Pierre-Henri de Valenciennes
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Patrick AULNAS
Autoportrait
Pierre-Henri de Valenciennes. Autoportrait
Huile sur toile, 46 × 37,5 cm, musée du Louvre, Paris.
Biographie
1750-1819
Jeunesse à Toulouse
Pierre-Henri de Valenciennes est né à Toulouse le 6 décembre 1750 dans une famille d’artisans. Son père, Pierre Devalenciennes, était maître perruquier et sa mère Marguerite Abel était la fille d’un maître tapissier. Encore enfant, il étudie la musique et fait l’apprentissage du violon à la maîtrise de la cathédrale Saint-Étienne. Le père de Pierre-Henri étant décédé en 1754, il reçoit la protection de la famille Dubourg, notables locaux. A la fin des années 1760, il voyage dans le sud de la France et en Italie avec Mathias Dubourg (1746-1794) qui sera par la suite conseiller au Parlement de Toulouse. En 1770 et 1771, Pierre-Henri de Valenciennes étudie la peinture à l’Académie royale de Toulouse avec deux professeurs : Jean-Baptiste Despax (1710-1773), peintre de scènes historiques et religieuses, et Guillaume Gabriel Bouton (1730-1782), miniaturiste.
Le mécénat de la famille Dubourg permet au jeune peintre d’acquérir une célébrité locale.
Formation à Paris
En 1772, Pierre-Henri de Valenciennes quitte Toulouse. Sa tante étant mariée au valet de chambre du duc Étienne-François de Choiseul (1719-1785), ministre de Louis XV entre 1758 et 1770, le jeune homme profite de ce lien familial pour se rapprocher des artistes et intellectuels gravitant autour du duc. Celui-ci, en disgrâce, vit dans son château de Chanteloup, près d’Amboise. Le jeune homme s’installe donc en Touraine.
La recommandation du duc de Choiseul lui permet ensuite de bénéficier à Paris de l’enseignement de Gabriel Doyen (1726-1806), peintre d’histoire et membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Il expose pour la première fois au Salon officiel en 1778.
Un long séjour en Italie
De 1777 à 1785, Pierre-Henri de Valenciennes vit en Italie. Nombreux sont les artistes français qui y séjournent, en particulier les pensionnaires de l’Académie de France à Rome, logés au palais Mancini et bénéficiant d’une pension royale. Pierre-Henri fréquente ces jeunes artistes mais rencontre également d’autres jeunes peintres de passage à Rome : Jacques-Louis David (1748-1825), François Cammas (1743-1804), Joseph Roques (1757-1847). En août et septembre 1779, il voyage en Naples, en Sicile et en Ombrie.
Au cours de son séjour, Pierre-Henri de Valenciennes réalise de nombreux dessins et huiles sur papier d’après nature qu’il utilisera plus tard pour composer ses paysages.
Pierre-Henri de Valenciennes. À la villa Farnèse, les maisons parmi les arbres (1777-1785)
Huile sur papier, 26 × 40 cm, musée du Louvre, Paris.
L’académicien et le professeur
En 1785 ou 1786, Pierre-Henri de Valenciennes rejoint Paris. Dès 1787, il est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture sur présentation du peintre Pierre-Antoine de Machy (1723-1807). Son morceau de réception est un vaste paysage historique : Cicéron découvrant le tombeau d’Archimède. Il expose régulièrement au salon à la fin du 18e et au début du 19e siècle et connaît un succès constant.
Pierre-Henri de Valenciennes est aussi un théoricien reconnu qui publie en 1799 un ouvrage intitulé Éléments de perspective pratique à l'usage des artistes, suivis de réflexions et conseils à un élève sur la peinture et particulièrement sur le genre du paysage. Cet ouvrage à vocation pédagogique est un exposé de la conception néo-classique du paysage. Valenciennes a une activité d’enseignement importante. Dès la fin du 18e siècle, il accueille dans son atelier de jeunes apprentis. Il est considéré à l’époque comme l’un des meilleurs connaisseurs des lois de la perspective appliquées au dessin et à la peinture. A partir de 1812, il enseigne la perspective à l’École impériale des Beaux-arts.
Pierre-Henri de Valenciennes décède le 16 février 1819 à Paris. Il est alors considéré comme le plus grand paysagiste de son époque.
Œuvre
Pierre-Henri de Valenciennes est le théoricien et l’un des plus grands peintres du paysage néo-classique. Le goût de l’Antique avait succédé en France au rococo vers le milieu du 18e siècle. L’art du paysage s’installe peu à peu dans la lignée de Claude Lorrain et Nicolas Poussin, les grands maîtres du 17e siècle. Le dessin est considéré comme essentiel et Pierre-Henri de Valenciennes compose ses paysages historiques en atelier à partir de dessins pris sur le motif. Il possède une vaste collection de dessins ou d’huiles sur papier réalisés en Italie de 1777 à 1785. Les tableaux de grandes dimensions de Pierre-Henri de Valenciennes représentent donc des paysages recomposés devant respecter les règles académiques : équilibre, pondération dans le choix du sujet, couleurs d’une discrète élégance sans contrastes agressifs, importance du traitement de la lumière.
Pierre-Henri de Valenciennes. Paysage classique avec figures buvant à la fontaine (1806)
Huile sur toile, 45,2 × 73,5 cm, Toledo Museum of Art.
Analyse détaillée
Ces caractéristiques de la peinture de Pierre-Henri de Valenciennes vont lui valoir une célébrité et une admiration unanimes de son vivant mais aussi un certain discrédit après sa mort. La peinture de paysage s’oriente en effet au 19e siècle vers le réalisme, avec l’école de Barbizon, puis l’impressionnisme. L’idéalisation de la beauté, qui restait l’objectif des paysagistes néo-classiques, est alors déconsidérée et Pierre-Henri de Valenciennes, chef de file du mouvement, sombre quelque peu dans l’oubli.
Le recul historique que nous possédons aujourd’hui permet de comprendre que les contemporains du peintre ne s’étaient pas trompés : il fut l’un des plus grands paysagistes de son temps. Son influence résulte non seulement de sa réussite dans les vastes compositions néo-classiques mais aussi de sa capacité à saisir dans ses études à l’huile sur le motif les fluctuations de la nature et en particulier de la lumière. Il anticipe ainsi sur l’une des évolutions majeures du 19e siècle qui trouvera son épanouissement avec les impressionnistes.
« Il est bon de peindre la même vue à différentes heures du jour, pour observer les différences que produit la lumière sur les formes. Les changements sont si sensibles et si étonnants que l’on a peine à reconnaître les mêmes objets. » (*)
Il est donc nécessaire de considérer les deux aspects de l’œuvre de Pierre-Henri de Valenciennes : d’une part, les études prises sur motif, essentiellement en Italie, d’une spontanéité qui préfigure les évolutions du 19e siècle, et d’autre part les vastes compositions néo-classiques qui conservent pour nous tout le charme du paysage arcadien.
Les dessins et huiles pris sur le motif en Italie
Pierre-Henri de Valenciennes. À la villa Borghèse, arbres et fabriques (1777-1785). Huile sur papier, 30 × 38 cm, musée du Louvre, Paris. « En 1930, la princesse de Croÿ donna au musée du Louvre un exceptionnel ensemble d'études à l'huile sur papier de Pierre-Henri de Valenciennes, exécutées d'après nature, pour la plupart en Italie, dans les années 1780. Elles traduisent, avec une fraîcheur de sensations rare, d'insaisissables effets atmosphériques ou des changements de lumière et devaient servir à l'artiste pour des compositions plus ambitieuses présentées au Salon. » (Notice musée du Louvre)
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Pierre-Henri de Valenciennes. À la villa Farnèse, les maisons parmi les arbres (1777-1785). Huile sur papier, 26 × 40 cm, musée du Louvre, Paris. Donation princesse de Croÿ.
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Pierre-Henri de Valenciennes. Le Palais de Nemi (1777-1785). Huile sur papier, 22 × 32 cm, musée du Louvre, Paris. Donation princesse de Croÿ.
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Pierre-Henri de Valenciennes. Bâtiments aux environs de l’Aqua Acetosa (1777-85). Plume, encre grise, lavis gris, mine de plomb sur papier, 20 × 31,2 cm, musée du Louvre, Paris. Donation princesse de Croÿ.
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Pierre-Henri de Valenciennes. Chemin longeant des bâtiments sur les bords du Tibre (1777-85). Plume, encre brune, lavis brun, mine de plomb sur papier, 20 × 31,2 cm, musée du Louvre, Paris. Donation princesse de Croÿ.
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Pierre-Henri de Valenciennes. Bâtiments de ferme à la Villa Farnèse, les deux peupliers (1780). Huile sur papier, 25 × 38 cm, musée du Louvre, Paris. Donation princesse de Croÿ. Dans son traité publié en 1799 et intitulé Éléments de perspective pratique à l'usage des artistes, Pierre-Henri de Valenciennes propose, à côté des catégories traditionnelles du « paysage héroïque » et du « paysage pastoral », le concept de « paysage-portrait ». Cette expression désigne la reproduction fidèle du paysage que l'artiste a sous les yeux et suppose donc une peinture sur le motif. Valenciennes est ainsi un précurseur des peintres de l'école de Barbizon que suivront plus tard les impressionnistes. Cette composition se rattache à cette catégorie et se veut donc la reproduction topographique de bâtiments de ferme italiens. Mais la présence des deux peupliers structure la composition et ils peuvent avoir été placés à dessein au premier plan.
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Pierre-Henri de Valenciennes. Etables et maisons sur le mont Palatin (1782-1784). Huile sur papier marouflé sur toile, 23,1 × 37,8 cm, National Gallery, Londres. « Les maisons et les longues étables ouvertes se situent devant une grande et ancienne arcade romaine érigée au 2e siècle par Septime Sévère. La lumière du soleil tombe depuis la partie supérieure droite sur la façade de la maison et le toit des étables. Valenciennes capte le jeu compliqué des bandes d’ombre plus claires ou plus foncées sous l’avancée de la toiture et sur le sol de la cour. Il a réalisé un dessin de la même scène, à la plume et au lavis, intitulé A la villa Néron, dans un de ses carnets de croquis aujourd’hui au Louvre à Paris. » (Notice National Gallery)
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Pierre-Henri de Valenciennes. Mur de la ville au pied d’une montagne (1777-1785). Huile sur papier, 36,5 × 47,9 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.
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Pierre-Henri de Valenciennes. Cascades à Terni (1777-1785). Huile sur papier, 44,5 × 36,5 cm, Metropolitan Museum of Art, New York.
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Les paysages historiques recomposés
Pierre-Henri de Valenciennes. L'ancienne ville d'Agrigente, Paysage composé (1787). Huile sur toile, 110 × 164 cm, musée du Louvre, Paris. Pierre-Henri de Valenciennes se situe ici dans la lignée des grands peintres du 17e siècle français. Il compose un paysage à la manière de Claude Lorrain, comportant une vue imaginaire de l'antique cité d'Agrigente en Sicile, fondée au 6e siècle avant J.-C. La présence de quelques ruines et de figures habillées à l'Antique caractérisent le paysage néoclassique.
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Pierre-Henri de Valenciennes. Cicéron découvrant le Tombeau d'Archimède (1787). Huile sur toile, 119 × 162 cm, musée des Augustins, Toulouse. « Ce tableau constitua le morceau de réception à l'Académie royale de peinture de l'artiste. Il montra Cicéron, à Syracuse, faisant dégager, par trois esclaves, le tombeau du savant oublié de tous. Mise en abîme de la vertu, il pose la problématique de la peinture d'Histoire néoclassique dans une œuvre où la nature occupe les trois-quarts de la toile, sans que les personnages y disparaissent. » (Notice Base Joconde)
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Pierre-Henri de Valenciennes. Paysage classique avec figures et sculpture (1788). Huile sur bois, 28,8 × 41 cm, The J. Paul Getty Museum, Los Angeles. « Sous une acropole rocheuse, deux femmes en costume classique conversent. Le vêtement et le geste de la femme debout trouvent un écho dans la sculpture de marbre sur le côté droit du tableau. Deux autres figures sont moins immédiatement visibles. Sur un chemin ombragé, elles se dirigent vers le sommet abrupt de la citadelle. Au loin, sur un mince ruban de mer turquoise, des voiliers traversent un rideau de pluie. Pierre-Henri de Valenciennes a présenté ce tableau au salon de 1789. Le titre de la peinture, par son caractère général, suggère que son sujet est tout simplement un passé classique imaginaire. Il s’agit d’une reconstitution d’une antiquité idyllique dans laquelle l’activité humaine et l’architecture sont en harmonie l’une avec l’autre et avec la nature. » (Notice J. Paul Getty Museum)
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Pierre-Henri de Valenciennes. Paysage italien avec Baigneurs (1790). Huile sur toile, 54 × 81,6 cm, Museum of Fine Arts, Boston. « [Valenciennes] a cherché à élever la peinture de paysage au niveau envié de la peinture d’histoire – évocation d’évènements mythologiques, antiques ou bibliques. Ici, les baigneurs posent comme des sculptures antiques, évoquant un passé romain idyllique. » (Notice Museum of Fine Arts, Boston)
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Pierre-Henri de Valenciennes. Paysage italien (fin 18e s.). Huile sur toile, 41,9 × 55,9 cm, Fine Arts Museums of San Francisco. Tout en maintenant un cadre général arcadien, Pierre-Henri de Valenciennes valorise ici une nature moins idéalisée avec ce ciel menaçant qui utilise presque la moitié de la surface du tableau. Un autre exemple est fourni par L’éruption du Vésuve (voir ci-après).
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Pierre-Henri de Valenciennes. Mercure et Argus (1793). Huile sur bois, 24,5 × 32,4 cm, The Bowes Museum, Barnard Castle, England. Mercure est un dieu romain correspondant à Hermès chez les grecs. Il est le messager des autres dieux. Argus, ou Argos, est un dieu grec qui dispose de cent yeux lui permettant de tout voir. Il intervient dans une des multiples péripéties amoureuses de Zeus. Zeus est épris de Io. Héra, femme de Zeus, confie à Argus la garde de Io, préalablement transformée en génisse blanche. Mais Zeus envoie Hermès tuer Argus et délivrer Io. Hermès endort Argus en jouant de la flûte puis lui tranche la tête. Pour honorer Argus, Héra récupère ses yeux et les utilise pour décorer les plumes de son animal favori : le paon. Dans un paysage pastoral, Valenciennes place Io métamorphosée en génisse blanche et Mercure-Hermès jouant de la flûte pour endormir Argus.
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Pierre-Henri de Valenciennes. Paysage classique avec figures buvant à la fontaine (1806). Huile sur toile, 45,2 × 73,5 cm, Toledo Museum of Art. « Paysage classique avec figures buvant à la fontaine, exposé au salon de 1806, est un exemple emblématique de la peinture de paysage néoclassique française. Un critique contemporain remarquait à propos des peintures de Valenciennes : “ On peut se promener avec plaisir dans les tableaux de cet homme ”, sentiment qui correspond à l’impression visuelle de ces paysages sur le spectateur. » (Notice Toledo Museum of Art)
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Pierre-Henri de Valenciennes. L’éruption du Vésuve (1813). Huile sur toile, 148 × 196 cm, musée des Augustins, Toulouse. Le titre complet est L’éruption du Vésuve arrivé le 24 août de l’an 79 de J.-C. sous le règne de Titus. « L'artiste représente la mort de Pline l'Ancien, qui, ayant voulu s'approcher de la montagne pour voir l'éruption du Vésuve, fut puni de sa téméraire curiosité, et mourut asphyxié par la fumée. Cherchant avant tout la vraisemblance, Pierre-Henri de Valenciennes visita Pompéi, rendue célèbre par les fouilles alors en cours, et assista même à l'éruption du volcan qui eut lieu le 18 ou 19 août 1779. Dans cette toile, Pierre-Henri de Valenciennes insiste sur l'impuissance de l'homme face aux déchaînements de la nature, matérialisés par la taille du volcan, qui lance des pierres à une hauteur vertigineuse et déverse des fleuves de lave bouillonnante, et face auquel les personnages paraissent minuscules. » (Notice base Joconde)
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(*) Éléments de perspective, de Pierre-Henri de Valenciennes sur Gallica.
Commentaires
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- 1. Julien Le 26/02/2019
Bonjour, j'ai beau avoir cherché, je n'ai pas trouvé le mouvement artistique de cet auteur. quelqu'un aurait il des informations? -
- 2. DASSONVILLE Le 06/08/2018
Bonjour
Pouvez-vous m'indiquer pourquoi le patronyme du peintre est--il "de Valenciennes" ?
Cordialement, gd-
- rivagedebohemeLe 06/08/2018
Comme indiqué dans la biographie, son père s'appelait Pierre Devalenciennes. Il n'était pas rare au 18e siècle que des artistes "annoblissent" la graphie de leur patronyme. Ainsi, Maurice Quentin de la Tour est le fils de François Delatour. Mode, snobisme... A vous de juger.
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