Albrecht Altdorfer

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Patrick AULNAS

 

Portrait

 

Philipp Kilian. Portrait d’Albrecht Altdorfer (17e siècle)

Philipp Kilian. Portrait d’Albrecht Altdorfer (17e siècle)
Gravure, 10,3 × 10,1 cm, Fine Arts Museums of San Francisco.

 

Biographie

v. 1480-1538

Les informations biographiques concernant Albrecht Altdorfer restent très peu nombreuses. Il est né vers 1480 à Ratisbonne (Regensburg en allemand) ou Altdorf. Son père était probablement le peintre miniaturiste Ulrich Altdorfer. Des documents indiquent qu’Albrecht Altdorfer, « peintre d’Amsberg », petite localité proche de Ratisbonne, a acquis la citoyenneté de la ville de Ratisbonne le 13 mars 1505. Il passera sa vie dans cette ville en tant que citoyen respecté et riche, marié mais sans enfant.

 

Albrecht Altdorfer. Le Christ prenant congé de sa mère (1520)

Albrecht Altdorfer. Le Christ prenant congé de sa mère (1520)
Huile sur bois, 141 × 111 cm, National Gallery, Londres.

 

Sa formation n’est pas connue, mais il a probablement été initié par son père, actif à Ratisbonne à la fin du 15e siècle. Vers 1506, les premières œuvres de l’artiste sont des gravures sur cuivre et des dessins de scènes mythologiques ou religieuses. En 1511, il voyage dans la vallée du Danube et vers 1520 en Italie du nord. Ces voyages lui permettent d’apprécier les paysages et de devenir avec Lucas Cranach l’Ancien et Wolf Huber l’un des principaux peintres d’un courant qualifié par la suite par les historiens d’école du Danube. Le paysage joue un rôle important dans les œuvres de ces artistes avec une accentuation de son aspect mystérieux qui sera parfois qualifié de romantique. Paysage du Danube près de Ratisbonne (1520-1525) est ainsi considéré comme le premier paysage à l’huile ne comportant pas de personnages.

 

Albrecht Altdorfer. Paysage du Danube près de Ratisbonne (1520-1525)

Albrecht Altdorfer. Paysage du Danube (v. 1520)
Huile sur vélin monté sur bois, 30,5 × 22,2 cm, Alte Pinakothek, Munich.
Étude détaillée

 

Albrecht Altdorfer joua un rôle important à Ratisbonne. La ville avait, dans le Saint-Empire romain germanique, le statut de ville libre, puis à partir de 1492 celui de ville d’Empire. Elle ne se trouvait pas dans la dépendance d’un prince mais était directement rattachée à l’Empereur. La politique menée par les gouvernants municipaux avait donc une grande importance, qui s’étendait jusqu’aux questions de défense. Altdorfer devient membre du grand conseil (conseil municipal) en 1519. Il est nommé maître d’œuvre de la ville. A ce titre, il conçoit l'aménagement et le renforcement des défenses de Ratisbonne. Il devient par la suite membre du conseil restreint (exécutif municipal) et le titre d’architecte de la ville lui est accordé en 1526. En 1528, il est élu bourgmestre (maire) mais refuse cette charge afin de pouvoir se consacrer à ses activités artistiques, en particulier le grand panneau de La bataille d’Alexandre, pour le duc Guillaume IV de Bavière. En 1535, il représente la ville de Ratisbonne auprès de l’empereur du Saint-Empire, Ferdinand Ier (1503-1564).

 

Albrecht Altdorfer. La bataille d'Alexandre (1529)

Albrecht Altdorfer. La bataille d'Alexandre (1529)
Huile sur bois, 158,4 × 120,3 cm, Alte Pinakothek, Munich.

 

Albrecht Altdorfer meurt à Ratisbonne en 1538.

 

Œuvre

 

Les œuvres d’Altdorfer qui nous ont été transmises ne sont pas très nombreuses. Elles comprennent 55 peintures sur panneaux de bois, 124 dessins, environ 200 gravures sur cuivre ou bois et 24 peintures sur parchemin. L’artiste a signé et daté chacune de ses œuvres.

 

Albrecht Altdorfer. Le sacrifice d’Abraham (v. 1520)

Albrecht Altdorfer. Le sacrifice d’Abraham (v. 1520)
Gravure sur bois, National Gallery of Art, Washington.

 

La caractéristique majeure de la peinture d’Altdorfer est l’importance accordée au paysage, même dans les scènes religieuses ou mythologiques. Il est l’un des initiateurs du paysage pur, sans personnages. Albrecht Dürer, dès la fin du 15e siècle avait peint des paysages à l’aquarelle sans thématique religieuse ou historique, mais il s’agissait pour lui de simples travaux préparatoires et non d’une œuvre qu’il considérait comme achevée (voir par exemple Albrecht Dürer. L'Église Saint-Jean à Nuremberg (v. 1489). Altdorfer peut donc être considéré comme un pionnier de la peinture de paysage à l’huile.

 

Albrecht Altdorfer. Paysage avec passerelle (1518-20)

Albrecht Altdorfer. Paysage avec passerelle (1518-20)
Huile sur vélin monté sur bois, 41 × 36 cm, National Gallery, Londres.

 

Albrecht Altdorfer est traditionnellement rattaché à un courant artistique qualifié École du Danube par les historiens de l’artcomprenant également Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553) et Wolf Huber (1485-1553). Il s’agit en réalité d’un style qui se développe dans la première moitié du 16e siècle, le long du Danube, en Bavière et en Autriche. Ces artistes, ayant de nombreuses relations avec l’Italie toute proche, sont à la croisée du gothique tardif et des apports de la Renaissance italienne. Alliant le réalisme des figures religieuses, l’omniprésence de la nature et le mystère des montagnes et des forêts profondes de cette région, le style de l’École du Danube a parfois été considéré comme une préfiguration du romantisme allemand.

 

Albrecht Altdorfer. Suzanne au bain (1526)

Albrecht Altdorfer. Suzanne au bain (1526)
Huile sur bois, 75 × 61 cm, Alte Pinakothek, Munich.

 

Scènes mythologiques et religieuses isolées

Albrecht Altdorfer. Le repos pendant la fuite en Égypte (1510)

Albrecht Altdorfer. Le repos pendant la fuite en Égypte (1510). Huile sur bois, 57 × 38 cm, Gemäldegalerie, Berlin. « Devant un paysage de montagne fantastique au bord d’une grande étendue d’eau, la Sainte Famille se repose après avoir fui ses poursuivants envoyés par Hérode. Marie est assise sur un trône à côté d’une fontaine Renaissance richement décorée, soutenant de son bras l’Enfant Jésus. Joseph arrive de la droite et présente des cerises à Marie. L’inscription latine sur le panneau devant la base de la fontaine indique qu’Albrecht Altdorfer de Ratisbonne a pieusement dédié le tableau à la divine Marie pour le salut de son âme. Rainald Grosshans. » (Commentaire Gemäldegalerie)

Albrecht Altdorfer. Christ en croix entre Marie et saint Jean (v. 1512)

Albrecht Altdorfer. Christ en croix entre Marie et saint Jean (v. 1512). Huile sur bois, 102 × 116 cm, Staatliche Museen, Kassel. Devant un vaste paysage montagneux, le Christ supplicié est représenté de façon réaliste avec de multiples saignements et une couronne d’épines sur la tête. Au pied de la croix apparaissent les deux donateurs, un couple non identifié qui aurait fait don du tableau à une église ou un cloitre de Ratisbonne afin qu’il soit accroché au-dessus de la tombe familiale. Les codes graphiques de la peinture du Moyen Âge et du 15e siècle sont encore respectés, les donateurs (humains) étant représentés en taille réduite par rapport aux figures divines ou saintes.

Albrecht Altdorfer. Verge à l’Enfant (1516-18)

Albrecht Altdorfer. Verge à l’Enfant (1516-18). Huile sur bois, 49 × 36 cm, Szépmûvészeti Múzeum, Budapest. Cette Vierge à l’Enfant couronnée et nimbée, exécutée d’après une gravure de Dürer, est très éloignée de celles de la peinture italienne de la même époque, qui cherchait à supprimer le caractère majestueux du personnage pour le remplacer par la douceur maternelle et la prémonition d’un destin tragique. Voir par exemple Raphaël. La Madone du Grand-Duc (1505), Palais Pitti, Florence.

Albrecht Altdorfer. Le Christ prenant congé de sa mère (1520)

Albrecht Altdorfer. Le Christ prenant congé de sa mère (1520). Huile sur bois, 141 × 111 cm, National Gallery, Londres. « La Vierge Marie, effondrée de chagrin, apprend que le Christ, son fils, a accepté, en partant pour Jérusalem, une mort inévitable comme volonté de Dieu. L’épisode ne figure pas dans la Bible, mais apparaît dans un texte de dévotion allemand du XIVe siècle ainsi que dans des pièces de théâtre sur le thème de la Passion, en particulier l’une d’elle, jouée dans la ville d’Augsbourg. La pièce d’Augsbourg comprenait une série d’échanges entre le Christ et sa mère, le Christ l’assurant qu’il devait accepter son sort alors qu’elle le suppliait de l’éviter.
La fascination d’Altdorfer pour le paysage reflétait une tendance croissante à représenter la nature avec réalisme et précision, conduisant finalement à l’émergence de la peinture de paysage en tant que sujet indépendant, plutôt qu’en tant que simple arrière-plan. Ce panneau est dominé par un grand arbre représenté à l’état sauvage, sans recomposition artistique. Au-delà de l’arche, un grand nuage tourbillonnant rougeoie dans la lumière du soir, allusion au sang que le Christ a versé lors de la crucifixion. » (Commentaire National Gallery)

Albrecht Altdorfer. La naissance de la Vierge (1520-25)

Albrecht Altdorfer. La naissance de la Vierge (1520-25). Huile sur bois, 141 × 130 cm, Alte Pinakothek, Munich. Bien qu’aucune œuvre architecturale d’Altdorfer ne soit connue, son activité architecturale à Ratisbonne lui permet de maîtriser remarquablement les problèmes de perspective. Ce tableau en atteste. « Altdorfer situe cette scène dans une église. Le grand anneau d’anges dansant autour des piliers ouvre l’espace structuré de manière complexe. Le tableau a peut-être servi d’illustration pour un retable dédié à sainte Anne. Les absides voûtées en forme de coquille reflètent l’architecture contemporaine de l’époque. Le futur architecte municipal de Ratisbonne était familier de tels projets et connaissait probablement les plans de Hans Hieber pour la nouvelle église de pèlerinage dédiée à la "Belle Vierge" ». (Commentaire Alte Pinakothek)

Albrecht Altdorfer. La communion des apôtres (v. 1523)

Albrecht Altdorfer. La communion des apôtres (v. 1523). Huile sur bois, 42 × 33 cm, Gemäldegalerie, Berlin. La communion est un rituel de l’Église catholique au cours duquel le prêtre donne une hostie à chaque fidèle. Selon la tradition, le groupe formé par le Christ et ses apôtres, qui se partageaient le pain, serait à l’origine de ce rituel. L’iconographie de la Renaissance s’est saisie de ce thème pour représenter dans un paysage le groupe des apôtres en discussion.

Albrecht Altdorfer. Suzanne au bain (1526)

Albrecht Altdorfer. Suzanne au bain (1526). Huile sur bois, 75 × 61 cm, Alte Pinakothek, Munich. Épisode biblique. Une jeune femme, Suzanne, est surprise par deux vieillards alors qu’elle prend son bain. Elle refuse leurs avances et les vieillards l’accusent alors d’adultère. Elle est condamnée à mort. Le prophète Daniel prend sa défense et fait condamner les vieillards. Altdorfer place la scène dans les jardins d’un palais Renaissance à l’architecture improbable. Il s’agit davantage pour lui de réaliser un paysage que d’illustrer la scène biblique.

 

Le retable de saint Sébastien (1509-18)

Il avait été commandé pour décorer l’autel de l’abbaye de Saint-Florian à Linz en Autriche. Achevé vers 1518, ce polyptyque comportait un cadre finement sculpté de Michael Pacher (v. 1435-1498), qui a disparu. Le polyptyque est aujourd’hui démantelé et les panneaux se trouvent principalement à l’abbaye de Saint-Florian et à Vienne.

Lorsque les ailes étaient ouvertes, huit épisodes de la Passion du Christ apparaissaient. Ailes fermées, quatre scènes de la vie de saint Sébastien étaient présentées. La prédelle comportait quatre autres panneaux peints, dont la Mise au tombeau et la Résurrection.

 

Albrecht Altdorfer. Retable de saint Sébastien ouvert (1509-18)

Albrecht Altdorfer. Retable de saint Sébastien ouvert (1509-18)
Huile sur bois, environ 1100 × 200 cm. Reconstitution par l’abbaye de Saint-Florian.

 

Retable ouvert : la Passion du Christ

 

Albrecht Altdorfer. Le Christ dans le Jardin des Oliviers (1509-18)

Albrecht Altdorfer. Le Christ dans le Jardin des Oliviers (1509-18). Huile sur bois, 129 × 94 cm, abbaye de Saint-Florian, Linz. Peu avant son arrestation, le Christ se retire la nuit dans le Jardin des Oliviers ou Jardin de Gethsémani pour prier avec les apôtres Pierre, Jean et Jacques le Mineur. La tradition iconographique représente en général le Christ priant et les apôtres endormis, selon une indication figurant dans l’Évangile selon Luc (22,39-46). Altdorfer utilise un puissant clair-obscur pour faire apparaître les figures dans la nuit.

Albrecht Altdorfer. L’arrestation du Christ (1509-18)

Albrecht Altdorfer. L’arrestation du Christ (1509-18). Huile sur bois, 129 × 97 cm, abbaye de Saint-Florian, Linz. Le Christ s’est retiré avec quelques apôtres pour prier au Jardin des Oliviers. Judas, l’un des douze apôtres, arrive avec une foule nombreuse. Il embrasse Jésus, signe convenu pour indiquer aux autorités l’homme qu’il fallait arrêter. « Alors ces gens s'avancèrent, mirent la main sur Jésus et l'arrêtèrent. » (Matthieu, 26.50)

Albrecht Altdorfer. Crucifixion (1509-18)

Albrecht Altdorfer. Crucifixion (1509-18). Huile sur bois, 112 × 94 cm, abbaye de Saint-Florian, Linz. Selon le Nouveau Testament, Jésus de Nazareth fut condamné à mort par le préfet romain Ponce Pilate, puis exécuté par le supplice de la croix. Pilate fit inscrire sur la croix l’acronyme INRI : Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum (Jésus le Nazaréen roi des Juifs). Altdorfer choisit une vue rapprochée en contreplongée pour accentuer la dramaturgie.

 

Retable fermé : Vie de saint Sébastien

 

Albrecht Altdorfer. Le martyr de saint Sébastien (1509-18)Albrecht Altdorfer. Le martyr de saint Sébastien (1509-18). Huile sur bois, 128 × 94 cm, abbaye de Saint-Florian, Linz. Sébastien est un martyr victime des persécutions de l’empereur romain Dioclétien au début du 4e siècle après J.-C. Selon la légende, il fut attaché à un poteau et transpercé de flèches. Mais il ne mourut pas et fut soigné par une jeune veuve nommée Irène. Rétabli, il reproche à Dioclétien sa cruauté envers les chrétiens. L’empereur le fait rouer de coups et fait jeter son corps dans les égouts de Rome. Irène fut brûlée vive.

 

Prédelle

 

Albrecht Altdorfer. La mise au tombeau (1509-18)

Albrecht Altdorfer. La mise au tombeau (1509-18). Huile sur bois, 71 × 37 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Le Christ est mort sur la croix. Son corps est placé dans un tombeau par ses proches (Marie, sa mère, et des apôtres). Selon la mythologie chrétienne, surviendra ensuite sa résurrection.

Albrecht Altdorfer. La résurrection du Christ (1509-18)

Albrecht Altdorfer. La résurrection du Christ (1509-18). Huile sur bois, 71 × 37 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Selon la tradition chrétienne, Jésus-Christ serait revenu à la vie et sorti de son tombeau quelques jours après sa crucifixion sur le mont Golgotha. Altdorfer choisit d’opposer couleurs froides et couleurs chaudes avec un Christ blanc à la tête nimbée par le soleil couchant.

 

Le retable de saint Florian (1509-20)

Ce polyptyque comportait à l’origine sept ou huit panneaux de bois dont certains ont été perdus. Les panneaux qui nous ont été transmis sont dispersés dans plusieurs musées et dans des collections privées.

Florian de Lorch (environ 250-304) était un officier de l'armée romaine, secrètement converti au christianisme. Il fut martyrisé pour avoir refusé d’exécuter un groupe de chrétiens. La légende lui attribue également un miracle : avoir sauvé un village d’un incendie en priant.

 

Albrecht Altdorfer. La capture de saint Florian (1518-20)

Albrecht Altdorfer. La capture de saint Florian (1518-20). Huile sur bois, 78 × 65 cm, Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg. Sur un pont de bois, des soldats romains arrêtent Florian, dont la tête a été nimbée par Altdorfer.

Albrecht Altdorfer. Le martyr de saint Florian (1518-20)

Albrecht Altdorfer. Le martyr de saint Florian (1518-20). Huile sur bois,  76× 67 cm, Galerie des Offices, Florence. Selon la légende, Florian fut jeté dans la rivière Inn avec une pierre à meule attachée au cou. Altdorfer le représente très jeune, nu et agenouillé, entouré d’une foule se réjouissant de son martyr. Selon sa méthode, l’artiste a placé la scène dans un paysage montagneux qui apparaît sous le pont.

Albrecht Altdorfer. La découverte du corps de saint Florian (1516-18)

Albrecht Altdorfer. La découverte du corps de saint Florian (1516-18). Huile sur bois, 81 × 65 cm, Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg. Dans un paysage nocturne, le corps du martyr est extrait de la rivière Inn par des paysans.

 

Paysages

Albrecht Altdorfer. Paysage avec satyres (1507)

Albrecht Altdorfer. Paysage avec satyres (1507). Huile sur bois, 23 × 20 cm, Staatliche Museen, Berlin. Les satyres sont des personnages mythologiques de la Grèce antique qui accompagnent le dieu du vin Dionysos (Bacchus pour les romains). Ils sont associés aux excès et à la lubricité. Ce petit tableau est contemporain des paysages de Giorgione, mais il ne peut être rattaché aux paysages arcadiens italiens. Les figures sont traitées sommairement et contribuent à donner au paysage son caractère inquiétant. Les mystères de la forêt et ses créatures fantastiques font partie de la mythologie germanique. Altdorfer transpose en quelque sorte ici le paysage arcadien mais avec un tout autre état d'esprit.

Albrecht Altdorfer. Saint Georges terrassant le dragon (1510)

Albrecht Altdorfer. Saint Georges terrassant le dragon (1510). Huile sur parchemin monté sur bois, 28,2 × 22,5 cm, Alte Pinakothek, Munich. Le peintre compose une forêt profonde, hostile et inquiétante, comme la ressentaient les contemporains. Saint Georges tient une place très modeste et disparaît presque dans le feuillage. Aucune princesse – puisqu'il s'agit de sauver une princesse des griffes du dragon – n'apparaît nulle part.

Albrecht Altdorfer. Paysage avec passerelle (1518-20)

Albrecht Altdorfer. Paysage avec passerelle (1518-20). Huile sur vélin monté sur bois, 41 × 36 cm, National Gallery, Londres. « Cette scène ne représente probablement pas un lieu particulier mais propose plutôt une impression sur la vallée du Danube, où Altdorfer a vécu. C’est l’une des deux peintures d’Altdorfer sans figures, qui reflétaient le développement de la peinture de paysage en tant que sujet à part entière.
La vue en contreplongée souligne la hauteur de la passerelle en bois qui mène à la guérite d’un château. Élément central de la scène, cette passerelle relie le bâtiment de gauche à la nature sauvage à droite, la civilisation à la nature. Le véritable sujet du tableau, cependant, est l’étude détaillée de l’énorme mélèze au centre, ses branches poussant librement dans toutes les directions.
Les structures artificielles semblent fragiles par rapport à la nature. Encadré par les supports en forme d’échasses du pont apparaît un petit village, la flèche de son église s’élevant au-dessus de la cime des arbres, minuscule à l’ombre de la montagne rocheuse au loin. » (Commentaire National Gallery) 

Albrecht Altdorfer. Paysage du Danube près de Ratisbonne (1520-1525)

Albrecht Altdorfer. Paysage du Danube (v. 1520). Huile sur vélin monté sur bois, 30,5 × 22,2 cm, Alte Pinakothek, Munich. Ce paysage sans aucun personnage est considéré comme l'un des premiers paysages purs, réalisés à l'huile, de l'art occidental. D'un format équivalent aux aquarelles de Dürer, il s'en distingue par la liberté que s'octroie l'artiste par rapport à la réalité. Altdorfer, au contraire de Dürer, n'a aucune ambition topographique, mais cherche à restituer une ambiance forestière. Noter particulièrement le contre-jour venant illuminer le fond sombre du tableau.

Étude détaillée

Albrecht Altdorfer. La bataille d'Alexandre (1529)

Albrecht Altdorfer. La bataille d'Alexandre (1529). Huile sur bois, 158,4 × 120,3 cm, Alte Pinakothek, Munich. Le tableau représente la victoire d'Alexandre le Grand sur Darius III Codoman, roi des Perses, à Issus (ou Issos) en 333 avant J.-C. Les armées s'affrontent au premier plan d'un vaste paysage qui se propose d'évoquer les montagnes d'Asie Mineure, la Méditerranée, etc. La lune, en haut à gauche, fait face au soleil couchant à droite, qui éclaire encore les troupes. De toute évidence, Altdorfer s'inspire des paysages-monde flamands, dont Joachim Patinir était un des principaux représentants, pour illustrer une scène historique. Mais il imprime à sa composition un caractère tourmenté, absent des œuvres flamandes. La ligne d'horizon est située nettement plus bas de façon à mettre en valeur le ciel où semblent s'affronter la lune et le soleil couchant qui font pendant aux luttes terrestres des deux armées ennemies.

Albrecht Altdorfer. Allégorie de la prospérité (1531)

Albrecht Altdorfer. Allégorie de la prospérité (1531).  Huile sur bois, 30 × 42 cm, Staatliche Museen, Berlin. La prospérité du prince se manifeste par le palais qui constitue sa résidence et où il accueille deux visiteurs somptueusement vêtus. La prospérité côtoie la misère, représentée par un groupe de mendiants attendant l’aumône au pied de l’escalier. Le paysage d’arrière-plan, s’étendant vers l’infini, évoque également la prospérité par les multiples réalisations architecturales. Dans une nature grandiose, l’homme parvient ainsi à construire des villes et des palais.
La composition, très réfléchie, comporte un paysage-monde encadré par le palais princier à gauche et la masse végétale d’un grand arbre à droite. Pour accentuer l’impression d’espace infini, un effet de perspective atmosphérique, avec dégradé progressif vers le blanc, a été placé sur la ligne d’horizon.

 

Quelques estampes

Albrecht Altdorfer. Le rêve et le jugement de Pâris (1511)

Albrecht Altdorfer. Le rêve et le jugement de Pâris (1511). Gravure sur bois, 19 × 15 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Mythologie grecque. Pâris, fils du roi de Troie Priam, gardait les troupeaux sur le mont Ida. Trois déesses apparaissent : Aphrodite, Héra et Athéna. Elles cherchent un juge, sur les conseils de Zeus, pour les départager dans un concours de beauté. Héra promet à Pâris la souveraineté sur l’Asie et l’Europe, Athéna, la gloire des guerriers, et Aphrodite la main de la plus belle des femmes. Ce fut à cette dernière que Pâris offrit la pomme d’or (la pomme de la discorde) qui devait revenir à la plus belle. Mais, jalouses de n'avoir point été choisies, Athéna et Héra témoignèrent à l’avenir, d'une haine farouche à l'égard du Troyen Pâris et protégèrent les Grecs.

Albrecht Altdorfer. La Chute (v. 1513)

Albrecht Altdorfer. La Chute (v. 1513). Gravure sur bois, National Gallery of Art, Washington. Selon la Bible, les premiers humains, Adam et Ève, auraient désobéi aux prescriptions divines en mangeant le fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Les successeurs, c’est-à-dire l’humanité entière, se trouvent ainsi en situation de péché. Il faut donc racheter.

Albrecht Altdorfer. Le sacrifice d’Abraham (v. 1520)

Albrecht Altdorfer. Le sacrifice d’Abraham (v. 1520). Gravure sur bois, National Gallery of Art, Washington. Épisode de l’Ancien Testament (Genèse) au cours duquel Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils Isaac. Alors qu’il s’apprête à égorger son fils, un ange l’arrête en lui disant : « Ne porte pas la main sur ce jeune homme, ne lui fais aucun mal !... ton fils, ton fils unique ! » Une telle épreuve devait permettre à la divinité de tester l’obéissance d’Abraham.

 

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Albrecht Altdorfer

 

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