige vers les Flandres et séjourne à Bruges et Gand où il peut admirer les chefs-d'œuvre de Van Eyck et Van der Weyden.
Les dernières années à Nuremberg
Il continue à peindre et à graver, mais écrit de plus en plus. Il avait beaucoup réfléchi au cours de sa vie à la théorie de l'art, à la perspective, à la représentation du corps humain et aux mesures. Souhaitant laisser à la postérité le fruit de ces réflexions, il consacre une part croissante de son temps à la rédaction de traités. Ainsi publie-t-il : Instruction sur la manière de mesurer (1525), Instruction relative aux fortifications des bourgs, villes et châteaux (1527), Traité des proportions du corps humain (1528).
Ce dernier traité sera d'ailleurs publié après sa mort qui survient le 6 avril 1528. Il est enterré à Nuremberg dans le cimetière de l'Église Saint-Jean à laquelle il avait consacré en 1489 une aquarelle qui est considérée comme le premier paysage réel en couleur de l'histoire de l'art.
Œuvre
Albrecht Dürer est sans conteste le peintre allemand le plus populaire. Il doit cette popularité à sa capacité de représenter la nature avec un réalisme que peu d'artistes avaient atteint à son époque. Ses paysages et ses figures de végétaux ou d'animaux à l'aquarelle et à la gouache demeurent encore aujourd'hui de grands succès commerciaux pour la reproduction.
Il savait tout faire dans le domaine des arts graphiques : dessin, gravure sur bois et sur cuivre, huile, aquarelle et gouache. Sa peinture subit l'influence des italiens, en particulier de Giovanni Bellini et Andrea Mantegna, mais se refuse malgré tout à l'idéalisation de la beauté formelle qu'affectionnaient les artistes transalpins. On le voit nettement dans ses tableaux religieux où la Vierge par exemple conserve une épaisseur physique toute humaine, très éloignée des madones de Bellini. Il reste ainsi un peintre du nord de l'Europe, avec une sensibilité proche de celle des flamands. Il fut surtout un graveur d'exception. Il transforme l'artisanat de la gravure, qui permettait de diffuser des estampes plutôt grossières, en un art véritable. Pourquoi ? D'abord parce qu'il est un dessinateur de génie et qu'il aime dessiner. Ensuite, parce qu'au début de sa carrière la gravure lui permet de gagner sa vie. Ses gravures dépassent en qualité tout ce qui existe alors et connaissent rapidement un succès commercial. Il poursuit tout au long de sa vie ce travail de graveur. Ses estampes se vendent dans toute l'Europe et il connaît de son vivant une célébrité internationale.
Albrecht Dürer. Le monstre marin (v. 1498)
Gravure sur cuivre, 24,6 x 14,7 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.
La richesse et la diversité de l'œuvre de Dürer interdisent toute appréciation trop générale. Les exemples ci-après proposent un aperçu des réalisations graphiques de cet artiste attachant qui fut aussi un penseur, auteur de plusieurs traités théoriques.
Peintures
Plus de 70 tableaux sont attribués à Dürer et de nombreux dessins préparatoires ont survécu. Au total plus d'un millier de dessins nous sont parvenus.
Albrecht Dürer. Saint Jérôme dans le désert (v. 1495). Huile sur bois, 23 × 17 cm, National Gallery, Londres. Jérôme de Stridon (vers 347-420), dit Saint Jérôme par l'Église catholique, est un moine, traducteur de la Bible, fondateur de l'Ordre Hiéronymite, docteur de l'Église et l'un des quatre pères de l'Église latine. Représenté ici en pénitent, il tient la Bible dans sa main droite et une pierre pour se frapper la poitrine dans sa main gauche. Selon la légende, il aurait enlevé une épine de la patte d'un lion qui lui devint ensuite fidèle. Il s'est dépouillé de ses vêtements de cardinal qui sont à ses pieds au premier plan.
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Albrecht Dürer. Vierge à l'Enfant ou Madone Haller (v. 1498). Huile sur bois, 50 × 39 cm, National Gallery of Art, Washington. La mise en scène est inspirée des peintres italiens, en particulier de Giovanni Bellini : portrait à mi-corps et ouverture sur le paysage en arrière-plan. Mais l'idéalisation italienne dans la représentation des corps est ici absente. La Vierge est assez corpulente et l'enfant affiche un visage joufflu et des bourrelets. Le traitement de la couleur est, lui, plus proche des artistes italiens.
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Albrecht Dürer. Retable Paumgartner, panneau central (v. 1503). Huile sur bois, 155 × 126 cm, Alte Pinakothek, Munich. Ce panneau représente la nativité, épisode biblique de la naissance de Jésus-Christ. Marie (mère), Joseph (époux de Marie) et quelques personnages saints ainsi que des anges sont en général représentés. Ici, Joseph et Marie, au premier plan entourent l'Enfant Jésus. Les petits personnages latéraux sont les membres de la famille Paumgartner, donateurs du retable. Les éléments architecturaux et le paysage à l'arrière-plan ont pour fonction de créer un effet de perspective centrale. Le retable complet est un triptyque commandé par les frères Stephan et Lukas Paumgartner pour l'église Sainte-Catherine de Nuremberg. L'aile gauche est consacrée à saint Georges avec un dragon et l'aile droite à saint Eustache.
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Albrecht Dürer. Adoration des Mages (1504). Huile sur bois, 100 × 114 cm, Galerie des Offices, Florence. Selon le récit biblique, trois mages (astronomes) auraient suivi une étoile vers le lieu de naissance de Jésus-Christ. Arrivés près de Jésus, ils lui offrent l'or, l'encens et la myrrhe. Ce panneau, commandé par Frédéric le Sage (1463-1525) devait servir de retable dans l'église de son château de Wittenberg. La composition est proche de celle des peintures flamandes ou hollandaises de l'époque avec des ruines à l'arrière-plan (voir par exemple, Gérard de Saint-Jean, Adoration des mages, 1480-95). Mais le dessin de Dürer est extrêmement travaillé et chaque détail des vêtements ou de la végétation traité de façon réaliste. Ce retable constitue le sommet de l'art pictural de Dürer avant son second voyage en Italie.
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Albrecht Dürer. Fête du rosaire (1506). Huile sur bois, 162 × 194,5 cm, Narodni Galerie, Prague Ce panneau a été peint pour l'un des autels de l'église de San Bartolomeo du Rialto à Venise lors du second voyage en Italie du peintre. Le mot rosaire vient du latin rosarium : guirlande. Le rosaire est une prière du culte catholique, dédiée à la Vierge. Ce tableau est une composition ambitieuse au contenu à la fois religieux et politique. Au premier plan figurent le pape Alexandre VI (1431-1503, pape à partir de 1492) et l'empereur Maximilien 1er de Habsbourg (1459-1519), sur la tête duquel la Vierge dépose une couronne de roses, allusion à la fête du rosaire. Dürer s'est représenté lui-même à gauche, tenant en main un parchemin. Le tableau nécessita cinq mois de travail et suscita l'admiration des vénitiens puisque le doge lui-même vint voir Dürer dans son atelier.
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Albrecht Dürer. Adam et Eve (1507). Huile sur bois, chaque panneau 209 × 81 cm, Musée du Prado, Madrid. Dürer, de retour d'Italie, compose une image idéalisée de la nudité. L'influence italienne est marquée par la minceur des personnages par rapport à ceux de sa gravure de 1504. Il s'agit des nus grandeur nature les plus anciens de l'art nordique. Un certain maniérisme caractérise la gestuelle, dû probablement à la volonté d'accentuer « l'innocence ». Mais Eve accepte la pomme offerte par le serpent...
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Albrecht Dürer. Sainte-Anne et la Vierge à l'Enfant (1519). Huile et tempera sur bois, transférées sur toile, 60 × 50 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Pour représenter sainte Anne, la mère de la Vierge (à gauche), Dürer s'inspire des vêtements féminins qu'il connaît. Il enveloppe le personnage pour ne laisser apparaître qu'un visage au regard compassionnel. La Vierge en prière est une toute jeune femme beaucoup moins idéalisée que les madones italiennes. Ce tableau a été commandé par Leonard Tucher, un membre de l'influente famille patricienne des Tucher von Simmelsdorf.
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Albrecht Dürer. Empereur Maximilien 1er de Habsbourg (1519). Huile sur bois, 74 x 62 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Ce portrait de Maximilien 1er (1459-1519) a été terminé après la mort de l'empereur, sur la base d'un dessin qu'avait réalisé Dürer. Maximilien tient dans sa main une grenade, symbole de résurrection et emblème personnel. En haut du tableau sont placés le blason des Habsbourg et un texte récapitulant les réalisations de l'empereur.
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Albrecht Dürer. Les quatre apôtres, panneau de gauche (1526). Huile sur bois de tilleul, 215 × 76 cm, Alte Pinakothek, Munich. Les deux derniers tableaux peints par Dürer ne proviennent pas d'une commande mais d'une initiative du peintre. Il souhaite faire un don à sa ville natale et le 6 octobre 1526, il offre au conseil de la ville deux panneaux représentant chacun deux saints. Chaque personnage est doté de son attribut religieux. Le panneau de gauche est consacré à saint Jean (tenant le livre) et saint Pierre (portant les clés du paradis). Les quatre apôtres symbolisent aussi quatre tempéraments : Jean est le sanguin et Pierre le flegmatique.
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Albrecht Dürer. Les quatre apôtres, panneau de droite (1526). Huile sur bois de tilleul, 215 × 76 cm, Alte Pinakothek, Munich. Sur le panneau de droite apparaissent saint Paul tenant le glaive et saint Marc avec le rouleau. Paul est le mélancolique et Marc le colérique. Au bas de chaque panneau, le calligraphe Johann Neudörfer a reproduit des passages bibliques provenant de la traduction récente de Martin Luther (1522). |
Gravures
Il existe environ 300 gravures attribuées à Dürer comportant 200 bois et une centaine de cuivres. Bien souvent l'artiste fournit un dessin détaillé aux artisans qui se chargent de graver les planches de bois (on parle de xylographie) ou les plaques de cuivre (on parle de chalcographie ou de taille-douce). Le mot estampe désigne la reproduction obtenue, sur papier en général, de la gravure initiale. Mais il arrive souvent que le mot gravure soit employé pour estampe. Cette technique permet de diffuser largement les dessins, sur des livres ou à l'unité.
Albrecht Dürer. Les quatre sorcières (1497). Gravure sur cuivre, 19 × 13,1 cm, Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg Il s'agit de représenter la nudité féminine avec pour prétexte quatre sorcières qui semblent conspirer. La signification exacte (si elle existe !) n'est pas vraiment connue, pas plus que le sens des trois lettres figurant en haut de la gravure. Mais tout cela baigne dans une atmosphère de croyances religieuses naïves : le diable apparaît en bas à droite.
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Albrecht Dürer. Le monstre marin (v. 1498). Gravure sur cuivre, 24,6 x 14,7 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. On raconte que Dürer s'est inspiré d'une histoire racontant le viol d'une jeune fille par un monstre sorti de la mer. La jeune fille est ici dans une position très lascive tout en montrant un visage légèrement désolé. Nous sommes loin de la réalité d'un viol. L'histoire est évidemment un bon prétexte car l'Église n'appréciait pas du tout ce type de gravure. Mais il fallait vendre pour vivre. Le monstre est un personnage barbu à moitié humain. Bien entendu, des interprétations à caractère mythologique peuvent toujours être trouvées.
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Albrecht Dürer. Adam et Eve (1504). Gravure sur cuivre, 25,2 × 19,4 cm, Rijksmuseum, Amsterdam Cette gravure fait suite à quatre ans d'étude des proportions idéales du corps humain. Il s'agit de s'approcher du corps humain idéal avec l'arrière-pensée d'atteindre une représentation du niveau des sculptures antiques. La contrepartie de cette volonté de perfection st une certaine rigidité de la gestuelle qui semble totalement manquer de naturel. Ce côté artificiel des humains est accentué par une nature végétale et animale très réaliste.
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Albrecht Dürer. Nativité (1504). Gravure sur cuivre, 18,3 × 12 cm, Staatliche Museen, Berlin. Episode mythique de la naissance de Jésus-Christ. Marie (mère), Joseph (époux de Marie) et quelques personnages saints ainsi que des anges sont en général représentés. Sur cette gravure, Marie, mère de Jésus-Christ, prie devant l'enfant. Un berger est également en prières un peu en retrait. Joseph est allé chercher de l'eau au puits. L'intérêt de la scène réside surtout dans le minutieux réalisme du décor : une maison à colombage tombant en ruines et que la végétation commence à envahir. L'effet de perspective est obtenu avec les arcades. Ce travail s'inspire directement du panneau central du retable Paumgartner.
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Albrecht Dürer. Melencolia I (1514). Gravure sur cuivre, 24,1 × 19,1 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « Le Metropolitan possède plus de cinq cents gravures imprimées d’Albrecht Dürer, maître suprême en la matière. Melencolia I, l’une des plus intrigantes, traduit l’état intellectuel de l’artiste. C’est donc, par extension, un autoportrait spirituel. Dans la pensée médiévale, chaque individu était dominé par l’une de quatre humeurs. La mélancolie était la moins souhaitable, puisque ceux qui en étaient affectés étaient considérés comme particulièrement vulnérables à la folie. À la Renaissance, en revanche, on pensait que la mélancolie était aussi liée au génie créatif. Ici, la Mélancolie personnifiée, ailée, tient un compas et est entourée d’autres instruments associés à la géométrie, l’un des sept arts libéraux qui sous-tendent la création artistique. » (Commentaire MET) |
Albrecht Dürer. Portrait de Frédéric le Sage (1524). Gravure sur cuivre, 18,8 × 12,2 cm, Art Institute, Chicago Le Prince-Électeur de Saxe, Frédéric III de Saxe, dit Frédéric le Sage (1463-1525), était un mécène des arts et des sciences et le fondateur de l'université de Wittenberg. Partisan de la Réforme, il n'a cependant jamais ouvertement cautionné la doctrine de Martin Luther. Il fut l'un des premiers mécènes de Dürer et lui resta toujours fidèle.
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Albrecht Dürer. Études sur les proportions du corps féminin (1528). Gravure sur bois, Staatsbibliothek, Bamberg Il s'agit d'une illustration extraite du livre de Dürer : Traité des proportions du corps humain. Les grands artistes de l'époque s'intéressaient tous à ces questions : Léonard de Vinci et Michel-Ange en particulier. |
Aquarelles et gouaches
Les aquarelles et gouaches de Dürer sont particulièrement attachantes. Elles nous offrent une vue réaliste, rare à l'époque, de paysages italiens, alpins ou des environs de Nuremberg. Le premier paysage en couleur de l'histoire de l'art peut être attribué à Dürer. Il s'agit l'église Saint-Jean de Nuremberg (ci-après).
Albrecht Dürer. L'Église Saint-Jean à Nuremberg (v. 1489). Aquarelle et gouache sur papier, 29 × 42 cm, musée de l'Hermitage, Saint-Pétersbourg. Il s'agit probablement du premier paysage en couleur reproduisant un lieu réel. Les premiers paysagistes choisissaient en effet d'idéaliser considérablement le paysage pour en faire un lieu enchanteur. Rien de tel ici. Cette église est située à l'ouest de la ville. L'artiste a 18 ans quand il réalise ce paysage et 40 ans plus tard il sera enterré dans le cimetière jouxtant cette église. L'œuvre a une histoire mouvementée. Elle était à Brême et a été emportée en Russie par l'armée rouge en 1945. Elle se trouve à l'Hermitage. Des négociations se déroulent en vue de son rapatriement.
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Albrecht Dürer. Vue de Trente (1494). Aquarelle et gouache sur parchemin, 23,8 × 35,6 cm, Kunsthalle, Brême. Peinte au cours du premier séjour de Dürer en Italie en 1494-95, la ville de Trente (Trento en italien) est située sur les rives de l'Adige.
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Albrecht Dürer. Étang dans les bois (v. 1496). Aquarelle et gouache sur papier, 26,2 × 37,4 cm, British Museum, Londres. Il s'agit probablement d'un paysage des environs de Nuremberg. L'artiste propose une puissante représentation de la nature vierge avec le ciel du crépuscule qui inonde encore de lumière l'étang et la végétation. L'agencement des couleurs constitue une réussite exceptionnelle.
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Albrecht Dürer. Jeune lièvre (1502). Aquarelle et gouache sur papier, 25,1 × 22,6 cm, Graphische Sammlung Albertina, Vienne Dürer est un des premiers artistes à s'intéresser à la nature. Ce lièvre en alerte résulte d'une observation précise de la position de l'animal. La vérité de cette peinture l'a rendue célébrissime et elle n'a cessé d'être reproduite au fil des siècles. La gouache a été ajoutée sur l'aquarelle afin de donner de la densité à l'animal.
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Albrecht Dürer. Ancolie (1520). Aquarelle et gouache sur parchemin, 36,3 × 29,2 cm, Graphische Sammlung Albertina, Vienne Dürer se promène fréquemment dans la campagne qui environne Nuremberg. Il emporte toujours un petit matériel lui permettant de saisir l'instant. L'extraordinaire réalisme de cette ancolie en résulte.
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Commentaires
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- 1. geurt Le 25/01/2021
tres interressant very big muchas gracias
par contre il n'y a pas Melancholia ...-
- rivagedebohemeLe 25/01/2021
Merci pour cette information. Voilà qui est corrigé (voir ci-dessus, gravures)
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