Antoine Van Dyck
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Patrick AULNAS
Autoportraits
Autoportrait (1621) |
Autoportrait au tournesol (1633) |
Biographie
1599-1641
Né à Anvers dans une famille de riches marchands, Antoine Van Dyck (Antoon Van Dijck en Néerlandais, Sir Anthony Van Dyck en anglais) est le septième enfant d’une famille qui en comportait douze. Sa vocation artistique apparaît précocement et il est placé en 1609 comme apprenti chez le peintre anversois Heindrick van Balen (1575-1632) qui eut également pour élève le peintre de natures mortes Frans Snyders (1579-1657). Vers 1617, Van Dyck entre dans l’atelier de Rubens et en 1618 (à 19 ans) il apparaît comme maître sur les registres de la guilde de Saint-Luc d’Anvers. Dans une lettre adressée à Dudley Carleton, ambassadeur de Jacques 1er d’Angleterre, Rubens le qualifie de « meilleur de mes disciples ».
Van Dyck prendra une grande part dans l’exécution de plafonds de l’église des Jésuites d’Anvers, sous la direction de Rubens. Vers la fin de l’année 1620, Van Dyck part pour Londres à l’invitation du comte d’Arundel (1580-1642), grand amateur d’art et mécène. Le roi Jacques 1er (1566-1625) lui alloue une rente de 100 livres.
Van Dyck. Frans Snyders et sa femme (1621)
Huile sur toile, 83 × 110 cm, Staatliche Museen, Kassel.
De 1621 à 1627, Van Dyck voyage en Italie et découvre les œuvres des grands peintres de la Renaissance, en particulier Titien (1488-1576), Giorgione (1477-1510) et Véronèse (1528-1588), qui auront une influence décisive sur son évolution ultérieure. Pendant ce séjour en Italie, il parcourt de nombreuses villes (Rome, Florence, Gênes, Venise, Turin, Palerme) et commence une carrière de portraitiste. Il réalise également la décoration de palais et d’édifices religieux.
Le peintre est de retour à Anvers en 1627. Il y reçoit un accueil chaleureux et l’archiduchesse Isabelle (1566-1633) le nomme peintre de la Cour en 1630. Il poursuit sa carrière de portraitiste et de peintre d’église. Ayant appris la gravure dans l’atelier de Rubens, il réalise un recueil de portraits des hommes les plus illustres de son temps : Iconographie de Van Dyck. La première édition du recueil, en 1631, est réalisée par Martin Van den Enden. Elle est constituée de quatre-vingts portraits divisés en trois livres : Princes, Hommes d’Etat et Savants, Artistes et Amateurs. La technique de la gravure sur cuivre permettait de tirer des estampes sur papier et de reproduire ainsi les œuvres avec une grande fidélité. Voici deux estampes signées Van Dyck représentant les peintres Jacob Jordaens (1593-1678) et Cornelis de Vos (1584-1651) :
Anvers n’était pas une ville suffisamment importante pour permettre à deux peintres de l’importance de Rubens et Van Dyck de coexister. Aussi, en 1632, Van Dyck s’installe-t-il définitivement en Angleterre, sur les instances de Charles 1er (1600-1649). Le roi lui attribue distinctions honorifiques et cadeaux divers et le nomme peintre officiel de la famille royale. Il doit donc réaliser les portraits des membres de la famille royale et assurer la décoration de ses résidences. Le portrait en pied sur fond paysager est une innovation de Van Dyck ; le plus célèbre est celui de Charles 1er d’Angleterre (1635). Ce style inspirera de nombreux peintres anglais jusqu’à la fin du 18e siècle. Ayant été l’élève de Rubens, Van Dyck a pu observer l’organisation du travail collectif. Son atelier reçoit de nombreux élèves et la production est importante : des centaines de toiles en sortiront.
En 1634, Van Dyck fait un séjour à Bruxelles au cours duquel il réalise des portraits des échevins et magistrats de la ville. En octobre 1634, il devient doyen d’honneur de la guilde des peintres d’Anvers, honneur qui avait été jusque-là réservé au seul Rubens. Il rentre à Londres au début de 1635 et se marie en 1639 avec Mary Ruthven, dame de compagnie de la reine. La jeune fille descend des Stuart mais elle est sans fortune. Très belle, elle lui apporte une alliance avec l’aristocratie anglaise. Le couple voyage sur le continent pendant près d’un an, mais au retour Van Dyck est très malade de la poitrine. Le roi Charles 1er promet 300 livres à celui qui parviendrait à guérir le peintre, mais celui-ci meurt le 9 décembre 1641, à l’âge de 42 ans.
Œuvre
Van Dyck. Henriette Marie de France (1636-38)
Huile sur toile, 107 × 85 cm, San Diego Museum of Art, San Diego.
Antoine Van Dyck est le peintre baroque flamand le plus célèbre avec Rubens. Comme celui de son maître, son œuvre est quantitativement considérable et d’une très grande diversité : peinture religieuse et historique, portraits, dessins, gravures. Son style initial est caravagesque et il réussit somptueusement à emboiter le pas du grand maître italien avec une puissance surprenante chez un être d’une telle élégance (Le couronnement d’épines). Il s’éloigne rapidement de Caravage pour trouver son style personnel, fait de raffinement dans la mise en scène et de délicatesse dans l’approche, qu’il s’agisse de mythologie (Cupidon et Psyché) ou de portrait (Portrait de famille, Philadelphia and Elisabeth Wharton). Le très grand portraitiste que fut Van Dyck inspirera ses successeurs anglais du 18e siècle, en particulier Joshua Reynolds et Thomas Gainsborough. Mais il sera aussi une référence pour les peintres français du siècle des Lumières.
Le couronnement d'épines (1620). Huile sur toile, 223 × 196 cm, musée du Prado, Madrid. Le Christ est accusé d'avoir voulu se faire roi. Il est couronné d'épines par dérision. Le tableau est très « rubéniste ». Rubens, à cette époque, n’avait pas encore éclairci sa palette. On retrouve ici le clair-obscur et la représentation réaliste de la musculature caractéristiques du baroque.
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Portrait de Famille (1621). Huile sur toile, 114 × 94 cm, Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. Style encore proche de Rubens. L’élégance des mains est mise en évidence pour souligner l’appartenance à l’aristocratie ou à la haute bourgeoisie. On a longtemps pensé qu'il s'agissait de la famille de Frans Snyders (voir tableau suivant). Mais Snyders n'avait pas d'enfant.
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Frans Snyders et sa femme (1621). Huile sur toile, 83 × 110 cm, Staatliche Museen, Kassel. Frans Snyders (Snijders en néerlandais) (1579-1657), peintre de natures mortes, fut, comme Van Dyck, l’élève de Hendrick van Balen. Il collabora avec Rubens à plusieurs tableaux.
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Isabelle Brant (1621). Huile sur toile, 153 × 120 cm, National Gallery of Art, Washington. Isabelle Brant (ou Brandt), (1591-1626) est la première femme de Rubens. Ce portrait a été offert à Rubens par Van Dyck à l’occasion du départ de celui-ci pour l’Italie. Rubens lui offrit en contrepartie un cheval blanc.
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Marie-Louise de Tassis (1630). Huile sur toile, 128 × 92 cm, Fürstlich Lichtensteinische Gemäldegalerie, Vaduz, Liechtenstein. La famille de Tassis, originaire de Bergame, a développé le premier système postal en Europe à la fin du 15e siècle. Ce portrait est l'un des grands chefs-d'œuvre de Van Dyck. Marie-Louise de Tassis, qui appartient à la branche anversoise de la famille, a alors dix-neuf ans.
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Henriette Marie de France (1632). ). Huile sur toile, 109 × 86,2 cm, collection royale, Grande-Bretagne. Henriette Marie de France (1609-1669) est la fille du roi de France Henri IV (1553-1610) et de Marie de Médicis (1575-1642). Elle épouse le roi d'Angleterre Charles Ier en 1625. Elle est la mère de deux rois d'Angleterre Charles II et Jacques II. |
Charles Ier d'Angleterre à la chasse (1635). Huile sur toile, 266 × 207 cm, musée du Louvre, Paris. Charles Ier Stuart (1600-1649) accède au trône en 1625. Il est le second fils du roi Jacques Ier d'Angleterre et d'Anne de Danemark. |
Charles Ier à la chasse (détail)
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Portrait équestre de Charles Ier d'Angleterre (1635-40). Huile sur toile, 123 × 85 cm, musée du Prado, Madrid. Van Dyck a réalisé plusieurs portraits équestres du roi, soit de profil et axés sur la majesté, soit de face et axés sur le personnage, comme ci-dessus. Le cadrage très resserré donne moins de majesté mais plus de puissance à la composition qui ne comporte pratiquement que la monture et son cavalier.
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Henriette Marie de France (1636-38). Huile sur toile, 107 × 85 cm, San Diego Museum of Art, San Diego. Ce somptueux portrait de la reine d'Angleterre à l'âge d'environ 28 ans permet d'apprécier le talent de l'artiste pour mettre en valeur le modèle. Une robe, des bijoux et une fleur, sans aucun arrière-plan, permettent à Van Dyck de peindre un chef-d'œuvre.
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Lord James Stuart, duc de Richmond (1637). Huile sur toile, 216 × 130 cm, Metropolitan Museum of Art. Les Stuart ou Stewart sont des aristocrates et souverains écossais. James Stuart, 1er Duc de Richmond, 4e Duc de Lennox (1612-1655) est le 2e enfant de Esme II Stuart (1579-1624), 3e duc de Lennox, et de Catherine de Balzac d'Entraigues. Le couple eut neuf enfants. En 1637, James épouse Mary Villiers, fille de Georges Villiers, 1er duc de Buckingham.
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Lord John and Lord Bernard Stuart (1638). Huile sur toile, 238 × 146 cm, National Gallery, Londres. John (1621-1644) et Bernard (1623-1645) Stuart sont les plus jeunes enfants de Esme II Stuart et les jeunes frères de James. Les deux frères furent tués au cours de la guerre civile anglaise (1642-1645). Même si la pose, jugée élégante à l'époque, fait sourire aujourd'hui, le rendu du satin, de la dentelle et du cuir de chevreau est incomparable.
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Mary Hill, lady Killigrew (1638). Huile sur toile, 106,5 × 83 cm, Tate Britain, Londres. Mary Hill est l’épouse de Sir Thomas Killigrew (1613-1683), dramaturge anglais.
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Mary Ruthven (1639). Huile sur toile, Alte Pinakothek, Munich. Épouse de Van Dyck.
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Cupidon et Psyché (1639-40). Huile sur toile, 199,4 × 191,8 cm, collection royale, Windsor. Mythologie antique romaine. Cupidon est le fils de Vénus, déesse de l’amour. Psyché est la fille d’un roi. D’une beauté parfaite, elle est jalousée par Vénus qui charge Cupidon de la rendre amoureuse du mortel le plus méprisable. Péripéties multiples habituelles chez les dieux antiques. Fin hollywoodienne : elle épouse Cupidon. Destiné à Charles Ier pour la décoration de Whitehall Palace, résidence principale des rois d’Angleterre (1500 pièces environ !), ce tableau est le dernier grand format de Van Dyck et l’un de ses chefs-d’œuvre.
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Philadelphia et Elisabeth Wharton (1640). Huile sur toile, 162 × 130 cm, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. Il s’agit des filles de Philip Wharton, 4e Lord Wharton. Elles ont pour mère deux épouses successives de leur père : Jane Goodwin pour Philadelphia, Elisabeth Wandsford pour Elisabeth. |
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