Paul Sérusier
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Patrick AULNAS
Portraits
Photographie de Paul Sérusier (v. 1890) |
Georges Michelet. Portrait de Paul Sérusier (1887) |
Biographie
1864-1927
Paul Sérusier est un peintre symboliste français et l'un des initiateurs du mouvement des Nabis. Il naît à Paris dans un milieu aisé. Son père, François Sérusier, est un parfumeur qui dirige la société des parfums Houbigant. Paul fréquente le lycée Condorcet à partir de 1875 et y fait de brillantes études, obtenant en 1882 un baccalauréat de philosophie et en 1883 un baccalauréat de mathématiques. En 1885, il intègre l'Académie Julian, une école privée parisienne de peinture et de sculpture créée par le peintre Rodolphe Julian (1839-1907).
La petite ville bretonne de Pont-Aven (Finistère) était à cette époque un centre d'attraction pour beaucoup de peintres français ou étrangers, en particulier américains. Sérusier passe l'été de 1888 en famille à Pont-Aven et y rencontre des artistes, parmi lesquels Paul Gauguin. Gauguin influence immédiatement Sérusier, qui s'éloigne du réalisme et utilise des couleurs plus vives. Revenu à Paris avec un tableau inspiré par Gauguin, il transmet son enthousiasme à ses condisciples de l'Académie Julian. Le tableau est baptisé Le Talisman.
Paul Sérusier. Le Talisman (1888)
Huile sur toile, 27 × 21,5 cm, musée d'Orsay, Paris.
Sérusier revient à Pont-Aven au cours de l'été 1889, puis il constitue, avec Pierre Bonnard, Maurice Denis, Henri-Gabriel Ibels et Paul-Elie Ranson le groupe des Nabis (nabi signifie prophète en hébreu). Ce groupe a des préoccupations spiritualistes. Il s'intéresse à l'orphisme (doctrine de la Grèce antique fondée sur le mythe d'Orphée) ou à la théosophie (syncrétisme religieux selon lequel toutes les religions recèlent une part de vérité). Le groupe des Nabis sera rejoint ensuite par d'autres artistes comme Édouard Vuillard, mais il ne durera qu'une dizaine d'années. La dispersion a lieu vers 1900.
Dans les années 1890, Sérusier s'installe chaque été en Bretagne, d'abord au Huelgoat, puis à Châteauneuf-du-Faou avec l'actrice polonaise Gabriella Zapolska (1857-1921). Il passe ses hivers à Paris où il expose régulièrement, en particulier aux expositions Impressionnistes et Symbolistes.
En 1895, il visite le monastère bénédictin de Beuron dans le Bade-Wurtemberg, en Allemagne, à l'invitation de Jan Verkade (1868-1946), un peintre symboliste néerlandais qui gravitait dans l'orbite des Nabis à Paris au début des années 1890. Sérusier fera ensuite plusieurs séjours à Beuron car la doctrine artistique des moines l'attire. Le père Désiderius prétend ainsi qu'il existe des « saintes mesures » permettant de choisir les proportions géométriques idéales. Le terrain de la peinture symboliste étant favorable, ce pathos spiritualiste séduit Sérusier. Jusqu'à 1907, il fera de fréquents séjours à Beuron.
En 1902, il est confronté à une dépression profonde. A partir de 1908, il commence à enseigner la théorie de l'art à l'académie Ranson, à Paris. Cette académie est une école, fondée par le peintre nabi Paul-Elie Ranson (1864-1909), qui fonctionnera jusqu'à 1955. L'une des élèves de Paul Sérusier, Marguerite Gabriel-Claude, devient son épouse en 1912. Le couple part en voyage de noces à Florence.
A partir de 1917, le peintre vit principalement à Châteauneuf-du Faou avec son épouse. Il ne conserve qu'un pied-à-terre à Paris. En 1921, il publie un ABC de la peinture, court traité théorique sur le dessin et la peinture.
Il continue à exposer régulièrement jusqu'à sa mort d'une crise cardiaque, dans une rue de Morlaix, en 1927. Son épouse Marguerite, elle-même peintre, lui survivra jusqu'à 1950 et se consacrera beaucoup à faire connaître l'œuvre de son mari.
Œuvre
Les Nabis cherchent surtout à se libérer du réalisme et de l'impressionnisme. Ils valorisent l'intériorité : ainsi selon Sérusier « L'art est un moyen de communiquer entre les âmes ». Les nabis utilisent dans leurs tableaux de grands aplats de couleurs pures et négligent totalement la perspective. Dans leurs paysages, la ligne d'horizon est située très haut, laissant presque toute la surface du tableau disponible pour la végétation, les constructions ou les personnages.
Paul Sérusier. Les laveuses à la Laïta (1892)
Huile sur toile, 73,2 × 92,2 cm, musée d'Orsay, Paris.
Influencé par Paul Gauguin dans sa jeunesse, Paul Sérusier apprend de lui l'utilisation non naturaliste de la couleur et la distorsion de formes selon la sensibilité de l'artiste. Le Talisman représente un exemple très caractéristique de pré-abstraction qui n'aura pas de suite dans l'œuvre de Sérusier. Les sujets typiquement bretons alimentent son inspiration dans les années 1880-1890.
Paul Sérusier. L'averse (1893)
Huile sur toile, 73 × 59,6 cm, musée d'Orsay, Paris.
A partir du début du 20e siècle, ses tableaux prennent un aspect allégorique et religieux.
Paul Sérusier. Les filles de Pelichtim (1908)
Huile sur toile, 100,5 × 61,8 cm, musée d'Orsay, Paris.
Une partie importante de l'œuvre de Paul Sérusier est conservée au musée d'Orsay à Paris.
Paul Sérusier. Le Talisman (1888). Huile sur toile, 27 × 21,5 cm, musée d'Orsay, Paris. « Selon Maurice Denis, Gauguin avait tenu à Sérusier les propos suivants : "Comment voyez-vous ces arbres ? Ils sont jaunes. Eh bien, mettez du jaune ; cette ombre, plutôt bleue, peignez-la avec de l'outremer pur ; ces feuilles rouges ? mettez du vermillon" [...] Maurice Denis explique que devant ce paysage, lui et ses amis se sont trouvés "libérés de toutes les entraves que l'idée de copier apportait à [nos] instincts de peintre". La postérité verra - rétrospectivement - dans ce tableau le manifeste d'une peinture pure, autonome et abstraite, en le rapprochant de la célèbre déclaration de Maurice Denis : "Se rappeler qu'un tableau, avant que d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées" (Notice musée d'Orsay)
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Paul Sérusier. La barrière fleurie (1889). Huile sur toile, 73 × 60,5 cm, musée d'Orsay, Paris. Les femmes portent les vêtements et les coiffes traditionnelles du Pouldu, localité côtière du Finistère sud. Les barrières en bois, très sommaires, étaient très utilisées en Bretagne pour marquer l'entrée de la propriété privée d'un paysan. Les peintres de l'école de Pont-Aven, les ont fréquemment peintes.
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Paul Sérusier. La barrière (1889). Huile sur toile, 73 × 60,5 cm, musée d'Orsay, Paris.
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Paul Sérusier. Le ramasseur d'algues (v. 1890). Huile sur toile, 46 × 55 cm, Indianapolis Museum of Art. « Encouragé par Gauguin à abandonner son approche traditionnelle de la peinture, [Paul Sérusier] a adopté le traitement de la couleur et de la forme le plus original de l'École de Pont-Aven [...] Cette approche prévaut dans sa vision de la région côtière proche du Pouldu. Les deux monticules brun rougeâtre sont des tas d'algues, ratissées sur la plage pour une utilisation comme engrais. Courbée derrière le mur de pierre, la figure plate et solitaire de l'ouvrier ajoute des courbes douces aux bandes colorées du paysage vallonné de Sérusier. » (Notice Indianapolis Museum of Art)
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Paul Sérusier. Eve Bretonne, mélancolie (1890). Huile sur toile, 72,6 × 58,3 cm, musée d'Orsay, Paris. L'orientation spiritualiste des nabis est à l'origine de ce type d'évocation. Une Ève pensive est assise sur un rocher dans la lande bretonne. Un tel paysage se place dans la lignée de ceux des classiques français qui illustraient leurs compositions par un épisode religieux ou mythologique. Le paysage n'a rien de réaliste : les nabis sont des symbolistes.
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Paul Sérusier. La lutte bretonne (1891). Huile sur toile, 91,5 × 72 cm, musée d'Orsay, Paris. La lutte bretonne, appelée Gouren en langue bretonne, a une origine aristocratique. Elle était pratiquée par les nobles au Moyen Âge. Elle se popularisa par la suite et subsista jusqu'au début du 20e siècle. Des tournois étaient organisés lors des fêtes patronales. Sérusier stylise au maximum la composition et ne s'intéresse nullement à la perspective.
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Paul Sérusier. Nature morte : l'atelier du peintre (1891). Huile sur toile, 60,2 × 73 cm, musée d'Orsay, Paris. L'image est saisie dans l'atelier de Paul Sérusier à Paris.
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Paul Sérusier. L'Incantation ou Le Bois sacré (1891). Huile sur toile, 91,5 × 72 cm, musée des Beaux-arts, Quimper. « Durant son séjour à Huelgoat, Sérusier lit les romans métaphysiques de Balzac, Louis Lambert et Séraphita et participe à la première pièce d'Henri Bataille La Lépreuse inspirée d'une légende bretonne. Fasciné par le mysticisme des Bretons, il a trouvé dans la forêt du Huelgoat une nature presque vierge et sauvage conforme à son imagination. » (Notice du Musée des Beaux-arts de Quimper, citée par Comité Paul Sérusier, catalogue raisonné)
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Paul Sérusier. Les laveuses à la Laïta (1892). Huile sur toile, 73,2 × 92,2 cm, musée d'Orsay, Paris. La Laïta est un estuaire proche du Pouldu où les bretonnes venaient laver leur linge. Ce paysage est typique de la peinture des Nabis, avec les grands aplats de couleurs pures, parfaitement délimitées et la stylisation des figures humaines. Il s'agit de prendre le contrepied de la peinture impressionniste, dans laquelle le dessin n'apparaît pas, les formes émanant de taches de couleurs non délimitées.
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Paul Sérusier. Solitude (v. 1892). Huile sur toile, 75 × 60 cm, musée des Beaux-arts, Rennes. Encore appelé La ramasseuse de fougères. Sérusier cherche à exprimer la mélancolie qu'il ressent face aux paysages de la région de Huelgoat (Finistère) où cette composition a été réalisée. « Devant ce coin de Bretagne qu'il a beaucoup aimé, sa rêverie, que semble nous transmettre l'attachante et mélancolique figure de la Ramasseuse de fougères lui a permis, en s'évadant d'une représentation servile, de créer cette belle composition annonciatrice de l'art abstrait. Renonçant aux couleurs claires et franches qu'offrent souvent les peintures de Pont-Aven, Sérusier use ici d'une palette qui lui est propre, aux chaudes et profondes résonances, en parfaite harmonie avec le rythme puissant des formes et des lignes. » (La revue du Louvre, n°4-5, page 6, 1968, cité par Comité Paul Sérusier, catalogue raisonné)
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Paul Sérusier. La grammaire (1892). Huile sur toile, 72 × 92 cm, musée d'Orsay, Paris. « Vraisemblablement il s'agit d'un projet de décoration. La coiffe de la bretonne correspond au capot de travail. » (Notice Comité Paul Sérusier, catalogue raisonné)
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Paul Sérusier. L'averse (1893). Huile sur toile, 73 × 59,6 cm, musée d'Orsay, Paris. « Conformément à l'enseignement de Gauguin, qui recommandait de simplifier formes et couleurs, Sérusier concentre l'expression de son sujet en quelques traits, excluant les détails. Ce traitement synthétique est particulièrement éloquent dans la silhouette du petit personnage du fond, semblable à un champignon, avec son parapluie posé au-dessus d'une jupe. » (Notice musée d'Orsay)
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Paul Sérusier. Conte celtique (1894). Huile sur toile, 110,8 × 100,9 cm, Dallas Museum of Art. « Deux hommes vêtus de manteaux, vraisemblablement l'artiste et un compagnon, pénètrent dans un paysage mystérieux empli de lignes sinueuses, ondulantes et aux combinaisons de couleurs inattendues. Une prairie remplie de lumière où des femmes à l'aspect éthéré flottent parmi les arbres est, par un sombre affleurement rocheux, séparée d'un groupe de figures qui, d'un air morne veille une femme sur le sol, évoquant peut être des éléments d'un ancien rituel funèbre celtique En 1888 Paul Sérusier s'installe en Bretagne, où il étudie assidûment les coutumes et la religion de cette région. L'interrelation entre les rituels païens et chrétiens et le passé celtique de la Bretagne devient le centre d'intérêt de bon nombre de ses peintures. » (Heather MacDonald, cité par Comité Paul Sérusier, catalogue raisonné)
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Paul Sérusier. Nature morte aux roseaux, primevères et maïs (1904). Huile sur toile, 60,5 × 73,5 cm, musée Malraux, Le Havre.
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Paul Sérusier. La colline aux peupliers (1907). Huile sur toile, musée d'art moderne André Malraux, Le Havre.
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Paul Sérusier. Les filles de Pelichtim (1908). Huile sur toile, 100,5 × 61,8 cm, musée d'Orsay, Paris. Pelichtim est le mot hébreu correspondant à Philistin. Les philistins (d'où dérive Palestine) étaient opposés aux hébreux. Sérusier représente ici les femmes adorant une idole et vêtues de tenues qui semblent inspirées par les tableaux que Gauguin réalisaient aux Marquises.
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Paul Sérusier. Baigneuses aux voiles blancs (1908). Huile sur toile, 100,4 × 40,4 cm, musée d'Orsay, Paris. Cette composition, de la même veine que les Les filles de Pelichtim, allie le symbolisme à une esthétique primitiviste.
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Paul Sérusier. Femme nue devant la mer (1909).Huile sur toile, 73,5 × 50 cm, musée d'Orsay, Paris. Sérusier subit l'influence du fauvisme, très forte en France dans la première décennie du 20e siècle. Le sable jaune et orange, les rochers rouges et le rayon de soleil jaune sur le corps de la femme appartiennent au registre chromatique des fauves qui provoquaient le public par une utilisation non conventionnelle de la couleur.
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Paul Sérusier. Nature morte : pommes et cruche (1912). Huile sur toile, 65,5 × 82 cm, musée d'Orsay, Paris.
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Paul Sérusier. Madame Sérusier à l'ombrelle (1912). Huile sur toile, 73 × 91 cm, musée Maurice Denis, Saint-Germain-en-Laye. Il s'agit de Marguerite Gabriel-Claude, une élève de Paul Sérusier, qu'il épouse en 1912.
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Paul Sérusier. Le berger Corydon et Alexis (1913). Huile sur toile, 73 × 100 cm, musée d'art moderne André Malraux, Le Havre. Le berger Corydon est un personnage mythologique qui apparait chez les poètes Théocrite v. 315-250 avant J-C) et Virgile (70-19 avant J-C). Corydon est amoureux d'un garçon, Alexis. « Dans ce tableau, l'artiste insiste sur le caractère rustique et fruste de la scène. Personnages massifs, arbres roux traités synthétiquement, paysage rythmé de masses simples : flèches droites des peupliers que ponctuent des buissons sphériques [...] L'antagonisme des personnages est peu souligné, si ce n'est par la solitude qui habite Corydon dont Alexis se détourne. L'attitude du jeune garçon illustre bien le texte de Virgile qui insiste sur le dédain d'Alexis à l'égard du berger et des présents dont celui-ci l'entoure. Quoique relatant des Amours malheureuses, cette scène inspire le recueillement et une certaine sérénité propre à l'idéal d'harmonie que recherche Sérusier dans sa peinture. » (Jean-Pierre Mélot, conservateur au Musée Malraux au Havre, cité par Comité Paul Sérusier, catalogue raisonné)
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Paul Sérusier. La fileuse aux anémones (1922). Huile sur toile, 71 × 42 cm, musée départemental du Prieuré, Saint-Germain-en-Laye. La fileuse fabriquait du fil à partir d'un matériau brut (lin ou laine en Bretagne). Il s'agissait d'un métier féminin très répétitif qui a parfois inspiré les peintres. Tableau le plus connu sur le sujet : Les fileuses de Vélasquez. |
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