Pieter Saenredam
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Patrick AULNAS
Portrait
Jacob van Campen. Portrait de Pieter Saenredam (1628)
Pierre noire sur papier, 23,4 × 18,1 cm, British Museum, Londres
Biographie
1597-1665
Né en 1597 à Assendelft, au nord de la Hollande, Pieter Saenredam ou Pieter Janszoon (fils de Jan) Saenredam est le fils du graveur et peintre maniériste Jan Saenredam (1565-1607). Il fut dans sa petite enfance l’élève de son père mais son œuvre ne conserve rien du maniérisme. Jusqu'à l’âge de onze ans, Pieter vit dans sa ville natale dans la Kerkbuurt, rue située près de l’église, de la mairie et de l’école.
En 1608, après la mort de Jan Saenredam, la famille s’installe à Haarlem. Pendant dix ans, Pieter Saenredam devient l’élève de Frans de Grebber (1573-1649), peintre de portraits et de paysages. En 1623, il devient membre de la Guilde des peintres de Saint-Luc de Haarlem. Il se lie d’amitié avec le peintre et architecte Jacob Van Campen (1596-1657), concepteur du Mauritshuis de La Haye et de l’Hôtel de Ville d’Amsterdam (actuel Palais royal). Van Campen a sans doute joué un rôle déterminant dans la spécialisation progressive de Saenredam dans la peinture architecturale à partir de 1628.
Pieter Saenredam. La nef et le chœur de l'église Sainte-Marie à Utrecht (1641)
Huile sur bois, 121,5 × 95 cm, Rijksmuseum, Amsterdam.
En 1638, Pieter Saenredam épouse Aefje Gerritsdr (1597-1646) dont il aura une fille, Anna. Il devient un personnage important du milieu local de la peinture puisque, en 1640, il est membre du bureau de la Guilde et en 1642 en devient le doyen. Bien qu’ayant toujours vécu à Haarlem depuis 1608, Saenredam se déplace pour réaliser les dessins et travaux préparatoires de ses tableaux. Ces documents étant toujours datés avec précision, il est possible d’avoir une idée de ses déplacements. Ainsi, en 1633, 1634 et 1654 il est à Assendelft, sa ville natale, en 1630, 1635 et 1661 à Alkmaar, en 1636 à Utrecht, en 1641 à Amsterdam et en 1644 à Rhenen. Pour réaliser son œuvre, Saenredam s’appuyait sur une documentation importante. La vente aux enchères, qui eut lieu après son décès, a permis de répertorier une vaste collection d’œuvres savantes, de peintures et de dessins.
Il meurt à Haarlem en 1665.
Œuvre
Si l’on peut avoir le sentiment que le protestantisme a quelque peu entravé la liberté d’artistes comme Rembrandt ou Hals, on ressent au contraire une harmonie entre cette religion et l’œuvre de Pieter Saenredam. Presque entièrement consacrée à des édifices religieux, d’une rigueur quasi mathématique, d’une limpidité que l’on ne retrouve que chez certains italiens, la peinture de Saenredam est une recherche de pureté et de dépouillement.
Pieter Saenredam. Intérieur de l'église Saint-Bavon à Haarlem (1631)
Huile sur bois, 82,9 × 110,5 cm, Philadelphia Museum of Art.
Étude détaillée
Environné par le baroque du 17e siècle, cet artiste cultive la singularité, surtout si on le compare à des contemporains comme Emmanuel de Witte (1617-1692), également spécialisé dans les intérieurs d’églises, mais beaucoup plus proche du baroque. Saenredam limite sa palette à des blancs et à des dégradés d’ocre et de gris, exige l’exactitude géométrique de ses architectures, recherche une lumière limpide même dans les intérieurs sombres des églises. Le primat du dessin est évident, mais la couleur vient apporter ombre et lumière et créer une atmosphère imprégnée de spiritualité. Pour ses effets de perspective, l’artiste utilise les lignes de fuite des arches et des piliers, voire même du carrelage au sol. Pour accentuer le côté monumental de l’édifice, il place ses personnages très loin, comme des miniatures.
Saenredam a surtout peint des huiles sur bois. Son œuvre comporte 56 tableaux mais les croquis préparatoires, au nombre d’environ 140, ont été conservés.
Santa Maria della Febbre, Rome (1629). Huile sur bois, 37,8 × 70,5 cm, National Gallery of Art, Washington. « L'ancienne chapelle circulaire de Santa Maria della Febbre se trouve à côté de la célèbre obélisque du Vatican qui, en 1586, a été déplacée en face de la basilique Saint-Pierre [...] Saenredam représente l'ensemble des constructions du site comme s'il s'agissait d'une ruine abandonnée... Pour créer une impression de profondeur, Saenredam juxtapose les tons contrastants : un premier plan sombre, puis des bâtiments ocre-rosé, enfin une vallée éloignée traitée dans les bleus et les verts lumineux. » (Notice National Gallery of Art)
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Vue de la Grand place de Haarlem (1629). Dessin sur papier, Koninklijke Bibliotheek, La Haye. Exemple de travail préparatoire. La Grand place est le centre historique de la ville.
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Intérieur de l'église Saint-Bavon à Haarlem (1630). Huile sur bois, 41 × 37 cm, Musée du Louvre, Paris. « Pieter Jansz Saenredam, "portraitiste" des églises hollandaises, peint ici la Grote Kerk de Haarlem, c'est-à-dire l'église gothique de Saint-Bavon. Le tableau est une représentation transversale de l'intérieur, vu du chœur. Trois grandes arcades ouvrent sur le côté sud du déambulatoire. Tout au fond à droite une douce clarté illumine la chapelle latérale de la Corporation des Brasseurs. Saenredam n'est pas le premier à réaliser des intérieurs d'églises, la peinture d'architecture s'étant développée depuis plusieurs dizaines d'années. Cependant, à la différence de l'art fantaisiste de ses prédécesseurs, les vues de Saenredam montrent une topographie rigoureusement exacte. C'est un véritable peintre géomètre... » (Notice musée du Louvre)
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Intérieur de l'église Saint-Bavon à Haarlem (1631). Huile sur bois, 82,9 × 110,5 cm, Philadelphia Museum of Art. Saenredam cherche ici à représenter la monumentalité de l’édifice, qu’il accentue en rapetissant les personnages par rapport à la taille réelle de l’église.
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Vue du déambulatoire de l'église Saint-Bavon à Haarlem (1635). Huile sur bois, 48 × 37 cm, Staatliche Museen, Berlin. Sur un dessin transcrivant la perspective exacte le peintre place de subtiles nuances d'ocre et de gris qui illuminent la composition.
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Intérieur de l'église Saint-Bavon à Haarlem (1636). Huile sur bois, 96 × 57 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. Quand Saenredam peint ce tableau, une polémique fait rage à Haarlem sur la place de la musique dans les églises. L'église Saint-Bavon était à l'origine catholique et possédait un grand orgue du 15e siècle que les calvinistes les plus rigoureux voyaient comme l'expression même de la légèreté. Certains mélomanes faisaient pression pour que l'orgue soit davantage utilisé. Le peintre défend ici picturalement cette position.
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Intérieur de la Cathédrale Saint-Martin à Utrecht (1636). Dessin. La cathédrale Saint-Martin, de style gothique, a été construite entre le 13e et le 16e siècle. Sa tour du 14e siècle est l'une des plus colossales (112 mètres de haut) et des plus originales d'Europe pour cette époque. Ce dessin permet de comprendre la base du travail de Saenredam et d'apprécier l'apport de la couleur, en particulier pour illuminer la composition.
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Le chœur de l’église Saint-Bavon à Haarlem (1636). Huile sur bois, 49 × 36,6 cm, collection Frits Lugt, Hôtel Turgot, Paris. « Le peintre de Haarlem, spécialisé dans les tableaux d'églises, représenta Saint-Bavon, édifice religieux dominant sa ville, dans pas moins de douze tableaux et vingt-sept dessins. L'intérieur est d'une grande sobriété : les décorations de l'église médiévale catholique furent retirées ou recouvertes de blanc après la Réforme. Dans les compositions du peintre, les figures sont subordonnées à l'architecture. S'il dessinait le bâtiment d'après nature et en prenait les dimensions précises, Saenredam recomposait ensuite, dans l'atelier, la représentation afin de lui conférer une plus grande force visuelle. » (Notice fondation Custodia, collection Frits Lugt).
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La nef et le chœur de l'église Sainte-Marie à Utrecht (1641). Huile sur bois, 121,5 × 95 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. « Saenredam a représenté tous les éléments architecturaux de cette église du 11e siècle. Il a même utilisé une feuille d'or pour imiter les tapisseries peintes sur les piliers. A gauche, des visiteurs observent l'image d'un taureau sur un pilier. Selon la légende, au cours de la construction de l'église, ce pilier a continué à s'enfoncer jusqu'à ce qu'il soit construit sur une peau de taureau. Saenredam a placé sa signature parmi les dessins d'enfants griffonnés sur le pilier de droite. » (Notice Rijksmuseum)
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Intérieur de la Buurkerk, Utrecht (1645). Huile sur bois, 58,1 × 50,8 cm. Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas. La Buurkerk est une église gothique construite entre le 13e et le 16e siècle. Elle fut pendant longtemps l'une des principales églises de la ville. La chute de la pratique religieuse a conduit à la transformer à la fin du 20e siècle en un musée des carillons et des automates musicaux anciens.
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Intérieur de l'église de Saint-Bavon à Haarlem (1648). Huile sur bois, 200 × 140 cm, National Gallery of Scotland, Édimbourg. Saenredam a souvent peint l'église Saint-Bavon de Haarlem, dans laquelle il fut inhumé. Cette magnifique perspective débute, au premier plan, par une mise en évidence de l'orgue. Cela n'est pas innocent car la musique dans les églises faisait débat chez les calvinistes. Elle était trop frivole pour les plus rigoureux. Saenredam prend ainsi parti pour une religion plus compréhensive.
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Intérieur de l'église de Saint-Odulphus à Assendelft (1649). Huile sur bois, 50 × 76 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. La peinture de Saenredam s'approche d'une photographie de l'intérieur de l'église. Les personnages ont pour fonction de donner l'échelle de l'édifice.
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Intérieur de la nouvelle église ou église Sainte-Anne à Haarlem (1652). Huile sur bois, 65.5 × 93 cm, Frans Hals Museum, Haarlem. Conçue par l'architecte et peintre Jacob van Campen, ami de Saenredam, cet édifice est très représentatif du classicisme austère qui avait la faveur des élites hollandaises de l'époque. Quelques éléments baroques subsistent cependant en haut des piliers. |
Intérieur de la nouvelle église à Haarlem (1655). Huile sur bois, 44 × 35,9 cm, Rijksmuseum Twenthe, Enschede. Il s'agit encore de l'église Sainte-Anne avec un cadrage plus rapproché. |
L'ancien hôtel de ville d'Amsterdam (1657). Huile sur bois, 65 × 85 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. Minutieuse reconstitution topographique de l'ancien hôtel de ville, mais avec cependant l'esthétique typique de Saenredam faite de dégradés d'ocre, de rose et de gris. |
Intérieur du chœur de l'église Saint-Bavon à Haarlem (1660). Huile sur bois, Worcester Art Museum, Worcester. Saenredam accentue la taille de l'édifice en rapetissant les personnages. Il parvient remarquablement à donner une impression d'immensité. Mais il faut surtout remarquer la qualité chromatique. Il s'agit de subtiles nuances d'ocre induisant une luminosité toute spirituelle. |
Intérieur de l'église d'Alkmaar (1661). Dessin sur papier, 45,3 × 60,5 cm, Albertina, Vienne. La Grande église Saint-Laurent d'Alkmaar (Grote Sint-Laurenskerk) est une église gothique de la fin du 15e siècle dédiée à Saint Laurent. La ville d'Alkmaar n'est qu'à une trentaine de kilomètres de Haarlem où vivait Saenredam. |
Façade ouest de l'église Sainte-Marie à Utrecht (1662). Huile sur bois, 65 × 51 cm, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid. « Ce magnifique tableau est un exemple parfait des innovations de Pieter Jansz. Saenredam, le premier à représenter des édifices existants à l'aide d'une méthode de travail originale. Cet artiste commençait par dessiner des esquisses et par prendre des mesures in situ, qu'il perfectionnait dans son atelier où il réalisait les dessins de la construction. Finalement, après plusieurs années, il achevait ses huiles en transférant ses délicats dessins vers les supports des tableaux. Il avait pour objectif de représenter les édifices de la façon la plus parfaite possible, ce qui, parfois, l'a amené à les déformer. La monumentalité de ses œuvres provient de la clarté et de la simplicité des espaces architecturaux ainsi que de la palette de tons clairs qui les illumine. » (Notice Musée Thyssen-Bornemisza) |
Place et église Sainte Marie à Utrecht (1663). Huile sur bois, 109,5 × 139,5 cm, Musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam. Cette magnifique perspective architecturale d'Utrecht comporte à droite l'église Sainte-Marie du 12e siècle, puis au fond la cathédrale Saint-Martin avec à sa gauche la Buurkerk. La maîtrise des nuances (ocre, gris, rose) pour le traitement des édifices et le ciel limpide sur lequel ils se détachent font de cette composition un chef-d'œuvre de Saenredam. |
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Commentaires
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- 1. Fil Le 24/08/2023
thank You, very nice 'gallery'
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