Max Liebermann
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Patrick AULNAS
Max Liebermann. La terrasse du restaurant Jacob à Nienstedten-sur-Elbe (1902-03)
Huile sur toile, 70 × 100 cm, Kunsthalle, Hambourg.
Portrait et autoportrait
Nathaniel Sichel. Max Liebermann à seize ans (v. 1863)
Crayon sur papier.
Max Liebermann. Autoportrait (1909-10)
Huile sur toile, 112 × 92,5 cm, Hamburger Kunsthalle, Hambourg
Biographie
1847-1935
Jeunesse et formation (1847-1870)
Max Liebermann est né le 20 juillet 1847 à Berlin dans un milieu aisé. Son père est industriel. La famille Liebermann est apparentée aux Rathenau. Emil Rathenau (1838-1915), ingénieur et fondateur du groupe AEG, est le cousin de Max Liebermann. Walther Rathenau (1867-1922), ministre sous la République de Weimar et neveu de Max Liebermann, fut assassiné par des nationalistes antisémites. Les Liebermann, comme les Rathenau, appartiennent en effet à la riche bourgeoisie industrielle juive.
La vie familiale se déroule dans un vaste hôtel particulier de la Pariser Platz de Berlin. La discipline est rigoureuse, les parents attachant une grande importance aux études de leurs enfants.
Le goût pour le dessin et la peinture apparaît dès l’enfance chez Max Liebermann. Ses parents l’autorisent à suivre pendant son temps libre des cours de dessin et de peinture chez les peintres Eduard Holbein (1807-1875) et Carl Steffeck (1818-1890).
Après des études secondaires moyennes, Max Liebermann commence, sous l’influence familiale, des études de chimie à l’université Humboldt de Berlin. Mais il ne s’intéresse nullement à la chimie, s’absente des cours pour assister Carl Steffeck et finit par être renvoyé de l’université. Il entre alors à l’Académie des Beaux-arts (Großherzoglich-Sächsische Kunstschule) de Weimar où il devient l’élève du peintre d’histoire belge Ferdinand Pauwels (1830-1904) qui lui fait découvrir Rembrandt. L’œuvre du peintre hollandais marquera profondément Liebermann.
La vie itinérante (1870-1884)
La guerre franco-prussienne éclate en juillet 1870 et durera jusqu’à janvier 1871. Par patriotisme, Liebermann s’enrôle dans l’armée et est affecté au service de santé près de Metz. Courant 1871, il se rend pour la première fois aux Pays-Bas où il visite Amsterdam et Scheveningen. A son retour, il réalise son premier grand tableau, Les plumeuses d’oies, très mal accueilli par la critique, qui utilise à propos de Liebermann l’expression « apôtre du laid ». L’académisme régnait encore largement à cette époque et la peinture d’histoire restait en Allemagne le goût dominant. Un sujet aussi réaliste, traité sur une toile de grandes dimensions, ne pouvait que choquer.
Max Liebermann. Les plumeuses d’oies (1871-72)
Huile sur toile, 119,5 × 170,5 cm, Alte Nationalgalerie, Berlin.
Liebermann persiste cependant dans la veine réaliste. Pendant quelques années, il représentera des hommes et des femmes au travail. Le rejet de ses œuvres en Allemagne conduit le peintre à s’installer à Paris en 1873. Il loue un atelier à Montmartre, mais la récente guerre franco-allemande rend les rapports avec le milieu artistique français problématiques. Au cours de l’été 1874, il se rend à Barbizon pour étudier la peinture réaliste de paysage. Ce séjour lui permettra de diversifier sa thématique vers les peintures de plein air, tout en restant dans le réalisme. En butte à l’ostracisme des peintres français qui refusent de fréquenter un allemand, il quitte Paris.
Au cours des années suivantes, plusieurs voyages élargissent sa culture artistique. En 1875 et en 1876, il découvre les tableaux de Franz Hals à Zandvoort, qui auront une grande influence sur son art de portraitiste. En 1878, il voyage en Italie et en particulier à Venise où il rencontre un groupe de peintres munichois appartenant à l’école naturaliste bavaroise. Il suit ces artistes à Munich.
C’est dans cette ville qu’il réalise en 1879 son tableau Jésus à douze ans au temple, qui suscite des protestations dans toute l’Allemagne. Les propos antisémites ne sont pas rares. Cette peinture ayant été réalisée sur la base de dessins pris sur le vif dans des synagogues, Jésus y apparaît comme un jeune garçon juif entouré de ses coreligionnaires. Les politiciens conservateurs et les représentants du christianisme n’ont pas de propos assez durs pour Libermannn tandis que le prince-régent de Bavière, Léopold (1821-1912), et quelques peintres comme Friedrich von Kaulbach et Wilhelm Leibl, le soutiennent.
Max Liebermann. Jésus à douze ans au temple (1879)
Huile sur toile, 149,6 × 130,8 cm, Hamburger Kunsthalle, Hambourg.
Au cours de l’été 1880, il fait un séjour aux Pays-Bas et réalise Maison de retraite à Amsterdam qui le rattache vraiment à l’impressionnisme par l’importance accordée à l’étude de la lumière et l’utilisation d’une palette plus claire.
Max Liebermann. Maison de retraite à Amsterdam (1880)
Huile sur toile, 53,5 × 71,5 cm, collection particulière.
Le tableau est très bien accueilli au Salon de 1880 à Paris. Il participe à nouveau au Salon officiel parisien en 1882 avec des tableaux impressionnistes. Les souvenirs de la guerre s’éloignant, le milieu artistique français le consacre enfin comme un grand artiste du courant impressionniste. Liebermann n’abandonne pas pour autant ses scènes réalistes, mais ses études de la lumière constitueront désormais une des caractéristiques principales de son œuvre.
Le retour à Berlin et la Sécession Berlinoise (1884-1911)
En 1884, Liebermann quitte Munich pour retrouver Berlin, sa ville natale. En septembre de cette même année, il épouse Martha Mackwald, la sœur de sa propre belle-sœur. La fille unique du couple naît en août 1885. Liebermann est admis à l’Association des Artistes Berlinois et participe en 1886 à l’exposition du Salon des Beaux-arts de Berlin où la critique l’accueille favorablement.
En 1889, se tient à Paris une Exposition universelle célébrant le centenaire de la Révolution de 1789. Max Liebermann et deux autres peintres allemands sont désignés comme membres du jury. Cette participation soulève de vives protestations à Berlin où la Révolution française est appréhendée négativement. La plupart des monarchies européennes refusent d’ailleurs de participer à l’évènement, qu’il s’agisse des britanniques, des austro-hongrois ou des russes. Liebermann souhaite présenter à Paris les grands noms de la peinture allemande et se faire connaître à cette occasion d’un public français beaucoup plus large. Il reçoit une médaille d’honneur mais refuse la Légion d’honneur pour ne pas s’aliéner le gouvernement prussien, dont le ministre de l’Éducation et de la Culture, Gustav von Goßlern, l’avait soutenu officieusement dans son entreprise parisienne.
Max Liebermann est désormais un artiste reconnu internationalement.
La mère de Max Liebermann meurt en 1892 et son père en 1894. Il hérite alors d’une fortune importante et de l’hôtel particulier de la Pariser Platz dans lequel il aménage un atelier.
En 1892, onze peintres berlinois fondent un groupe qui aboutira en 1898 à la Sécession Berlinoise (Berliner Secession), association souhaitant remettre en cause la peinture académique qui dominait largement l’art allemand. Max Liebermann joue un rôle de premier plan au sein de ce mouvement, aux côtés de Paul Cassirer (1871-1926), critique d’art. Pendant cette période, Liebermann réalise des toiles de tendance impressionniste mais également de nombreux portraits. Il devient le peintre le plus en vue à Berlin et même les milieux officiels le reconnaissent. En 1897, pour son cinquantième anniversaire, l’Académie des Beaux-arts lui consacre une exposition : trente toiles et de nombreux dessins et gravures sont présentés. En 1898, il devient professeur à l’Académie et reçoit la grande médaille d’or.
Max Liebermann. Garçons se baignant (1898)
Huile sur toile, 113 × 152 cm, Neue Pinakothek, Munich.
La première exposition de la Sécession Berlinoise a lieu en 1899. Les débats font rage à Berlin entre les partisans des tendances artistiques émergentes et les conservateurs. La Sécession poursuivra ses expositions les années suivantes avec un succès croissant.
De l’imagination en peinture (Die Phantasie in der Malerei), premier article de Liebermann en tant que professeur à l’Académie des Beaux-arts de Berlin, paraît en 1903. Pour Liebermann, la création doit provenir de l’observation du réel. Il rejette donc toute évolution vers l’art abstrait et en particulier l’expressionnisme. Cette prise de position met en évidence les oppositions internes à la Sécession Berlinoise. Elle débouchera en 1910 sur la scission du mouvement entre impressionnistes et expressionnistes. Emil Nolde (1867-1956) sera le chef de file du courant expressionniste et Liebermann le leader du courant impressionniste. Malgré des prises de position très tranchées de Nolde contre Liebermann (« Son œuvre s’effrite et s’effondre ; il essaie de la sauver, devient nerveux et emphatique. »), Liebermann votera en 1910 contre l’exclusion de Nolde de la Sécession. Mais celle-ci est acquise par quarante voix contre deux. Nolde crée alors la Nouvelle Sécession à laquelle se rallieront l’association des artistes munichois et les membres du courant Die Brücke (Le Pont) fondé à Dresde en 1905.
Le 16 novembre 1911, Liebermann abandonne la présidence de la Sécession Berlinoise.
La Guerre et la montée du nazisme (1911-1935)
Après son départ de la Sécession, Liebermann s’absente de plus en plus souvent de Berlin pour vivre dans sa maison de campagne, sur les rives de lac Wannsee, non loin de Berlin. Cette belle villa a été transformée en musée.
La villa Liebermann sur le lac Wannsee
Pendant la Première Guerre mondiale, il se comporte en patriote et collabore par des illustrations à l’hebdomadaire de Paul Cassirer, Kriegszeit – Künstlerflugblätter. Au début de la guerre, il rejoint la Société allemande, association de tendance libérale conservatrice. Il devient également de plus en plus le portraitiste de la haute société berlinoise. En 1916, il développe son article De l’imagination en peinture (Die Phantasie in der Malerei) pour le publier sous forme d’un essai. Une grande rétrospective de ses œuvres a lieu en 1917 à Berlin, où plus de deux-cents toiles sont exposées à l’initiative de l’Académie des Beaux-arts.
Les troubles révolutionnaires qui secouent l’Allemagne après la guerre inquiètent beaucoup Liebermann qui est un humaniste libéral. Ces troubles mettent fin à l’Empire et débouchent sur l’instauration de la République de Weimar, régime parlementaire qui ira de crise en crise jusqu’à l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933.
En 1920, Liebermann est nommé Président de l’Académie des Beaux-arts. Bien que n’appréciant pas l’expressionnisme, son esprit libéral le conduit à lui faire une place. Il déclare ainsi dans le discours d’ouverture d’une exposition de l’Académie : « Quelqu'un qui a fait l'expérience, dans sa jeunesse, du rejet de l'impressionnisme, se gardera bien de condamner un mouvement qu'il ne comprend pas ou ne comprend plus, notamment en tant que directeur de l'Académie, qui, aussi conservatrice soit-elle, se figerait totalement si elle désapprouvait systématiquement la jeunesse. »
En 1922, son neveu Walther Rathenau, qui était la cible des groupuscules violents d’extrême-droite et d’extrême-gauche, est assassiné par des membres du groupe terroriste d’extrême-droite Consul. Liebermann est profondément bouleversé par cet évènement. En 1924, il perd son frère cadet Felix et un ami proche, Hugo Preuß, juriste et homme politique. Il privilégie dès lors une vie plus retirée. Il confie dans un article du Jüdisch-Liberale Zeitung paru en 1926 que la foi a une grande importance pour lui.
En 1927, son 80e anniversaire est célébré par une exposition d’une centaine de ses peintures. Albert Einstein et Thomas Mann font son éloge. La ville de Berlin lui décerne le titre de citoyen d'honneur et le Président du Reich Paul von Hindenburg le décore de la Grande Croix de l'ordre de l'Aigle germanique.
Gravement malade en 1932, il quitte son poste de Président de l’Académie et devient Président d’honneur. Il retrouve la santé, mais assiste en 1933 à la prise du pouvoir par les nationaux-socialistes et voient les vainqueurs défiler devant son domicile de la Pariser Platz. Il prononce alors cette phrase en dialecte berlinois : « Je ne pourrai jamais assez manger pour vomir autant que je le souhaite. » Le 10 mai 1933, dans Berlin et 21 autres villes, des dizaines de milliers de livres sont brûlés sur des buchers organisés par des membres du parti national-socialiste dans le cadre d’une action voulue par Hitler contre « l’esprit non allemand ». A la suite de cet autodafé, Liebermann démissionne de toutes ses fonctions officielles.
Il décède le 8 février 1934 dans son hôtel particulier de la Pariser Platz. Les médias, sous contrôle nazi, évoquent à peine son décès. L’Académie refuse d’honorer son ancien Président. Aucun représentant officiel n’est présent à son inhumation au cimetière juif de la Schönhauser Allee.
Son épouse Martha se suicidera en 1943, alors qu’elle devait être envoyée dans un camp de concentration. Les tableaux de Liebermann appartiennent à ce que les nazis appelaient « art dégénéré ». L’héritage du peintre, comportant une vaste collection de tableaux impressionnistes et réalistes, a donc été confisqué par le Reich.
Œuvre
Max Liebermann est considéré, avec Max Slevogt (1868-1932) et Lovis Corinth (1858-1925), comme l’un des principaux représentants de l’impressionnisme allemand. La première influence artistique vient de la peinture hollandaise. Liebermann est un admirateur de Rembrandt et de Franz Hals. Les portraits de ce dernier auront une influence importante sur les siens. Le réalisme de ses débuts se situe donc historiquement dans le sillage de la peinture flamande et néerlandaise. Il choisit pour thèmes le travail manuel des hommes, qu’ils soient paysans, artisans ou ouvriers, donnant ainsi une connotation sociale à sa peinture. Les couleurs sombres prédominent d’abord, puis les effets de lumière deviendront l’un des aspects importants de son travail.
Le rejet dont il fut victime à ses débuts tient au choix de cette thématique, qui heurtait la prééminence de l’art académique allemand orienté vers la peinture d’histoire. Une toile aussi grande que Les plumeuses d’oies (119 × 170 cm) n’était admise en 1872 que pour l’histoire, la religion et la mythologie, mais en aucun cas pour une scène de genre paysanne. Millet s’était heurté en France, en 1857, aux mêmes réticences pour Des glaneuses.
La découverte de l’impressionnisme français dans la décennie 1870 infléchit son style, mais il conserve une prédilection pour les scènes de genre consacrées au travail. La recherche d’une représentation exacte du réel cède cependant la place à une peinture de la perception, comportant un assemblage suggestif de touches de couleurs et une omniprésence des effets d’ombre et de lumière.
A la fin du 19e siècle, la Sécession Berlinoise, dont il prendra la tête, le conforte dans sa recherche de la représentation subjective d’un instant de la réalité extérieure. Il exclut toute orientation vers une peinture de l’intériorité rejetant l’observation exacte du réel. Ainsi, expressionnisme et art abstrait seront tolérés par l’académicien mais jamais compris.
Max Liebermann. Terrasse de restaurant sur l’Havel (1916)
Huile sur toile, 71 × 87 cm, Nationalgalerie, Berlin.
Les thèmes sociaux de sa jeunesse cèdent la place à partir de la décennie 1890 à une peinture des loisirs de la bourgeoisie (promenades, restaurants, plages, courses de chevaux, etc.). Il devient le grand peintre des scènes de plein air comportant souvent des effets de lumière à travers le feuillage des arbres. Mais un second aspect de son œuvre prend également de l’importance : le portrait. Liebermann est, au début du 20e siècle, le portraitiste favori de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie allemandes.
Grand bourgeois libéral par ses origines et son mode de vie, Max Liebermann, travailleur acharné, est devenu un peintre maîtrisant un vaste registre : scènes de genre, paysages, portraits, dessins, lithographies. De confession juive, il voit avec effarement la montée du nazisme et l’éviction violente de « l’art dégénéré », qu’il avait contribué toute sa vie à faire naître.
Scènes de genre et paysages
Max Liebermann. Les plumeuses d’oies (1871-72). Huile sur toile, 119,5 × 170,5 cm, Alte Nationalgalerie, Berlin. En 1871, Liebermann rencontre le peintre hongrois Mihály Munkácsy (1844-1900). L’un des tableaux du peintre, représentant des femmes filant la laine, séduit particulièrement Liebermann. Au cours de la même année, il séjourne aux Pays-Bas (Amsterdam, Scheveningen) où il peut observer des scènes de travail de la paysannerie locale. Dans les mois qui suivent, il peint Les plumeuses d’oies, première huile de Liebermann, dont le style aux couleurs sombres doit beaucoup à l’influence que Rembrandt exerçait sur le jeune artiste.
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Max Liebermann. Travailleurs dans un champ de betteraves (1874-76). Huile sur toile, 99 × 209 cm, Niedersächsisches Landesmuseum Hannover. Pendant toute sa jeunesse, Liebermann privilégie une thématique sociale : artisans, ouvriers, paysans au travail. L’évolution stylistique est notable par rapport à la première toile ci-dessus. Liebermann s’est en effet installé à Paris et a visité Barbizon, lieu de naissance du réalisme français au 19e siècle. L’influence de l’impressionnisme français naissant est perceptible dans le flou du paysage et dans l’intérêt porté aux reflets de la lumière sur les vêtements des travailleurs.
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Max Liebermann. Ecole de couture en Hollande (1876). Huile sur bois, 64,5 × 81 cm, Von-der-Heydt-Museum, Wuppertal. L’influence de l’impressionnisme français s’accentue ici, bien que l’artiste reste attaché aux thèmes sociaux. D’une part, le projet pictural concerne la représentation de la lumière, qui pénètre dans la pièce de façon atténuée par de grandes fenêtres. D’autre part, les gestes des couturières sont suggérés avec une grande habileté, mais les figures restent floues et ne constituent en réalité qu’un ensemble de taches blanches, ocre, roses et noires, parfaitement agencées pour produire l’effet recherché. Par exemple, le détail des doigts n’apparaît absolument pas, mais l’impression de mouvement est perceptible par l’observateur.
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Max Liebermann. Les faiseuses de conserves (1879). Huile sur bois, 49 × 65 cm, Museum der bildenden Künste, Leipzig. Liebermann est apparu aux connaisseurs de l’époque comme le peintre de la lumière intérieure. Alors que la plupart des impressionnistes français se faisaient un devoir de peindre en extérieur, sur le motif, pour capter au mieux les effets de la lumière naturelle sur les objets, Liebermann étudie dans toutes ses scènes de travail la lumière à l’intérieur de la pièce. En ce sens, il est proche de Degas, qu’il admire, et assez éloigné de Monet et de ses paysages. Mais il éclaircira beaucoup sa palette par la suite en peignant des scènes de plein air.
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Max Liebermann. Jésus à douze ans au temple (1879). Huile sur toile, 149,6 × 130,8 cm, Hamburger Kunsthalle, Hambourg. « Cette peinture, qui représente Jésus enfant dans une sombre synagogue et entouré de scribes en costumes de juifs pauvres, a déclenché un scandale de portée nationale lors de l’Exposition internationale d’art de Munich en 1879. C’est surtout le traitement naturaliste de Jésus comme un garçon aux pieds nus avec des boucles noires qui était perçu comme un dénigrement de la religion chrétienne par un peintre juif. Les milieux ecclésiastiques ainsi que la critique établie ont considéré qu’il y avait une provocation délibérée de Liebermann. Avec la transposition contemporaine de l'un des sujets les plus populaires de l'art chrétien, il a fait du fils de Dieu un « garçon juif malpropre » (Friedrich Pecht) et a déplacé « la scène dans une véritable synagogue d’une petite ville polonaise » (Ludwig Pietsch). L'indignation publique alimentée par le sentiment antisémite était si grande que même le Parlement de l'État bavarois se prononça sur le sujet et remit en cause son soutien financier futur aux expositions artistiques. Profondément blessé, Liebermann quitta Munich pour Dachau et répondit à la critique massive par des modifications importantes du personnage de Jésus. (Jenns Howoldt) » (Commentaire Hamburger Kunsthalle)
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Max Liebermann. Maison de retraite à Amsterdam (1880). Huile sur toile, 53,5 × 71,5 cm, collection particulière. Au cours de l’été 1880, Libermann séjourne à Amsterdam. Le hasard veut qu’il passe devant une maison de retraite possédant un parc. Il observe les pensionnaires vêtus de noir sous le feuillage des grands arbres. Cette image le marque et il cherche à représenter la lumière qui filtre à travers les feuilles pour rebondir sur les costumes sombres des retraités. Ce premier tableau véritablement impressionniste sera chaleureusement accueilli au salon officiel de Paris en 1880.
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Max Liebermann. La boutique du cordonnier (1881-82). Huile sur bois, 64 × 80 cm, Alte Nationalgalerie, Berlin. C’est au cours de son voyage aux Pays-Bas en 1880, dans le village de Dongen, que Liebermann réalise des études en vue de ce tableau. La scène de genre réaliste mettant en scène des artisans au travail correspond à l’orientation thématique de ses tableaux de jeunesse, mais il cherche principalement ici à représenter la lumière qui envahit l’atelier.
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Max Liebermann. La grange au lin (1887). Huile sur toile, 135 × 232 cm, Alte Nationalgalerie, Berlin. Liebermann retourne à Laren, aux Pays-Bas, pendant l’été 1886. La culture du lin dans cette région nécessite un travail ultérieur important pour produire des fils. L’artiste s’intéresse à ces travaux réalisés par des ouvrières et prend des esquisses en vue d’un tableau qu’il achève au printemps 1887. Celui-ci est exposé au Salon de Paris de 1887 mais y reçoit un accueil peu enthousiaste. Il est en revanche admiré par le peintre allemand Adolf von Menzel (1815-1905), initiateur en Allemagne des scènes de genre réalistes, qui considère que Liebermann est « le seul à représenter des hommes et non des modèles ». Ce grand tableau cherche à allier, comme de nombreux autres, le thème du travail manuel et l’étude de la lumière. Son originalité réside dans un choix d’une palette restreinte (ocre, noir, blanc) qui produit cependant une forte impression de luminosité.
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Max Liebermann. Dans le champ (1890). Pastel sur papier, 54 × 79 cm, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg. Ce pastel est l’une des dernières œuvres de Liebermann traitant du travail des artisans, des ouvriers ou des paysans. Le style est nettement impressionniste.
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Max Liebermann. Brasserie de campagne à Brannenburg (1893). Huile sur toile, 70 × 100 cm, musée d’Orsay, Paris. « En général, l'espace, rythmé de rangées d'arbres traversés par le soleil, est un sujet constant dans l'œuvre de Liebermann. Cependant, à l'époque de ce tableau, ce motif ne constitue jamais un paysage pur, mais s'accompagne comme ici d'une scène grouillante de détails anecdotiques et de mouvements. Cette caractéristique situe alors Liebermann dans l'orbite d'un Menzel (1815-1905), de par son sens aigu de l'observation et sa capacité à reproduire des scènes de la vie quotidienne. » (Commentaire musée d’Orsay)
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Max Liebermann. Garçons se baignant (1898). Huile sur toile, 113 × 152 cm, Neue Pinakothek, Munich. Dans la décennie 1890, Liebermann éclaircit beaucoup sa palette, se rapprochant ainsi de l’impressionnisme français. Degas fit l’éloge de ce tableau en 1898 et Liebermann publia un article sur Degas la même année dans le périodique Pan.
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Max Liebermann. La promenade aux perroquets (1902). Huile sur toile, 88 × 73 cm, Kunsthalle, Brême. Les dix années qui ont suivi la première exposition de la Sécession Berlinoise en 1899 peuvent être considérées comme l’apogée de l'impressionnisme allemand. Cette promenade, où ont été placés des perroquets, se trouvait au zoo d’Amsterdam.
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Max Liebermann. La terrasse du restaurant Jacob à Nienstedten-sur-Elbe (1902-03). Huile sur toile, 70 × 100 cm, Kunsthalle, Hambourg. Comme dans Brasserie de campagne à Brannenburg (ci-dessus), Liebermann restitue toute la poésie de la lumière solaire filtrant à travers le feuillage. Cette toile très célèbre montre que l’artiste reste fidèle à un style qu’il maîtrise à merveille au moment où la Sécession Berlinoise est aux prises avec des querelles intestines sur des problématiques d’avant-gardisme.
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Max Liebermann. La plage de Nordwijk (1908). Huile sur toile, 66 × 81 cm, Niedersächsisches Landesmuseum, Hanovre. Nordwijk est une station balnéaire néerlandaise que fréquentait Liebermann. Le tableau fait partie d’une série consacrée aux plages, permettant à l’artiste d’utiliser des couleurs claires et de suggérer le mouvement des promeneurs ou des enfants jouant avec le sable par de simples esquisses des personnages.
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Max Liebermann. Aux courses (1909). Huile sur bois, 53 × 74 cm, Kunstmuseum, Winterthur. Étude du mouvement des chevaux franchissant une haie.
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Max Liebermann. Terrasse de restaurant sur l’Havel (1916). Huile sur toile, 71 × 87 cm, Nationalgalerie, Berlin. Ce restaurant est situé sur les bords de la rivière Havel. |
Portraits
Max Liebermann. Max Linde (1897). Huile sur toile, 84 × 66,5 cm, Museum Behnhaus Drägerhaus, Lübeck. Max Linde (1862-1940) est un professeur de médecine (ophtalmologie) et collectionneur d’art. Ses frères Hermann et Heinrich étaient peintres. Il fut le mécène d’Edvard Munch.
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Max Liebermann. Richard Strauss (1918). Huile sur toile, 116 × 92,5 cm, Alte Nationalgalerie, Berlin. Richard Strauss (1864-1949) est un compositeur et chef d’orchestre allemand.
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Max Liebermann. Albert Einstein (1925). Huile sur toile, 75 × 99 cm, collection particulière. Albert Einstein (1879-1955) est un physicien d’origine allemande qui inventa la théorie de la relativité. De 1896 à 1901, Il devint apatride en renonçant à la nationalité allemande pour protester contre le nationalisme. Il acquit en 1901 la nationalité suisse puis, en 1940, la nationalité américaine.
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Max Liebermann. Paul von Hindenburg (1927). Huile sur toile, 112 × 92,5 cm, Staatliches Museum, Schwerin. Paul von Hindenburg (1847-1934) est un militaire et homme politique allemand. Il fut Président de la République (Reichspräsident) de 1925 à 1934.
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Max Liebermann. Ferdinand Sauerbruch (1932). Huile sur toile, 89 × 117 cm, Hamburger Kunsthalle, Hambourg. Ferdinand Sauerbruch (1875-1951) est un chirurgien allemand important qui mit au point de nombreuses innovations. |
Dessins, lithographies
Max Liebermann. Autoportrait au chapeau de paille (1915). Crayon sur papier, Landesmuseum, Hanovre.
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Max Liebermann. Albert Einstein (1922). Lithographie sur papier vélin, 50,4 × 32,5 cm, National Gallery of Art, Washington.
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Max Liebermann. Femme au bain (1926). Lithographie sur papier, 24,5 × 20,3 cm, Art Institute, Chicago. |
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