Jan Van Eyck
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Patrick AULNAS
Autoportrait
L'homme au turban rouge, autoportrait présumé (1433)
Huile sur bois, 25,5 × 19 cm, National Gallery, Londres.
Analyse détaillée
Biographie
Vers 1390-1441
Les frères Van Eyck sont tous deux nés à Maaseick, ville située actuellement en Belgique flamande dans la province du Limbourg. Hubert (v. 1366-1426) joue un rôle moins important que son frère Jan (v. 1390-1441). Ce dernier est considéré comme l'un des plus grands artistes de l'art flamand du 15e siècle. On connaît assez bien les grandes étapes de sa vie.
De 1422 à 1424, il est au service de Jean III de Bavière (1375-1425), comte de Hollande et de Zélande. La cour de ce prince est à La Haye et Jan y est employé comme peintre et valet de chambre. Il travaille en particulier à la décoration du palais. Jean de Bavière décède en 1424. Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1396-1467) prend alors l'artiste à son service et lui octroie une pension annuelle de 100 livres rétribuant les fonctions de peintre ducal et de valet de chambre. Le duc de Bourgogne confiera également plusieurs missions diplomatiques à Jan Van Eyck, en particulier en Espagne en 1426-27 et au Portugal en 1428-29.
De 1426 à 1429 le peintre réside à Lille, puis vers 1430, il s'établit à Bruges qui est alors la capitale du duché de Bourgogne. Il poursuit dans cette ville ou dans d'autres villes du duché la décoration de palais (Hesdin, Bruxelles, Lille) et réalise probablement des œuvres mineures destinées aux fêtes de la cour ainsi que des portraits du duc et de sa famille. La plupart de ces œuvres ne nous sont pas parvenues.
Jan Van Eyck. La Vierge du Chancelier Rolin (1435)
Analyse détaillée
Il se marie à Bruges vers 1432 avec une certaine Margaretha. Le duc de Bourgogne continue à lui confier des missions diplomatiques ou exploratoires. Ainsi, en 1436, il reçoit une rémunération pour un voyage en terre non chrétienne, probablement lié aux projets de croisade de Philippe le Bon. Jan Van Eyck décède à Bruges le 9 juillet 1441.
Œuvre
Jan Van Eyck a longtemps été considéré comme l'inventeur de la peinture à l'huile, mais en réalité, ce procédé technique est plus ancien. Il est certain, par contre, que les artistes flamands du début du 15e siècle ont considérablement fait progresser les possibilités offertes par cette technique. Van Eyck a sans doute été le principal novateur dans ce domaine, tout autant et peut-être plus que le Maître de Flémalle.
Les œuvres de Van Eyck sont signées et accompagnées de sa devise « ALC IXH XAN » (« comme je peux », voir sur le cadre de l’autoportrait ci-dessus), ce qui est rarissime et facilite grandement l’attribution. La partie de l'œuvre qui nous est parvenue est essentiellement consacrée à des scènes religieuses et à des portraits. L'apport principal de Van Eyck, outre la magistrale utilisation de la peinture à l'huile, consiste à s'éloigner radicalement des perspectives enchanteresses du gothique international pour se tourner vers une représentation réaliste. Même dans le Retable de l'Adoration de l'Agneau mystique, la présence de la nature « véritable » (et non enchantée) et de personnages en costumes d'époque dans un tableau religieux constituent des innovations majeures pour le début du 15e siècle.
Les polyptyques
Le polyptyque est un ensemble comportant plusieurs panneaux, les volets extérieurs se refermant sur le panneau central. Il peut s'agir de peinture ou de sculpture. Le polyptyque est en général commandé à un peintre par un personnage influent qui en fait don à un établissement religieux. Il était d'usage de représenter le donateur, faisant acte de dévotion, sur l'un des volets latéraux. Le polyptyque, s'il était installé dans une église, faisait souvent office de retable. Un retable est une construction décorative verticale posée derrière l'autel (derrière la table de l'autel). Le retable comprend en général plusieurs panneaux : deux pour un diptyque, trois pour un triptyque, un nombre plus élevé pour un polyptyque.
Diptyque. La Crucifixion et Le Jugement dernier (1425-30). Huile sur bois, transféré sur toile, 56,5 × 19,5 cm (chaque panneau), Metropolitan Museum of Art, New York. Le panneau de gauche représente la crucifixion de Jésus-Christ, celui de droite le Jugement dernier. Selon le dogme chrétien, chaque humain doit rencontrer Dieu et lui rendre compte de ses actes. S’ensuit l’orientation vers le paradis ou l’enfer, sans oublier le purgatoire. |
Le retable de L'Adoration de l'Agneau mystique, ouvert (1432). Huile sur bois, 350 × 461 cm, Cathédrale Saint-Bavon, Gand. Ce polyptyque comprend 24 panneaux. Il a été commencé par Hubert Van Eyck et terminé par son frère Jan après la mort d'Hubert. La partie supérieure représente le Christ-Roi assis entre la Vierge Marie et saint Jean-Baptiste. À droite et à gauche de ces trois personnages, des anges chantent et jouent de la musique. Les deux panneaux extérieurs représentent Adam et Ève. La partie inférieure est consacrée à l'adoration de l'Agneau de Dieu, par plusieurs groupes de personnes priant. Pour un approfondissement, voir le très bon article de Wikipédia. |
Le retable de L'Adoration de l'Agneau mystique, fermé (1432). Huile sur bois, 350 × 223 cm, Cathédrale Saint-Bavon, Gand. Les jours de semaine, les panneaux étaient repliés. La partie supérieure montre l'Annonciation à Marie : l’archange Gabriel (à droite avec des ailes), annonce à Marie (à gauche) qu’elle sera mère du fils de Dieu. Dans la partie inférieure gauche se trouve le donateur Jodocus Vijd, riche marchand de Gand. Le volet de droite représente sa femme Lysbette Borluut. |
Le retable de L'Adoration de l'Agneau mystique, détail (1432). Agneau de Dieu (en latin Agnus Dei) désigne chez les chrétiens Jésus Christ, victime sacrificielle qui expie les péchés du monde. Selon l'évangile de Jean : « Jean voit Jésus venir vers lui et il dit : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" ». |
Le retable de L'Adoration de l'Agneau mystique, détail (1432). Arrière-plan du panneau représentant l’agneau. Minutie et réalisme des détails. Pour visualiser tous les détails du retable d'une manière absolument exceptionnelle : http://closertovaneyck.kikirpa.be/ |
Le retable de L'Adoration de l'Agneau mystique, détail (1432). Il s’agit du donateur Jodocus Vijd. Sur l'histoire très mouvementée du retable (vols, démembrements, etc.) depuis le 15e siècle, voir : Les yeux d'Argus |
Les scènes religieuses
Comme pour les polyptiques, mais de façon plus appuyée, la cohabitation du sacré et du profane caractérise les scènes religieuses. Il s’agit essentiellement de la Vierge, qui semble pour nous, aujourd’hui, se sentir parfaitement à l’aise dans le monde du 15e siècle. Mais bien entendu, à l’époque, ce sont les personnages représentés qui peuvent se glorifier d’une telle proximité avec la mère du Christ.
Vierge dans une église (1425). Huile sur bois, 32 × 14 cm, Staatliche Museen, Berlin. La Vierge et son enfant sont dans une église gothique, donc de l’époque du peintre. Subtil traitement de la lumière. |
Vierge à l'enfant lisant (1433). Huile sur bois, 26,5 × 19,5 cm, National Gallery of Victoria, Melbourne. La Vierge est représentée dans un très beau cadre du début du 15e siècle flamand. La devise de Van Eyck « ALC IXH XAN » figure en haut et à droite de la tapisserie. |
La Vierge au Chanoine Van der Paele (1434). Huile sur bois, 122 × 157 cm, Groeninge Museum, Bruges. Le cadre est l’ancienne cathédrale Saint-Donatien de Bruges, aujourd’hui disparue. Le chanoine, à genoux, est présenté à la Vierge par Saint-Georges, en armure à droite, et Saint Donatien, en ecclésiastique richement vêtu à gauche. Un soin extrême est apporté à la représentation des étoffes et de l’armure. L’immixtion du sacré (la Vierge) dans la réalité d’une église est conforme à la mentalité de l’époque. Le tableau, exposé dans l’église Saint-Donatien de Bruges, suscitait l’émerveillement du fait de la proximité du chanoine avec le divin. |
La Madone au Chanoine Van der Paele, détail (1434). Superbe représentation de l’étoffe et de la mitre. |
La Madone au Chanoine Van der Paele, détail (1434). Les rides, les veines apparentes et le visage plein du vieux chanoine ne permettent pas de le ranger du côté des ascètes. Le regard est-il celui de la dévotion, de la crainte ou de l’obstination ? |
La Madone au Chanoine Van der Paele, détail (1434). Le traitement de la chevelure et des pierreries est d’une minutie qui nécessitait un travail extrêmement long et précis. |
La Vierge du Chancelier Rolin (1435). Huile sur bois, 66 × 62 cm, Musée du Louvre, Paris. Le commanditaire du tableau, Nicolas Rolin (v. 1376-1462) a été chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon pendant 40 ans. Il est ici dans son palais. La symétrie parfaite de l’œuvre place face à face le profane à gauche (le chancelier Rolin) et le sacré à droite (la Vierge). Les arches de gauche, le carrelage au sol et l’arrière-plan lumineux créent un effet de perspective et de profondeur. |
La Vierge du Chancelier Rolin, détail (1435). L’arrière-plan est un paysage urbain non identifiable, qui n’est pas seulement évoqué, mais traité avec une extrême précision. |
La Vierge du Chancelier Rolin, détail (1435). A la date de réalisation du tableau, le chancelier a déjà 59 ans. L’autorité naturelle, les soucis de l’exercice du pouvoir et l’intelligence transparaissent parfaitement sur le visage. Le chancelier vivra 86 ans, chose rarissime à l’époque. |
Les portraits
Van Eyck a joué un rôle important pour individualiser le portrait et le dissocier du sacré. Jusqu’à la Renaissance, le portrait était destiné à rendre hommage aux dieux (polythéisme) ou à Dieu (monothéisme). Mais l’Église était hostile à ce genre qui était signe de vanité. Le surgissement de l’individu dans la pensée occidentale aura des répercussions sur la création artistique : le portrait laïcisé en est une des principales.
Portrait du Cardinal Niccolò Albergati (1431-32). Huile sur bois, 34,1 × 27,3 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Cardinal italien (1375-1443) ayant joué un rôle politique important dans la diplomatie vaticane. Membre de l'ordre des Chartreux. |
Les Époux Arnolfini (1434). Huile sur bois, 82 × 60 cm, National Gallery, Londres. Le tableau représente Giovanni Arnolfini, riche marchand toscan établi à Bruges et son épouse Giovanna Cenami. De dimension assez modestes (82 × 60 cm) le tableau innove par l’image très réaliste qu’il propose d’un intérieur flamand de l’époque. On peut observer de multiples détails scrupuleusement représentés (meubles, chandelier, tissus, miroir, chien, etc.). Cette peinture était destinée à un usage privé, ce qui permettait une thématique très laïque, rarissime à l’époque. Le soin apporté à traiter lumière et perspective frappe l’observateur d’aujourd’hui. |
Les Époux Arnolfini, détail (1434). Voici l’un des détails les plus célèbres de l’histoire de l’art. Van Eyck s’amuse à se peindre lui-même au travail dans le miroir, les époux étant vus de dos. Ces jeux de miroirs seront souvent repris. Citons un autre cas célèbre : Vélasquez, dans Les Ménines (mais le miroir reflète deux personnages non représentés directement sur le tableau). |
L'homme à l'œillet (1435). Huile sur bois, 40 × 31 cm, Staatliche Museen, Berlin. Voici ce qu’en disait Eugène Müntz (1845-1902), historien de l’art français, dans la Grande Encyclopédie (1885-1902). « Aucune épithète ne saurait traduire la sûreté avec laquelle cette tête est modelée, la précision avec laquelle tout est rendu, jusqu'aux moindres rides de cette face parcheminée. La vivacité de l'expression, presque inquiétante et impertinente à force de liberté et de vie, n'est pas moins digne d'admiration. » |
Portrait de Baudouin de Lannoy (1435). Huile sur bois, 26 × 20 cm, Staatliche Museen, Berlin. Baudouin de Lannoy (1388-1474) fut ambassadeur du duc de Bourgogne Philippe le Bon à la cour du roi d’Angleterre Henry V (1387-1422). |
Portrait de Giovanni Arnolfini (1435). Huile sur bois, 29 × 20 cm, Staatliche Museen, Berlin. Portrait du riche marchand toscan de la même époque que celui du couple Arnolfini. Le turban est de style italien. |
Portrait de Jan de Leeuw (1436). Huile sur bois, 24,5 × 19 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne. Jean de Leeuw, né en 1401, était un membre actif de la guilde des orfèvres de Bruges. |
Portrait de Margaretha van Eyck (1439). Huile sur bois, 32,6 × 25,8 cm, Groeninge Museum, Bruges. Portrait de l’épouse du peintre, peut-être destiné à lui être offert pour son anniversaire. |
Les enluminures
Les Très Belles Heures de Notre-Dame (après 1430). Enluminure sur parchemin, 20,3 × 28,4 cm, Museo Civico d'Arte di Torino, Turin. Les Très Belles Heures de Notre-Dame est un manuscrit enluminé commandé par le duc Jean Ier de Berry en 1389. Par la suite, il a été démembré en trois parties : livre d'heures (Bibliothèque nationale de France), missel, appelé aussi parfois Heures de Turin (Museo Civico del Arte de Turin), livre de prière (quelques feuillets au Louvre et au Getty Center). La miniature ci-contre est extraite du missel et représente le Christ au Mont des Oliviers. Elle a été réalisée par l’atelier de frères Van Eyck dans les années 1430, mais il est impossible de dire exactement qui en est l’auteur. Les premières enluminures ont été réalisées par Jean d’Orléans puis par les frères Limbourg à la fin du 14e siècle, mais de nombreuses miniatures ont été ajoutées au manuscrit à partir de 1422, principalement par les frères Van Eyck. |
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Commentaires
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- 1. Peter Smith Le 04/11/2017
J'aime beaucoup cet cite web. Il y a beaucoup information précis et les œuvre d'art sont très intéressant.
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